( 81 ) Un voyage à Bali

3 décembre 2007 - Connaissez-vous Bali? Non! Pourtant, depuis des semaines les médias nous parlent de cette importante conférence mondiale des Nations Unies qui s’y tiendra sur les changements climatiques. Bali est une petite île d’Indonésie de 5 637 km2 qui compte plus de 3 millions d’habitants, située entre les îles de Java et Lombok. Aujourd’hui, des représentants de 191 pays y débarquent pour inaugurer cette conférence sur les changements climatiques qui se terminera le 14 décembre. Tout est place pour accueillir tout ce beau monde: 10 000 policiers et militaires seront à pied d’œuvre! Mais quels sont les enjeux de cette conférence internationale?

Le changement climatique, mes amis! Vous ne trouvez pas le climat a quelque peu changé au Québec. Oui, nous avons encore de la neige, mais nos hivers sont moins rigoureux, moins longs et les banquises du grand nord fondent plus rapidement qu’autrefois! Ne vous inquiétez pas, les ours polaires ne sont pas prêts d’arriver en ville la semaine prochaine! Notre grosse planète Terre a chaud, très chaud même. La conférence de Bali fait suite à celle tenue à Montréal en 2005. Bali est censé donner des suites aux engagements de Kyoto, sur la lutte contre le changement du climat, dont le protocole se terminera en 2012. La conférence permettra de faire un bilan de la période qui s’achève et devrait favoriser l’émergence d’un nouveau plan d’actions et de solutions économiques, techniques, industrielles et politiques pour la suite.

On peut s’interroger certes sur la pertinence et l’efficacité de ces conférences, mais c’est plus que nécessaire dans le contexte mondial actuel. Depuis la conférence de Kyoto qui visait, entre autres, la réduction de l’émission des gaz à effet de serre (GES), force est de constater que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Kyoto, mis en œuvre après des malversations et des tractations politiques, n’a pas été suivi par tous, en particulier par les grands pays pollueurs. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 30% depuis 10 ans dans le monde. Les spécialistes mentionnent qu’il faudrait réduire de 50% à 60% les émissions actuelles simplement pour ne pas augmenter les gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il y a unanimité sur la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Certes les aléas de la nature, comme les irruptions volcaniques, l’énergie solaire, y contribuent, mais on ne peut toutefois les contrôler. Cependant, l’activité humaine peut l’être pour sauver l’avenir de la planète. Plus le climat se réchauffera, plus les impacts seront importants et dévastateurs tant sur le plan environnemental que sur le plan économique.

Le Canada fait piètre figure dans tout cela! On l’a surnommé tout récemment de cancre de l’environnement. Les conservateurs de Stephen Harper ne cessent de semer le doute et le scepticisme dans tout ce processus international. Le premier ministre du Canada, lors du dernier sommet du Commonwealth, a qualifié le protocole de Kyoto d’erreur à ne plus répéter. Têtu comme une mule, Stephen Harper a martelé que jamais le Canada n’appuiera aucun traité qui n’inclurait pas les grands pollueurs de la planète que sont les États-Unis, la Chine et l’Inde. Tout ce que l’on peut faire, que l’on soit grand ou petit pollueur, est un pas en avant. Monsieur Harper, il faut prêcher par l’exemple dans ce domaine; c’est le meilleur incitatif! L’attitude du gouvernement conservateur est éminemment politique et à la merci des grandes entreprises polluantes. Le ministre de l’environnement John Baird ira claironner à Bali que pour le Canada, c’est tout le monde qui s’engage ou rien du tout. Je m’inquiète de plus en plus du manque apparent d’intelligence de certains politiciens.

Le Canada vient d’être montré du doigt dans le rapport des Nations Unies sur le développement humain. La feuille d’érable de notre drapeau commence à changer de couleur. L’un des plus beaux pays du monde et des plus riches sur le plan naturel par-dessus le marché, se fait qualifier par les organisations environnementales internationales de saboteur de Kyoto et de Bali. J’essaie de comprendre pourquoi le Canada veut affaiblir le protocole de Kyoto, lui qui avait une réputation de leader dans le domaine environnemental par le passé. Harper semble vouloir faire la leçon aux grands pays pollueurs sans regarder ce qui se passe dans sa propre cour. Notre pays pollue à la puissance dix, mes amis! Depuis 1990, le portrait du Canada est peu reluisant puisqu’il a augmenté de 27% les émissions de gaz à effet de serre (GES) au lieu de les baisser de 6% tel qu’envisagé.

Les pays industrialisés sont responsables d’environ 80% des gaz à effet de serre. Le Canada ne peut se cacher la tête dans le sable sous prétexte que les États-Unis, la Chine et l’Inde se foutent de Kyoto. Imaginez, chaque Canadien produit en moyenne 20 tonnes de CO² par année, comparativement à 3,84 tonnes par habitant pour la Chine et 1,2 tonne pour l’Inde. Qui est le plus grand pollueur Monsieur Harper? Le Canada n’est pas un pays en émergence, il a une économie plus que vigoureuse et le gouvernement engrange des surplus qui ne cessent d’étonner. Le gouvernement canadien a les moyens d’atteindre les cibles de réduction des émissions de GES demandées par Kyoto. Il me semble que le gouvernement Harper aurait une chance inouïe de se positionner comme le leader dans la lutte contre le réchauffement climatique. La crédibilité du Canada est ternie. Bali sera peut-être un rendez-vous manqué. L’humanité est entre les mains de nos décideurs opportunistes.

Le réchauffement de la planète dépend en grande partie des émissions de gaz à effet de serre; cela concerne désormais tous les Canadiens. L’essentiel des émissions provient des carburants fossiles; il faut consommer moins d’énergie mes amis. Le Canada étant un grand énergivore et le gouvernement Harper tentera de brouiller les cartes à la conférence de Bali. La joute politico-économique est en train de se moquer du sort de l’humanité, de la planète. On dit que Bali, l’île des dieux, est un petit paradis qui respire le charme et la beauté. Au petit matin, hommes et femmes de cette île déposent leurs offrandes devant leur demeure ou leur commerce, et font une prière comme si rien d’autre n’importait. J’ose espérer qu’ils en feront une petite pour la délégation canadienne. Harper soit qui Bal y pense!


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4 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos articles. Vous avez une grande ouverture d'esprit et beaucoup de discernement. Ça fait du bien de lire les écrits d'un ÉRUDIT avec une valeur exceptionnelle. Continuez. Bravo. (L.S.)

Auditeur RVM a dit...

Il fait tempête dehors, j’ai le temps de vous écrire. Je lis régulièrement vos textes. Bravo ! Il y a de la consistance et de la profondeur. Merci de nous sensibiliser à la Conférence de Bali. Je ne connaissais pas tous ces enjeux importants. Il en est de notre responsabilité de sauver la terre. Nous courrons à notre perte si nous ne prenons pas les moyens pour changer les choses. Je trouve triste et lamentable que des Chefs d’États ne pensent pas au sort de l’humanité. Félicitations encore pour vos articles. En passant, j’ai adoré votre texte « Le Père Noël débarque ». Il faut continuer à nous instruire ! (T.R.)

Auditeur RVM a dit...

J’ai bien aimé votre réflexion sur l’environnement d’aujourd’hui. J’ose espérer que nos élus sauront prendre les bonnes décisions. (L.V.)

Auditeur RVM a dit...

Je ne comprends pas pourquoi le Gouvernement Harper a la tête si dure ! Tout le monde le dit qu’il fait fausse route. C’est facile à voir. Le Canada est traité de fauteur de troubles, de saboteur. Harper est à la merci des grandes compagnies qui ne cessent de polluer notre beau pays. Elles sont en train de le détruire. L’Alberta avec son pétrole fait beaucoup d’argent mais à quel prix pour l’environnement. Ce gouvernement conservateur est bien décevant au plan de l’environnement. (B.C.)