( 15 ) Les doutes de Mère Teresa

31 août 2007 - Mère Teresa, la sainte des bidonvilles! Le magazine Time vient de publier quelques extraits d’un recueil de 40 lettres de la sainte qui paraîtront bientôt sous le titre Mother Teresa: Come Be My Light (Mère Teresa: viens, sois ma lumière). Mère Teresa fait état dans sa correspondance à ses confesseurs de ses angoisses, de ses doutes et de ses difficultés à ressentir la présence de Dieu même durant l’eucharistie. Une vague de chocs aux quatre coins du monde!

Est-ce possible? Plusieurs s’interrogent même sur l’éventualité de la canonisation de la sainte de Calculta, d’autres disent que Jean-Paul II est allé trop rapidement dans le processus menant à sa béatification. Rappelons que Mère Teresa, religieuse catholique d’origine albanaise, s’est consacrée aux pauvres et aux mourants dans les bidonvilles de Calcutta en Inde. Elle y fonde une congrégation Les Missionnaires de la Charité en 1950, dévouée à l’aide des pauvres. À sa mort en 1999, la congrégation comptait 650 centres répartis dans 123 pays tenus par 4000 sœurs et volontaires. Mère Teresa a aussi fondé Les Frères Missionnaires de la Charité en 1963, la branche contemplative en 1976, les Frères contemplatifs en 1979, et les Pères missionnaires de la Charité en 1984. Elle institue les Coopérateurs malades et souffrants. C’est pas mal miraculeux tout cela! Et le plus extraordinaire, c’est que cela continue après sa mort.

Le père Brian Kolodiejchuk, qui a compilé les lettres, confiait au magazine Time: «Je n’ai jamais lu la vie d’un saint où il lui arrivait d’être dans une obscurité spirituelle aussi intense. Personne ne savait qu’elle était aussi tourmentée». Mère Teresa écrivait en 1962: «Si un jour, je deviens une sainte, je serai sûrement celle des «ténèbres», je serai continuellement absente au Paradis.» Ces mots peuvent étonner bien des gens et les admirateurs de la sainte, mais pas nécessairement les théologiens, les prêtres et les religieux. Il s’agit de lire des biographies de plusieurs saints et saintes pour se rendre compte que c’est tout à fait commun. La foi en Dieu n’est pas une évidence et l’expérience spirituelle est faite de recherches et de doutes, d’hésitations et d’exaltations. Les exemples de doutes dans la vie des saints sont monnaie courante à travers l’histoire. Le parcours vers la sainteté n’est pas une immersion dans l’angélisme; tout le contraire! Il s’inscrit dans une démarche profondément humaine, souvent marquée par une radicalité et un don de soi hors du commun. Si la présence de Dieu était évidente pour tout le monde, notre vivre ensemble n’en serait plus le même.

La sainteté de Mère Teresa, canonisée ou pas, ne fait aucun doute. S’il y a une femme qui a inspiré tant de générosité, c’est bien cette petite religieuse au sari bleu et blanc. Sous le voile de cette petite femme, Dieu y a fait son œuvre et continue de le faire. C’est Dieu qui prend l’initiative dans nos vies, qui nous est fidèle si nous Lui donnons la chance d’y entrer. Notre recherche de Dieu emprunte souvent des routes sinueuses et c’est très bien ainsi. Nos humbles vies sont comme ces plantes grimpantes qui arborent les murs des édifices, elles cherchent sans cesse la lumière. Sainte Mère Teresa, éclairez notre propre doute!


À VOUS LA PAROLE !


4 commentaires:

Lumière a dit...

Il est dommage que des gens puissent douter de sa Béatification. Elle a réalisé beaucoup de projets dans un endroit du monde où nous ne voudrions pas passer une seule journée.

leravisseur a dit...

Merci pour ce magnifique texte. C'est du solide!

conscience a dit...

Mère Teresa mérite respect! Ce que cette femme a réalisé est extraordinaire. Il y aura toujours des détracteurs, des gens qui ne veulent pas comprendre. Hommage à cette figure exceptionnelle! Merci pour vos magniques réflexions. Vous nous faites réfléchir en profondeur sur des grandes questions d'actualité.

denis a dit...

Je suis content que vous ayez donné en exemple la vie des autres saints. Je pensais à la Petite Thérêse. Pour cheminer vers la sainteté elle trouvait que la vie des grands saints étaient trop dure pour elle, qui était aussi une jeune fille à la santé fragile. Elle a commencé une crise spirituelle où, dans ses doutes, elle cherchait sa vocation. Elle a tombé sur le texte de St-Paul aux Corinthiens qui parle de la Foi, l'Espérance et la Charité, que le plus grand de tous est la Charité. Par rapport aux Saintes Écritures, c'est le cas de le dire, ça été une Révélation pour elle, une grâce de le comprendre: elle a trouvé sa vocation et décide de rendre son quotidien, tous les gestes anodins, comme un don de soi par l'Amour ou la Charité. Je crois que Mère Thérésa, sans dire qu'elle faisait comme la Petite Thérèse, elle a aussi trouvé sa vocation par la Charité ou l'Amour. Tous les grands Saints ont tous saisis cette vert théolégale. St-Jean de la Croix disait que nous serons jugé par l'Amour de Dieu que nous aurons manifesté aux autres.