(162) Surveillons l’argent de la caisse

17 février 2009 - Par les temps qui courent, les scandales qui secouent le monde financier, c’est le cas de dire, sont monnaie courante. La crise économique mondiale qui bouleverse notre quotidien, nos sécurités et notre «bas de laine», commence à nous irriter et à miner le moral de tout le monde. Imaginez, la Caisse de dépôt et de placements du Québec annonçait ces jours-ci des pertes anticipées de 38 milliards, rien moins! Ses dirigeants, obnubilés par le rendement à tout prix, se sont aventurés dans des secteurs de placements risqués. Pertes colossales! Ne l’oublions pas, les véritables «propriétaires» de l’essentiel de ces fonds, ce sont les Québécois par leurs contributions à la Caisse sous divers titres. En fait, c’est l’argent du peuple amassé péniblement qui s’est perdu, les amis!

Par-dessus le marché, Paul-Henri Rousseau, président et chef de direction démissionnaire, quitte le bateau dans la tourmente, en août dernier, avec une généreuse indemnité de départ pour ses loyaux services. Ce cher PDG a pourtant démissionné et il reçoit un généreux chèque de 378 750 $. Étonnant, n’est-ce pas? Faut-il récompenser maintenant les démissionnaires et par surcroît ceux qui ont mis nos institutions en péril? De nombreuses questions portant sur l’éthique, le sens de responsabilités et même la corruption doivent faire l’objet d’une réflexion profonde au sein de notre système financier. Cette morosité ambiante laisse la population indécise, inquiète et même révoltée devant certains agissements de PDG de grandes sociétés bancaires qui s’accordent des bonis faramineux lorsque l’économie elle-même est en péril. Des situations qui frisent le scandale!

Depuis des mois, les fondements même de l’économie mondiale sont ébranlés et cela profondément. On y injecte milliards après milliards pour relancer la machine, mais jusqu’à ce jour, rien n’y fait. L’économie est en chute libre et dans ce tourbillon descendant des milliers d’emplois sont perdus par le ralentissement économique et la fermeture d’entreprises jadis rentables. Dans cet effondrement, des centaines de dirigeants fraudent et empochent des millions provenant des sommes versées par les gouvernements pour stimuler l’économie en pleine léthargie. Encore là, ce sont les contribuables qui paieront la note. Barak Obama, président des États-Unis, vient de faire adopter, à l’arraché, mentionnons-le, son audacieux et gigantesque plan de relance avec la somme astronomique de 780 milliards de dollars. Devant les scandales provoqués par les sommes versées aux dirigeants des milieux financiers, ce dernier a plafonné leurs salaires. Geste chaudement applaudi par le peuple américain. Il y a une limite après tout!

Le plan de relance d’Obama, du jamais vu dans l’histoire américaine, est tout de même marqué par le scepticisme et le doute. Même avec ces milliards, rien n’est garant de succès! Nous le savons bien, l’injection de sommes, aussi astronomiques qu’elles soient, n’est qu’un cataplasme s’il n’y pas un changement majeur dans le système financier international. Le malaise est plus profond, il soulève des questions fondamentalement éthiques et remet de l’avant la lutte à la corruption larvée dans certaines institutions étatiques et financières de renom. La corruption, c’est le cancer qui ronge de l’intérieur l’économie d’un pays. Sans un sérieux remaniement du système financier international, un frein aux invasions fiscales dans les paradis fiscaux, un ajustement dans la rémunération excessive des gérants d’institutions financières, une tolérance zéro dans la corruption dévastatrice qui s’installe de plus en plus dans nos économies, on ne s’en sortira pas. Les Vincent Lacroix dit Norbourg, Conrad Black, Bernard Madoff de ce monde continueront de frauder les petits épargnants et de parader impunément en évoquant leur innocence.

La corruption! Un mot que l’on associe d’emblée aux pays en voie de développement ou en émergence. Bien non, la corruption n’est pas l’apanage de quelques contrées éloignées, elle a pris racine dans nos propres institutions et gouvernements. Ce fléau grandissant, qui n’épargne aucun pays, a bien cours dans nos sociétés démocratiques et riches, elle affecte la confiance même en notre économie et endigue son développement. Sur le plan international, elles sont légion les affaires de pots-de-vin qui ont ébranlé ces derniers années la France, l’Italie, les États-Unis et plus près de chez nous, il s’agit d’évoquer le fameux scandale des commandites. Toutes les économies du monde sont vacillantes et fragilisées en cette période de tumulte économique. Les bases même de cette économie de marché sont fissurées et la majorité des investisseurs, voire des consommateurs, n’osent plus investir dans ce panier sans fond.

Selon Huguette Labelle, présidente de Transparency International, «Dans les pays les plus pauvres, la corruption peut être une question de vie et de mort, lorsque, par exemple, elle touche aux ressources destinées aux hôpitaux ou aux réseaux de distribution d’eau potable.» Plus le niveau de corruption est élevé dans un pays, plus la situation humanitaire est désastreuse. En fait, les pays les plus pauvres de la planète sont bien souvent les plus corrompus. Nous n’avons qu’à penser à des pays comme Haïti, le Soudan, l’Afghanistan qui obtiennent les indices de corruption les plus élevés du monde. La pauvreté et les conflits sont de formidables vecteurs de corruption et les pays riches ne sont pas en reste par le biais du commerce international. Le Canada toutefois s’en tire assez bien puisqu’il se classe en neuvième position sur 180, soit parmi les pays les moins corrompus sur la planète.

La globalisation de nos vies nous place dans une interdépendance quotidienne. Lorsque le profit à tout prix devient la devise des entreprises et des gérants des institutions financières, le monde est bien mal enligné. Sans une transparence accrue de nos institutions financières dans lesquelles les investisseurs et les petits épargnants y mettent leurs avoirs, nous ne pourrons jamais rétablir le climat de confiance nécessaire à la relance. Transparence, intégrité, responsabilité et sincérité devraient devenir les mots d’ordre de ceux qui gèrent nos pays et nos économies. Ce sont sans doute les bons ingrédients d’un vaccin anti-crise efficace.

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10 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

(Luc Lanthier) Excellent texte! 19-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Michel Poitras) Je trouve scandaleux ce qui se passe à la Caisse de dépôt. Le gouvernement Charest a failli à sa tâche et tous les Québécois en paieront le prix. Scandale! 19-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Paul Sigouin) Inadmissible, cette perte! De la surveillance, il en faudra auprès de tous ces fraudeurs de nos économies. Je ne peux comprendre le Premier Ministre Charest et encore sa Ministre des finances. Il y a quelqu’un qui dort quelque part. Une perte monumentale pour tout le Québec. 19-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Jacques Gouin) Félicitations pour vos billets. Je lis souvent vos textes et j’y prends goût. Merci de nous offrir de si belles réflexions. J’écoute aussi Radio Ville-Marie tous les jours. J’y découvre des émissions de grande qualité. 18-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Gaétan Marcil) Bien dit monsieur le DG. Vous visez juste encore une fois. Bravo! 18-2-9

Auditeur RVM a dit...

(Jean-Paul Beaulieu) Il y a des questions sérieuses à poser à notre Jean Charest. Lui qui nous avait dit que tout était parfait lors des élections provinciales. Voilà que le chat est sorti du sac et quel chat! Il n’y a plus rien, il est dépouillé. Non, rien ne va plus dans la gestion de nos finances. 17-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Pierre Mayrand) Nous sommes dirigé par une « gagne » de bouffons! Charest, il est seul au volant et il est entrain de prendre le champ. Non, je suis déçu au plus haut point par nos dirigeants qui laissent vider la caisse des Québécois par des incompétents. Il faut faire un grand ménage. Mais à qui se fier maintenant? 17-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Michèle Lefebvre) Félicitations pour vos écrits toujours justes et bien équilibrés. Il y a une certaine sagesse dans tout cela. Je trouve affreux la perte des sommes des Québécois. Je ne comprends plus ce qui se passe. Le monde est tourné un peu fou! 21-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Germain Fabre) On ne finit plus de nous faire peur. Je suis tanné, tanné, tanné! 21-2-09

Auditeur RVM a dit...

(Patrice Mercier) La crise économique va durer longtemps. Tout le monde a perdu confiance dans notre système financier. Tous les déboires nous montrent un manque flagrant d’éthique, d’honnêteté. 22-2-09