( 107 ) Dernier tour de piste

28 janvier 2008 - Il y a toujours des nouvelles qui nous attristent, qui viennent nous chercher quelque part, on ne sait pas pourquoi. Mardi dernier, tous les grands médias annonçaient la mort tragique et encore mal expliquée du jeune acteur australien de 28 ans, Heath Ledger. Choc dans le monde du cinéma et chez des milliers de cinéphiles de tous les coins de la planète qui appréciaient cette étoile montante, pour ne pas dire filante du septième art. Jeune, intelligent, talentueux et belle gueule, il faisait l’envie de bien des gens de métier, qui ont trimé dur pour ne jamais atteindre la stature qu’il avait atteinte en si peu de temps. Comme on dit: «Il était né sous une bonne étoile.» Mais derrière ce talent et ce succès, se cachait sans doute une grande fragilité intérieure, devenue insupportable.

Tout d’abord Ledger est né le 4 avril 1979 à Perth en Australie, d’un père ingénieur et d’une mère enseignante de français. Très tôt, il reçoit une formation sportive et artistique très poussée. De carrure de joueur de rugby et au visage angélique, Heath Ledger se fait remarquer très tôt puisqu’il débute sa carrière à l’âge de dix ans. La carrière de ce jeune acteur, très physique, prend son envolée au côté de Mel Gibson dans le magnifique film The Patriot où il incarne le courageux et intrépide Gabriel. Il enchaîne les succès jusqu’au fameux rôle risqué et refusé par nombre de stars dans Brokeback Mountain où il incarne Ennis del Mar; histoire d’une relation interdite entre deux cow-boys qui lui vaudra une nomination aux Oscars en 2006. Par la suite, il enchaînera avec le personnage principal de Casanova, la vie de Bob Dylan dans Dirty Music qu’il tournera à Montréal, le Joker dans le prochain Batman intitulé The Dark Knight qui sortira en salle dans quelques mois. Décidément, rien n’arrêtait ce marathonien du cinéma!

Ledger était un acteur qui prenait des risques. Il voulait combattre ses peurs, peut-être ses démons intérieurs. Dans une récente entrevue, il disait: «J’aime prendre des risques, sinon je vais m’ennuyer.» Père de Matilda Rose qu’il avait eue en octobre 2005 de l’actrice Michelle Williams avec qui il venait tout juste de rompre, Heath Ledger semblait avoir renoué avec ses tourments intérieurs. Le cow-boy fuyant et tourmenté, qu’il a si bien incarné dans Brokeback Mountain, semblait avoir fait mouche dans sa propre vie. Cet acteur distant et même résistant aux rassemblements, aux paparazzis, au star système quoi, aura succombé à la pression devenue infernale! Je ne sais pas s’il voulait vraiment être acteur ; il jouait intuitivement et aisément. Il disait: «Je ne parle pas de mes convictions, car j’ai peur d’avoir des ennuis.» Il exprimait fréquemment sa difficulté de concilier sa vie privée et son métier.

Le succès de Heath Ledger est indéniable. La presse à sensation spécule sur tout et rien de sa vie ; les histoires rocambolesques, les relations douteuses font vendre! C’est sans doute celle-ci, la pression hollywoodienne et la rupture avec Michelle Williams qui ont poussé Ledger à la surconsommation de drogues et de médicaments. Cette machine de stars qui mène autant au succès qu’à la déchéance est sans pitié. Combien de jeunes acteurs talentueux ont subi le même destin tragique? Ils sont malheureusement trop nombreux.

La mort de Ledger mérite que l’on s’interroge certes sur notre équilibre personnel, sur l’essentiel de nos vies. Entre vous et moi, on ne quitte pas ce monde à 28 ans, avec une carrière auréolée de succès, en laissant derrière soi une petite fille de deux ans que l’on aime éperdument. La mort vient parfois à nous comme un aimant, elle nous attire, elle devient comme la seule avenue possible devant une pression devenue insoutenable. La question demeure entière sur cette machine de stars qui ne cesse de faucher des vies à ceux qui, de toute bonne foi, ont risqué leurs pas, leurs talents, leur vie au service de ce monde du rêve, de l’imaginaire, du tape-à-l’œil et de la notoriété.

Notre propre système de stars québécois n’est pas exempt de cette pression, de cette machine d’idoles à fabriquer à tout prix. Nous n’avons qu’à penser au départ prématuré du journaliste Gaétan Girouard, au chanteur André Fortin pour ne nommer que ceux-là. Quand je vois de nombreux jeunes, qui se connaissent à peine et qui, naïvement, tombent dans le panneau des Star Académie, Occupation double et de tous ces mirages éphémères du glamour, je suis triste. Il faut côtoyer ce monde artistique pour saisir combien il est difficile de percer, de garder sa personnalité, de protéger son intimité et ses valeurs. J’ai longuement échangé et partagé avec plusieurs comédiens et chanteurs qui ne peuvent plus vivre l’angoisse du téléphone qui ne sonne plus, la pression d’agents démesurément ambitieux et exploiteurs de talents. Quand la machine te pompe à satiété et finit par t’ignorer, c’est horrible et scandaleux!

Dans son dernier tour de piste, l’acteur Heath Ledger nous fera encore découvrir son immense talent dans le prochain film de Batman qui sortira en salle dans quelques mois. Il saura nous surprendre comme la mort qui vient de le ravir beaucoup trop tôt, à l’aurore d’une carrière époustouflante. Il restera pour ses admirateurs un symbole, un chef d’œuvre inachevé. Puisse son dernier voyage lui permettre de revoir la terre qui l’a venu naître et où il se sentait si bien parmi les siens! La vie ne sera jamais un rôle, joué aussi brillamment soit-il, au théâtre comme au cinéma. Oui, jouer un rôle ne sera jamais la vraie vie; Heath Ledger le savait très bien. À nous qui visionnerons à l’occasion sa filmographie, gardons de lui son goût du risque, sa détermination, son immense talent, sa soif de vérité et son désir d’aimer. S’il vous plaît, n’encourageons surtout pas cette presse à sensation et à potins qui ne cesse de détruire les plus grands talents d’ici et d’ailleurs!

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( 106 ) Cafouillage et improvisation

25 janvier 2008 - Déjà presque un mois d’écoulé dans la nouvelle année; il semblerait que rien n’annonce un fleuve tranquille! En effet, il y a pas mal de turbulences dans l’air et pas seulement chez nous. Les marchés financiers sont devenus frileux avec la débâcle de nos puissants voisins du sud qui ne réussissent pas à surmonter la crise de confiance en leur économie. Quand les Américains ont le rhume, le reste du monde prend froid. Mais il semblerait que le Canada a plus de ressort qu’on le pensait; il réussira à résister assez bien à cette récession américaine annoncée par tous les grands bonzes du monde financier. Mais il n’y a pas que les finances qui provoquent des turbulences par les temps qui courent.

Depuis quelques semaines, il n’y pas un jour où l’on ne publie pas un article où l’on ne diffuse pas une entrevue sur la précarité et l’avenir du français dans la belle province. L’enquête du Journal de Montréal évaluant la facilité avec laquelle une personne unilingue anglophone pouvait être embauchée au centre-ville de Montréal, a fait réagir, pour ne pas dire bondir, bien du monde. Nous savons déjà que le sujet de la langue est explosif au Québec et qu’aucun gouvernement n’ose toucher à cette poudrière, en l’occurrence un gouvernement minoritaire. Il est dommage que nos élus jouent à l’autruche devant des enjeux tellement évidents.

La Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, a réagi assez vivement pour qualifier cette enquête de pas sérieuse, de pas scientifique. Les études, brandies par Madame St-Pierre pour calmer la population et les parlementaires soutenant que la loi 101 était respectée dans 90% des commerces de Montréal, n’étaient abordées en fait qu’en deux pages. Toute une étude Madame la Ministre; pour le sérieux on y repassera! Et voilà que la Ministre St-Pierre vient d’annuler hier une conférence de presse sur les résultats d’études rigoureuses de l’Office de la langue française qui démontrent effectivement que la situation du français à Montréal est alarmante. Le gouvernement en place ne veut pas s’enliser dans ce dossier pour le moins controversé et cherche à gagner du temps. Il faut vivre à Montréal pour réaliser que le français est plus que menacé. Il est nécessaire que les Québécois s’y mettent!

Selon un récent sondage auprès des Québécois, publié tout dernièrement dans populaire magazine L’actualité, le français et sa culture sont une des quatre valeurs les plus importantes que l’État québécois doit préserver. C’est bien beau d’exiger des choses de l’État, mais il faut d’abord que les Québécois eux-mêmes fassent du français une priorité dans leur vie quotidienne. Le gouvernement actuel, certes un peu frileux sur le sujet, aurait beau renforcer les dispositions de la loi 101, cela ne changera pas l’attitude fondamentale des citoyens. Il est bien certain que des mesures plus musclées assureraient un cadre plus sécuritaire et une protection plus grande de notre langue commune.

Nul doute qu’il y a du laxisme dans l’application de la loi 101, mais il y en a davantage de la part des Québécois. Qui d’entre nous désirent monter aux barricades pour défendre notre langue? Nous ne sommes plus à la hauteur de nos devanciers qui ont combattu jusqu’au sang. Si nous aimons notre langue, c’est à nous de la faire connaître, de l’apprécier et de la parler correctement. C’est là que le bât blesse. Pourquoi les immigrants apprendraient-ils une langue que l’on ne maîtrise pas bien nous-mêmes?

Avez-vous déjà écouté les «Têtes à claque»? Ils sont tellement drôles ces personnages que nos cousins de l’Hexagone en raffolent; ils ont même fait la une du journal Le Monde. Wow! Ils sont devenus la coqueluche de notre télévision nationale et de notre téléphonie. Comment une société comme celle de Radio-Canada peut-elle tomber dans le piège du nivellement par le bas? Avez-vous écouté attentivement les propos de ces personnages? Assez grivois merci et d’un français plutôt douteux! À mon humble avis, nous sommes assez loin de la promotion de la qualité de la langue française. «Ce n’est pas grave, ils sont sympathiques!» diront certains. Vous allez me trouver peut-être ringard, mais je ne tolère pas que l’on maltraite notre langue; je ne parle pas ici de l’accent. Je parle vraiment de la langue avec ses règles de base.

Dans un coin de pays où la langue est une question de survie, on ne doit pas baisser les bras. Plus nous ridiculiserons notre langue, plus nous en malmènerons son vocabulaire, moins les nouveaux arrivants voudront la découvrir, l’apprendre, la maîtriser et l’apprécier. Elle n’aura plus de valeur à leurs yeux! Nous pourrions dresser aisément une liste imposante d’émissions radiophoniques ou télévisées dans lesquelles le français est plus que malmené. Les médias ont un rôle crucial dans la promotion d’une langue de qualité. À nous entendre parler, les anglophones, plus bilingues qu’on le pense, sont sans doute morts de rire!

Le français perd du terrain parce que les Québécois eux-mêmes cèdent le pas, y accordent moins d’importance. Ils n’ont plus le feu sacré de nos devanciers, héroïques défenseurs de notre langue commune. Si la langue française n’est pas au cœur de nos préoccupations, l’anglicisation du seul bastion francophone en Amérique n’ira qu’en s’accroissant. On ne badine pas avec la langue commune, encore moins avec sa qualité!


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( 105 ) Quand nos jeunes s'en vont en guerre !

22 janvier 2008 - Alors que la nouvelle année commence à peine à prendre son envol, à trouver son rythme de croisière, les guerres continuent de sévir et de multiplier leurs atrocités autour du globe. Les médias et les chaînes continues de nouvelles ne cessent d’exposer les pires situations et cela en direct merci. Je me demande si tout ce cirque médiatique n’est pas en train de nous rendre insensibles à la guerre, à la mort des nôtres. J’ai écrit maintes fois pour dénoncer les aberrations de ces engagements militaires offensifs de notre pays. Le Canada avait toujours préservé la réputation d’un état pacifique, d’un pays médiateur et non guerrier. Nos engagements traditionnels étaient davantage dans une perspective du maintien de la paix et de visée humanitaire. Mais là, c’est la guerre pas à peu près!

Les engagements des militaires canadiens dans des zones de combats, particulièrement en Afghanistan, comportent leur lot de risques. Nos gouvernements le savaient très bien que l’on n’entre pas dans des engagements offensifs avec des fusils à eau et des chars de plastique. Les Canadiens tuent, mes amis; des jeunes de chez nous meurent aussi au combat. Lorsque je vois en première page des journaux l’annonce de la mort d’un jeune Canadien, je rage! Ce sont des volontaires vous allez me dire! Dites-moi, quel plaisir il y a à faire la guerre? Nous ne sauverons jamais l’âme afghane, soudanaise ou bosniaque! Les sondages démontrent, hors de tout doute, que la majorité des Québécois sont contre la guerre et l’envoi de jeunes militaires. Entre vous et moi, avez-vous été témoins de grandes manifestations publiques contre la guerre et l’envoi au front de nos forces vives? de pétitions expédiées inlassablement à nos gouvernements pour cesser ce carnage? Absolument pas! Mes amis, qui ne dit mot consent!

La mort d’un des nôtres est toujours triste, voire scandaleuse. Des jeunes soldats canadiens meurent dans une guerre menée par une bande de talibans munis seulement de bombes artisanales et d’armes de fortune. Avec tous ces milliards investis depuis le début de ce conflit, rien n’a progressé. Les armées les plus puissantes du monde, avec leurs soldats d’élite et leur équipement sophistiqué, ne réussissent pas à tout arrêter, à maîtriser une bande talibans qui font la pluie et le mauvais temps. Plus on fait la guerre, plus le conflit nous enlise jusqu’au cou. Lorsqu’un de nos jeunes compatriotes est subitement fauché dans une de ces foutues guerres, c’est tout le pays qui est perdant. Guerre menée, soi-disant au nom de la liberté des peuples; laisser-nous en douter quelque peu!

Mercredi dernier, Richard Renaud, 26 ans, du 12e bataillon du Canada, basé à Valcartier «a été tué et un autre blessé lorsque leur véhicule blindé a heurté une bombe artisanale, à une dizaine de kilomètres au nord de Kandahar, lors d’une patrouille de surveillance. » pouvait-on lire dans de nombreux quotidiens et sur plusieurs sites d’information. Le pays a perdu soixante-dix-sept soldats Canadiens depuis leur déploiement en Afghanistan en 2002. C’est énorme!

Je ne comprends pas! Les images de nos disparus défilent souvent à la une des médias; ils ont fait ce pourquoi ils ont été embauchés, rétorque-t-on trop souvent. Ce que l’on ne dit pas ouvertement, c’est le nombre de talibans tués et celui d’innocentes victimes civiles. Il ne faut pas s’illusionner, nos soldats sont là aussi pour tuer. Préparez-vous car l’armée manque de soldats; ce sont les réservistes qui partiront en guerre! Devant une force militaire limitée et les engagements promis, l’armée canadienne n’a pas le choix que de puiser dans sa banque de réservistes volontaires. Le Canada compte dans ses rangs un peu plus de 34 000 réservistes. Imaginez, 20% des soldats à Kandahar seront des réservistes! Jusqu’à maintenant, huit réservistes ont perdu malheureusement leur vie en Afghanistan. À partir de février et de mars prochains, ce sont plus de cinq cents jeunes réservistes qui prendront le chemin de la guerre. C’est du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale!

En parlant de guerre, je recevais hier un courriel de mon frère basé à Khartoum au Soudan. Là aussi, ce n’est pas jojo! La guerre civile qui a débuté il y a maintenant dix-sept ans est le plus long conflit de toute l’Afrique; il a fait plus de deux millions de morts et forcé le déplacement d’environ quatre millions de personnes. Cette guerre interminable se passe entre le gouvernement musulman du nord et l’Armée de libération soudanais (ALPS) à majorité chrétienne du sud. Le Soudan est un pays dont les ressources naturelles sont considérables; le pétrole y coule en abondance! Nous savons très bien ce que la guerre du pétrole provoque dans d’autres régions du monde; le Soudan n’y fait pas exception car les enjeux sont trop importants. Malgré les richesses naturelles considérables de ce pays de trente-cinq millions d’habitants, le Soudan est l’un des pays les plus pauvres du monde. C’est scandaleux!

Ne vous imaginez pas que ce conflit est une simple petite guerre entre factions tribales. Malheureusement, la communauté internationale se tait, garde silence sur les atrocités commises dans ce pays. Ce régime de terreur cache trop souvent des atrocités qui s’apparentent à un génocide. Il me semble que celui du Rwanda était de trop! Nous savons bien que ce sont toujours les plus vulnérables, les femmes et les enfants, qui sont les plus grandes victimes de ces guerriers sans vergogne. Dire que mon frère est là-bas, arme à la main! Je ne comprends pas tout; il fait ce métier depuis trente-cinq ans, mais je crois bien qu’il a, plus que jamais, hâte à sa retraite anticipée. Nos réservistes partiront donc en guerre, mais pour quelle mission? Entre vous et moi, le gouvernement Harper n’est-il pas en train de nous endormir sur les dangers réels de ces guerres? Ne soyons pas dupes et réagissons!

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( 104 ) Des idées-chocs !

18 janvier 2008 - Nul ne peut contester que le Canada a connu en 2007 une année exceptionnelle sur le plan économique. Notre dollar a pris de la valeur sur les marchés du monde, la machine bien huilée de nos entreprises et l’abondance de nos ressources énergétiques ont fait de notre pays un refuge pour les investisseurs frileux, craintifs face aux déboires financiers de notre géant voisin du sud. Mais dans ce domaine, ce n’est jamais un océan tranquille! Les économies canadienne et québécoise risquent de vivre un peu plus de turbulences dans les mois qui défileront devant nous. On ne peut ne pas toujours être au-dessus des vagues!

Notre monde bouge sans cesse; les pays en émergence apparaissent clairement sur tous les radars économiques du monde. Malheureusement, le Québec tarde à se pointer, à se positionner; il traîne de la patte s’entendent à dire de nombreux économistes. Le Québec Inc doit remodeler son économie pour faire face aux exigences et aux défis du vingt-et-unième siècle. Voilà que quatre économistes, Paul Daniel Muller, Mathieu Laberge, Yanick Labrie et Marcel Boyer, de l’Institut économique de Montréal ont décidé à la demande du Journal de Montréal de proposer des solutions afin d’accentuer la création de la richesse au Québec. Ces vaillants praticiens de l’économie ont planché pour proposer des solutions pas si bêtes du tout.

Toutes les pistes proposées ont été testées et réalisées avec succès à l’étranger. Selon les auteurs, les diverses mesures qui ne manqueront pas de détracteurs, amélioreraient la productivité, réduirait le fardeau fiscal et augmenteraient les recettes de l’État. Mais quelles sont ces mesures drastiques ou novatrices qui auraient le mérite de relancer le Québec? Il y en a onze qui se libellent ainsi: «(1) Des médecines à deux vitesses; (2) La retraite à 67 ans; (3) La hausse des droits de scolarité; (4) L’augmentation des tarifs de l’hydroélectricité; (5) Le travail obligatoire pour les assistés sociaux; (6) 25 écoles de performance pour enrayer le décrochage; (7) La TVQ haussée à 9,5%; (8) Soumettre le secteur public à la concurrence; (9) Les fonctionnaires payés au rendement; (10) Abolir la taxe sur le capital; (11) Vendre notre eau.»

La simple lecture de ces pistes de solution parues dans le dossier du cahier Votre argent du Journal de Montréal du samedi 12 janvier 2008, nous laisse peut-être perplexes, nous fait sourciller un peu et peut susciter même une levée de boucliers dans certains milieux québécois. Il faut lire les arguments de nos spécialistes pour en saisir toute la pertinence et l’impact significatif sur notre économie qui stagne inexorablement. Il y a un manque de souffle qui plane sur l’économie québécoise et il est temps que nos dirigeants prennent les mesures qui s’imposent. Nous le savons tous, le Québec est sans doute la province la plus corporatiste; on ne fait pas tout ce qu’on veut dans cette province qui exerce un fort contôle tant par les syndicats, les ordres professionnels que par les mesures gouvernementales destinées aux investisseurs. Les structures actuelles de notre économie favorisent davantage les mieux nantis; les plus démunis se voient forcés au régime de la simplicité volontaire malgré eux!

Prenons l’exemple des frais de scolarité; nos politiciens électoralistes ont tout fait pour courtiser notre jeunesse universitaire! Le débat sur la hausse des frais de scolarité a fait couler beaucoup d’encre et provoquer de nombreuses minis grèves estudiantines. Nos universités croulent sous le poids des dettes; ils ont les épaules au plancher! Force de constater qu’elles n’ont plus la capacité de rivaliser avec leurs concurrentes, particulièrement dans la rétention et l’embauche de professeurs de calibre. Selon nos experts économistes, notre système actuel favorise l’injustice, car tous paient les mêmes frais alors que l’on sait bien que former un médecin coûte énième fois le prix d’un géographe. C’est assez évident merci!

La solution proposée par nos experts seraient un dégel asymétrique des droits de scolarité en sorte que les étudiants paieraient 40% des coûts de leur formation. À titre d’exemple, un étudiant en lettres paierait 1604$ par session, soit moins qu’à l’heure actuelle. Par contre un étudiant en médecine paierait 4627$ par session. De plus, le dégel asymétrique serait assorti d’une nouvelle façon de rembourser les prêts étudiants, qui serait calculée proportionnellement aux revenus des diplômés. Selon Mathieu Laberge: «Cette mesure est porteuse de justice car les gel actuel favorise les étudiants aisés et ceux dont la formation rapportera le plus quand ils seront sur le marché du travail. Le système proposé existe déjà au Royaume-Uni.» Et ça marche mes amis!

Idées intéressantes pour bouleverser nos petites habitudes et nos manières de voir le Québec de demain. Comme on dit souvent sur le terrain: «Il faut parfois brasser le cage pour qu’il en sorte quelque chose.» Les idées courageuses de ces économistes méritent d’être lues et même approfondies. Pour ceux qui s’intéressent à l’économie du Québec et à son pouvoir économique, je vous invite fortement à parcourir ce dossier fort intéressant. Dommage, ces hommes férus d’économie n’ont pas la capacité de changer des choses; ils n’ont pas le pouvoir. Qui a dit que le pouvoir corrompt? Chose certaine, il est temps que le Québec se réveille avant qu’il s’endorme pour de bon. À bonne oreille, bon entendant!


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( 103 ) Des valeurs qui comptent !

15 janvier 2008 - Nous venons de changer d’année civile; je me mêle encore en inscrivant l’année requise sur certains documents, chèques ou formulaires. C’est un peu normal, les réflexes prennent du temps à changer. Après tout, nous avons écrit 2007 pendant quelques trois cent soixante-cinq jours; ça rentre dans le crayon et dans la mémoire, mes amis! Imaginez après cinq, quinze ou vingt ans! Il a fallu bien des mois à de nombreux curés, à la suite de la mort de Jean-Paul II, pour substituer le nom de Benoît XVI dans la liturgie dominicale. Il faut dire que le pape superstar avait régné un quart de siècle. L’être humain, dans ses comportements et ses habitudes, est un peu pantouflard même chez les Québécois d’ordinaire plus «ritalins» que les autres Canadiens. Qu’en est-il au niveau de la transmission des valeurs? Les Québécois sont-ils aussi changeants ou traditionnels qu’on le pense?

Lors de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, de nombreux intervenants se sont exprimés afin de réclamer pour le Québec un respect de nos valeurs communes, traditionnelles et issues de notre héritage chrétien. On pourrait dire qu’il y avait tacitement un quasi consensus. L’immense défi reste à définir ce cadre référentiel capable d’inspirer notre collectivité à construire une société plus équitable, harmonieuse et soucieuse des nouveaux arrivants qui désirent partager nos idéaux. Défi de taille qui n’est pas impossible à relever et qui pourrait s’inscrire dans une sorte de constitution québécoise des valeurs communes. D’ailleurs, nous ne serions pas la première province canadienne à se doter d’une constitution provinciale; la Colombie britannique a déjà pris une longueur d’avance.

Mais voilà que le magazine L’actualité, dans sa récente édition, titre un dossier fort intéressant: «Quelles valeurs transmettre à nos enfants? » Ce dossier s’inspire d’un vaste sondage réalisé par la firme CROP, du 19 juillet au 22 septembre 2007, auprès de 1130 Québécois de 15 ans et plus; la marge d’erreur est de plus ou moins 3%, 19 fois sur 20. Que nous apprend cette vaste enquête que nous décortique Isabelle Grégoire et Louis Gendron du populaire magazine. Selon les auteurs, les réponses des Québécois étonnent et parfois dénotent un bon décalage avec la réalité vécue par ces derniers. Isabelle Grégoire note: «Attentifs à la famille, mais individualistes. Préoccupés par l’éducation, mais pas par le succès et l’argent. Ouverts aux autres, mais pas trop. Laïques, mais favorables à l’enseignement religieux confessionnel.» Nous l’avons dit et redit, au cours des derniers mois, les Québécois n’en sont pas à un paradoxe près. C’est sans aucun doute le résultat des tiraillements, des hésitations que chacun vit dans le parcours de sa vie, influencé par la société ambiante encore déstabilisée par le ressac de la révolution tranquille. Nous incarnons, plus souvent qu’autrement, la célèbre parole de l’Apôtre Paul aux Romains: «Je ne fais pas le bien que je veux, et je commets le mal que je ne veux pas. »

Il est clair que l’on veut transmettre à nos enfants ce qu’il y a de meilleur même si nous avons peine à atteindre personnellement nos idéaux. Une valeur, c’est ce que l’on trouve important, ce qui inspire, ce qui donne sens à la vie et que l’on veut protéger à tout prix. Il y a des valeurs inscrites au cœur de l’être humain et qui ne changent pas au cours des siècles. Qui ne rêve pas d’amour, de paix, de solidarité? Les Québécois s’inscrivent dans cette lignée d’humains en pèlerinage sur un bout de terre en pleine mutation. Il faut savoir lire les signes, les accents, les nuances qui se dessinent dans l’itinéraire d’un peuple en recherche. Ils ont été nombreux, les commentateurs de la scène publique, à affirmer cette ambivalence des Québécois et cette difficulté de se brancher. Il y a sans aucun doute encore du ménage à faire dans ce que nous vivons et dans ce que nous voulons léguer aux générations qui suivent.

Les sondeurs ont demandé à la population d’identifier les trois valeurs que l’État québécois devrait privilégier dans l’avenir. Les répondants signalent en priorité l’éducation (54%), la famille (43%), la préservation du système de santé gratuit et universel (35%), la primauté du français et de la culture québécoise (31%). Quels défis pour notre gouvernement! Le budget actuel de l’éducation est parmi les plus importants du gouvernement et pourtant nous faisons face à un décrochage scolaire endémique, qui ne cesse d’handicaper l’avenir de la société québécoise. La famille québécoise n’a jamais été aussi éclatée et nous ne réussissons toujours pas à atteindre le taux de renouvellement de la population de la province; heureusement que l’immigration vient à notre rescousse! Notre système de santé gratuit et universel est aux soins intensifs depuis plus d’une décennie et les solutions envisagées sont plutôt éloignées de la gratuité et de l’universalité. Pour la primauté du français et de la culture québécoise, tous les spécialistes s’entendent pour dire que le français est plus que menacé et que pour la première fois, il a fléchi sous la barre des 50% dans la grande métropole.

Si le gouvernement est à l’écoute de ces coups de sonde, nos parlementaires devront plancher et proposer des pistes d’avenir crédibles et efficaces. L’éducation, la famille, la santé, le français et sa culture, quatre piliers qui rallient la majorité des Québécois sondés. Vous allez me dire, ce n’est qu’un sondage! C’est vrai, mais il est révélateur de grands enjeux pour notre avenir collectif, avouez-le! Dans l’échelle de leurs valeurs, il y a un écart entre ce que les Québécois priorisent individuellement et ce qu’ils souhaitent que l’État priorise. C’est un peu normal! On ne peut vivre sans valeur personnelle et sans valeur commune. C’est une question fondamentale qui a du prix à nos yeux; c’est parfois la perte des choses importantes qui nous enseigne la valeur de celles-ci. Les réponses au sondage nous ramènent inévitablement à certaines valeurs essentielles qui semblaient avoir pris le bord avec la révolution tranquille. Il faut parfois souffrir d’un manque, d’une absence, de quelque chose d’important pour que ceci prenne tout à coup de la valeur.

La population du Québec a pris un sérieux coup de vieux au cours des dernières décennies. Serait-ce la naissance d’une certaine sagesse face à la vie, à l’avenir? Chose certaine, comme le disait Douglas MacArthur: «On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal. Les années rident la peau; renoncer à son idéal ride l’âme.» Je suis convaincu que les Québécois gardent au fond de leur cœur les valeurs fondamentales qui les ont inspirés. Au fait, qui pourrait vraiment sonder l’âme de ces Latins du Nord?


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( 102 ) Comme des devins

10 janvier 2007 – La dernière page du calendrier 2007 est à peine tournée que déjà les spéculations vont bon train sur ce que nous réservera l’année 2008. C’est comme si nous voulions hâter le temps, en maîtriser le parcours, en dessiner les paramètres. Comme des devins assoiffés de nouvelles retentissantes, il faut déjà affrioler un auditoire avide d’émotions et d’histoires rocambolesques pour ne pas dire tonitruantes. Les médias de masse nous ont tellement habitués aux nouvelles en continue, aux analyses savamment orchestrées, aux arguments percutants, aux images frappantes, au temps d’antenne à remplir quoi! Cette semaine, les journaux nous ont amplement servi le menu de 2008 et évidemment l’horaire des spectacles médiatiques à ne pas manquer mois par mois. Certaines salles de nouvelles sont déjà sur le qui-vive. Notre monde est celui des médias de masse; il faut s’en servir à bon escient et comme toute chose, la modération a bien meilleur goût.

Dire que nous avions peine à boucler la dernière année tellement les 365 jours de ce huitième parcours du vingt-et-unième siècle furent remplis d’événements rebondissants et décapants, du moins au Québec. L’année 2008 sera sans contredit spéciale puisqu’elle sera bissextile; nous pourrons jouir d’une journée de plus en février, de quoi mêler, comme à tous les quatre ans, nos ordinateurs et nos milieux financiers. Après tout, ce n’est pas un bogue de plus qui changera le parcours de nos vies. Nous sommes devenus tellement dépendant des ordinateurs que l’on ne finit plus de se protéger des virus et des «pourriels» envahisseurs. Dans ce monde de l’informatique, il y a toujours quelque part un petit malin de la faille inédite! Bill Gates et ses billions peut bien dormir sur ses deux oreilles; il est sans aucun doute à l’abri de tous ces virus financiers de ce monde, tels les Vincent Lacroix dit Norbourg.

Nous avons inauguré depuis quelques jours l’Année internationale de la Planète Terre; le saviez-vous? Décrétée par les Nations Unies, cette année vise à ce que la société utilise plus efficacement les connaissances produites par les quelque 400 000 spécialistes des sciences de la Terre que compte notre monde. C’est vrai que notre grosse planète a le souffle court et a de plus en plus chaud. Au cœur des grandes discussions de Bali à la fin de 2007, les tenants de la protection de l’environnement n’ont pas convaincu les gouvernements récalcitrants de l’urgence de mesures concrètes en regard des changements climatiques. L’approche coercitive face aux grands pollueurs et, souvent les argentiers des richissimes pays, ne semble pas avoir trouver preneur malgré sa pertinence. Puisse cette année faire naître des initiatives afin que notre planète bleue soit plus en sécurité, en santé et prospère. Le sort de l’humanité se joue sur les continents les plus pauvres et les plus vulnérables. Ne fermons pas les yeux!

Il y aura évidemment une grande place au sport puisque ce sera l’année olympique où la Chine ouvrira ses portes au monde pour la première fois. Du 8 au 25 août, tous les yeux du monde seront tournés vers ce pays en émergence, le plus peuplé de la terre et jusqu’à ce jour officiellement communiste. Nous sommes déjà convaincus que les dirigeants mettront toute la gomme pour faire de ces jeux un événement sans précédent. Quelle vitrine s’ouvrira à nous? Sans doute que les frasques du dopage seront malheureusement au rendez-vous et que les jeux de coulisses des superpuissances en donneront pour la galerie. Les Occidentaux n’ont qu’à bien se tenir car la Chine surprendra étonnamment le monde!

Sur le plan politique, tout est possible! La campagne électorale de nos voisins du sud s’annonce inédite et surprenante, de quoi inspirer les éventuels électeurs dès la chute de nos gouvernements minoritaires. De toutes ces commissions qui ont déferlé sur le Québec en 2007, c’est sans contredit les conclusions de nos deux intellectuels de la Commission sur les accommodements raisonnables qui seront les plus attendues. Tremblement de terre ou pas, les Québécois s’attendent à des mesures et à des pistes concrètes, respectueuses des valeurs de la société québécoise. Sur le plan religieux, il y aura sans doute encore quelques soubresauts en ce qui a trait aux accommodements et au cours d’Éthique et culture religieuse. Mais l’événement religieux tant attendu est sans équivoque le Congrès eucharistique international qui se tiendra à Québec du 15 au 22 juin où l’on espère encore la venue de Benoît XVI. Déjà au sein des milieux ecclésiastiques et pastoraux, on est un peu sur la corde raide quant aux éventuelles déclarations du Primat de l’Église canadienne. Comme la poussière provoquée par la secousse épistolaire et cardinalice de l’automne n’est pas toute tombée, certains craignent une autre déclaration récupératrice au sein d’un événement qui se veut avant tout spirituel et rassembleur.

Imaginez, 2008 c’est aussi l’Année internationale de la patate! Ce n’est pas une blague, c’est très sérieux au contraire. Cette année de la pomme de terre ne proposera pas de nouvelles recettes de cuisine, loin de là, mais visera à permettre au monde entier de prendre conscience du rôle clé de la pomme de terre, et de l'agriculture en général, comme élément de réponse aux grands problèmes mondiaux tels que la malnutrition, la pauvreté et les menaces pour l'environnement. La population mondiale ne cesse de croître. On estime que dans les vingt prochaines années, la population de la planète devrait augmenter de plus de 100 millions d’habitants par an. La croissance se situera à plus de 95% dans les pays en développement, où la pression sur la terre et l’eau est déjà très forte. Selon les Nations Unies,
«le principal défi que doit relever la communauté internationale consiste, par conséquent, à garantir la sécurité alimentaire des générations présentes et futures, tout en protégeant la base de ressources naturelles dont nous dépendons tous. La pomme de terre sera un élément important des efforts déployés pour relever ces défis.»

Toute une année en perspective où le sens commun et le bon vouloir des Québécois seront sans doute à contribution pour une société plus juste et plus harmonieuse. Devant notre boule de cristal, essayons tout de même de nous percevoir, de nous projeter dans ce pèlerinage 2008. Quelles seront nos priorités, nos valeurs, nos essentiels? Après tout, chacun de nous sera un acteur de ces 346 jours à venir. Il n’est jamais trop tard pour faire un pas dans le bon sens. À vos marques, partez!


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( 101 ) Retour à la normale !

7 janvier 2008 – Nous voilà en 2008, les premiers pas sont faits! Tout a commencé par une vilaine tempête de neige où là encore il a fallu s’armer de patience et pratiquer notre sport national, la pelle. La période des fêtes, ça bouscule notre rythme quotidien, ça chamboule nos points de repère pas à peu près! On ne sait plus quel jour de la semaine nous sommes, les repas sont à toutes heures, le téléviseur fonctionne à plein. À partir d’aujourd’hui, tout rentre dans l’ordre dans la belle province! Les autobus jaunes reprendront leur circuit ce matin pour trimbaler nos enfants dans les écoles, les escapades dans le sud auront pris fin pour la majorité, les patrons seront heureux de reprendre enfin le rythme régulier de leur entreprise car, pour eux, 2008 sera tout un défi!

Remettre la machine en marche n’est pas toujours si simple, mais il le faut bien. Après tout, on ne peut toujours faire la fête! Il y a un temps pour chaque chose nous dit l’auteur de l’Ecclésiaste, livre saint. D’ailleurs nos voisins, les Ontariens, sont déjà au boulot depuis quelques jours. Il semblerait que le Québécois aiment étirer le plaisir plus que les autres Canadiens. Certains spécialistes disent que des vacances prolongées rendent les gens plus productifs; là encore les divergences ne manquent pas! N’est-ce pas le fameux groupe Pour un Québec lucide qui disait qu’il fallait à tout prix remettre les Québécois à l’ouvrage? Quoi qu’il en soit, reprendre la marche du quotidien demande du courage et de la volonté. Mais l’année 2008 nous rappellera sans doute, au fil des mois qui viennent, des anniversaires joyeux et parfois plus tristes.

Le 5 janvier 2008 marquait le dixième anniversaire de la crise du verglas, catastrophe naturelle inégalée dans l’histoire canadienne. Plus de quatre-vingt deux heures de pluie verglaçante arrosa le Québec et saccagea le meilleur et le plus robuste réseau hydro-électrique au monde; plus de trois millions et demi de Québécois furent privés d’électricité. Pendant un mois, des milliers de citoyens furent enfermés dans une prison de glace où le froid et l’insécurité régnaient; quatre cent cinquante refuges permirent d’accueillir les plus sinistrés. Il y a eu des morts, des incendies, des forêts détruites, mais aussi des élans de générosité, des mains tendues et des leçons pour l’avenir.

La légendaire solidarité des Québécois suscita des gestes et des initiatives de compassion et d’entraide sans pareils. C’est dans ces moments critiques où le meilleur de nous-même refait surface et nous propulse à l’avant-scène dans des gestes inédits. Malheureusement, ce ne fut pas le cas pour certains capitalistes exploiteurs. Certains détaillants sans vergogne, ne pensant qu’au profit, haussèrent de façon éhontée les prix des articles essentiels tels les bougies, l’essence, les piles, les combustibles, l’alimentation et j’en passe. Les êtres humains sont capables du meilleur et du pire en toute circonstance. Les derniers sinistrés furent rebranchés les 8 et 9 février 1998. Une aventure que des milliers de Québécois garderont longtemps dans leur mémoire et dans leur chair.

L’autre anniversaire souvenir qui ne passera pas inaperçu cette année, c’est le 400e anniversaire de la ville de Québec. Dans la nuit du 31 décembre, le coup d’envoi des festivités a été lancé par un méga spectacle à la place D’Youville qui, malheureusement, a exigé le départ du directeur général des fêtes. Il faut avoir suivi un peu l’actualité pour se rendre compte qu’à Québec, les choses ne se font pas comme ailleurs et que les querelles intestines, du plus gros village de la province, sont monnaie courante. Nous n’avons qu’à nous rappeler l’étonnante arrivée à la tête de la ville de l’incomparable mairesse Andrée Boucher et de son décès prématuré à quelques mois de l’ouverture des fêtes. Il y aurait un livre à écrire sur tous ces jeux de coulisse et de pouvoir dans ce haut lieu de notre patrimoine commun.

Bisbille ou pas, le comité des fêtes nous en promet et cela grâce à la participation des meilleurs créateurs d’ici et d’ailleurs. Rien n’est trop beau pour cette ville unique où Samuel de Champlain décida de s’y établir un 3 juillet 1608. Le 400e de la ville de Québec sera, selon Jean Charest, «la célébration de ce qui sera pour toujours le berceau de l’Amérique française, et de ce qui sera pour toujours là où tout a commencé pour le Québec et les Québécois.» Ville escarpée bâtie sur un rétrécissement du majestueux Saint-Laurent, Québec offre à tous une vue unique et symbolise à bien des égards le courage, la hardiesse des premiers arrivants. Ville moderne, elle demeure sans contredit la plus européenne des villes d’Amérique du Nord où se mélangent à la culture française les traditions britanniques et les courants de la civilisation américaine.

Les activités du 400e seront nombreuses, profitons de celles-ci pour découvrir ou redécouvrir cette magnifique ville faite de petits coins uniques. Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, évoque avec justesse, dans le guide des fêtes, ces éléments historiques:
«La fondation de Québec nous rappelle que la langue française est la langue fondatrice du Canada. La survivance du français en terre d’Amérique du Nord depuis quatre siècles n’est pas un accident de l’histoire. On parle encore français au Canada aujourd’hui à cause du courage, de la ténacité et de la créativité des générations francophones qui ont enraciné et nourri le Nouveau monde des valeurs et des espoirs venus de l’ancien continent. Rares sont les villes nord-américaines qui peuvent célébrer un tel passé.»

Nous sommes le lundi 7 janvier 2008, il faut bien recommencer! Après tout, nous commencions à nous ennuyer des embouteillages, des réunions, des cours du soir, des planifications stratégiques et de la garderie. Bon retour à la normale!

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