(180) Planète Terre

21 avril 2009 – Notre bonne vieille terre tourne toujours sur elle-même! Avec ses 6,77 milliards d’habitants, notre planète est sans contredit fascinante à bien des égards. Malgré les multiples recherches scientifiques, elle cache encore sous sa croûte bien des secrets à débusquer, à explorer, à comprendre et à respecter. Avec une histoire de 4,5 milliards d’années, rien de moins, la terre recèle tant de richesses connues et inédites. Il y a de quoi s’émerveiller! Demain, le 22 avril marquera sur la scène internationale le Jour de la Terre, anniversaire célébré pour la première fois en 1970 à la suite de l’initiative d’un sénateur du Wisconsin Gaylord Nelson. Qu’allons-nous célébrer en ces temps de morosité et d’incertitude?

Le Jour de la Terre est devenu au fil des années un événement planétaire où quelque 500 millions de personnes seront mobilisées dans plus de 180 pays au nom d’enjeux majeurs et cruciaux sur le plan environnemental. Partout sur la planète, des activités de sensibilisation et d’éducation viendront dire haut et fort que notre habitat est menacé et qu’il importe de le protéger. Nous connaissons tous, ou presque, le légendaire roman de Jules Verne intitulé Voyage au centre de la terre et qui inspira des adaptations cinématographiques en 1956, 1976 et tout récemment en 2008. Dans ce fabuleux roman, Verne y aborde les sciences de la cryptologie, de la spéléologie, de la paléontologie et de la minéralogie en nous plongeant dans un univers fascinant où se mêlent aventures et explorations, et où l’imaginaire dépasse allègrement les frontières de la réalité. C’est puissant l’imagination créatrice de l’être humain! Toutefois, depuis l’apparition des humanoïdes nous n’y sommes jamais allés au centre de la terre!

En fait, il y a bien des coins et recoins de cette planète bleue qui restent encore inexplorés. La Terre est la troisième planète la plus rapprochée du soleil et le seul endroit connu dans l’univers à abriter la vie. Habitat extraordinaire où l’humanité en quête de son destin tente depuis des siècles de vivre en harmonie et en paix avec les millions d’espèces qui cohabitent. La Terre, espace où nous prenons conscience au quotidien de nos fragilités, de nos prouesses, de nos rêves, de nos échecs et de notre finitude. Que de questions restées sans réponse sur le présent et l’avenir de l’humain, fragile et fort à la fois, sur cette planète de forme ellipsoïde dont l’avenir semble de plus en plus menacé!

Fragiles et forts, nous le sommes pour toujours, génétiquement quoi! La Terre que nous habitons recèle un jardin merveilleux qu’il faut protéger à tout prix. Julie, une jeune fille de treize ans m’écrivait un jour: «La terre est comme une boule de cristal, il faut en prendre soin et nous le pouvons. Empêchons-la de devenir une simple boule grise, une poubelle, un rassemblement de pollution et haine. Oui, car nous avons la force et courage suffisants, nous avons un cœur rempli d’amour et d’espoir.» Si cet esprit anime encore le cœur des jeunes de treize ans, la Terre a un avenir. Malheureusement, les signes alarmants du réchauffement climatique, des gaz à effet de serre, de la pollution des cours d’eau, de la disparition progressive des espaces verts sont de plus en plus inquiétants. La léthargie dans la mise en place de certaines mesures protectrices par nos gouvernements, contre les pollueurs, aggrave sérieusement la situation. À maintes reprises, le Canada s’est fait montrer du doigt sur la scène internationale pour son laxisme en matière de protection de l’environnement et en tant qu’un des plus grands pollueurs de la Planète. Nous pourrions en débattre longtemps des incohérences de nos politiciens et des collusions avec certaines richissimes entreprises polluantes.

Quoi qu’il en soit, la Terre continue de tourner autour du Soleil en 365,26 jours environ en ayant comme point de repère le magnifique ciel étoilé qui nous éblouit avec tant d’émotions les beaux soirs d’été. Nous le savons tous, l’enjeu majeur des prochaines décennies sera l’eau. Environ 71% de la surface de la Terre est couverte d’océans d’eau salée, le reste 29% consistant en continents et îles. L’eau est vitale pour l’avenir de l’humanité. Plus de 1,1 milliard de personnes sont privées d’eau potable et plus de 2,4 milliards ne disposent pas d’un système d’assainissement de l’eau. Les maladies d’origine hydrique causent entre trois et cinq millions de décès par année. L’eau sera l’enjeu du 21e siècle.

Le Canada compte parmi les nations privilégiées en ce qui concerne les ressources en eau douce. Avec à peine 0,5% de la population mondiale, le territoire canadien compte environ 9% des ressources mondiales en eau renouvelable. À titre d’exemple, les Grands Lacs constituent le plus grand réservoir d’eau douce au monde. À lui seul, le Québec compte pas moins d’un million de lacs et de 130 000 cours d’eau qui totalisent 3% des ressources mondiales d’eau douce. C’est une richesse inestimable pour le présent et l’avenir !

Le Jour de la Terre est un événement important de prise de conscience; il doit surtout déboucher sur des d’actions concrètes pour la protection de l’environnement. Nous savons tous que les pays industrialisés, en particulier le Canada, sont les premiers responsables des émissions croissantes de gaz à effet de serre. Ces émissions massives sont responsables en grande partie du réchauffement planétaire et des impacts désastreux sur les écosystèmes et par conséquent pour l’humanité. Tout petit geste que nos poserons en faveur de la protection de l’environnement est porteur d’avenir.

Jules Verne n’avait à l’époque qu’un bout de papier, une plume et son imagination pour faire voyager ses lecteurs dans le plus beau jardin connu de l’univers. À nous de faire fleurir cette planète Terre par nos simples gestes du quotidien. L’avenir de l’humanité est entre nos mains et notre bonheur personnel passe inéluctablement par celui de nos semblables. Le célèbre chef Sioux Sitting Bull disait: «La Terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la Terre.» Soyons de dignes fils et filles responsables et respectueux de cette Terre généreuse qui nous a fait naître et grandir.
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(179) Combattre l’itinérance

16 avril 2009 - Qui n’a pas été ému en visionnant le film La vita è bella de Roberto Benigni? Le réalisateur de ce film magnifique, paru en 1997, nous plonge avec brio dans un univers de contes, de fables où l’imaginaire combinée à la terrible réalité vécue au quotidien nous fait passer avec finesse du rire aux larmes. Déportés dans un camp de concentration, Guido et Dora font croire à leur fils Giosué que les occupations du camp allemand sont en réalité une mise en scène. En fait, les parents n’ont qu’un désir : sauver leur fils de cet enfer. En revoyant des scènes de cette comédie dramatique qui remporta trois oscars, je me suis mis à penser aux sans-abri, aux laissés-pour-compte, aux itinérants de chez-nous qui vivent au fond d’une ruelle, dans un abri de fortune confectionné, à la sauvette, de cartons et de quelques sacs de plastique. L’itinérance, ça crève les yeux! C’est aussi un enfer!

La réalité est persistante chez nous, mais voilà enfin que le gouvernement prend la situation au sérieux. Il s’apprête enfin à déposer un rapport réalisé par la Commission parlementaire mise sur pied après tant de demandes répétées de la part des organismes du milieu. Les audiences publiques, qui ont permis à quelque 200 groupes de s’exprimer, auront permis de lever le voile sur un problème crucial. Le rapport de la Commission est prévu pour la fin des travaux parlementaires en juin prochain. Oui, l’itinérance, cela existe. C’est un enjeu social important et enfin, il est sur la table des décideurs au Québec. Selon les paramètres des éminents services sociaux québécois, « si vous n’avez pas de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à votre égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique ou mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue d’appartenance stable », vous seriez considérés comme une personne en situation d’itinérance. Ce n’est pas simple l’itinérance au Québec!

En fait, le terme « itinérant » désigne les reclus de la société, vêtus de loques, quêtant quelques sous pour se payer un frugal repas. Nous les retrouvons un peu partout dans nos centres-villes, près d’un coin de rue, à l’entrée d’une pharmacie et même sur un balcon d’église, le dimanche évidemment. L’itinérant est un nomade, pas nécessairement un sans-abri ou un clochard. À ne pas confondre puisque la personne itinérante vit sans ressources, dans une pauvreté extrême et sans futur. Le phénomène de l’itinérance n’est pas uniquement montréalais, il a des assises dans toutes les régions du Québec.

Depuis une trentaine d’années, le portrait de l’itinérance a fortement changé au Québec, il a pris de nouveaux visages. Il est loin du vieux bougre d’autrefois, le dos rond, dégageant l’alcool à plein nez. Non, les visages qui crèvent les yeux sont ceux d’adultes de plus en plus jeunes aux prises avec des problématiques souvent complexes et multiples. On parle ici de problèmes de santé physique et mentale, de diverses dépendances, de troubles de personnalité, de perte d’autonomie, de difficultés de motricité réduite et j’en passe.

La désinstitutionalisation de nos centres de santé, amorcée et réalisée il y a plusieurs années, a eu pour effet de mettre des gens à la rue. Des gens qui n’avaient pas le bagage physique et psychologique nécessaire pour mener seuls des vies saines et équilibrées. Mais aussi, il arrive parfois, que l’itinérance soit un mode de vie, un refus de vivre dans ce monde de consommation et un désir de vivre sa liberté.

Après nombre de promesses creuses des ministres de la santé et des services sociaux et quelques années plus tard, rien n’a bougé réellement sinon la mise en place récente de cette Commission parlementaire. Un pas dans le bon sens! Ce n’est pas d’un plan d’action pour contrer l’itinérance dont le Québec a besoin mais d’une réelle politique globale de l’itinérance. Les organismes sur le terrain la réclament haut et fort pour signifier et dire clairement que l’itinérance est inacceptable dans un pays comme le nôtre. Si nous avons 40 milliards à engloutir dans le béton de nos infrastructures, on pourrait sans doute en trouver quelques millions pour les plus pauvres. Il n’est pas vrai qu’avec les 588.94 $ par mois de l’aide sociale, on peut se trouver un logement et se nourrir. Le coût moyen d’un logement à Montréal est de 660 $ par mois, rien de moins! Au grand dam de frustrer quelques moralisateurs aux souliers bien cirés et souvent les mieux nantis de ce monde, il n’est pas vrai que toutes les personnes itinérantes sont des parasites. Leur itinérance est souvent l’accumulation sentie de méfiance, de médisance, d’ignorance, de dépendance, d’intransigeance, d’arrogance ou tout simplement d’absence.

J’ai connu un jour un monsieur Savard : on l’appelait Jésus-Christ Savard. C’était un itinérant pour de vrai. Il faisait régulièrement la tournée des résidences de communautés religieuses pour quêter sa pitance. Il n’était pas méchant, loin de là, il arborait toujours un large sourire avec une certaine déférence. Il y avait quelque chose d’attachant dans son regard. L’itinérance était devenue un mode de vie pour JC Savard. Il n’avait pas d’adresse. À maintes reprises, il avait fait le tour de tous les organismes puis, il est mort seul il y a quelques années, oui tout simplement et tristement seul. Combien de gens de chez nous meurent dans la solitude, voire l’isolement sans avoir trouvé une main tendue, une lueur d’espoir, une véritable étoile?

Quand un jour, après dix ou quinze ans de séparation, vous trouvez votre frère sans vie dans un logement minable, sans dessus-dessous et sans électricité, vous vous dites que ce n’est pas cela la vie, du moins la vraie vie. Personne ne mérite de mourir seul dans le noir sans avoir quelqu’un pour lui tenir la main devant l’inévitable passage. Nous le savons que trop bien, la misère n’a pas de frontière mais ce n’est une raison pour ne pas la combattre. L’itinérance est sous nos yeux et ce n’est pas en donnant maladroitement des tickets d’infraction aux gens de la rue qu’on changera les choses. La problématique de l’itinérance est plus profonde qu’on ne le pense et elle a besoin de beaucoup plus que des cataplasmes gouvernementaux. À chacun de nous de faire des pas, aussi petits soient-ils.

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(178) Hommes recherchés

14 avril 2009 – Où sont les hommes? «Ils sont partout!» diront spontanément les gens. C’est vrai que la gente masculine, si on sait bien regarder, dirige tout ou presque dans notre société prétendue ouverte et pourtant désireuse d’égalité. Depuis plusieurs années, on parle fréquemment et on insiste beaucoup sur l’importance de l’égalité entre hommes et femmes dans les différentes sphères de notre vivre ensemble. Des pas de géant ont été franchis depuis l’avènement des mouvements féministes qui a connu son heure de gloire dans les années 70. Toutefois, il reste encore bien des préjugés assez tenaces dans plusieurs domaines de la société et chez certains employeurs. L’égalité souhaitée et réclamée à juste titre, disons-le par les femmes surtout, est une lutte à poursuivre. Mais qu’en est-il de l’éducation, du système scolaire?

S’il y a un secteur de l’activité humaine où les femmes semblent l’emporter, du moins numériquement, c’est bien l’éducation. Tous les indicateurs en font foi, le milieu scolaire québécois se conjugue sans équivoque au féminin. Dans notre société, la domination des hommes crève les yeux, mais pas dans le milieu scolaire! Les hommes, au fil des années, ont déserté ce terrain qui pourtant nécessite leur présence pour la saine évolution et la croissance des jeunes de chez nous. Un article du Journal de Montréal publiait récemment des chiffres assez étonnants sur la situation, voire inquiétants, en signalant que le pire est à venir. Actuellement, on pourrait écrire en caractères gras et en grosses lettres sur tous les murs des universités et des écoles du Québec: «Professeurs masculins recherchés».

Selon les récentes données, le réseau de l’enseignement primaire ne compte plus que 13,2% de professeurs masculins et le réseau secondaire pour sa part atteint les 37,9%. Des chiffres qui parlent, mes amis! Nous sommes bien loin de l’équilibre hommes-femmes dans ce secteur crucial qu’est l’éducation de nos enfants. Et le pire est à venir puisque les hommes ne se bousculent pas aux portes des facultés d’éducation dans les universités de la province. Si l’on se fie aux récentes statistiques du ministère de l’éducation, il n’y a que 6,6 % de candidats dans les universités du Québec pour l’enseignement primaire et 36,7% pour l’enseignement secondaire. Et qui plus est, l’on signale que cinq cent cinquante enseignants masculins ont quitté le réseau scolaire depuis deux ans.

Dans un système scolaire sans cesse remodelé par les réformes successives, trois jeunes sur dix ne terminent pas le cycle du secondaire. En fait, 100 jeunes par jour décrochent du système scolaire québécois, en majorité des garçons. On dirait que l’école ne semble plus être capable de rejoindre les aspirations de la gente masculine. Les garçons et les professeurs masculins décrochent, ne s’y sentent plus à l’aise. Pourtant, les jeunes garçons dans ce milieu d’apprentissage ont besoin de modèles masculins. Ils décrochent d’un système scolaire remis sans cesse en question, d’une école marquée davantage par la sensibilité féminine. En fait, pendant les douze ans de leur formation, les jeunes n’auront pratiquement croisé que des femmes, aussi compétentes et essentielles soient-elles, sur leur route. Même en éducation physique, les enseignants masculins sont minoritaires. Il y a là un manque à combler et tous les acteurs du système éducatif en sont conscients.

Dans notre société moderne et développée, les jeunes garçons ne manquent pas de modèles masculins, d’«hommes superpuissants», bien au contraire. Ce n’est peut-être plus les hommes puissants promus par une certaine publicité qui attirent une jeunesse en mal de vivre, mais davantage des hommes inspirants, qui ont de la vision et qui ont le cœur à la bonne place. Dans une société où tout semble s’écrouler, même le puissant et gourmand capitalisme, les jeunes attendent de ceux qui les dirigent des voies d’avenir, des chemins d’espoir qui mènent à quelque part d’autre que dans le matérialisme à outrance. Les valeurs ne semblent plus être le véhicule qui guide nos itinéraires collectifs. L’éducation, ce n’est pas juste un paquet de notions, c’est aussi un sens, une orientation, une destinée.

L’avenir d’une nation passe inéluctablement par l’éducation de sa jeunesse. Si les hommes et les garçons ne s’y retrouvent plus dans cette école dont l’état y injecte plus du tiers de son budget, il y a quelque chose qui cloche quelque part. Il est vrai que dès notre plus jeune âge, nous les hommes, sommes fortement formés socialement à valoriser la force, l’action, la compétition et la domination. Dans cette école où les femmes dominent à 77,5%, il n’y a peut-être plus de place ou moins de place, pour l’expression de l’identité masculine. Les jeunes garçons ont besoin d’une présence masculine dans leur cheminement éducatif, autre que celle du père qu’il ne voit pas très souvent. Les solutions pour recruter des hommes ne semblent pas si évidentes.

Ce n’est pas la faute des universités il va sans dire. Elles ne dirigent pas le ministère de l’éducation et décident encore moins de ses orientations; elles ont pour mission de former des candidats. Mais il me semble qu’une concertation entre le ministère de l’éducation, les commissions scolaires et les universités pourraient donner quelque chose. Il y a une valorisation de l’école, de l’enseignement et des professeurs, à mettre de l’avant pour favoriser le recrutement de candidats. Il faut bien l’avouer, l’école publique n’a plus bonne presse au Québec. Il semble y avoir un réel inconfort, un malaise grandement senti de la part des hommes dans le système scolaire. L’école, dans la tête de nombreux étudiants qui arrivent à l’université, c’est l’univers des femmes. Ils ne se voient pas là, ou peu, un point c’est tout.

De plus, il est difficile d’attirer des éducateurs de calibre et passionnés dans un système scolaire où le tiers des jeunes décrochent. Un prof ayant pris sa retraite récemment me disait: «On ne peut plus rien faire comme avant dans l’école. Tout est suspect et notre autorité est souvent limitée. On peut être accusé facilement d’harcèlement.» Un autre de renchérir: «On n’a plus la «pogne» qu’on avait, il faut faire attention à tout ce que l’on dit. Nos gestes sont souvent interprétés, on ne peut plus toucher un enfant. Les jeunes ont la menace facile et il n’y a plus le respect d’antan pour l’autorité.» Soit, mais l’école québécoise de demain devra trouver un juste équilibre et ne pourra réaliser pleinement sa mission sans une présence accrue de professeurs masculins auprès de nos enfants et de nos adolescents. Guy de Maupassant disait: «Il y a l’homme qui pense, l’homme qui aime, l’homme qui souffre». L’école québécoise ne peut se passer de cette présence indispensable!

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( 177 ) Chemins de Pâques

9 avril 2009 - À quelques heures de la grande fête de Pâques, on peut se demander ce que peut signifier une telle fête aujourd’hui. Ce Québec aux multiples visages et aux nombreux accommodements raisonnables encore mal définis semble se chercher encore un peu, beaucoup même. Les valeurs communes qui inspirent toujours la majorité des habitants de ce coin de terre d’Amérique, affirmons-le en toute lucidité, sont nées de l’exemple de chrétiens audacieux, de la foi d’âmes généreuses aux allures même de sainteté. C’est à cause d’une croix que des hommes et des femmes ont traversé les mers et donné leur vie pour ce coin de terre magnifique.

Oui, ces hommes et ces femmes d’inspiration ont créé un espace unique qui fait l’envie de plusieurs nations. Pour les chrétiens du monde entier, la Semaine sainte qui culmine par la résurrection du Christ en la fête de Pâques est la semaine la plus signifiante, voire la plus importante dans leur parcours humain et spirituel. Il est évident que la Semaine sainte et la fête de Pâques n’ont plus la signification d’antan dans la population en général. Là aussi, cette fête religieuse a été récupérée par la société de consommation. Pour plusieurs, Pâques signifie la fête des œufs et du chocolat, la visite à la cabane à sucre et un congé pour célébrer l’arrivée du printemps L’on entendait encore fréquemment, il y a deux ou trois décennies, l’expression «faire ses Pâques». Expression d’un autre âge pour les plus jeunes et qui signifiait dans la tradition catholique, s’être confessé et avoir communié au moins une fois l’an, dans sa paroisse, à Pâques ou durant son octave. En somme, être en règle ou en conformité avec son engagement de baptisé.

Depuis quelques semaines, l’Église catholique, sous la houlette de Benoit XVI, vit des moments difficiles, voire éprouvants. Une agente de pastorale me disait: «Ça n’arrête pas! Il y a eu l’affaire des évêques intégristes, les menaces d’excommunication au Brésil, les préservatifs en Afrique, les catholiques qui apostasient. Où cela va-t-il finir? Donnez-nous un break! » Les médias internationaux ont fait vivre à Joseph Ratzinger tout un chemin de croix. Suite à plusieurs controverses suscitées par des déclarations pour les moins malhabiles du Vatican et rapidement captées par des médias assoiffés de sensation, l’homme qui se voulait rassembleur s’est retrouvé rapidement au banc des accusés. Tout un Golgotha!

Les rubriques des chroniqueurs et les propos des lecteurs dans les journaux ont affublé de tous les sobriquets, pas toujours catholiques il va sans dire, le Vatican et son chef suprême Benoît XVI. Très peu de sympathisants ont su prendre la parole pour nuancer certains propos et soutenir les messages du Pape. Il faut dire qu’il est difficile d’arrêter une tornade dans sa course effrénée. Il vaut mieux attendre que la tempête s’estompe que de lui donner du souffle. Il est vrai que l’Église catholique en a vu plusieurs au cours des siècles, mais il faut prendre conscience que jamais dans l’histoire du monde les médias n’ont été aussi présents et efficaces. En un clin d’oeil, la nouvelle fait le tour de la planète. Quand le calme sera revenu, nous l’espérons, le Vatican tirera sans aucun doute des leçons de ces nombreuses controverses dans ce court pontificat de Benoît XVI. Tous les spécialistes des médias le disent: le message, c’est aussi le médium, le messager. On n’en sort pas!

Quoi qu’il en soit, la fête de Pâques est celle de la lumière, celle qui éclaire et qui éblouit les zones ombragées de nos humbles vies. Une sorte de mystère qui nous ouvre sur le meilleur de nous-mêmes. Cette fête nous redit avec vigueur que la vie n’est pas sans issue, qu’elle a vraiment un sens, une destinée. Au-delà des chocolats, des œufs, des lapins, des fleurs, du jambon de notre imaginaire collectif, Pâques s’inscrit profondément dans notre chair. Elle est fondamentalement résurrection du bien, du bon et du meilleur inscrits en nous. Le passage Mort-Résurrection du Christ est une expérience profondément charnelle. Le Christ de Pâques vient, malgré nos égarements et nos ingratitudes, donner un nouvel élan à nos vies souvent enchevêtrées par notre turpitude. «Faire ses Pâques», c’est prendre goût à la vie et lui donner toute sa force, sa raison d’être et sa noblesse. Avec le Christ, je suis vivant et signe de résurrection pour le monde. Rien de moins!

À Pâques, tout peut prendre vie. Il n’en tient qu’à nous de faire fleurir le printemps dans l’hiver de nos cheminements personnels et collectifs. La pierre a été roulée, le tombeau est vide, le Christ est vivant. Ne cherchez plus, il est parmi nous, il emprunte nos routes, il marche à nos côtés, il est visage parmi les pauvres, les esseulés, les malades, les petits. Nous sommes le Corps du Christ. «Faire ses Pâques», c’est sans contredit prendre partie pour les plus faibles, les laissés-pour-compte. C’est en croisant notre regard lumineux que renaîtra l’espoir dans le cœur de l’oublié. Nous sommes avec le Christ ressuscité des fils et des filles de la Pâques d’un monde nouveau. Tel est le grand mystère de la foi semée en ce coin de terre d’Amérique il y a quatre cent soixante-quinze ans. Joyeuse fête de Pâques!


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( 176 ) Entre deux sommets!

7 avril 2009 – Dans la valse des milliards pour relancer les économies à travers la planète, personne ne semble comprendre où le monde s’en va réellement. Les économies de nombreux pays s’effondrent tour à tour comme des châteaux de cartes. En fait, comment freiner cette descente aux enfers, comment y échapper? Les leaders de la planète semblent vouloir se parler un peu plus, du moins ceux des pays les plus riches et en émergence; on manifeste enfin l’intention de travailler ensemble, de faire front commun devant les aléas de cette crise qui ne finit plus d’ébranler l’équilibre de nos sociétés. C’est déjà un pas en avant.

Les premiers jours d’avril sont-ils des signes d’espoir? En ce doux printemps, deux sommets fort médiatisés ont donné le ton, ceux du G 20 et de l’OTAN. On dit que l’argent est le nerf de la guerre; n’ayez crainte, le dollar était au centre de ces deux rencontres majeures aux allures princières. Pour la sobriété en cette période de marasme économique, il faudra y repenser! Pendant que certains membres de la cour royale s’offusquaient des accrocs faits au protocole à l’égard de sa Majesté Élisabeth II par Michèle Obama, lors du sommet du G20, d’autres se préoccupaient davantage, fort heureusement, des retombées réelles et concrètes des 1 000 milliards de dollars promis par les leaders des superpuissances désireuses, vous en conviendrez, de reconquérir leur image de bons gestionnaires. Cette crise, aux allures de chemin de croix, trouvera-t-elle enfin un sauveur ou pour le moins des initiatives salvatrices?

Nous l’avons dit et redit, la crise financière et ses revers sont plus profonds qu’on le laisse paraître et ce ne sont pas les milliards investis sur un ton triomphant qui vont redonner la confiance au vrai monde, à celui qui chaque jour trime fort pour vivre dans la dignité. Le problème est là! En empruntant une image biblique évocatrice, la confiance est la pierre angulaire de cette relance. La pierre angulaire? Oui, les origines de cette crise résident dans le manque de confiance en ces élus et en ces supergestionnaires qui nous dirigent mollement au gré des sondages, qui administrent aveuglément nos fonds de retraites, qui gaspillent des millions en études caduques, qui s’octroient des bonis exorbitants avec l’argent du peuple et qui paradent tête haute et patte blanche en affichant avec fierté leur intégrité et leur condition de privilégiés. Il est là le malaise profond: l’oubli des principes de la morale et de l’éthique de nos dirigeants. C’est pourquoi l’arrivée d’un Obama a suscité tant d’enthousiasme dans une Amérique à bout de souffle, en péril quoi.

Le nouveau président a encore du mal à mettre de l’avant sa vision de l’Amérique et du monde. Il est clair que le ton a changé à la Maison blanche et que l’entourage actuel du président démontre, du moins à ce jour, le sérieux et la compétence tant recherchés pour faire face aux défis actuels. Oui, l’élection du jeune Barack Obama a tout de même redonné un peu d’espoir en la naissance d’une cohorte de nouveaux dirigeants habités d’un grand sens éthique de la gouvernance. La crise que nous vivons est celle d’une profonde crise des valeurs. Il n’est pas vrai que le seul signe du dollar va combler nos vies, nos espoirs et notre destin. Notre parcours humain a des visées plus nobles et plus salutaires. Le chemin de sortie de cette crise passe immanquablement par la solidarité. C’est en travaillant ensemble dans une perspective de bien commun que nous sortirons de cet effondrement économique. La société de surconsommation nous a dirigés vers des bonheurs individualistes et des vies centrées sur l’hédonisme à outrance. Nous faisons fausse route. Notre propre bonheur passe inévitablement par le bonheur des autres. Si nous souhaitons vivement sortir de cette crise, il faudra susciter l’engagement de tous les artisans du monde économique. Et qui plus est, l’engagement éthique des agents de changement.

L’autre sommet, celui des vingt-huit pays de l’OTAN, se tenait à Strasbourg dans le cadre du 60e anniversaire de cette organisation protectrice de la sécurité et de la liberté dans le monde. C’était des retrouvailles sous des allures même de réconciliation. L’OTAN a célébré le retour dans ses rangs de la France, en rupture avec le commandement militaire de l’Alliance atlantique depuis 1966. Rappelons que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est née au début de la guerre froide par la signature du traité de Washington le 4 avril 1949. Cette alliance avait été conçue pour empêcher l’invasion éventuelle de l’Europe occidentale par la défunte Union soviétique. Depuis la fin de la guerre froide et l’effondrement de l’Union soviétique, l’OTAN s’est élargie pour accueillir de nouveaux membres et s’est donnée de nouvelles missions.

Dans ce grand ensemble que l’on appelle communément les forces alliées, nous retrouvons en fait vingt-six pays européens et deux pays d’Amérique du Nord. Nous pourrions même affirmer à juste titre trois entités: l’Union européenne, les Etats-Unis et le Canada. Pour l’Union européenne, l’engagement au sein de cette organisation fait naître et suscite toujours de nombreuses divergences, parfois même irréconciliables dans la perspective d’une vision commune. Plusieurs analystes avisés signalent avec pertinence que cette tribune internationale a été au fil des années, l’instrument privilégié de la politique étrangère des Etats-Unis, un lieu stratégique pour imposer sa vision et son leadership sur l’aire territoriale couverte par l’Alliance. Là aussi, l’engagement armé des membres de l’OTAN dans de nombreuses crises internationales divise ses membres, ébranle le monde et fait monter plus que jamais les pacifistes aux barricades. Après 60 ans d’existence, pas toujours coiffés de succès, la question même des enjeux fondamentaux de l’Alliance mérite un autre sommet.

Deux sommets majeurs, sur un fond de crise économique planétaire inouïe, ont de quoi susciter, nous l’espérons ardemment, une solidarité sans précédent. Les crises sont la plupart du temps des passages purificateurs d’où l’on sort transformés et porteurs d’une vision renouvelée du lendemain à construire et à inventer. À l’aube de ce vingt-et-unième siècle, ne faut-il pas revenir à des choses essentielles, à des valeurs qui guident et nourrissent notre humanité vers un peu plus de compassion, de sagesse et de bonheur?

À 74 ans, l’interprète et voyageur infatigable qu’est Georges Moustaki chante ces paroles d’espoir et pleines de sens en ce temps de branle-bas planétaire: «Je déclare l’état de bonheur permanent et le droit de chacun à tous les privilèges. Je dis que la souffrance est chose sacrilège quand il y a pour tous des roses et du pain blanc. Je conteste la légitimité des guerres, la justice qui tue et la mort qui punit, les consciences qui dorment au fond de leur lit, la civilisation au bras des mercenaires. Je regarde mourir ce siècle vieillissant, un monde différent renaîtra de ses cendres, mais il ne suffit plus simplement de l’attendre.» J’appuie de tout cœur!

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(175) Ils sont plus de 250 millions

3 avril 2009 - « Un enfant, ça vous décroche un rêve » chante si bien Jacques Brel. Il faut croire que cela est vrai puisque le Québec renoue avec la natalité et connaît actuellement un mini boom des naissances. Une petite revanche des berceaux en ce temps d’incertitude, voire de morosité où les questions existentielles deviennent de plus en plus présentes et criantes. Il faut bien s’accrocher à quelque chose! Nous assistons à 353 015 naissances par jour dans le monde. Cela fait beaucoup de bébés, vous en conviendrez. Nous savons fort pertinemment que plusieurs millions d’enfants meurent chaque année de malnutrition et de maladie.

En fait, un enfant sur 20 meurt dans sa première année de naissance sur la planète. Cela représente 7,5 millions de décès d’enfants de moins d’un an en une année, la population du Québec quoi. La grande majorité des décès se retrouve concentrée dans les pays en voie de développement, principalement en Afrique. À lui seul, le continent africain accueille 24% du total des naissances dans le monde; il en meurt malheureusement 90 pour mille annuellement. Certes, il y a des millions d’enfants qui meurent, mais il y en a aussi des millions qui sont exploités.

Récemment, le Canada et l’Union européenne annonçaient un éminent accord économique. Cela sourit, bien entendu, à notre Jean Charest qui rêve depuis fort longtemps d’un libre-échange avec l’Europe. Mais semble-t-il que tout ne baigne pas dans l’huile et notre éminent PM devra surveiller de près la situation des enfants, car les pays de la communauté européenne exigent de plus en plus dans leurs divers traités commerciaux l’interdiction du travail des enfants. Nous savons bien que le travail des enfants est tout à fait légal au Québec et que l’on peut contourner aisément les quelques restrictions en vigueur. Pourtant, les pays européens considèrent le travail des enfants comme une atteinte aux droits de la personne. La Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne précise que les enfants en âge d’aller à l’école ne peuvent pas travailler (même à temps partiel). Le Québec, champion du décrochage scolaire, a du chemin à faire mes amis.

On estime que plus de 250 millions d’enfants dans le monde travaillent entre 12 et 16 heures par jour. Aussi productifs que les adultes, mais, l’on s’en doute, beaucoup moins rémunérés, les enfants représentent un cheap labour des plus avantageux pour de nombreuses compagnies obsédées par le profit à tout prix. Plusieurs compagnies canadiennes font des affaires d’or dans des pays où leurs entreprises acceptent largement le travail des enfants. C’est la pauvreté qui incite les jeunes à travailler pour subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs familles. Avec la mondialisation, la surconsommation, les politiques néo-libérales, le travail des enfants ne cesse de se répandre même dans certains pays occidentaux. Dans les pays en voie de développement, la grande majorité des enfants travaillent pour leurs parents ou pour des membres de leur famille dans des entreprises de nature agricole ou artisanale.

Cela fait remonter en moi tant de souvenirs. Comme beaucoup de Québécois de mon âge, je suis né dans une famille nombreuse. « Une grosse famille! » comme on dit souvent chez nous. Nous n’étions pas riches et il fallait contribuer au bien-être du clan et parfois même à la survie de celui-ci. J’ai commencé à travailler comme plongeur dans un restaurant à l’âge de 11 ans. Oui, oui, lors de la cinquième année de mon cours primaire. J’étais bien un enfant! Je me souviens fort bien, je dépassais à peine d’un demi mètre la grosse cuve remplie d’eau savonneuse où mes petits bras ne finissaient plus de plonger et de frotter afin de réduire le plus rapidement possible les amoncellements d’assiettes déposées sur le comptoir. La propriétaire me surveillait du coin de l’oeil et je devais fournir un rendement impeccable. Je débutais mon travail les vendredis et samedis vers 17 heures pour terminer vers 1 heure du matin. En écrivant ces mots, je revois toutes ces scènes qui ne sont pas si lointaines après tout.

Nous étions au début des années 60 et je gagnais la modique somme de 25 cents de l’heure et j’avais droit tout de même à un repas gratuit. Quand il y avait moins de clients dans ce chic restau de l’époque, j’allais peler des pommes de terre dans un minable sous-sol où une lampe blafarde accrochée par un fil tordu éclairait mes petites mains encore innocentes. Nous étions marqués à cette époque par le travail et nous étions reconnus davantage par ce que nous faisions que par ce que nous étions. Je n’ai pas tellement connu les terrains de jeux ou comme on dit si bien, la société de loisirs. C’était le sort de milliers d’enfants de l’époque.

Les enfants des familles les moins fortunées, ceux des grosses familles, n’avaient pas toujours accès aux loisirs, aux leçons de piano, aux cours de peinture et de danse bien entendu. Non, il fallait gagner pour survire. Le Québec a bien changé depuis et pourtant un jeune sur trois ne termine pas son secondaire. Beaucoup de jeunes adolescents travaillent à temps partiel non pas pour survivre, mais pour s’arrimer à la société de consommation, se payer des petits gadgets. Tous ceux qui côtoient des adolescents vous le diront: ils sont parfois très difficiles à comprendre. Ils ont leur façon d’être et leur univers bien à eux. Les 10-17 ans représentent environ 10% de la population québécoise. En fait, une famille québécoise sur cinq compte un adolescent.

De plus en plus de jeunes travaillent à temps partiel, entre 40% et 60%, observe-t-on, selon différentes études. Ils travaillent un maximum de 15 heures par semaine, la plupart du temps dans des emplois en lien avec la vente et les services. Ils le font en grande partie pour se payer des biens de consommation, d’autres parce qu’ils vivent dans une famille peu fortunée. Il ne faut pas s’étonner si tant de jeunes décrochent. Dans le cadre de la Journée mondiale contre le travail des enfants, qui se tient annuellement le 12 juin, nous pourrions demander au gouvernement canadien de mettre de l’avant la Convention numéro 182 de l’Organisation internationale du Travail contre les pires formes du travail des enfants. Les enfants sont le présent et l’avenir de notre pays. Graham Green disait : « Il y a toujours, dans notre enfance, un moment où la porte s’ouvre et laisse entrer l’avenir. » Il nous revient de protéger nos enfants, d’ouvrir des portes d’avenir pour eux. Ils sont plus de 250 millions d’enfants exploités dans le monde. Il me semble que c’est beaucoup trop, voire scandaleux!

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(174) Des luttes à finir

31 mars 2009 - Notre monde ne finit plus de nous étonner. Les découvertes scientifiques et technologiques nous ouvrent comme jamais des horizons inespérés. Nous n’avons qu’à penser aux prouesses médicales, à celles des communications et de l’informatique. Toutefois, malgré ces percées inédites, les listes d’attente dans les hôpitaux de la province ne cessent de s’allonger; les gens semblent communiquer de moins en moins et vivent plus que jamais dans la solitude; le cyberespace n’est pas aussi inoffensif qu’on le croyait et connaît aussi ses arnaqueurs. Rien n’est parfait dans ce monde, il y aura toujours des combats et des luttes à mener seul ou avec d’autres.

La grande Ginette Reno le chante si bien dans une de ses magnifiques chansons : «Ma vie à moi, c’est un combat que j’ai mené…» Nos vies ressemblent à ce champ de batailles, de luttes dont les adversaires les plus coriaces sont plus souvent qu’autrement nous-mêmes. Par les temps qui courent, l’adversaire le plus tenace semble bien celui de la crise financière dont les ramifications complexes fragilisent les économies de toute la planète. L’Afghanistan est devenu sans contredit au fil des années un terrain miné, voire un bourbier où s’enfoncent les forces alliées dans l’espoir de délivrer un jour le peuple afghan de ses tourments. Barack Obama vient de décider d’y mettre le paquet et d’y envoyer 21 000 soldats supplémentaires. Nous le savons tous, la solution ne sera jamais dans le fracas des bombes. Le Canada y a déjà perdu trop de forces vives.

Ces jours-ci, le Pape Benoît XVI, dans l’avion qui le menait à Yaoundé au Cameroun, a secoué le monde entier en condamnant l’usage de préservatif, soit le condom dans la lutte au SIDA. Et qui plus est, le souverain pontifie a même affirmé que celui-ci contribuait à l’expansion de cette maladie qui fauche deux millions d’Africains par année. À peine sorti d’une polémique sur la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste et celle de l’excommunication d’une jeune fille brésilienne, le pape ne craint pas de provoquer une nouvelle controverse sur le préservatif. Un tollé de protestations sans précédent qui semble troubler au plus haut point les fonctionnaires de la curie romaine. Il est quand même étonnant que peu de catholiques ne se soient levés debout pour défendre les propos du Pape. Il y a certes des luttes titanesques, des combats cruciaux pour l’avenir de notre humanité, mais certaines de ces luttes décisives, voire salvatrices se déroulent chez nous, sur nos parvis, dans les rues de nos quartiers défavorisés, dans le cœur de jeunes esseulés et fragilisés aux prises avec leur destin.

En parlant de luttes, des collègues m’ont gentiment invité samedi soir dernier à une sortie «testostérone», une sortie pour hommes quoi! Je me suis retrouvé dans le quartier défavorisé de Pointe-St-Charles pour assister à des combats de lutte. Oui, oui, la vraie lutte avec tout son cirque! En janvier dernier, j’avais vu sur grand écran le film «Le lutteur» mettant en vedette Mickey Rourke. Film à petit budget, tourné dans un décor minable et qui montrait le parcours de personnages assez décrochés merci. Chose étonnante, ce film pour le moins intriguant à bien des égards et qui m’avait laissé perplexe s’est retrouvé en nomination aux Oscars pour le Meilleur acteur. Abasourdi, je le suis encore! Vous pouvez déjà comprendre mon appréhension à ma sortie nocturne dans Pointe-St-Charles!

Tout un show, pour le moins loufoque, nous attendait au sous-sol de l’église St-Charles. Dès 18 h 30, un public assez bigarré s’engouffra au son d’une musique plutôt bruyante qu’harmonieuse dans un sous-sol aux allures de salle de bingo aménagé pour la circonstance. Tout y était mes amis! Le ring, l’odeur, le langage coloré, les fanatiques de ce sport, le système de son défectueux, les noms évocateurs des lutteurs, les accoutrements burlesques, les prouesses acrobatiques d’acteurs au ventre proéminent et j’en passe. En fait, nous en avons eu pour notre argent, le prix d’entrée n’était que de 5 $.

Tout le monde sait pertinemment que la lutte c’est arrangé. Il y a les bons et les méchants. Tout est décidé par le promoteur ayant pour seul indicateur l’appréciation du public. L’arbitre y joue un grand rôle, il va selon l’humeur et l’engouement du public. C’est vraiment le p’tit monde de Pointe-St-Charles qui choisi et crée ses héros. Il y avait bien samedi soir les dénommés Rebel, Bulldozer, Maniaque et le jeune favori de 14 ans Frankie Boy. Dans la foule composée, à mon grand étonnement, de nombreuses adolescentes, se signalaient quelques fanatiques munis de pancartes et qui scandaient d’un enthousiasme délirant le nom de leur héros d’un soir. Deux douzaines de lutteurs, hommes et femmes, se sont étirés, bousculés, étranglés, écrasés, engueulés pendant plus de deux heures. Il y aurait de quoi frotter là où ça fait mal! Une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie.

Depuis quinze ans, l’église St-Charles accueille ces matchs de lutte fort populaires. Les gens y viennent d’un peu partout pour assister à ces spectacles quasi improvisés, sous l’égide de la WTA (Wrestling Titan Atlas), initiés et dirigés dans ce coin défavorisé de l’île par Michel Piché. Ce dernier présenta ce projet au curé de l’époque en 1994. Il voulait donner aux jeunes de ce quartier défavorisé un lieu pour se divertir, s’entraîner entre amis et offrir un spectacle populaire pour que ceux-ci aient une place pour se retrouver le samedi soir, au lieu de flâner dans la rue ou dans des endroits douteux. Des jeunes, croyez-moi, il y en avait.

La réussite de ce projet n’est pas nécessairement dans l’excellence du spectacle, mais dans les valeurs de solidarité, d’entraide, de discipline qu’inculquent les plus vieux aux plus jeunes. C’est en quelque sorte un projet intergénérationnel dans lequel la lutte sur le ring devient une lutte au décrochage, à l’isolement, à l’itinérance, à la drogue. Il faut prendre les moyens qu’il faut pour contrer à sa source les racines de la misère, de la souffrance. Si vous désirez un jour assisté à ces spectacles à Montréal et en région, il ne sera pas nécessaire d’être tiré à quatre épingles.

Dans chacune de nos vies et dans notre coin de pays, il y a des luttes à poursuivre, à finir. Dans notre société et dans nos familles de plus en plus éclatées, des jeunes et des adultes attendent une main tendue, un regard de tendresse, une parole dynamisante, un projet mobilisateur. Il y a des gestes tout simples et inspirants qui peuvent sauver des vies. L’espérance mérite que l’on lutte sans cesse pour elle, car même sans espoir, la lutte sera toujours au bout du compte l’espoir d’une vie meilleure. À chacun son combat dans le ring de la vie!


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(173) Faire son nid

27 mars 2009 - Le mois d’avril nous ouvre grand ses bras! Tout autour de nous annonce le réveil éclatant de la nature. Ça se sent, ça se voit, ça s’entend! Place au temps doux et adieu enfin aux lourds paletots d’hiver! Il fait bon ces jours-ci de marcher sous les chauds rayons du soleil, d’entendre les gazouillis des oiseaux et de voir le paysage se transformer au fil des semaines. La vie renaît et se manifeste en nous en mettant plein la vue. On se sent revigoré! Avec la fonte des neiges apparaît immanquablement les désagréables saletés accumulées durant l’hiver. Ce qui conduit à en rabattre un peu, mes amis. Rien n’est parfait en ce monde. Un peu partout les équipes des Travaux publics des municipalités entameront l’opération «remise en beauté». C’est le temps du grand nettoyage.

Cette vaste opération de nettoyage se fait un peu partout à travers la province. C’est aussi une activité citoyenne où chacun d’entre nous est invité à collaborer, à faire sa part en entreprenant même le grand ménage dans ses propres affaires. C’est souvent l’occasion de se débarrasser de vêtements usés et démodés, de vieux meubles défraîchis et fatigués, de journaux jaunis accumulés depuis des mois et devenus malodorants et j’en passe. C’est fou ce qu’on peut trouver lorsque l’on se lance dans une telle opération. Il n’est pas rare d’apercevoir encore de vieux sapins de Noël sur le bord des trottoirs. J’en ai vu deux la semaine dernière. On peut voir de tout lors de la collecte des ordures. Plusieurs badauds trouvent plaisir à fouiller dans les objets laissés en vrac au bord des trottoirs dans l’espoir de dénicher une trouvaille inédite. C’est sans doute l’un des fruits de notre société de surconsommation.

Ces jours-ci, il ne faut surtout pas manquer l’arrivée massive et impressionnante des volées d’oiseaux migrateurs. Cela vaut le détour, car c’est tout un spectacle! Ces derniers se déplacent souvent pour la reproduction et pour suivre la température favorable. Ils ont effectué beaucoup plus de voyages dans le Sud que nous! Le spectacle le plus émouvant demeure sans contredit celui des outardes ou bernaches du Canada. Oiseaux migrateurs bien connus, nous le savons bien, ils se déplacent en V pour profiter du mouvement ascensionnel causé par les battements d’ailes de l’ensemble de la volée; l’oie du devant, encouragée par le cri des autres, combat énergiquement la résistance de l’air. Quand l’oie de tête est fatiguée, une autre prend sa place et ils changent ainsi de positions, car l’oie de tête travaille plus que celles qui suivent. Quel instinct, quelle solidarité!

L’immense territoire de 1 667 441 Km carrés du Québec peut s’enorgueillir d’une faune exceptionnelle. Le réveil du printemps nous permet de redécouvrir cette fabuleuse richesse insoupçonnée. Une multitude d’animaux peuplent les vastes plaines et forêts de chez nous, alors que le million de lacs et les 130 000 cours d’eau regorgent en abondance de poissons et d’animaux aquatiques. Saviez-vous que la faune québécoise compte plus de 650 espèces animales dont 200 espèces de poissons, 20 espèces d’amphibiens, 15 espèces de reptiles, 90 espèces de mammifères, 325 espèces d’oiseaux sans compter les 25 000 espèces d’insectes. Tout un monde qui grouille!

Avec ses 757 000 Km carrés de forêt, soit 2% des forêts mondiales, le Québec est un paradis terrestre à bien des égards. Depuis quelques décennies, la cause environnementale est devenue un enjeu crucial. L’avenir de notre territoire, mais aussi de la planète sont menacés. C’est une question de survie! On parle de plus en plus de biodiversité, réalité toutefois difficile à cerner pour les profanes que nous sommes. La biodiversité, ou diversité biologique, se définit par la variété des formes du vivant et celle des écosystèmes dans lesquels on retrouve les organismes vivants. Voyez, cela semble devenir complexe!

Cette biodiversité est essentielle non seulement en raison de sa valeur intrinsèque, mais aussi pour ce qu’elle nous fournit quotidiennement. Que l’on pense à l’air pur, à l’eau propre, des composés de nouveaux médicaments et des semences pour les nouvelles cultures. La perte d’espèces ou le changement dans la composition des espèces peuvent menacer la santé des écosystèmes et avoir un effet direct sur notre durabilité économique et socioculturelle. En fait, tout se tient dans la nature!

En ce début de printemps où le mois d’avril se fait proche, le dégel se poursuit allègrement et tout reprend vie. D’autre part, en cette période de réveil, les nouvelles économiques ne sont pas aussi réjouissantes. La valse des milliards se poursuit à vive allure, mais l’ingrédient essentiel n’est toujours pas au rendez-vous, la confiance! Il est difficile de faire son nid en ce printemps dans une économie marquée par la fraude, la corruption, l’instabilité. Quand l’incertitude règne, on reste tranquille, on protège au mieux le butin que l’on possède et que l’on a durement gagné. Gaston Bachelard disait : « L’oiseau construirait-il son nid s’il n’avait son instinct de confiance au monde? » À quelque part, la si belle nature qui s’éveille nous donne d’admirables leçons de vie. Encore faut-il en prendre conscience!


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( 172 ) L’incomparable Ginette

24 mars 2009 - Qui ne connaît pas Ginette Reno? C’est un monument national! Depuis cinquante ans, cette femme, à la voix puissante et magnifique, a bercé musicalement le Québec dans ses hauts et ses bas, dans ses moments heureux et ses jours tristes, dans ses rêves et ses espoirs. Cette femme de passion a fait vibrer le peuple québécois comme personne n’a su le faire. Par ses innombrables chansons et dans des moments inoubliables, elle aura marqué et inspiré d’une façon ou d’une autre au cours de ces décennies nos hésitations, nos doutes, notre itinéraire. À quelque part, nous nous retrouvons en elle.

En pensant à Ginette, je ne puis chasser de ma mémoire la célébration de la fête nationale de juin 1975 au sommet du Mont-Royal. Plus de 250 000 personnes avaient envahi ce majestueux parc, cet oasis de paix au cœur de la cité, pour célébrer la fierté d’être Québécois en cette d’Amérique. Une expérience sommet pour la chanteuse et ses milliers d’admirateurs. En compagnie de Jean-Pierre Ferland, Ginette Reno interpréta ce soir-là d’une façon magistrale et émouvante la chanson «Un peu plus loin». Un moment magique qui restera longtemps marqué dans la mémoire collective. Ginette est une femme de chez nous, fière de ses racines, portant au fond d’elle-même nos rêves les plus fous.

Née à Montréal le 28 avril 1946 dans une famille ouvrière de cinq enfants, Ginette Reno (Rayneault) commença à participer à divers concours d’amateurs dès l’âge de 14 ans. Elle fit une première tournée québécoise des cabarets, des studios de radio et de télévision de 1960 à 1964. Elle enregistra son premier disque en 1962 et gagna immédiatement le cœur des Québécois. Un amour et un attachement qui ne se démentiront pas au cours de ces cinquante ans de carrière. Elle est, à mon humble avis, la plus grande chanteuse de chez nous. Nous connaissons tous sa vie ou presque, car Ginette est un livre ouvert, elle dit tout. Les revues à potins ont beaucoup écrit sur ses aventures, ses drames, ses ruptures, ses péchés mignons, ses extravagances et j’en passe. Femme débonnaire et passionnée, elle est sans retenue, entière, franche et honnête. Nous l’aimons comme elle est; on dirait qu’elle fait partie de notre famille tellement elle s’est faite proche de nous.

Ginette Reno chante avec tout son être. En fait, sur scène, quand elle chante, elle se donne entièrement. Elle a chanté avec les plus grands, remporté d’innombrables prix, mais elle est restée pour chacun d’entre nous Ginette, notre Ginette. Sa vie de star, c’est l’histoire d’une chanson. Une chanson rythmée par les émotions, les paroles, l’air du temps, les sonorités, les mots de la vie. C’est ça Ginette Reno, une chanson qui nous envahit, qui éveille en nous émotions, larmes, sourire. Aujourd’hui, à l’aube de ses 63 ans, elle lancera un tout nouvel album intitulé «Fais-moi la tendresse» et réalisé par son fils Pascalin.

L’étonnante aventure de Ginette Reno, c’est aussi, à des degrés divers, celle de nombreux chanteurs et chanteuses d’ici. Avec peu de moyens et beaucoup de ténacité, plusieurs d’entre eux se sont hissés au sommet de leur art et sont devenus des ambassadeurs du Québec sur la scène internationale. Nous n’avons qu’à penser à Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Céline Dion, Lara Fabian, Jean-Pierre Ferland, Garou, Pauline Julien, Diane Juster, Félix Leclerc, Daniel Lavoie, Linda Lemay, Gilles Vigneault, Rock Voisine et combien d’autres. Ils sont nombreux les artistes de chez nous, musiciens, compositeurs ou interprètes, qui rayonnent à l’étranger. La culture et ses artisans sont devenus un levier important du Québec d’aujourd’hui. En fait, le Québec fait partie de plus en plus, avec créativité et compétence, du paysage musical mondial. Avec ses 5 000 musiciens professionnels et ses 200 compositeurs reconnus, le Québec s’est taillé une place et une réputation enviables sur la scène internationale. Plusieurs d’entre eux ont atteint des sommets de popularité à l’échelle planétaire. Il y a des succès qui ne trompent pas!

Dans ce coin nordique de l’Amérique dont le climat en rebute plus d’un, tout est possible ou presque. La carrière impressionnante de Ginette Reno en est la preuve et demeure une inspiration pour plusieurs jeunes de la relève. Comment se fait-il qu’autant d’artistes et de créateurs émergent de ce petit peuple dont la population atteint à peine le dixième de celle de la France? Mon père disait souvent que « les meilleurs onguents sont dans les petits pots ». Un petit peuple aux grandes réalisations, quoi! Les récentes coupures de 46 millions du gouvernement Harper ont des conséquences désastreuses sur la vitalité, le développement et le rayonnement de notre milieu culturel. Au fil des années, les gens de chez nous ont parcouru la planète en exportant leur expertise, leur savoir-faire et leur génie. Là aussi le succès fut au rendez-vous.

Avec sagesse et perspicacité, le Québec s’est doté d’une politique culturelle à l’image de sa culture teintée aux couleurs européennes et américaines. Une combinaison gagnante! Les artisans de nos industries culturelles, variées et nombreuses, savent pertinemment séduire les gens d’ici et d’ailleurs. On peut toujours se demander si la culture rapporte vraiment sur le plan économique? Saviez-vous que l’industrie culturelle a rapporté, à elle seule, près de 25 milliards en 2007, soit trois fois la somme investie (7,9 milliards) collectivement dans la culture et les arts par les trois paliers de gouvernement. Étonnant! La culture, ça rapporte plus qu’on le pense sur plan économique et davantage sur les plans personnel et collectif. Il faut y croire plus que jamais!

Ginette Reno chante si bien la touchante chanson intitulée «À ma manière». Le succès des artistes de chez nous tient beaucoup à leur manière de faire autrement, d’exprimer différemment ce qu’ils portent en eux. Le talent et l’ingéniosité des nôtres ne manquent pas, ils nous surprennent agréablement, nous étonnent même par leurs succès au pays et sur la scène internationale. Toutefois, ils ont grandement besoin de notre appui et de notre affection. Ginette Reno demeure certes une incontournable de la chanson, mais aussi une inspiration pour plusieurs d’entre nous, une voix qui réchauffe nos moments de tiédeur ou de cafard, un refrain qui nous redonne à quelque part un peu d’émotions et de supplément d’âme. Merci à vous, Ginette Reno, d’habiter nos cœurs, nos rêves et parfois nos nuits blanches par vos chansons. Vous le faites admirablement bien depuis cinquante ans!

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(171) Opération raccrochage

20 mars 2009 - Le présent et l’avenir d’une nation reposent en grande partie sur les forces vives de sa jeunesse. C’est évident. Le destin d’un pays, d’une nation dépendra toujours de la qualité de l’éducation de son peuple. On n’en sort pas! Chiffres désastreux à l’appui, le décrochage scolaire continue de miner sérieusement l’avenir du Québec. Des générations de jeunes arrivent trop tôt sur le marché du travail, peu formées, peu éduquées, sans diplôme en poche. Le problème du décrochage scolaire retient l’attention cette semaine. Qu’en est-il au juste?

Voilà qu’un groupe de travail, parrainé par le banquier Jacques Ménard, vient de lancer mardi dernier un chantier national contre le décrochage scolaire. À maintes reprises, sur ce blogue, j’ai abordé cette situation alarmante et même lancé un appel à une prise en charge de ce fléau national. Le rapport Ménard propose dix solutions pour que les Québécois prennent leur destinée en main. D’ici 2020, ce Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaire propose de hausser le taux du nombre de diplômés de niveau secondaire à 80%. Il se situe actuellement au Québec à 69%, soit au neuvième rang sur 10 au Canada. Dire qu’en 1995, il y a quatorze ans, les états généraux sur l’éducation avaient mis la barre à 85%. Rien n’a bougé; si, pardon, vers le bas! Saviez-vous que notre vaste et riche pays, le mieux équipé au monde pour faire face aux aléas de la crise économique, arrive au 16e rang parmi les pays développés pour son taux du nombre de diplômés du niveau secondaire? Il n’y a pas de quoi « se péter » les bretelles!

Les études et les statistiques ne manquent sur la réalité du décrochage scolaire dans la belle province. Un jeune sur trois n’a pas de diplôme d’études secondaires générales ou professionnelles au Québec. Je l’ai dit et je le répète, c’est un drame national. Le Québec, après tout, n’est pas une région défavorisée du tiers-monde. Nous avons investi depuis des décennies des sommes astronomiques dans notre système d’éducation. Les artisans de la Révolution tranquille avaient fait de l’éducation pour tous la pièce maîtresse, la pierre angulaire du nouveau Québec. Comment se fait-il que quarante ans plus tard 100 jeunes du secondaire décrochent chaque jour? La problématique est sérieuse et l’heureuse initiative de Jacques Ménard et ses collègues mérite notre encouragement et notre appui. Certains se disent déçus des objectifs modestes du Groupe d’action, mais il faut bien commencer quelque part. Le raccrochage scolaire demande une opération collective, une mobilisation nationale si l’on veut que cela réussisse.

Nous le savons bien, les causes du décrochage sont nombreuses et enchevêtrées. Tout n’est pas si clair lorsque l’on examine tant soit peu la réalité des jeunes de chez nous. Entre vous et moi, ces derniers ne décrochent pas que de l’école, de la vie aussi. L’école n’est pas la seule responsable de tous les maux de la société. Elle est certes un lieu important de la transmission du savoir, mais sans contredit, en collaboration avec les parents et les artisans du milieu éducatif, un espace inédit pour affirmer le savoir-être et valoriser le savoir-faire. Les jeunes sont à maintes reprises la proie d’arnaqueurs et de prédateurs de la publicité; ils sont parfois et souvent les victimes d’usurpateurs d’identité qui leur vendent un monde éphémère et illusoire. Nous le savons que trop bien, les jeunes décrocheurs seront plus à risque: précarité de l’emploi, aide sociale, ennui de santé. N’y a-t-il pas un vide profond au cœur de ce Québec en recherche identitaire, en quête de sens?

Il y a chez plusieurs jeunes que je rencontre un No Where existentiel. Dans ce monde de l’éphémère, du superficiel et des gadgets, où sont les points d’ancrage? Sur quelles valeurs les jeunes de chez nous peuvent-ils bâtir leur vie, se projeter dans l’avenir? Le socle de leur maison ne sera-t-il déposé que sur le sable de l’éphémère, de la facilité, de la surconsommation? Lorsque des jeunes regardent quelque peu la dégringolade des institutions financières, la fraude éhontée de ces arnaqueurs sans remords des économies des petites gens, le manque d’éthique de nos dirigeants bardés de diplômes, que se disent-ils dans leur for intérieur? Vous devinez sans aucun doute les profondes questions existentielles qui surgissent dans leur tête et dans leur âme. Pourquoi étudier, pourquoi se forcer, pourquoi vivre même?

Mon père Simon, né au début du vingtième siècle, avait quitté l’école après quelques jours de présence seulement pour prendre le chemin qui menait à l’époque dans les chantiers forestiers. Il fallait survivre en ce temps-là. L’école du rang dans sa Gaspésie natale avait peine à trouver une enseignante qualifiée pour offrir les premiers degrés du primaire. C’était la période des classes à degrés multiples. Ma mère, deux ans plus jeune, avait réussi à terminer sa cinquième année du primaire lorsqu’elle dut laisser l’école du rang pour soutenir sa mère veuve et malade avec sept enfants sur les bras. C’était le Québec de la petite misère. Nous n’en sommes plus là aujourd’hui, rendons grâce à Dieu. Mais avec ces statistiques alarmantes du rapport Ménard où en sommes-nous?

Mes parents, si peu instruits, ont tout fait pour offrir à leurs neuf enfants la possibilité d’étudier, de se tailler une place dans la vie; une place basée sur les valeurs de l’effort, de l’honnêteté, de la persévérance, de la générosité, de la solidarité. Pour eux, l’éducation était un gage d’avenir, d’épanouissement. Oui, où en sommes-nous aujourd’hui? Qu’allons-nous faire collectivement pour offrir à nos enfants un avenir prometteur, un coin de pays où ils pourront devenir quelqu’un. Paul Valéry disait : « L’éducation ne se borne pas à l’enfance et à l’adolescence. L’enseignement ne se limite pas à l’école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation. » La lutte au décrochage, ça nous concerne tous!

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(170) Soubresauts printaniers

17 mars 2009 - Ça y est vraiment! Les signes avant-coureurs du printemps ne trompent pas; les derniers vestiges de l’hiver fondent à vue d’oeil. Un hiver en dent-de-scie s’efface, toujours trop long et rigoureux pour la plupart d’entre nous. Les rayons de plus en plus ardents du soleil se font sentir pour notre plus grand plaisir. Le changement d’heure de la semaine dernière, combiné à la chaleur du soleil ont de quoi remonter le moral des plus défaitistes. Les effets bénéfiques se font sentir de toute évidence dans le milieu travail, malgré la morosité économique dans laquelle nous baignons. Mais le mois de mars n’a pas dit son dernier mot. L’hiver québécois, qui s’esquive pour de bon, aura sans aucun doute un petit soubresaut. En cette terre nordique, dame nature a toujours le don de nous surprendre!

En parlant de soubresauts, la crise économique continue d’ébranler et de lézarder les assises, bétonnées de réputation enviable, de nos institutions financières. De nombreuses industries de chez nous stagnent, craignent le pire pendant que les investisseurs retiennent leur souffle. Pendant ce temps, la majorité de la population se serre la ceinture, fait des choix stratégiques dans leurs dépenses et investissements. Il n’y pas une journée sans qu’une organisation annonce des pertes d’emploi massives. Le couperet tombe régulièrement et des milliers de travailleurs se retrouvent malheureusement au chômage. L’Ontario, la richissime, vient de voir son taux de chômage franchir la barre des 8%. Le Bureau international du travail (BIT) signale, dans son récent rapport sur l’emploi dans le monde, que la crise économique mondiale pourrait mettre au chômage 30 millions de personnes de plus qu’en 2007. C’est presque la population du Canada, mes amis!

Les déboires de la Caisse de dépôts et de placements du Québec continuent aussi de faire des vagues. La perte de sommes astronomiques accumulées dans le «bas de laine» des Québécois crée plus que de l’inquiétude. Henri-Paul Rousseau, ex-président démissionnaire, avait beau claironner la semaine dernière par un savant discours l’intégrité de sa réputation lors d’une conférence de presse des plus médiatisées, le mal est fait. Près de quarante milliards sont disparus, rien de moins! Tout le monde s’en lave les mains, personne n’est imputable! Scandaleux, le mot n’est pas trop fort. Rappelons que la Caisse est d’abord et avant un gestionnaire. Ses dirigeants ont pour mandat d’administrer avec compétence et prudence la majorité des caisses de retraite et des régimes d’assurance publics et privés québécois. En fait, c’est un gestionnaire de fonds d’envergure mondiale, le plus important au Canada. La Caisse a pour mandat de faire fructifier les fonds pour le bénéfice de tous les Québécois. La nomination à l’improviste jeudi dernier de Michael Sabia, ancien chef de BCE, à la tête de cette institution a déclenché une onde de choc dans les milieux financier et public. Le choix de ce cadre, d’origine ontarienne et malhabile dans la langue de Molière, suscite scepticisme, voire une levée de boucliers. On peut se demander vraiment qui a les mains sur le volant dans le gouvernement Charest.

Mais il n’y a pas que le gouvernement Charest qui a l’art de se mettre les pieds dans les plats. Par les temps qui courent, le Vatican ne baignent pas dans l’eau bénite. La séculaire institution, suite à certaines déclarations et décisions de Benoît XVI et de son entourage, vit des soubresauts qui ont soulevé indignation et incompréhension de par le monde. Depuis quelque temps, les déclarations concernant la réintégration des évêques intégristes du mouvement lefèbvriste, l’émancipation de la femme par le biais de la « machine à laver », l’excommunication d’une fillette brésilienne la semaine dernière font couler beaucoup d’encre. Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne rond pas dans les officines de cette institution millénaire. De nombreux catholiques pratiquants, distants ou d’appellation disent ne plus se retrouver dans cette Église proclamant un discours rétrograde et trop éloigné de la vraie vie. Ils attendent de cette Église une, sainte, catholique et apostolique un peu plus de lumière, de compassion et de sagesse pour faire face aux défis quotidiens du monde d’aujourd’hui. Dans l’affaire de la petite Brésilienne de neuf ans et qui a avorté de jumeaux, l’archevêque de Recife avait excommunié la mère et l’équipe médicale ayant procédé à l’avortement de cette fillette, violée par son beau-père. Une histoire qui a scandalisé la planète et qui secoue l’Église catholique toute entière!

Sur la glace cette fois-ci, les soubresauts ne manquent pas non plus dans l’aventure houleuse des Canadiens de Montréal qui a donné ces dernières semaines un mal de bloc carabiné à son directeur général et à ses dirigeants. Là aussi, des décisions sans détour ont eu tout un impact et foutu une bonne dégelée à l’entraîneur-chef Guy Carbonneau. Pourtant, il n’y pas si longtemps Bob Gainey et Guy Carbonneau formaient le duo parfait, de réels complices malgré certaines divergences. Pour le bien d’une équipe de hockey, il y a des divergences qu’on ne peut tolérer. Un esprit d’équipe, cela se bâtit aussi au fil des jours avec la complicité des joueurs. L’avenir d’une équipe de hockey passe certes par une vision, un esprit d’équipe, une stratégie, une solidarité mais surtout par la victoire. Au hockey, on est là pour gagner! Quand on n’est plus sur la même longueur d’onde, la confiance se détériore, l’équipe perd sa cohésion et l’unique solution du congédiement demeure. Serait-ce la nouvelle tendance de la Ligue nationale? Nous le savons bien, il est toujours plus facile de chasser un entraîneur que certains joueurs trouble-fête. Le présent serait-il toujours garant de l’avenir?

Avec ces quelques événements, il y a de quoi meubler bien des conversations de salon. Il ne faudrait toutefois pas perdre de vue que la vie continue et que le printemps viendra nous éblouir dans quelques jours. C’est officiellement le 20 mars à 7 h 45 qu’il entrera en scène. N’oublions pas cependant que le printemps naît aussi chaque fois que notre sourire illumine les yeux de quelqu’un et qu’il s’estompe si facilement par la parole qui assombrit. Attention tout de même aux soubresauts.

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( 169 ) Manger à sa faim

13 mars 2009 - Nous le savons tous, l’alimentation est au cœur de notre vie. Les annonces de bouffe sont omniprésentes sur les panneaux publicitaires, les circulaires déposées à nos portes, les chaînes radiophoniques et télévisées. Le problème n’est tant l’accessibilité des aliments, mais surtout la qualité et la quantité de ce que l’on mange. Gaver à l’excès nos enfants de repas surgelés ou de mets plantureux de la restauration rapide ne les rendra pas résistants! On nous le répète depuis des années, la saine alimentation et l’exercice régulier favorisent la santé et la longévité. Le mois de mars est celui de la nutrition. On peut se demander en ce début de mois si les Québécois, au fil des années, ont fini par adopter de bonnes habitudes suite aux nombreuses campagnes promotionnelles d’une saine alimentation.

Selon un sondage, réalisé récemment par les diététistes du Canada et Ipsos Reid, les Québécois ont fait du progrès. Au cours de la dernière année, 68% des Québécois affirment avoir modifié leurs habitudes alimentaires afin d’améliorer leur santé, leur forme physique. Heureuse nouvelle dans ce Québec où la consommation de malbouffe avait atteint ces dernières années des proportions alarmantes, voire dangereuses en particulier chez les jeunes générations. Le mode de vie actuel des jeunes nord-américains favorisent la mauvaise alimentation et inévitablement l’obésité. L’augmentation inquiétante de l’obésité chez nous s’explique en grande partie par le mode de vie sédentaire et les habitudes alimentaires déficientes chez les jeunes. Les enfants canadiens passent en moyenne 14,2 heures par semaine devant le téléviseur ce qui n’inclut pas le temps passé sur Internet ou à jouer à des jeux vidéo. Cela fait du siège mes amis!

Selon la Société canadienne de pédiatrie, 28% des Canadiens de 12 à 14 ans et 66% de ceux de 15 à 19 ans « sont réputés être physiquement inactifs ». Pour sa part, le docteur Paul Poirier, cardiologue, signale que l’espérance de vie des jeunes Québécois est beaucoup plus basse que celle de la génération des baby-boomers, parce que les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à être inactifs. La culture du jeu chez les enfants a complètement changé depuis quelques années, les nouvelles technologies font moins bouger l’arrière-train de nos ados. Il est assez évident que l’on dépense plus d’énergies et de calories à jouer pendant une heure sur un terrain de sport qu’en pitonnant sur la manette d’un jeu vidéo ou en étant affalé devant un écran de téléviseur en mangeant du maïs soufflé.

D’après le sondage d’Ipsos Reid, les Québécois semblent de plus en plus conscients de l’importance d’une saine alimentation, mais le défi reste entier quant à la manière d’atteindre cet objectif essentiel. Par où doit-on commencer, quoi? Selon Stéphanie Côté, porte-parole des diététiciennes du Canada, « D’abord, il faut manger à sa faim. » Une règle de base importante que l’on oublie malheureusement trop souvent. Il importe donc d’attendre d’avoir faim avant de manger et de respecter sa faim réelle. Les petites collations prises à toute heure au cours d’une semaine ne font qu’apporter calories et kilos. Les conseils ne manquent pas, mais les mauvaises habitudes prises au fil des années sont réfractaires à tout changement. Nous avons tendance à manger au-delà de nos besoins réels et souvent les habitudes prises et apprises faussent complètement la perception de ce qu’il est nécessaire de manger. On bouffe et on bouffe sans trop se demander pourquoi.

Selon la Société canadienne de pédiatrie, moins de 20 % des jeunes Canadiens consomment cinq portions quotidiennes de fruits ou de légumes. C’est trop peu! Idéalement, notre assiette devrait être remplie à la moitié de fruits et de légumes pour en venir à réduire progressivement les portions trop grandes de féculents et de protéines. On sait très bien que l’obésité constitue un facteur de risque non négligeable pour les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension et les dyslipidémies. Il faut être vigilant et savoir faire des choix!

Savoir manger est un art. Il s’apprend au fil des jours en prenant de bonnes habitudes, des repas équilibrés. Selon une enquête japonaise, publiée dans le British Medical Journal, les hommes qui mangent rapidement courent 84% plus de risque d’être obèses que ceux qui mangent lentement. Cette proportion est de 50% chez les femmes. Ceux qui engloutissent leur repas jusqu’à satiété totale ont trois fois plus de risques de devenir obèses. Un repas, ça se savoure! Bousculés par le travail, la vie familiale, les obligations, nous oublions trop souvent que l’alimentation est la base de tout. Nous sommes un peu, beaucoup même, ce que nous ingurgitons. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es et surtout ce que tu es en train de devenir. C’est pourtant si simple! Pour être en santé, il faut manger trois repas quotidiens équilibrés, faire de l’exercice tous les jours et boire de l’eau. On a toujours l’art de compliquer les choses simples!

La célèbre phrase dans L’Avare de Molière est toujours d’une grande actualité : « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. » À tous ceux qui sont tentés par des régimes drastiques, il faut rappeler que les spécialistes ne cessent de faire de sérieuses mises en garde fort pertinentes. Les charlatans dans cette industrie prolifique sont un danger réel pour la santé. Nous ne le dirons jamais assez! En fait, nous sommes bien conscients que la partie la plus difficile d’un régime alimentaire tant soit peu sérieux, ce n’est pas tant de faire attention à ce que l’on mange. C’est surtout de regarder les autres manger. En ce mois de mars rappelons-nous sans cesse que manger mieux, c’est toujours meilleur!


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(168) Femmes d’espoir!

10 mars 2009 - Le dimanche 8 mars marquait la Journée internationale de la femme. En décembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et de la paix internationale. Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon lançait le mois dernier sa campagne sous le thème: « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. » La création de cette journée avait suscité beaucoup d’espoir au sein des mouvements qui militent pour les droits des femmes et avait donné un appui certain à des revendications justes en matière de reconnaissance et d’équité dans ce monde où les tendances masculines dominatrices se manifestent depuis belle lurette. Depuis l’initiative lancée par l’ONU, qu’en est-il? En ces premiers jours de mars, les paroles du mythique chanteur québécois Claude Dubois remontent avec justesse en moi : « Femme de rêve, femme d'espoir heureux ».

Plusieurs analyses et bilans sur la situation de la femme ici et dans le monde ont été effectués ces derniers jours dans de nombreux quotidiens, sur diverses chaînes radiophoniques et télévisées. La condition des femmes a certes évolué dans de nombreux pays développés et en voie de développement. Un récent sondage publié dans le journal La Presse de dimanche dernier dénote, malgré les progrès réalisés, que neuf Québécoises sur dix estiment que les femmes ont encore des luttes à mener. Ce n’est pas terminé! Même s’il y a eu des progrès importants dans diverses sphères de la société, souligne l’analyse du sondage, de nombreuses Québécoises portent encore de profondes insatisfactions. Certaines inégalités perdurent dans le temps et il n’est jamais facile pour une femme de se tailler, encore aujourd’hui, une place dans un monde où certaines traditions et plusieurs préjugés ont la couenne dure.

Le mouvement féministe a connu au Québec ses heures de gloire dans les années 70. Toujours actif, il demeure toutefois moins éclatant qu’à cette époque. Le récent sondage démontre d’ailleurs que ce sont davantage les femmes de 45 ans et plus qui se disent en majorité féministe; les jeunes générations ne semblent pas porter le même regard sur le problème. Pendant longtemps, dans l’imaginaire collectif, le mouvement féministe resta associé aux mots contestation, revendication, radicalisation. Plusieurs se souviennent de la presse alternative québécoise, La vie en rose (1980-1987), qui jetait un regard féministe sur la vie sociale, politique et culturelle de chez nous. Au fil de l’histoire, les femmes d’ici ont obtenu des droits fondamentaux importants et plus de reconnaissance. Il n’y a pas si longtemps, la femme n’avait de statut ou d’existence légale qu’en fonction de son mari. Au siècle dernier, elle ne pouvait même pas recevoir de salaire en son nom, n’avait pas accès aux institutions scolaires supérieures, ne pouvait exercer certains métiers et même se présenter dans certains endroits. Cette longue marche vers l’autonomie a connu, bien entendu, des embûches de taille. Il a fallu du cran et de la persévérance.

Cette émancipation des femmes québécoises a été confrontée à des résistances farouches, notamment celles du clergé qui voyait tout cela d’un mauvais œil. Aujourd’hui, nous constatons bien que se sont majoritairement des femmes qui sont engagées en Église et que sans elles, bien des volets de la mission pastorale ne pourraient se réaliser. Toutefois, là encore, il y a des luttes qui ne sont pas terminées, du moins au sein de l’Église catholique. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s’exprimait ainsi:
« Nous tous – hommes et femmes, soldats et membres des forces de maintien de la paix, citoyens et dirigeants – avons la responsabilité d’aider à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Les Etats doivent honorer leur engagement de prévenir la violence, (…) Et chacun d’entre nous doit parler haut et fort dans sa famille, son lieu de travail et sa communauté, de telle sorte que les actes de violence à l’égard des femmes cessent. »

L’exploitation de la femme et la violence envers elle perdurent dans de nombreux pays sur la planète. On estime à quatre millions par an, dans le monde, le nombre de femmes et de fillettes achetées et vendues à un mari, un proxénète ou un marchand d’esclaves. La sortie du troublant film québécois Polytechnique illustre sombrement l’histoire de haine contre les femmes, une histoire réelle qui s’est passée chez nous. Ce film tragique, réalisé par Denis Villeneuve, qui évoque l’événement terrible du 6 décembre 1989 alors que quatorze jeunes femmes furent tuées de sang-froid, relance tout le débat sur la violence contre les femmes. Encore de nos jours, au Canada, on rapporte qu’une femme sur quatre est victime d’agression sexuelle au cours de sa vie. Les préjugés sexistes, les propos à contenu misogyne et la violence contre les femmes ne sont pas que choses du passé. En 2003, on a dénombré 16 458 victimes de violence conjugale, dont 86% étaient des femmes.

La vie des femmes de ce pays est héroïque à bien des égards. Sans elles, le Québec d’aujourd’hui n’existerait pas. Nous, fils et filles de ces femmes hors du commun, sommes redevables à ces âmes généreuses qui ont donné naissance au Québec d’aujourd’hui. Je ne puis passer sous silence des femmes qui ont marqué mon existence, m’ont fait grandir et m’ont inculqué les valeurs qui me guident, me transcendent. En regardant la photo de ma mère Patricia, je reste émue devant cette femme qui a donné naissance à treize enfants, dont neuf d’entre eux survécurent. Elle a connu, comme tant d’autres femmes de son époque, les grossesses à répétition, les conditions matérielles difficiles, la crise de 1929, le manque d’instruction. Tant de bouches à nourrir avec si peu de ressources financières relevait du miracle. Patricia aura tout fait, tout donné par amour des siens et cela sans condition.

Avec foi, amour et persévérance, Patricia aura inspiré, comme tant d’autres femmes de chez nous, le sens d’une vie incarnée et donnée. À toutes ces femmes, dont les noms ne seront jamais cités dans les livres d’histoire et qui parfois n’ont pas été choyées par la vie, un immense merci pour le don de votre personne. Plusieurs femmes de chez nous sont des exemples extraordinaires de courage qui inspirent toujours nos humbles vies parfois tourmentées. Plusieurs d’entre elles illustrent éloquemment cette magnifique parole de Mère Teresa : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. » Hommage à vous, femmes de rêve et d’espoir heureux. À travers vos luttes et vos engagements, vous enfantez un monde nouveau!


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(167) Le téléphone qui sonne!

6 mars 2009 - La planète est un grand village de plus en plus branché. Saviez-vous que près de 4,1 milliards de personnes ont un téléphone cellulaire? Oui, oui, vous avez bien lu. C’est plus de la moitié de la planète, rien de moins! Assez branché merci! Selon un rapport des Nations Unies, publié récemment, cette nouvelle technologie a fait un bond prodigieux au cours des cinq dernières années. Nous sommes bien loin de la chanson fort populaire de 1968 écrite par Nino Ferré: «Gaston... y a l' téléfon qui son et y a jamais person qui y répond». Le téléphone cellulaire est devenu un incontournable, il a changé nos vies et même nos comportements. Il est omniprésent et il sonne partout, partout et partout!

Il n’y a pas si longtemps, à peine dix ou quinze ans, le téléphone était encore ce bon vieil appareil fixe et fort usuel qu’on retrouvait sur un mur ou sur un guéridon. Depuis son apparition sur le marché vers 1877, le développement exponentiel de la téléphonie moderne dépasse les rêves les plus fous. Et ce n’est pas terminé! Notre légendaire Graham Bell en serait sans doute renversé! Selon l’Union internationale des télécommunications, une agence des Nations Unies, 61% des 6,7 milliards de citoyens dans le monde peuvent parler tout en marchant. C’est une première dans l’histoire de l’humanité. Qui aurait pu imaginer un jour marcher avec son téléphone accroché à la ceinture? Le cellulaire est devenu pour une grande majorité de ses usagers le prolongement du corps. Il a élargi même notre concept de liberté. À dire vrai, on ne peut s’en passer, mais à quel prix?

Dans son étude évolutive menée dans 154 pays, l’Union internationale des télécommunications mentionne que c’est surtout dans les pays en voie de développement que la téléphonie sans fil a connu une ascension fulgurante, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. De plus, ces régions du monde sont à la fine pointe de la technologie, dépassant de loin celle des Amériques et de l’Europe. Il est assez évident que l’installation d’un réseau cellulaire est plus facile que celle d’un réseau filaire classique. Rapidité, efficacité, disponibilité sont au rendez-vous. C’est un immense progrès! En tapant quelques touches, vous pouvez contacter sans problème quelqu’un dans un coin reculé de l’Afrique sub-saharienne ou sur une île perdue de l’Asie. L’usage du téléphone cellulaire connaît aussi des excès, des abus et des questionnements!

Nous avons tous assisté chez nous au débat assez mouvementé sur la question de la sécurité au volant et l’usage des téléphones cellulaires. Selon des études sérieuses, l’utilisation d’un cellulaire portatif ou mains libres en conduisant multiplie par quatre le risque d’être impliqué dans une collision. Son usage nuit à la vision du conducteur, ralentit son temps de réaction et a une incidence sur la façon dont il réagit, et ce, particulièrement quand la circulation est dense. Depuis la mise en vigueur de la réglementation en juin 2008, de nombreux conducteurs québécois se montrent toujours récalcitrants à ranger leur appareil. Partout dans le monde, de nombreuses recherches se poursuivent sur l’usage permanent et abusif du cellulaire. Au Japon, le tiers des élèves de sixième année possèdent un téléphone cellulaire et 60% des élèves de 3e secondaire en possèdent un. Préoccupé de l’usage abusif du téléphone mobile par les jeunes, le gouvernement japonais a lancé un programme de sensibilisation afin de limiter l’usage du cellulaire devenu trop omniprésent dans la vie des jeunes à l’école.

Sur le plan médical, de nombreuses recherches sont en cours afin de mesurer l’impact du téléphone cellulaire sur la santé. En juin 2008, sous la direction du Dr David Servan-Schreiber, une vingtaine de scientifiques lançaient un appel à la prudence quant à son usage et proposaient même une dizaine de recommandations dans l’usage quotidien, en particulier pour les enfants de moins de douze ans et les femmes enceintes. Qui d’entre nous n’a pas été importuné par une sonnerie de cellulaire au restaurant, au cinéma ou lors d’une conversation avec un ami? Récemment, dans une salle bondée d’un édifice gouvernemental, j’attendais patiemment le moment du rendez-vous. Puis, plongé dans une lecture passionnante, le concert des sonneries téléphoniques a débuté. Tout un concert! Ce fut les rires, les conseils de mécanique, les emplettes à faire, le bébé qui pleurait et j’en passe. Je n’ai pu terminer paisiblement ma lecture tellement je rageais. Dites-moi, pourquoi les sonneries dans les lieux publics?

Beaucoup de gens ne le savent peut-être pas, mais il existe deux options très utiles sur un téléphone cellulaire : le mode vibration et le mode silencieux. Il me semble que le savoir-vivre en société et le respect s’appliquent aussi à l’usage du téléphone cellulaire. Dans un règlement à être adopté sous peu, la Société des Transports de l’Outaouais réagit à la présence de plus en plus envahissante – et souvent dérangeante – des téléphones cellulaires dans ses autobus. Son nouveau règlement proposera mesures et sanctions pour les usagers de cellulaire trop bruyants. C’est une question de gros bon sens et de savoir-vivre. La grande Gabrielle Roy avait-elle raison lorsqu’elle écrivait dans La rivière sans repos ces quelques mots: «La servitude. C’est ça le téléphone.»?


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(166) Signes de dégel en vue!

3 mars 2009 - En toute douceur, le mois de mars fait son apparition. Tourner rapidement la page du calendrier, cela nous fera sans doute le plus grand bien. C’est un bon coup de balai donné à la grisaille et aux mauvaises nouvelles économiques des dernières semaines qui minent immanquablement notre moral. Les rayons du soleil se font d’ailleurs plus intenses et rallongent pour notre plus grand plaisir la clarté du jour. Enfin, plus de lumière et de chaleur bienfaisante! Des signes évidents de la venue d’un nouveau printemps qui amorce son entrée à pas feutrés. À vrai dire, les turbulences économiques des derniers jours n’ont rien pour remonter le moral des troupes. «Plus on en parle, plus ça va mal, plus on injecte des milliards, plus on s’enfonce.» disait un collègue de travail. Un peu de soleil, ne fera pas de tort!

À l’époque du calendrier romain, qui ne comptait que dix mois, le début de l’année commençait autour du 1er mars, car il annonçait le retour des beaux jours. Nous l’espérons de tout cœur ce retour des beaux jours et cela à bien des points de vue. Avec l’annonce de la débâcle de 39,8 milliards de la Caisse de dépôt et de placements du Québec, on a besoin de pas mal de lumière là-dessus. Tout en reconnaissant la légitimité d’une bonne commission d’enquête, laissons toutefois nos partis politiques débattre la question et se chamailler sur son importance. Il n’y a pas que les érables qui vont couler dans les prochains jours. Il y aura sans aucun doute beaucoup d’encre répandu, un flot de paroles proférées et mille bonnes intentions attestées.

Saviez-vous que le mois de mars était le Mois sur la prévention de la fraude au Canada et partout dans le monde? Avec ce qui se passe sur la planète, c’est un mois qui a toute sa raison d’être. Le lancement de cette initiative avait lieu le 1er mars 2006 lors d’un forum international tenu à Ottawa sous l’égide du Bureau de la Concurrence. Les nombreux crimes financiers démontrent hors de tout doute que les lois en vigueur ne suffisent pas pour contrer ce problème ou plutôt ce fléau planétaire. Malgré les campagnes de sensibilisation et de dénonciation depuis 2006, de nombreux petits investisseurs ont été floués par des escrocs de la pire espèce qui se pavanent tambour battant et qui malheureusement écopent trop souvent, quand ils se font prendre, de sanctions pénales ridicules. Ne l’oublions pas, ce sont des actes criminels qui détruisent la vie de bien des gens et qui sabotent notre économie.

Fort heureusement, il n’y pas que des eaux troubles en ce début de mars! Cette première semaine marque la grande relâche tant attendue dans le milieu scolaire. Depuis vendredi dernier, la jeunesse du Québec de demain s’en donne à cœur joie. Plus d’un million de jeunes en vacances se prélasseront un peu plus longtemps au lit le matin, se lanceront à corps perdu sur les pentes de skis de la province, fouineront sans doute allégrement dans les centres commerciaux, seront rivés davantage et plus tardivement devant le téléviseur ou leur récent jeu vidéo. Pour certains parents, ce sera un petit casse-tête tandis que pour d’autres l’occasion de vivre un heureux temps de loisir en famille.

Ce troisième mois de l’année annonce aussi la saison de l’érable. Les jours se rallongeant et le soleil se faisant plus ardent, les arbres ne tarderont pas à bourgeonner et les volées d’oiseaux migrateurs à sillonner notre ciel plus clément. Au rythme du gel et du dégel, la sève montera doucement dans les érables et sonnera l’arrivée d’un rituel saisonnier au Québec, le temps des sucres. Lorsque la lune se montrera favorable ou qu’arrivera le vent du sud-ouest, les 10 000 acériculteurs de chez nous se mettront à l’ouvrage pour recueillir l’eau légèrement sucrée qui se transformera en un sirop délicatement parfumé reconnu à travers le monde. Le succès que remporte le sirop d’érable au Québec et dans le monde ne cesse de croître. Soulignons que 80% de la production québécoise de 92 millions de livres est exportée aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne.

Enfin, c’est aussi pour les catholiques qui s’en souviennent le mois dédié à saint Joseph. Je me rappelle que ma mère allumait toujours un lampion devant la petite statue de saint Joseph bien en vue dans le salon de la maison familiale. C’était un rituel, j’en conviens, d’une autre époque. La neuvaine à saint Joseph, c’est une vieille tradition de chez nous, qui a marqué l’enfance de bien des gens et qui se perd inévitablement avec la baisse de la pratique religieuse et la désuétude de certaines dévotions. Depuis plus de cent ans, des hommes et des femmes de tout horizon se rendent chaque année en pèlerinage à l’Oratoire St-Joseph du Mont-Royal. Encore aujourd’hui, plus de deux millions de pèlerins foulent annuellement les lieux de ce sanctuaire érigé au flanc de la montagne par un humble frère portier. Oasis des pauvres et des chercheurs de Dieu, des milliers de croyants uniront leur voix du 10 au 18 mars prochain à celle de saint Joseph pour implorer les bienveillances d’en haut en ces temps de doute et de crise.

Avec l’arrivée de mars, la nature se réveillera doucement d’un long hiver et reprendra petit à petit sa vigueur pour nous éblouir plein la vue en avril. Décidément, le mois de mars nous offrira quelque chose de neuf et espérons-le de lumineux. Ne l’oublions pas, le mois de mars est plus souvent qu’autrement le mois du vent et évidemment celui des rapports d’impôts. Le vent finira par tomber, mais les impôts, jamais! Bon mois de mars tout de même.


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