(165) Faces de carême?

26 février 2009 - Qui n’a pas entendu cette expression populaire: «Avoir une face de carême»? C’est-à-dire avoir un visage pâle et défait ou triste et maussade. Les plus anciens se rappellent sans doute cette période révolue, fort heureusement, où l’Église catholique nous en imposait par les privations, les prédications sur l’enfer, les jeûnes et j’en passe. Il y avait de quoi avoir le visage pâle et maussade. C’est presque de l’histoire ancienne! Le Mercredi des Cendres, célébré hier, marquait pour les chrétiens le début du Carême 2009, un long parcours nourrit par la prière, le jeûne et le partage. Aujourd’hui, le Carême ne semble plus énervé personne et encore moins les mobiliser. Qu’en est-il au juste?

Il est vrai que le Carême ne semble plus avoir beaucoup d’impact dans la vie des gens qui nous entourent. Soit! Mais des «faces de carême», des airs maussades et pâles, on en voit pas mal par les temps qui courent; la crise économique s’en charge fort bien. Un Carême imposé, avec des privations et des restrictions, est déjà commencé dans la vie de plusieurs des nôtres aux prises avec les aléas et les soubresauts de la situation économique. Pourtant, ce long parcours de quarante jours, sans compter les dimanches, qui mène à la fête de Pâques est un espace fort pertinent dans notre monde déboussolé, à la recherche de sens et de points de repère. «Le carême de jadis, c’était du sérieux», racontait ma tante Malvina âgée de plus quatre-vingt ans. Et de plus belle, elle en rajouta avec conviction et fierté accompagnée d’un ample geste de la main: «Dans le temps, on connaissait aussi la valeur des choses». Avec son amoureux de toujours, tante Malvina, qui a trimé dur pour élever ses sept enfants, connaissait effectivement la valeur des choses.

Le Carême n’est-il pas ce temps offert gratuitement, cet espace possible où l’on peut apprendre davantage sur la vraie valeur des choses, ce qui est essentiel dans nos vies humaines. Dans l’imaginaire collectif, ce long pèlerinage menant à Pâques est synonyme de privations et de sacrifices. Mais fondamentalement, le Carême est d’abord et avant tout un temps offert pour rentrer en soi-même et pour y faire une «mise au point». Rentrer au fond de soi, ce n’est pas toujours évident, car tout nous porte à faire autrement. Nous n’avons pas le temps de faire un arrêt; de porter un regard sur ce qui nourrit notre vie, nos rêves, nos espoirs; de prendre conscience de ce qui obscurcit malencontreusement notre humanité, nos états d’âme, nos décisions.

Un temps pour travailler sur soi-même et aussi sur notre manière d’être en harmonie avec les autres et avec son Dieu. Faire Carême, c’est aller au fond de son cœur pour en faire reculer les frontières de l’égoïsme et de l’enfermement afin d’y ouvrir la porte de la rencontre de l’autre et de la transformation de soi. Ouvrir son cœur, c’est permettre à l’autre de venir chez soi, de se sentir aimé et aimable; c’est accueillir ce Dieu de l’impossible, des rêves fous pour qu’il y fasse sa demeure en toute simplicité. En fait, c’est le chemin de la conversion, qui selon les textes sacrés de la Bible, nous invite à effectuer un revirement, à retourner de bord. C’est un peu comme revenir sur ses pas, changer d’orientation pour passer d’une vie quelque peu ténébreuse à une vie plus ensoleillée, voire lumineuse.

Le Mercredi des Centres, dans la tradition catholique, nous introduit dans ce temps de réflexion et de silence que nous propose le Carême en nous rappelant nos fragilités, nos égarements, notre finitude, mais aussi notre besoin d’espérance. Avec un peu de cendre sur le front, nous sommes conviés à emprunter un chemin d’humilité et de service. Vous comprendrez aisément que ce ne sont pas les voies proposées par une société subjuguée par l’avidité et la surconsommation. Pourtant le christianisme, au-delà de ses pratiques et parfois de ses irritants, nous inspire par sa grande sagesse deux fois millénaire héritée par tant d’hommes et de femmes qui ont marqué l’histoire de l’humanité tourmentée par le désespoir et habitée par la recherche du bonheur. Le Carême est sans contredit une démarche de proximité.

Notre monde d’aujourd’hui aspire encore et toujours à cette quête incessante du bonheur, celle qui nous rend meilleur, plus proche de soi et des nôtres à chaque jour. Ce Québec de tant de lacs et de rivières a été façonné par une multitude d’hommes et de femmes de foi, d’audace et d’espérance. Nous sommes les heureux héritiers d’une générosité débordante et d’une sainteté étonnante. Puissent-ils nous inspirer encore dans le devenir des nôtres et dans cette humble marche vers Pâques 2009! Un peu de cendre pourquoi? Sans doute pour nous ouvrir à plus grand que nous, à sortir de la grisaille qui nous tenaille et à changer nos faces de carême en celles de la joie. Peu importe notre parcours spirituel, Quelqu’un nous attend quelque part sur le chemin parfois sinueux de nos vies. Des cendres de ce monde ébranlé par nombre de crises et de guerres, se lèvera une terre nouvelle; il faut y croire éperdument. Éternels pèlerins dans les déserts de nos cités, nous avançons démêlant du mieux que nous le pouvons mirage et réalité!


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(164) Des tonnes de béton

24 février 2009 - Il n’y pas que la valse des milliards qui colore notre paysage économique pour le moins endémique. Québec et Ottawa passeront enfin à l’action et le béton coulera à flot sur nos infrastructures routières. Il était temps! La situation lamentable du réseau routier québécois, des structures des ponts et viaducs nécessitait une injection massive d’argent pour retaper tout cela. Si vous avez fait une visite en Estrie récemment, il est assez facile de constater l’état désastreux de l’autoroute 10. On se penserait à certains endroits dans un chemin de brousse, voire dans un champ miné. L’annonce faite par la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet et le ministre fédéral des Travaux publics, Christian Paradis, le 16 février dernier d’investissements massifs est une excellente nouvelle. Notre système routier est un des leviers importants de notre économie.

Depuis l’effondrement du viaduc de La Concorde, rappelons-nous, qui a fait cinq morts et six blessés le 30 septembre 2006, le gouvernement a pris au sérieux l’urgence de la situation; un remède de cheval s’imposait à notre réseau en piteux état. Mais il aura fallu malheureusement des morts et des blessés pour que les choses bougent. Depuis fort longtemps, les usagers exigeaient que l’on assure un meilleur entretien de nos routes cahoteuses. Le rapport de la Commission Johnson a pointé du doigt des failles majeures dans la gouvernance du système routier et souligné un certain laxisme gouvernemental. Le contexte de récession économique impose, selon les experts, comme solution de relance un investissement majeur dans les infrastructures pour maintenir l’emploi et stimuler l’économie. Il paraît que c’est le bon temps de remettre le monde à l’ouvrage sur nos routes!

Le Québec moderne a pris un essor incroyable dans les années 60: autoroutes, voies rapides, gratte-ciels, polyvalentes, etc. C’était le boum économique d’un Québec ouvert sur le monde, tout était à construire! Les projets d’envergure de cette période d’effervescence économique dotaient le Québec d’un nouveau réseau d’infrastructures routières inégalé depuis. Le béton coulait à flot, l’argent aussi. La Suisse de l’Amérique du Nord s’affirmait à tous les points de vue, béton y compris. On peut se demander aujourd’hui si toutes les réalisations de ces infrastructures publiques étaient soumises à des règles strictes de construction et à des inspections périodiques et sérieuses. Ne l’oublions pas, le Québec est en pays nordique!

Il est vrai que le Québec s’étend sur un vaste territoire, pas facile de suivre tout cela, de tenir la route quoi! L’étendue du territoire, la faible densité de la population, le climat rigoureux et le trafic intense dans les grandes agglomérations en complexifient la gestion. Le réseau routier du Québec comprend pas moins de 185 000 km de routes et 4700 ponts et viaducs. C’est de la route et pas mal de béton! La surveillance et l’administration de ce vaste réseau sont partagées par les autorités provinciales, fédérales, municipales et dans certains cas, par des sociétés gouvernementales. Vous imaginez déjà la complexité de cette gestion et surtout de la participation financière souvent attendue de chacune des parties. Pas facile de s’entendre! Selon le Ministère des Transports du Québec, la valeur à neuf des infrastructures routières sous sa responsabilité, dans l’ensemble de la province, est estimée à plus de 30 milliards de dollars.

Il est à noter que des changements sociaux, économiques et d’habitudes marquent l’évolution d’une société. Le Québec n’est plus le même depuis la mise en place des grands réseaux routiers il y a quarante ans. À titre d’exemple, depuis 15 ans, le nombre de véhicules de promenade a augmenté de 68% et le nombre de camions lourds de 34,5%. Cela fait du monde sur la route et l’augmentation croissante du trafic lourd sur nos routes pose des défis colossaux. L’état lamentable de nombreux axes routiers s’explique en grande partie par l’inertie des gestionnaires en présence. La sécurité des usagers doit primer et l’accès à un réseau de qualité permet un développement précieux de notre économie.

Nous le savons bien, l’aggravement de la chaussée de certaines routes est dû aussi, en grande partie, à la violation de la charge légale de certains routiers lourds. La charge légale par essieu est passée de huit à dix tonnes dans les années 1970. Les infractions sont nombreuses à ce chapitre et les camionneurs utilisent souvent des routes secondaires afin d’éviter les postes de contrôle. Là aussi, il y a un manque flagrant de surveillance. Qui paie la note?

L’annonce récente des grands chantiers dans la région métropolitaine, les échangeurs Turcot et Dorval, l’autoroute 25 et la rue Notre-Dame, réjouit bien des usagers. La métropole revivra sans doute l’épisode des grands chantiers des années 60. Il faudra toutefois prendre notre mal en patience, car ces travaux s’étendront sur plus de quatre ans. Comme disait mon père: «On va y goûter pas à peu près!» Des bouchons de circulation, il y en aura pendant des heures et des heures. Il faudra s’armer de patience ou bien se convertir au transport en commun. Encore faudra-t-il qu’il fonctionne, car là aussi, les ratés sont nombreux. Comment se fait-il que Montréal n’ait pas encore une route de contournement? Elle est l’une des seules grandes villes nord-américaines à ne pas offrir cette voie aux dizaines de milliers d’usagers quotidiens de son réseau.

«Mieux vaut tard que jamais» disent toutefois de nombreux usagers. Le plan de redressement du réseau routier du Québec et l’annonce récente de tous ces investissements sont de bonnes nouvelles, mais l’inertie des gouvernements fait que la note sera plus salée pour les contribuables et qu’elle aura coûté malheureusement des pertes de vie. Dans les vastes plans gouvernementaux cependant, les projets de transports collectifs et moins polluants se font toujours attendre. Il ne faut pas seulement boucher les nids-de-poule et démolir les infrastructures désuètes, mais aussi il faut comprendre qu’une vision d’avenir s’impose dans ce secteur indispensable à la collectivité. Ne faut-il pas plus que du «patchage» d’élections pour apporter sécurité et développement? L’écrivain et chansonnier Pierre-Jean Vaillard disait: «S’il y a tant d’accidents sur les routes, c’est parce que nous avons des voitures de demain, conduites par des hommes d’aujourd’hui sur des routes d’hier.» Des jours pas mal bétonnés en perspective!

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(163) Des machines à sous

20 février 2009 – «Tous les moyens sont bons pour faire de l’argent!» Qui d’entre nous n’a pas entendu cette ritournelle au fil de conversations anodines? Mais nous savons pertinemment que dans la vie de tous les jours, c’est plus que réel. C’est d’autant plus vrai en période de crise économique. Devant le manque à gagner de certaines institutions ou entreprises et même de sociétés gouvernementales ou municipales, la tentation de refiler la facture aux contribuables est plus que grande. En ce temps de récession, tout le monde surveille ses billes et une certaine méfiance s’est installée un peu partout comme une traînée de poudre. Dans bien des foyers québécois et de nombreuses entreprises, on veille au grain! Dans ce contexte empreint d’incertitudes et d’inquiétudes, il est quand même difficile d’expliquer certaines hausses de tarifs que l’on pourrait qualifier d’éhontées.

Le gouvernement provincial avoua enfin ces jours derniers, par l’entremise de sa ministre des Finances Monique Jérôme-Forget, que le budget du Québec sera déficitaire, que nous retomberons dans le rouge quoi! Ce même gouvernement, à peine majoritairement élu, qui nous avait pourtant claironné sur tous les tons en campagne électorale une stabilité économique hors de tout doute et un budget équilibré, s’apprête à nous refiler certaines factures pas mal salées par des hausses de tarifs dans plusieurs domaines. Nous serons dans le rouge pour de vrai, les amis! À titre d’exemples, le permis de conduire augmentera de 13 $, les tarifs d’électricité, de l’assurance médicaments, du gaz et des loyers seront en hausse aussi en 2009 pour ne nommer que ceux-là. Ce gouvernement voulait être seul sur le volant, mais à quel prix?

Certains spécialistes vous diront que la hausse des tarifs n’a rien à voir avec la crise économique, c’est le cours normal des choses et le Québec avait des tarifs à réajuster. Peut-être, mais pour le commun des mortels, ça ne regarde pas trop bien. Malgré la chute vertigineuse du prix du baril de pétrole depuis un an, le prix du litre d’essence à la pompe est resté élevé et les compagnies de pétrole continuent d’encaisser des profits plus que respectables. Le prix à la pompe a même connu des hausses soudaines ces jours derniers. Personne ne peut expliquer ces hausses, curieux n’est-ce pas? Entre vous et moi, ce n’est pas le cours normal des choses! Je crois que le lien de confiance entre les automobilistes et les pétrolières est rompu depuis fort longtemps. Plusieurs concitoyens se demandent avec pertinence ce qui se passe du côté des élus au pouvoir qui ont les mains sur le volant. Il me semble qu’en cette période de récession, les pétrolières devraient faire leur effort pour soulager la classe ouvrière. La modération a bien meilleur goût là aussi!

Ce n’est pas tout. Si vous êtes un usager régulier des parcomètres montréalais, vous savez ces petites machines gobe sous, vous n’êtes pas sans savoir que les prix ont doublé depuis trois ans dans la métropole. Les nouveaux parcomètres munis d’une borne centrale où il faut acquitter son montant, un peu compliqué à manipuler en passant, vous gobe royalement un 3$ l’heure pour garer votre voiture. Ce n’est pas donné et selon un récent sondage, 76% des usagers trouvent cela élevé, voire excessif! Ces nouveaux parcomètres sont très discrets puisqu’il est impossible de vérifier le temps qu’il vous reste comme sur les anciens parcomètres à cadran. Si vous quittez avant l’expiration, il est impossible pour un autre usager de compléter le temps déjà payé. Les revenus de ces petites machines à sous pour la ville de Montréal ont augmenté de 17,9 millions. Imposant, n’est-ce pas? Malgré ce bénéfice de 49 millions, disons-le astronomique, il y a autant de nids-de-poule dans la métropole au grand dam des citoyens tannés de faire du slalom dans certaines rues de notre grande ville.

Comme on le sait, par les temps qui courent, le «bas de laine» des Québécois est pas mal étiré, pour ne pas dire percé! Cela devrait nous préoccuper au plus haut point et des réponses claires devraient être exigées des hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et de placement du Québec. Pour tous ceux qui ne le savent pas encore, il n’y a pas que les dettes sur vos cartes de crédit qui devraient nous préoccuper en ce temps de morosité économique. Mais oui, il faudra tenir compte de la dette de notre municipalité, celle de notre commission scolaire, celle de notre université, celle de notre hôpital, celle du notre gouvernement, celle sans doute d’un de nos enfants et j’en passe.

Pour plusieurs d’entre nous, ce climat économique nous affecte à divers degrés, et nous essayons de vivre tant bien que mal avec l’argent que nous avons. Pourtant, l’argent ne manque pas, il est toujours là, il ne sait pas volatiliser, mais il ne circule plus comme avant. On le voit bien avec la valse des milliards investis par les gouvernements. La confiance dans le système financier n’est plus au rendez-vous. C’est le nerf de la crise! Par les temps qui courent, les mots de l’écrivain Oliver Wendell Holmes semblent fort à propos:
«Ne mettez pas votre confiance dans l’argent mais mettez votre argent en confiance.»


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(162) Surveillons l’argent de la caisse

17 février 2009 - Par les temps qui courent, les scandales qui secouent le monde financier, c’est le cas de dire, sont monnaie courante. La crise économique mondiale qui bouleverse notre quotidien, nos sécurités et notre «bas de laine», commence à nous irriter et à miner le moral de tout le monde. Imaginez, la Caisse de dépôt et de placements du Québec annonçait ces jours-ci des pertes anticipées de 38 milliards, rien moins! Ses dirigeants, obnubilés par le rendement à tout prix, se sont aventurés dans des secteurs de placements risqués. Pertes colossales! Ne l’oublions pas, les véritables «propriétaires» de l’essentiel de ces fonds, ce sont les Québécois par leurs contributions à la Caisse sous divers titres. En fait, c’est l’argent du peuple amassé péniblement qui s’est perdu, les amis!

Par-dessus le marché, Paul-Henri Rousseau, président et chef de direction démissionnaire, quitte le bateau dans la tourmente, en août dernier, avec une généreuse indemnité de départ pour ses loyaux services. Ce cher PDG a pourtant démissionné et il reçoit un généreux chèque de 378 750 $. Étonnant, n’est-ce pas? Faut-il récompenser maintenant les démissionnaires et par surcroît ceux qui ont mis nos institutions en péril? De nombreuses questions portant sur l’éthique, le sens de responsabilités et même la corruption doivent faire l’objet d’une réflexion profonde au sein de notre système financier. Cette morosité ambiante laisse la population indécise, inquiète et même révoltée devant certains agissements de PDG de grandes sociétés bancaires qui s’accordent des bonis faramineux lorsque l’économie elle-même est en péril. Des situations qui frisent le scandale!

Depuis des mois, les fondements même de l’économie mondiale sont ébranlés et cela profondément. On y injecte milliards après milliards pour relancer la machine, mais jusqu’à ce jour, rien n’y fait. L’économie est en chute libre et dans ce tourbillon descendant des milliers d’emplois sont perdus par le ralentissement économique et la fermeture d’entreprises jadis rentables. Dans cet effondrement, des centaines de dirigeants fraudent et empochent des millions provenant des sommes versées par les gouvernements pour stimuler l’économie en pleine léthargie. Encore là, ce sont les contribuables qui paieront la note. Barak Obama, président des États-Unis, vient de faire adopter, à l’arraché, mentionnons-le, son audacieux et gigantesque plan de relance avec la somme astronomique de 780 milliards de dollars. Devant les scandales provoqués par les sommes versées aux dirigeants des milieux financiers, ce dernier a plafonné leurs salaires. Geste chaudement applaudi par le peuple américain. Il y a une limite après tout!

Le plan de relance d’Obama, du jamais vu dans l’histoire américaine, est tout de même marqué par le scepticisme et le doute. Même avec ces milliards, rien n’est garant de succès! Nous le savons bien, l’injection de sommes, aussi astronomiques qu’elles soient, n’est qu’un cataplasme s’il n’y pas un changement majeur dans le système financier international. Le malaise est plus profond, il soulève des questions fondamentalement éthiques et remet de l’avant la lutte à la corruption larvée dans certaines institutions étatiques et financières de renom. La corruption, c’est le cancer qui ronge de l’intérieur l’économie d’un pays. Sans un sérieux remaniement du système financier international, un frein aux invasions fiscales dans les paradis fiscaux, un ajustement dans la rémunération excessive des gérants d’institutions financières, une tolérance zéro dans la corruption dévastatrice qui s’installe de plus en plus dans nos économies, on ne s’en sortira pas. Les Vincent Lacroix dit Norbourg, Conrad Black, Bernard Madoff de ce monde continueront de frauder les petits épargnants et de parader impunément en évoquant leur innocence.

La corruption! Un mot que l’on associe d’emblée aux pays en voie de développement ou en émergence. Bien non, la corruption n’est pas l’apanage de quelques contrées éloignées, elle a pris racine dans nos propres institutions et gouvernements. Ce fléau grandissant, qui n’épargne aucun pays, a bien cours dans nos sociétés démocratiques et riches, elle affecte la confiance même en notre économie et endigue son développement. Sur le plan international, elles sont légion les affaires de pots-de-vin qui ont ébranlé ces derniers années la France, l’Italie, les États-Unis et plus près de chez nous, il s’agit d’évoquer le fameux scandale des commandites. Toutes les économies du monde sont vacillantes et fragilisées en cette période de tumulte économique. Les bases même de cette économie de marché sont fissurées et la majorité des investisseurs, voire des consommateurs, n’osent plus investir dans ce panier sans fond.

Selon Huguette Labelle, présidente de Transparency International, «Dans les pays les plus pauvres, la corruption peut être une question de vie et de mort, lorsque, par exemple, elle touche aux ressources destinées aux hôpitaux ou aux réseaux de distribution d’eau potable.» Plus le niveau de corruption est élevé dans un pays, plus la situation humanitaire est désastreuse. En fait, les pays les plus pauvres de la planète sont bien souvent les plus corrompus. Nous n’avons qu’à penser à des pays comme Haïti, le Soudan, l’Afghanistan qui obtiennent les indices de corruption les plus élevés du monde. La pauvreté et les conflits sont de formidables vecteurs de corruption et les pays riches ne sont pas en reste par le biais du commerce international. Le Canada toutefois s’en tire assez bien puisqu’il se classe en neuvième position sur 180, soit parmi les pays les moins corrompus sur la planète.

La globalisation de nos vies nous place dans une interdépendance quotidienne. Lorsque le profit à tout prix devient la devise des entreprises et des gérants des institutions financières, le monde est bien mal enligné. Sans une transparence accrue de nos institutions financières dans lesquelles les investisseurs et les petits épargnants y mettent leurs avoirs, nous ne pourrons jamais rétablir le climat de confiance nécessaire à la relance. Transparence, intégrité, responsabilité et sincérité devraient devenir les mots d’ordre de ceux qui gèrent nos pays et nos économies. Ce sont sans doute les bons ingrédients d’un vaccin anti-crise efficace.

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(161) Des jeunes qui décrochent…

12 février 2009 - « Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école? » chantait la pétillante France Gall. On sait tous que Charlemagne n’a pas vraiment inventé l’école! Si l’on en juge par les statistiques du décrochage scolaire, les jeunes québécois semblent soulever réellement la question de la pertinence ou du succès de l’école actuelle. Elle est devenue bien secondaire pour plusieurs d’entre eux. Cette école, sans cesse remodelée au fil des ans, ne réussit pas encore à conduire l’ensemble de ses usagers au diplôme terminal du secondaire. Les dernières statistiques du décrochage scolaire, publiées cette semaine, sont alarmantes pour le Québec. Le décrochage est même en expansion et il atteint les 29%. En fait, trois étudiants sur dix ne terminent pas leurs études dans ce Québec high-tech. Que se passe-t-il chez nous après toutes les sommes investies et les réformes successives? L’école serait-elle un vaisseau à la dérive, sans gouvernail, sans direction?

Et qui plus est, le Québec affiche la pire performance des provinces canadiennes dans ce domaine, après le Manitoba. Constat alarmant et signe sans doute d’une société en recherche d’équilibre et qui n’a pas su encore canaliser une jeunesse en manque de sens. À ce titre, le taux de suicide demeure toujours une cause très importante de mortalité chez les 15-29 ans qui ne cessent de décroître numériquement dans la province. Les 15-29 ans représentaient 19,7% en 2006 et ne seront plus que 15,7% de la population dans trente ans. Le Québec a prix un coup de vieux et un bon nombre de jeunes ne semblent plus seulement décrocher de l’école, mais de la vie tout court. Pourtant, dans un vaste sondage réalisé par la firme CROP en 2008, les Québécois affirmaient: «L’Éducation. Voilà ce que l’État doit mettre au sommet de ses priorités, car la prospérité passe par les connaissances.» L’État québécois a-t-il échoué dans sa mission?

Cette idée folle, si bien chantée par la légendaire France Gall, qu’elle soit de Charlemagne ou pas, ne semble plus être capable dans sa structure actuelle de mener totalement à bien sa mission fondamentale. On dit souvent que l’on mesure la valeur d’un arbre à ses fruits. L’école de chez nous souffre-t-elle de cette maladie que l’on appelle communément «structurite»? Tout n’est pas noir dans le milieu éducatif, loin de là. Mais ces statistiques suscitent chez moi des questions encore plus fondamentales qu’il faut se poser lucidement. L’école est une idée folle certes, je dirais même géniale. Ce sont les hommes et les femmes de chez nous, engagés dans ce système qui incarnent cette école, la font évoluer. Il est clair que les parents doivent y jouer un rôle fondamental. Ces derniers ont beau affirmé que l’éducation est une valeur prioritaire, il faut tout de même être cohérents et supporter cette mission éducative. Les Québécois ont parfois la tentation de se rallier à l’adage suivant dans la transmission de leurs valeurs: «Faites ce que je dis, mais pas toujours ce que je fais». Une question de cohérence quoi!

En parlant d’école, il faut peut-être s’interroger sur ceux qui la fréquentent. Qui sont les jeunes d’aujourd’hui? Portrait plutôt difficile à faire pour ceux qui vivent à l’écart des milieux éducatifs et récréatifs. Notre immense Québec, riche de lacs et de rivières, a-t-il fait une réelle place de choix à ses enfants? Tout le monde le dit, la province a pris un coup de vieux! Et nos vieux rêvent de rester jeunes, d’être «cool au boutte et longtemps»! On peut se demander aussi si la vague des baby-boomers qui prendront massivement leur retraite ces années-ci n’ont pas décroché quelque peu, voire beaucoup, de leurs responsabilités. Les mutations profondes de notre société depuis quelques décennies ont fait sauter, il me semble, quelques mailles importantes dans le tissu social québécois. II y a au cœur de notre vécu sociétal une certaine fracture avec notre histoire, nos points de repères, nos valeurs, notre identité commune. Nous sommes en quelque sorte dans une culture de doute, rien n’est plus pareil et tout apparaît incertain. Il appert qu’il est difficile de frayer son chemin dans le continuel incertain.

Nous vivons dans une société où la jeunesse et ses caractéristiques sont presque une obsession. On a fait de l’adolescence un lieu de refuge et non de passage. Devenir un adulte, c’est vivre un passage vers la maturité, l’autonomie, la prise de responsabilités. Dans une société où tous les adultes aspirent à une éternelle jeunesse, qui sont les vrais jeunes? L’adolescence ne fait plus que durer! Dans les sociétés traditionnelles, la jeunesse se limitait à deux ou trois ans. Ce rite de passage a atteint dix ans dans les années 70 et 80 et maintenant, selon les spécialistes, elle couvre presque quinze ans. Un bon nombre de jeunes ne décollent plus!

Il n’y a plus ces rites de passage comme jadis qui, sorte de marqueurs, soulignaient la transition à l’âge adulte. Dans un monde de super consommation où l’univers des jeunes est entouré d’innombrables gadgets de toutes sortes, les questions du sens et de la direction se posent inlassablement. Souvent la proie d’arnaqueurs et de prédateurs de la publicité, les jeunes sont parfois et fréquemment les victimes d’usurpateurs d’identité qui leur vendent un monde éphémère et illusoire. Dans cette société habitée par le doute et l’incertitude, 30% des jeunes de chez nous ne réussissent pas à terminer l’école secondaire et plusieurs d’entre eux se retrouvent seuls, fragilisés et marginalisés. Nous le savons bien, études à l’appui, que ces derniers seront plus à risque: précarité de l’emploi, aide sociale, ennui de santé.

L’école ne peut pas tout faire! On ne peut demander à cette institution du savoir de remplacer les parents. Ce n’est tout de même pas une grande garderie publique. Il y a une prise de responsabilité importante des adultes dans le présent et l’avenir des jeunes d’aujourd’hui. Il importe, il me semble, dans cette société aux allures bigarrées et en recherche d’équilibre, de favoriser des liens intergénérationnels signifiants et cela de façon créative. Les jeunes de chez nous ont un immense besoin de rencontrer sur leur route des éducateurs et des adultes inspirants pour qui la parole donnée a un sens et une cohérence, pour qui le geste posé suscite le goût de vivre et de prendre des responsabilités. Le destin d’un pays, d’une nation dépendra toujours de l’éducation de son peuple. En éducation, l’avenir se conjugue déjà au présent.

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(160) Nicolas le conquérant!

9 février 2009 - Nicolas Sarkozy, vous connaissez? «Oui, oui, Sarko, le président qui fait mouche ici et là.», déclara un jeune intello à son vieil ami attablé dans un chic resto où j’étais invité. Pour faire mouche, il a le style et la fougue ce président français. Il se distingue assez radicalement de ses illustres prédécesseurs assez pompeux et vaporeux. Nicolas 1er, monarque français, ne fait pas dans la dentelle. Assez direct merci, «Il a du punch!» comme on dit souvent chez nous. Les déclarations récentes du Président de l’Hexagone a heurté inévitablement plusieurs milliers de Québécois souverainistes et fait quelque peu pâlir ou rougir le visage rondelet de notre Jean Charest, hissé au rang de Commandeur de la Légion d’Honneur. C’était le 3 février dernier dans les magnifiques salons de l’Élysée où l’on accueillait pour la circonstance un gratin de personnalités triées sur le volet, comme il se doit. Légion d’Honneur oblige!

Nicolas Sarkozy surprend, étonne et heurte! Il n’est pas à sa première déclaration insolite depuis son arrivée à l’Elysée le 16 mai 2007. Ce fils d’un immigrant, issu d’une prétendue petite noblesse hongroise, et d’une jeune parisienne, devenait à 52 ans le 23e président de la République. Il succédait au flegmatique Jacques Chirac dont l’usure du pouvoir avait fini par donner à la France une image sclérosée, fade et fatiguée d’elle-même surtout. Ce petit bout d’homme par sa fougue, son enthousiasme et sa vision, a décidé de rompre radicalement avec la manière même de diriger de ses prédécesseurs qui ont façonné, au cours des dernières décennies, cet espace géopolitique d’environ soixante-six millions de francophones.

Depuis son élection, c’est clair et évident que le style a changé, mais ne seraient-ce que des coups d’épée dans l’eau ou du simple tape-à-l’œil? Une présidence de rupture pour cet ex-maire de Neuilly-sur-Seine qui, de sa taille d’un mètre soixante-trois dit-on, voit grand, plus grand que son pays, et par ricochet pour lui-même. Depuis son entrée en fonction, nous l’avons vu et revu sur toutes les tribunes internationales avec son style fougueux, son discours parfois sans compromis et quelque peu simpliste. Tel un Rocky Balboa sautant dans l’arène du monde pour dire que son pays ne sera plus dans l’ombre et que la France tiendra sa place comme il se doit sur le ring des grands débats internationaux qui secouent la planète. Il faut le reconnaître, il a d’emblée du caractère et est habité d’un certain opportunisme ce jeune Sarkozy.

Globe-trotter aux allures d’un kangourou australien, il saute dans le concert des nations en proposant à ses interlocuteurs des alliances stratégiques et comme il sait si bien le faire, des solutions coup-de-poing. Pensons à sa première visite au Sénégal en juillet 2007 où son discours troubla quelque peu les Africains quant à leur rôle dans l’histoire du monde; son implication hâtive et sa collaboration avec George Bush, dans l’organisation de la rencontre historique de janvier dernier à New York sur la crise économique mondiale qui n’a pas encore accouché de solutions concrètes; son engagement quelque peu ambigu dans les dossiers d’Ingrid Betancourt, otage des FARC, et celui des infirmières bulgares prisonnières en Libye; à ses positions assez fermes dans les dossiers de l’Afghanistan et de l’Irak pour ne nommer que ceux-là. Surnommé par plusieurs de «petit caporal», Sarkozy a ébranlé et dépoussiéré une France empesée et apathique qui se traînait un peu les pieds. Ce qui ne suscite pas nécessairement, vous en conviendrez, l’unanimité dans son entourage immédiat et dans la population.

Au plus bas dans les sondages, il y a à peine un an, son accession à la Présidence de la Communauté Européenne lui donna un peu de souffle, du prestige même et lui permis de marquer encore des points au grand dam de la rivale circonspecte de la France, l’Allemagne. En décembre 2008, le Time Magazine le classait au troisième rang des personnalités de l’année, puis le magazine Newsweek fit de même à titre des personnalités les plus puissantes du monde en 2009 après Barack Obama et Hu Jintao, il va sans dire. Quoi qu’il en soit, les interventions semées à tout vent par ce président plutôt remuant sur la scène internationale ne laissent personne indifférent. La récente déclaration de Nicolas Sarkozy dans les lumineux salons de l’Élysée sur le Québec met fin à la traditionnelle neutralité française dans le débat canadien. Nicolas 1er a fait son choix, il opte pour le Canada uni et lance un coup de Jarnac au mouvement souverainiste en traitant celui-ci de sectaire.

Jamais, depuis le célèbre cri de liberté lancé du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, un président français ne s’était mouillé autant dans le débat sur la souveraineté du Québec. À son arrivée à l’Élysée, Sarkozy prônait une rupture avec ses prédécesseurs et bien, il l’a clamée haut et fort dans le cas du Québec! Selon lui, le Canada uni a plus d’avenir et malencontreusement ses déclarations surprenantes ont été faites sous le couvert de l’insulte en regard du mouvement souverainiste en l’accusant de pratiquer du «sectarisme», de l’«enfermement sur soi» et de la «détestation» de l’autre. Déclarations sans précédent, au côté d’un Jean Charest pour le moins mal à l’aise, quasi muet et qui n’a pas su vraiment être un homme d’honneur devant ces propos d’ingérence flagrante. Les propos, disons-le maladroits, de Nicolas Sarkozy affectent, peu importe nos options personnelles, deux millions de Québécois souverainistes qui comptaient sur une amie de toujours, la France.

Il est vrai que Nicolas Sarkozy a droit de dire ce qu’il pense sur son territoire, de remettre des médailles et des honneurs à qui il veut bien; après tout, il en est le chef incontesté de la France, mais pas celui du Canada, ni du Québec. Il y a toutefois des propos qui demandent, selon la sagesse populaire, de tourner la langue sept fois avant de parler. De la retenue quoi! Cette petite tempête dans le milieu politique québécois ne passe pas inaperçu et aura sans aucun doute des rebondissements au cours de 2009. Nicolas Sarkozy, ce conquérant quelque peu bagarreur, continue d’attirer une admiration certaine sur la scène internationale, de soulever ici et là quelques vagues sur son passage. Il semble surfer avec plaisir sur tout. Mais les vagues sont peu de choses en regard des océans. Ce que les peuples attendent en ce temps de morosité pour certains et de recherche identitaire pour d’autres, c’est un vague d’espoir afin de voguer plus harmonieusement dans le respect et la reconnaissance des choix de chacun. Que nos élus s’en souviennent!

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( 159 ) Des ruines de Gaza

5 février 2009 - Aux infos de fin de soirée, je reste saisi par l’image d’un Palestinien fouillant dans de lugubres décombres à la recherche de quelque chose d’intact ou de vivant peut-être. Images vues tant de fois au grand écran dans des films de la seconde guerre mondiale. Et pourtant, cette fois-ci, c’est bien en février 2009 que cela se passait! Accalmie depuis quelques semaines dans une des régions les plus explosives du monde, Gaza, coin de terre devenu un enfer. Lors des bombardements de janvier dans la bande de Gaza, territoire étroit situé au sud-ouest d’Israël, l’artillerie lourde israélienne n’a rien laissé au hasard. D’innocentes victimes civiles ont péri au nom d’une prétendue sécurité nationale prônée haut et fort par l’auteur de cette horreur inqualifiable. Triste décor, réalité inconcevable, bourbier infernal!

Sur un fond de cessez-le-feu fragile, la vie quotidienne tente de reprendre son cours sur ce territoire palestinien, l’un des plus densément peuplé au monde, où l’on compte encore les morts et les blessés; cela dépasse horriblement les milliers. Selon les Nations Unies, le bilan des victimes des vingt-deux jours de frappes est très lourd. Côté palestinien, l’on dénombre au-delà de 1 300 morts, dont une majorité de civils et plus de 5 300 blessés. Côté israélien, il y aurait trois civils et dix soldats tués. Rien ne sera plus pareil pour ces gens innocents qui ont tout perdu, même ce qui leur est plus cher au monde, le fruit de leur propre sang. Des familles sont décimées, brisées, ruinées. C’est ça la guerre, rien de moins!

Ces jours-ci, deux cent mille enfants palestiniens ont repris péniblement le chemin des écoles, trouées et délabrées, après ces trois semaines intensives de bombardements; plusieurs d’entre eux sont malheureusement devenus orphelins. Depuis soixante ans, Israël a gagné toutes les guerres qu’elle a menées avec détermination, mais elle n’aura jamais gagné le plus important, la paix. Cette paix qui est durable, féconde et qui donnerait espoir à un peuple tourmenté. Imaginez, soixante ans en conflits perpétuels, c’est presque devenu une seconde nature; une culture de méfiance, de haine et de violence s’est installée.

La paix aura-t-elle une chance en 2009? L’arrivée d’un Barack Obama changera-t-elle la donne en cette année où tout semble s’effondrer sur le plan économique? L’espoir d’un monde nouveau va-t-il prendre naissance dans ce monde aux disparités effarantes? En fait, le monde est déjà plus pacifique qu’il y a vingt ans. Depuis les années 90 jusqu’à ce jour, il y a 50% moins de guerres dans le monde. Il reste encore une quinzaine de conflits tenaces qui sont, somme toute, sont moins meurtriers qu’il y a vingt, trente ou quarante ans. Mais c’est encore beaucoup trop!

Nous avons l’impression, avec les chaînes continues d’informations, teintées de sensationnalisme, que rien ne va plus sur cette terre et que nous sommes au bord d’un cataclysme mondial. C’est vrai que, par les temps qui courent, l’optimisme ne triomphe pas, même chez nous. Il n’y a rien à claironner, mes amis! La récession s’enracine de plus en plus dans le vif de nos réalités quotidiennes et commence à bousculer nos sécurités que l’on croyait bétonnées. Eh bien non, nos vraies sécurités ne seront jamais à l’extérieur de nous-mêmes. Notre plus grande richesse prendra toujours sa source au fond de nous-mêmes. L’éprouvante instabilité économique nous obligera plus que jamais à cerner nos essentiels.

Pendant ce temps, la dépouille du jeune soldat Sean David Grennfield est rentrée tôt cette semaine à la base de Trenton en Ontario. Ce jeune ingénieur de combat, basé à Petawawa, a été tué le 31 janvier lorsque son véhicule blindé a touché un engin explosif à l’ouest de Kandahar en Afghanistan. Il n’avait que 25 ans! Sa disparition porte au nombre de 108 les Canadiens, morts en cette terre aride et véritable guêpier pour les forces militaires occidentales. Cette guerre est une bombe à retardement, un point c’est tout.

J’imagine un peu le drame que porte une telle nouvelle au sein de la famille Grennfield. En repassant l’image des infos dans ma tête, j’imaginais la maman Grennfield accueillir les restes mortels de son jeune fils. Bouleversant! Il y a quelques années, j’ai prononcé l’homélie lors des funérailles de mon jeune cousin Léonce trouvé mort dans son appartement. Il s’était suicidé laissant orpheline une petite fille de sept ans. Devant l’urne près de la balustrade, il y avait un petit mot de Sandrine : «Je t’aime tellement papa!» Je ne puis m’empêcher alors de verser une larme sachant que jamais Léonce ne verrait plus sa petite fille gambader et lui tenir la main par les bouts de ses doigts. Jamais plus les Grennfield pourront rire, célébrer avec leur fils Sean, encore moins lui tenir la main.

Dans la bande de Gaza, c’est une réalité quotidienne que vivent des dizaines de familles palestiniennes fortement éprouvées. Le cœur n’est plus à la fête et c’est par centaine que l’on compte les morts. En cette Semaine du développement international où l’on souligne les milliers de Canadiens qui, par le biais d’organismes ou individuellement, s’engagent à rendre notre monde meilleur, nous sommes en droit de nous interroger sur les choix de nos élus sur la scène internationale. Développement ou engagement militaire? En pensant aux drames vécus à Gaza ou en Afghanistan, je me suis rappelé cette repartie du romancier français Tristan Bernard: «Vous allez voir qu’un jour on va nous déclarer la paix et que nous ne seront pas prêts.»


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(158) Trois mois de plus!

3 février 2009 - Adieu cher mois de janvier! Tu fus assez hivernal merci! Tu nous auras apporté encore des chutes de neige fort abondantes et évidemment ta petite vague de froid légendaire. Janvier n’aura pas trahi sa réputation en gardant sa rigueur et ses soubresauts climatiques, de quoi faire rager nos super spécialistes du déneigement toujours débordés et empêtrés à souhait dans les recoins de nos grandes villes. Et que dire de la population prise en otage dans cette masse de glace et de neige? Pourtant, tous les météorologues et les environnementalistes nous affirment à coup de statistiques catastrophiques que le réchauffement climatique fait son œuvre et que les banquises du Grand Nord fondent à vue d’œil. «Un peu sceptique mon cher Watson?» dirait l’excentrique détective Sherlock Holmes.

Entre vous et moi, j’ai l’impression que nous aurons encore besoin de nos bonnes vieilles chaussettes de laine pour un petit bout temps. Pendant que j’écris ces mots, il me revient à la mémoire ces quelques paroles de la chanson à répondre «Si tu vas au ciel»: «On dit que l’hiver (bis) C’est bien plus chaud (bis) En bas de laine (bis) Qu’en bas d’zéro!(bis) Aiao, aiao...» Dire que dans trois mois à peine, le printemps se pointera le bout du nez avec son soleil plus ardent et son désir irrésistible de prendre vie. Patience car trois mois, ce n’est pas si long! Toutefois, en trois mois, il peut s’en passer des choses dans cet immense pays aux allures d’un continent à la recherche incessante d’un fil conducteur et unificateur. Mon pays, c’est plus que l’hiver!

Tout bouge autour de nous et en cette période de l’incontournable récession, chose certaine, ça dégringole vers le bas. Dans cette économie en chute libre, rien de bon pour remonter le moral des troupes! À force de nous rebattre les oreilles dans les infos que ça va de mal en pis, on va finir par se faire mal pour de vrai. «Il ne faudrait surtout pas qu’une élection fédérale nous tombe dessus.» me disait un collègue plutôt de tempérament taciturne. C’est vrai que ce n’est pas rose par les temps qui courent, mais tant que le climat de confiance n’aura pas repris son droit de cité, la ferveur populaire des consommateurs quoi, on restera coller au fond du baril! On verra sans doute plus clair dans les trois prochains mois et on pourra juger de quel bois il se chauffe ce jeune président Obama, déjà parvenu au rang de super star! Faites un tour sur le Web et sur You Tube, vous en aurez plein la vue!

Trois mois de plus, cela peut changer la donne, voire chambouler une vie! Le journal La Presse vient de publier un excellent dossier intitulé «Vieillir cool» En cette période d’incertitude serait-ce le temps de prendre ça cool? Il paraît que les baby-boomers, la génération qui affirme trop souvent avoir tout inventer et malheureusement pas mal tout garder pour elle, ont décidé de repousser pour de vrai les limites de la vieillesse. Il y a une certaine jeunesse viscérale dans ces fils et filles de la Révolution tranquille. Ils ont du tonus ces réputés experts de l’hédonisme! En fait, ils ont déjà tout expérimenter ou presque. Voilà qu’un autre grand chantier s’ouvre à ces bâtisseurs du Québec moderne, récession ou pas : briser les tabous qui collent à la peau des «p’tits vieux»!

C’est vrai, tout le monde veut rester jeune, alerte, cool quoi! Nos baby-boomers qui arrivent massivement à l’âge de la retraire sont prêts à envahir les pistes de ski et de danse, à s’élancer à la découverte de contrées inconnues et familières, à garder une petite occupation tout en s’engageant au mieux-être de leur propre vie. En fait, de jeunes retraités débarqueront massivement du marché du travail pour vivre intensément de nouvelles conditions de vie et de nouveaux défis.

Les statistiques le démontrent sans équivoque, on vieillit plus longtemps non seulement dans les pays occidentaux, mais partout sur la planète. En ce début février 2009, la planète compte près de 6,8 milliards d’habitants et l’on envisage, selon les chiffres avancés par l’ONU que la population continuera de croître jusqu’en 2075 pour atteindre un maximum historique de 9,2 milliards d’habitants, avant de se stabiliser, ou bien d’exploser ou d’imposer, selon l’indice de fécondité. Depuis plus d’un siècle et demi, l’espérance de vie dans les pays occidentaux augmente semble-t-il de trois mois chaque année. Faites le calcul, cela vaut le coup; dans quatre ans, vous aurez gagné un an de plus; dans douze, vous voilà avec quatre de plus et ainsi de suite. En fait, c’est simple, plus tu vieillis, plus tu deviens vieux!

Avec trois mois de plus par année, quatre-vingt-dix jours en boni, qu’est-ce que je vais bien faire de tout ce temps? Comme des milliers de baby-boomers, à la veille de plonger dans la grande liberté de leur retraite, prendre ça cool! Entre vous et moi, avec un peu d’argent, cela ira sans doute un peu mieux! J’ose espérer que la récession économique prendra ça cool aussi! Benjamin Franklin disait: «L’oisiveté est comme la rouille; elle use plus que le travail.» Un peu d’antirouille avec ça?


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