( 21 ) Charles Taylor au pilori

10 septembre 2007 - Connaissez-vous Charles Taylor? Sans doute que la plupart d’entre vous ferait un peu la moue devant cette simple question. C’est un peu normal puisque sa carrière, dépassant les petites limites du Québec, s’est déployée jusqu’à l’occupation de la chaire de philosophie d’Oxford. Revenu à Montréal par choix, il est nommé membre de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables; commission qui semble battre de l’aile selon certains analystes. Vous avez, sans aucun doute, lu ou entendu une sortie assez bien orchestrée par des journalistes dits populistes sur la crédibilité de l’éminent Charles Taylor. Eh oui, notre éminent intellectuel aurait reçu le printemps dernier un prix d’une valeur plus qu’appréciable de la Fondation Templeton, 1,5 million de dollars. Et puis, après!

Il semblerait que Charles Taylor est devenu indigne de diriger les travaux de la commission, car il a reçu ce prix d’une fondation religieuse, soi-disant de droite, pour son apport inestimable à la réflexion sur nos sociétés contemporaines. Décidément, la presse avare de scoops entre sans retenue dans la polémique et le dérapage. Entre vous et moi, nous ne sommes pas à un dérapage près dans ce domaine! Il faut mal connaître Charles Taylor pour scander certaines énormités que l’on entend ces jours-ci. Il est fort à parier que la plupart de ces auteurs de rumeurs ou de ragots à potins n’ont jamais lu les écrits de Charles Taylor et encore moins parcouru sa carrière internationale. Quel journalisme de basse échelle!

Charles Taylor est un philosophe et politologue québécois, l’un des penseurs politiques les plus reconnus de notre temps. Il a toujours proposé au monde contemporain un pluralisme éclairé avec un souci d’intégration et d’harmonisation des différences. Toute sa vie, Taylor a été préoccupé par l’identité moderne de nos sociétés contemporaines. Les écrits de Charles Taylor ne manquent pas et ses livres l’ont placé en tête de liste des philosophes contemporains. J’inviterais certains critiques à lire entre autre Le Malaise de la Modernité (1991), cela donnerait quelques bonnes idées pour des propos plus nobles.

Qu’on se le dise Charles Taylor n’est pas à son premier prix! Recevoir un prix d’une fondation est une chose, adhérer à la philosophie de celle-ci est une autre chose. Dans le cas présent, la crédibilité, l’honnêteté et la rigueur du récipiendaire sont loin d’être en cause. Ce ne sont pas des vases communicants! Exiger sa démission est ridicule et la tempête soulevée par certaines insinuations est de la démagogie pure et de la détraction éhontée, orchestrées malheureusement par des ignares qui s’ignorent. Certes, le coprésident Taylor possède des convictions et des valeurs comme tout citoyen; il n’est pas désincarné. De plus, il aurait la tare d’être un catholique pratiquant. C’est le summum du non raisonnable! Entre vous et moi, en attaquant tous azimuts la crédibilité des coprésidents Bouchard et Taylor, veut-on cacher ou déplacer les vrais enjeux de cette commission ou même la faire déraper? Vraiment, dans ce Québec, nul n’est prophète dans son pays!

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2 commentaires:

Auditeur a dit...

Bonjour, Je suis plutôt familier de Taylor quand il parle du multiculturalisme et c’est un esprit qui peut englober largement bien des débats. Bravo pour intellectuel qui embrasse des sujets chauds et n’y entre pas comme dans un cirque-palabre. Chrétien moi aussi, je crois à la raison, à la science. Celle-ci explique le Comment, la religion explique le Pourquoi. Deux perspectives différentes. Les deux sont incomplètes pour l’intelligence du cosmos et ne se rejoindront jamais.
Malheureusement, même au 21è siècle, rencontre-t-on encore des esprits proches de l’Inquisition qui stigmatisent toute transcendance. Au-delà de la science, se trouvent l’art et la spiritualité. L’État peut être laïc, mais pas la société. (M. D.)

conscience a dit...

Monsieur Taylors mérite qu'on le respecte. Il y a des journalistes de fond de ruelle comme Martineau qui disent des conneries. Richard Martineau est une grande guelle, pour les idées de fond... c'est pas brillant!