27 janvier 2009 – Fin de semaine enivrante pour les fans de hockey! Montréal s’est transformé en un immense show enlevant pour le 57e Match des Étoiles! Comme des vedettes rock, les électrisants joueurs de la LNH ont défilé brillamment et exhibé leur savoir-faire sur l’immense scène du Centre Bell aménagé pour cet événement grandiose. Les irréductibles fans et les nombreux sympathisants de notre sport national étaient au rendez-vous et, évidemment, la fête était à son comble. Qui se serait tenu à l’écart? Il y avait de l’émotion dans l’air, l’atmosphère était à son paroxysme! Le hockey, nous avons cela dans les tripes depuis notre tendre enfance. Nous en sommes imprégnés, contaminés malgré nous, mais pas nécessairement des inconditionnels de ce sport. Après tout, ce sport a évolué au fil du temps; ce n’est plus le hockey de l’époque du «Rocket» Maurice Richard ou encore de Jean Béliveau. Autre temps, autres mœurs!
C’est vrai que tout change, ou presque, au fil du temps; la manière même de jouer du hockey s’est quelque peu transformée. En regardant au petit écran le tapis rouge se dérouler devant ces 45 vedettes et super héros de la LNH qui débarquaient sur la glace du Centre Bell, sous les applaudissements nourris de la foule, avec évidemment des millions plein les poches, je me suis dit: « Non, ce n’est plus pareil! » Que voulez-vous, je reste nostalgique d’une certaine façon de jouer ou de faire du hockey. Nous le savons trop bien, ce sport et ses protagonistes n’ont pas toujours vogué sous un ciel étoilé au cours des récentes décennies. Le Match des Étoiles 2009 s’est arrêté à Montréal en cette année où nous commémorons le centième anniversaire de l’équipe mythique des Canadiens, nos glorieux quoi!
«Glorieux à bien des égards,» me direz-vous. C’est vrai, il faut reconnaître avec justesse cette période où, avec un peu de talent et du cœur au ventre, tout était permis. Je pense qu’à travers ce siècle marqué par tant d’émotions vécues sur la glace, nous retraçons quelque peu l’histoire vivante et émouvante de ce que nous sommes comme peuple francophone en cette terre d’Amérique. En visionnant la biographie de Maurice Richard – joué assez brillamment par Roy Dupuis, en 2005 – et ses péripéties dramatiques, je revoyais le déroulement de mon enfance et celle de mes proches. J’ai eu ma première paire de patins à Noël 1959, j’avais à peine six ans et je rêvais de devenir ailier droit. Nous n’étions pas riches avec les neuf bouches à nourrir à la maison et je me suis senti privilégié à cette époque de recevoir des patins neufs. Dans ce temps-là, si nous étions parmi les plus jeunes, c’était mon cas, nous n’avions rarement des vêtements ou des objets neufs. On vivait tout naturellement le «passer au suivant». C’était comme ça, voilà tout!
Les religieux éducateurs, qui dirigeaient l’école publique que je fréquentais alors, ne ménageaient ni leur temps ni leurs efforts sur la patinoire; soutane relevée à la ceinture, ils se mêlaient à nous et on ne passait pas toute la partie sur le banc. Dans la mêlée, le froid givrant nos lèvres et nos joues d’enfant, nous avions l’impression d’être au monde, de vivre des moments inoubliables. Ces frères éducateurs, comme on les appelait, étaient un peu nos héros, nos étoiles. C’est grâce â ces hommes généreux, sans prétention, sans millions dans leurs poches, que nous avons appris à nous tenir debout sur des patins et aussi debout dans la vie.
Évidemment, pour nous mettre en forme, il fallait pelleter la patinoire avant de jouer. Tout un sport aussi! Je me souviens qu’on faisait appel à des volontaires pour le maintien de la glace par des séances d’arrosage de nuit. C’était quelque chose de se retrouver en silence à moins vingt sous zéro, enveloppé des vapeurs se dégageant de la glace fraîchement arrosée. Nous étions loin de la super Zamboni d’aujourd’hui. Comme on dit souvent entre vieux amis et avec un peu de trémolo dans la voix: «C’était le bon temps!» Après la séance d’arrosage aux petites heures dans la nuit, nous avions droit à un bon chocolat chaud assorti d’une petite collation. Pour le jeune adolescent de 15 ans d’alors, je me sentais unique au monde, chargé d’une grande responsabilité et jouissant d’une confiance sentie dans une adolescence qui cherchait à s’affirmer et à canaliser ses énergies.
C’était dans les années 60, période où tout se bousculait dans nos manières d’être, de faire le présent et de conjuguer au futur l’avenir de notre Québec aux prises avec l’orientation de sa révolution tranquille. Mais entre vous et moi, j’avais l’impression de jouer vraiment au hockey, oui vraiment! Il y avait quelque chose de mythique qui, à mon humble avis, a quelque peu disparu dans les méandres de l’évolution de ce sport devenu professionnel à outrance. On a dit et écrit souvent que le hockey s’apparentait à une religion chez nous. Ce n’est pas faux à certains égards et deux théologiens, Olivier Bauer et Jean-Marc Barreau, viennent de publier un livre sous le titre La religion du Canadien de Montréal. Sans y parler de religion au sens propre, les auteurs y rapportent les éléments qui revêtent tout de même un caractère religieux dans ce sport national: la piété pour le Canadien, les figures de chefs, les œuvres caritatives de l’équipe, les symboles, etc.
Dans ce grand happening quasi historique de la fin de semaine, les Carey Price, Sydney Crosby, Vincent Lecavalier et bien d’autres ont été accueillis comme des grandes stars. Je ne pouvais que célébrer et revivre ce que des milliers de gens de chez nous ont vécu et vivent encore grâce au hockey joué sur un petit rond de glace dans leur patelin. En fait, les vraies étoiles de ce sport, ce ne sont pas ceux qui défilent sur nos écrans, ce sont ces hommes et ces femmes qui, bénévolement, accompagnent, guident et soutiennent leurs enfants à pratiquer ce magnifique sport, devenu malheureusement inaccessible à plusieurs, faute de ressources humaines et financières, de disponibilité d’espace.
Ces petites lumières scintillant dans la nuit nous rappellent que chaque étoile a une histoire et qu’elle peut inspirer nos vies parfois moroses, en manque de souffle. Il n’en tient qu’à nous de faire partie du vrai Match des Étoiles, qui chaque matin se joue sur la patinoire de nos vies. Bon match et ayons quand même un peu la tête dans les étoiles aujourd’hui!
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C’est vrai que tout change, ou presque, au fil du temps; la manière même de jouer du hockey s’est quelque peu transformée. En regardant au petit écran le tapis rouge se dérouler devant ces 45 vedettes et super héros de la LNH qui débarquaient sur la glace du Centre Bell, sous les applaudissements nourris de la foule, avec évidemment des millions plein les poches, je me suis dit: « Non, ce n’est plus pareil! » Que voulez-vous, je reste nostalgique d’une certaine façon de jouer ou de faire du hockey. Nous le savons trop bien, ce sport et ses protagonistes n’ont pas toujours vogué sous un ciel étoilé au cours des récentes décennies. Le Match des Étoiles 2009 s’est arrêté à Montréal en cette année où nous commémorons le centième anniversaire de l’équipe mythique des Canadiens, nos glorieux quoi!
«Glorieux à bien des égards,» me direz-vous. C’est vrai, il faut reconnaître avec justesse cette période où, avec un peu de talent et du cœur au ventre, tout était permis. Je pense qu’à travers ce siècle marqué par tant d’émotions vécues sur la glace, nous retraçons quelque peu l’histoire vivante et émouvante de ce que nous sommes comme peuple francophone en cette terre d’Amérique. En visionnant la biographie de Maurice Richard – joué assez brillamment par Roy Dupuis, en 2005 – et ses péripéties dramatiques, je revoyais le déroulement de mon enfance et celle de mes proches. J’ai eu ma première paire de patins à Noël 1959, j’avais à peine six ans et je rêvais de devenir ailier droit. Nous n’étions pas riches avec les neuf bouches à nourrir à la maison et je me suis senti privilégié à cette époque de recevoir des patins neufs. Dans ce temps-là, si nous étions parmi les plus jeunes, c’était mon cas, nous n’avions rarement des vêtements ou des objets neufs. On vivait tout naturellement le «passer au suivant». C’était comme ça, voilà tout!
Les religieux éducateurs, qui dirigeaient l’école publique que je fréquentais alors, ne ménageaient ni leur temps ni leurs efforts sur la patinoire; soutane relevée à la ceinture, ils se mêlaient à nous et on ne passait pas toute la partie sur le banc. Dans la mêlée, le froid givrant nos lèvres et nos joues d’enfant, nous avions l’impression d’être au monde, de vivre des moments inoubliables. Ces frères éducateurs, comme on les appelait, étaient un peu nos héros, nos étoiles. C’est grâce â ces hommes généreux, sans prétention, sans millions dans leurs poches, que nous avons appris à nous tenir debout sur des patins et aussi debout dans la vie.
Évidemment, pour nous mettre en forme, il fallait pelleter la patinoire avant de jouer. Tout un sport aussi! Je me souviens qu’on faisait appel à des volontaires pour le maintien de la glace par des séances d’arrosage de nuit. C’était quelque chose de se retrouver en silence à moins vingt sous zéro, enveloppé des vapeurs se dégageant de la glace fraîchement arrosée. Nous étions loin de la super Zamboni d’aujourd’hui. Comme on dit souvent entre vieux amis et avec un peu de trémolo dans la voix: «C’était le bon temps!» Après la séance d’arrosage aux petites heures dans la nuit, nous avions droit à un bon chocolat chaud assorti d’une petite collation. Pour le jeune adolescent de 15 ans d’alors, je me sentais unique au monde, chargé d’une grande responsabilité et jouissant d’une confiance sentie dans une adolescence qui cherchait à s’affirmer et à canaliser ses énergies.
C’était dans les années 60, période où tout se bousculait dans nos manières d’être, de faire le présent et de conjuguer au futur l’avenir de notre Québec aux prises avec l’orientation de sa révolution tranquille. Mais entre vous et moi, j’avais l’impression de jouer vraiment au hockey, oui vraiment! Il y avait quelque chose de mythique qui, à mon humble avis, a quelque peu disparu dans les méandres de l’évolution de ce sport devenu professionnel à outrance. On a dit et écrit souvent que le hockey s’apparentait à une religion chez nous. Ce n’est pas faux à certains égards et deux théologiens, Olivier Bauer et Jean-Marc Barreau, viennent de publier un livre sous le titre La religion du Canadien de Montréal. Sans y parler de religion au sens propre, les auteurs y rapportent les éléments qui revêtent tout de même un caractère religieux dans ce sport national: la piété pour le Canadien, les figures de chefs, les œuvres caritatives de l’équipe, les symboles, etc.
Dans ce grand happening quasi historique de la fin de semaine, les Carey Price, Sydney Crosby, Vincent Lecavalier et bien d’autres ont été accueillis comme des grandes stars. Je ne pouvais que célébrer et revivre ce que des milliers de gens de chez nous ont vécu et vivent encore grâce au hockey joué sur un petit rond de glace dans leur patelin. En fait, les vraies étoiles de ce sport, ce ne sont pas ceux qui défilent sur nos écrans, ce sont ces hommes et ces femmes qui, bénévolement, accompagnent, guident et soutiennent leurs enfants à pratiquer ce magnifique sport, devenu malheureusement inaccessible à plusieurs, faute de ressources humaines et financières, de disponibilité d’espace.
Ces petites lumières scintillant dans la nuit nous rappellent que chaque étoile a une histoire et qu’elle peut inspirer nos vies parfois moroses, en manque de souffle. Il n’en tient qu’à nous de faire partie du vrai Match des Étoiles, qui chaque matin se joue sur la patinoire de nos vies. Bon match et ayons quand même un peu la tête dans les étoiles aujourd’hui!
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16 commentaires:
(Luc St-Pierre) Quel magnifique texte ! J’ai revu ma propre enfance. Je tiens à vous féliciter pour votre blogue des plus intéressants. Il n’y en a pas beaucoup sur la grande toile. 29-1-09
(Marc Robert) Félicitations ! Un superbe texte ! Je lis souvent votre blogue et j’y trouve des perles rares ! Il faut continuer. 28-1-09
(Ghislain Salvail) En lisant ce texte, je me suis retrouvé. Vous m’avez touché mon cher monsieur. Merci d’avoir fait l’éloge des religieux éducateurs. C’est vrai que ces gens ont été importants dans nos vies de jeunes. Encore félicitations. 28-1-09
J’ai grandi en région et mes parents n’étaient pas riches, non pas du tout. Ce que vous avez vécu, ce fut la même chose pour moi. Mon père n’était pas tendre envers nous mais nous avions de quoi manger. Nous avons joué au hockey avec des vieux patins, aucune jambière et des mitaines. On avait du plaisir. Aujourd’hui, c’est un sport de riches. 28-1-09
(Paul Labrecque) Fantastique ! Une réflexion profonde et vous avez entièrement raison. Félicitations. 27-1-09
(Sonia Leblanc) Je suis d’accord avec vous. C’est tellement vrai ce que vous avez écrit. Je passerai votre texte à des amies. 27-1-09
(Marcel Pelletier) J’aime beaucoup ce texte car je m’y retrouve. 27-1-09
(Mathieu Levac) Toutes mes félicitations. Un beau texte plein de finesses ! Je vous remercie d’avoir partagé votre expérience. Elle ressemble tellement à la mienne. 27-1-09
(Manuel Garcia) Le budget n’a rien de bon. Je suis certain que tout cela est arrangé. Ce sont encore les plus puissants qui auront la grosse part du gâteau. Quand on voit les salaires qu’ils se donnent, c’est crapuleux! Il n’y a plus d’éthique et de respect! 30-1-09
(Manuel Garcia) Le budget n’a rien de bon. Je suis certain que tout cela est arrangé. Ce sont encore les plus puissants qui auront la grosse part du gâteau. Quand on voit les salaires qu’ils se donnent, c’est crapuleux! Il n’y a plus d’éthique et de respect! 30-1-09
(Lise Dumoulin) J’avais l’impression que le gouvernement conservateur était dans les patates. Ce n’est pas une impression car il vient à peine de se réveiller et de reconnaître qu’il y a vraiment une crise. Il était temps! 30-1-09
(Paul Mitchell) La valse des milliards se poursuit sous nos yeux. Nous sommes impuissants devant tout cela. Vous avez raison, on ne sait plus quelle ficelle tirer pour que tout reprenne son cours normal. Félicitations pour vos réflexions judicieuses et remplies de gros bon sens. 31-1-09
(Jacques Sorel) Toujours pertinent! 31-1-09
(Lise Lemieux) Je viens de découvrir votre blogue. Super intéressant. J’ai lu plusieurs articles et j’ai adoré le style. Bravo! 1-2-09
(Simone Cantin) Vous visez juste. Je suis pleinement d’accord avec vos propos. 1-2-09
(Christiane Pinel) Je tenais à féliciter Monsieur Roy, si peu de gens on encore cette conscience de se rappeler et donner à César ce qui lui revient ... Tant de valeurs sont perdus de nos jours ... Il faut tant être présent et valoriser un enfant durant plusieurs années pour arriver à en faire un élite ... car beaucoup réside en cette valorisation ...
Et il y a souvent beaucoup de gens présent derrière une victoire. Merci Monsieur Roy pour cet article très touchant 5-4-09
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