( 116 ) Le monde a faim !

18 avril 2008 - Depuis quelques jours, tous les médias du monde font état de la crise alimentaire mondiale. Des images dramatiques ont fait le tour de la planète à la vitesse de l’éclair. La cause? On estime que le coût des denrées alimentaires de base ont atteint des prix records, rendant la nourriture inaccessible pour les moins nantis de la planète; en fait ces prix ont doublé au cours des trois dernières années. Des émeutes violentes ont éclaté en Haïti, en Égypte et au Cameroun; des milliers d’enfants sont voués à une mort certaine et la Banque mondiale réclame une intervention d’urgence des pays riches. La marmite surchauffe en ces jours d’avril et c’est un brasier plus dangereux que celui de la flamme olympique sur son parcours. C’est le monde qui en train de devenir un baril de poudre, voire un tsunami sans précédent. Quand les êtres humains sont entre la vie et la mort par manque de nourriture tout peut arriver. Certains ténors statisticiens et bureaucrates clament que la terre est surpeuplée et qu’il manque tout simplement d’aliments de base. Qu’en est-il au juste?

La planète Terre accueille quotidiennement près de 200 000 nouveaux habitants. En ce jour, c’est 6 691 853 140 habitants qui doivent se nourrir convenablement en sachant bien que l’espérance de vie dans le monde est de 64,3 ans. De plus, l’Asie est en pleine explosion démographique; l’Inde dépassera la Chine comme première nation du monde d’ici 2030. La mondialisation semble avoir brisé les frontières, ouvert des portes sur la prospérité pour tous, favorisé des échanges commerciaux et des mouvements de population inédits. Illusion, mes amis! Il est incontestable que la mondialisation a créé davantage de pauvreté et de misère. La crise alimentaire qui sévit dans près d’une trentaine de pays n’est que la pointe de l’iceberg qui est en train de bouleverser le monde.

Il faut sans doute changer notre regard, notre perception sur ce monde devenu si proche et que nous croyions connaître. La presse internationale nous a peut-être donné que certaines facettes de cette crise sans précédent. On clame de partout depuis plus d’une décennie sur tous les tons que le monde entier est un village global. Imaginons un instant que ce village soit composé de 100 habitants, il y aurait:

- 59 Asiatiques, 14 Africains, 14 Américains, 13 Européens
Il y aurait également 51 femmes et 49 hommes. On compterait 50 jeunes de moins de 25 ans.
- 20 personnes (uniquement des hommes), posséderaient 80% du village et de ses richesses. 1 femme seulement posséderait sa propre terre.
- Entre 5 et 6 femmes auraient subi un viol.
- 42 personnes ne boiraient jamais d’eau potable.
- 50 personnes vivraient au sein même du petit village, 50 autres seraient éparpillés aux alentours.

- 33 habitants vivraient une situation de conflit armé dont 23 seraient des femmes.
- 5 hommes et 1 femme seraient militaires, policiers ou gendarmes.
- 5 enfants travailleraient dans des conditions d’esclavage et 1 petite fille seraient employée de maison sans être rémunérée.
- 60 personnes sauraient lire, écrire et compter. 40 d’entre elles seraient des hommes.
- 50 habitants pourraient avoir accès aux soins de santé.

- 20 personnes auraient accès à un ordinateur, dont 15 connectées à un réseau de type Internet.
- 1 personne serait considérée comme riche, c’est-à-dire possédant plus de richesses que nécessaire pour assouvir ses propres besoins et ceux de sa famille. Elle posséderait à elle seule 50% du village et de ses richesses.
- 80 personnes auraient une religion, dont 40 seraient forcées de la pratiquer (sous contrainte ou par la coutume), et 20 autres ne la pratiqueraient pas. En outre, 5 personnes la pratiqueraient malgré des risques pour leur survie.
- La bibliothèque du village ne serait accessible qu’à 24 personnes, les autres en seraient privées. Le cinéma serait visité chaque semaine par 1 personne, toujours la même.
- L’électricité serait coupée environ 50% du temps, faute de moyens. 30 personnes gaspilleraient 90% des ressources naturelles et énergétiques du village.
5 personnes seraient déjà parties en vacances. On prévoirait que 10 personnes au total le feraient d’ici 5 ans. (PopulationData.net)

Nous pourrions poursuivre l’alignement de ces chiffres sur des pages et des pages. Ceux-ci permettent de nous remettre en perspective ce qui se passe sur une planète qui ne cesse de vivre des bouleversements historiques. Nous sommes tous des fils et des filles de cette Terre malgré ces injustices flagrantes et grandissantes. Ces chiffres nous permettent de mesurer ce que nous sommes et la volonté parfois inavouée de ne vouloir rien changer des choses.

Les vraies causes de la crise alimentaire ne sont pas toujours avouées. Vous vous en doutez bien, cette crise profite à certains groupes et nations bien nantis de ce monde. Ce n’est pas vrai que nous ne pouvons pas nourrir tous les humains de la planète. Les seules sommes d’argent investies dans la guerre en Irak pourraient nourrir abondamment tous les enfants affamés de l’Afrique aux prises avec des conflits et affligée d’endémie. Il est clair que la spéculation de replis sur les denrées alimentaires à la suite de la crise des surprimes, la production outrancière d’agrocarburants et le réchauffement climatique grandissant a provoqué un terrain fécond à cette crise alimentaire mondiale.

Soyons bien clairs, ce ne sont les populations des pays les plus démunis de la terre qui causent cette crise sans précédent. Il faut trouver les sources ailleurs, surtout chez ceux qui possèdent et qui désirent posséder davantage. Cette crise alimentaire mondiale invite toutes les nations et les grandes multinationales de ce monde à un sérieux examen de conscience. L’humanité n’est pas qu’un marché économique; elle est faite d’hommes et de femmes désireux de vivre dignement et de se réaliser pleinement. Le monde a faim parce que certains, habités par le profit et le pouvoir, ont trop mangé par gourmandise. Ne soyons pas de ces pays qui ne laissent tomber que quelques miettes de leur table bien garnie.

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( 115 ) Sauver le Tibet

4 avril 2008 - Depuis quelques semaines, on ne parle que du Tibet. Qui d’entre nous n’a pas reçu un courrier électronique sur la situation du Tibet, une pétition à signer en faveur de ce pays opprimé, une lettre d’appui aux mouvements pacifistes, une invitation à une manifestation publique? Le Tibet et son célèbre chef spirituel, le Dalaï Lama, occupent le devant de la scène médiatique par les temps qui courent. Il est plus qu’évident que la super puissante Chine ne veut pas se laisser narguer par une bande de moines et de révolutionnaires bouddhistes. Sur le point d’accueillir les Jeux Olympiques de cet été, la Chine fait tout pour préserver l’image qu’elle aimerait bien se donner en admettant dans ses murs le monde entier. Mais voilà que le petit David tibétain vient nuire à la parade du Goliath chinois à la veille de son super spectacle olympien.

La République populaire de Chine, malgré l’attrait qu’elle suscite pour les nombreux investisseurs internationaux, ne peut cacher ses accrocs flagrants et constants aux droits fondamentaux et à la liberté légitime de ses citoyens. Il est clair que, depuis une décennie, la Chine est devenue le pôle d’attraction du monde entier. Avec son quasi milliard et demi d’habitants et son énorme potentiel énergétique, elle est sans contredit le pays, pour ne pas dire le continent, de l’avenir. Toutefois, le monde n’est pas seulement économique et idéologique. Nombreux sont les pays démocratiques, dont le Canada heureusement, et nombreuses sont des organisations internationales à réclamer plus de démocratie et de liberté dans cet immense pays. La Chine fait face à d’innombrables défis dont ceux de la gestion de la démesure de sa croissance économique, de son ouverture stratégique et finement calculée sur le monde, de l’itinérance de sa population en manque de tout, de sa démocratisation devenue nécessaire et de sa transparence tant attendue. Il est certain que le problème tibétain apparaît minuscule en comparaison des problèmes colossaux et urgents qui aboutissent sur la table des dirigeants et des décideurs chinois.

Dans cet immense territoire aux multiples variations, il y a cet espace unique nommé Tibet, pays qui détonne du fait que l’on prône encore les valeurs de tolérance, de non-violence et où le peuple incarne toujours une spiritualité rayonnante. C’est un pays gigantesque d'environ 2,5 millions de km² (soit plus de 2 fois le Québec) avec une altitude moyenne de 4 200 m, qui rassemble les plus hautes et belles montagnes du monde. Un vaste et riche territoire qui a connu des démêlés avec la Chine bien avant aujourd’hui. Il faudrait remonter au XIIe siècle pour comprendre un peu mieux la tension qui existe entre ces deux pays. Mais disons que depuis 1950, la République populaire de Chine s’est imposée avec force dans ce coin d’Asie centrale. Il faut savoir aussi que le Tibet est un territoire qui regorge de ressources naturelles, notamment de réserves considérables d’or, de pétrole, de gaz, de bauxite, de cuivre, d’uranium, d’étain, de lithium. Un territoire riche qui excite grandement l’appétit de la Chine en pleine croissance économique. Et l’on sait bien aussi le rôle de gérant d’estrade que veut jouer la Chine sur l’échiquier mondial.

Après l’invasion du Tibet par la Chine, l’insurrection menée par les Tibétains dans les années 50 éclate contre l’envahisseur qui réussit toutefois à contrer les émeutes et à garder la mainmise sur cet important territoire. Le Dalaï Lama fuit le Tibet en 1959 pour se réfugier en Inde ; plus de 100 000 Tibétains le suivront. On estime que cette répression chinoise a éliminé bien au-delà d’un million de Tibétains. Les massacres perpétrés par la Chine à cette époque sont considérés, par plusieurs organismes internationaux, comme un génocide. Le gouvernement tibétain en exil a toujours réclamé plus d’autonomie, plus de respect de sa culture, de sa religion et de ses traditions séculaires. Au fil des décennies, l'assemblée générale de l'ONU a voté quelques résolutions condamnant les violations des droits fondamentaux et des libertés du peuple tibétain. La Chine n’a pas bronché et a poursuivi progressivement sa répression et son emprise sur le Tibet.

Lors de la commémoration, le 10 mars dernier, du soulèvement tibétain de 1959, les forces chinoises en place ont maté, comme ils savent si bien le faire, l’expression populaire tibétaine; la répression s’est soldée par au moins une centaine de morts. Depuis cet événement fortement médiatisé, les Tibétains ne lâchent pas le morceau et les autorités chinoises accusent leur chef spirituel, âgé maintenant de 72 ans, de soulever la rébellion. Homme de paix et de non-violence, le Dalaï Lama ne réclame pas l’indépendance du Tibet, mais plus d’autonomie, de respect du Tibet et de ses valeurs traditionnelles. À coup de répressions répétées, la Chine est en train de détruire l’une des plus anciennes cultures pacifistes du monde. Nul doute que les dirigeants chinois commencent à être aveuglés par le mirage de la croissance économique de leur pays et l’incroyable visibilité offerte par la fenêtre olympique qui s’ouvre à eux. Lorsque les dirigeants d’un pays, motivés que par la valeur économique de leur puissance, bafouent les droits fondamentaux reconnus, ils finissent toujours par vivre sous le signe de la corruption et de la violence. C’est un géant aux pieds d’argile qui se dressera devant nous aux Jeux Olympiques.

Il est clair que pour le peuple tibétain, la vitrine olympique est une occasion en or de mettre à jour leurs revendications légitimes, mais aussi, ce que bien des citoyens du monde condamnent, la répression chinoise. Lorsque la Chine accuse la figure emblématique du Dalaï Lama, elle se discrédite elle-même. S’attaquer au chef spirituel des Tibétains, c’est comme s’attaquer à Mère Teresa. Chers amis, délivrer le Tibet, c’est sauver un trésor inouïe d’humanité et de spiritualité. J’ose espérer que les Jeux Olympiques de Pékin ne camoufleront pas ce génocide qui a malheureusement trop duré.

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