Au fil des ans, les médias et la population en général ont dressé une certaine caricature de cette classe mythique née entre 1946 et 1963. Ils ont été affublés de génération égoïste et profiteuse du système, de classe opportuniste par les uns, de moteur de l’innovation et de la naissance du Québec moderne par d’autres. Quoiqu’il en soit, il est clair que les hommes et les femmes de ma génération ne passeront pas inaperçu et que la force du nombre laissera quoiqu’il en soit une empreinte profonde dans l’histoire du Québec. Globalement, les baby-boomers ont occupé un emploi permanent toute leur vie avec des conditions de travail souvent idéales. Les grands enjeux de notre devenir collectif demeurent cependant encore dans les mains des baby-boomers qui se préparent malgré eux, à devenir des papy-boomers. Numériquement plus nombreux que la génération qui leur succèdera, la tentation serait grande pour eux de garder la main mise sur le pouvoir et sur les cordons de la bourse. Sauront-ils passer le flambeau aux générations montantes?
Il est très rare dans l’histoire de l’humanité, je dirais plutôt jamais, qu’une génération ait considéré celle qui la suit, meilleure que la sienne. L’évolution démographique du Québec démontre éloquemment l’arrivée massive des baby-boomers dans le peloton des aînés. La province prend un sérieux coup vieux en ce qui a trait à l’âge mais il en est autrement du côté de la santé. En meilleure forme physiquement que leurs prédécesseurs et globalement plus scolarisés, on peut s’attendre à ce que les papy-boomers demeurent plus actifs que leurs devanciers. Pourquoi tout arrêter et se priver de revenus supplémentaires? Plusieurs baby-boomers ne se voient pas passer des heures interminables sur les terrains de golf ou encore se bercer sur le perron en compagnie d’éternels snow-birds.
L’Institut de la statistique du Québec observe déjà une augmentation des emplois à temps partiel dans la catégorie des 55 ans et plus. Depuis les années 90, l’emploi temporaire était presque la norme chez les jeunes Québécois. Une étude publiée par l’Institut, en juin 2007, note que l’emploi temporaire a connu la plus forte croissance chez les personnes plus âgées, contraintes de retourner sur le marché du travail pour des raisons financières… ou par désœuvrement. La croissance de l’emploi temporaire chez les 55 ans et plus a été de 166,7 % entre 1997 et 2006. C’est très significatif!
Le prolongement de l’espérance de vie fait hésiter les baby-boomers avant de prendre une retraite qu’il souhaite dorée; ils sont loin d’être convaincus que la dorure sera au rendez-vous. Dans une société où le bonheur de cette génération s’est construit par le biais de la consommation, il est difficile de se résigner à la simplicité volontaire, aussi valable soit-elle. « Aurons-nous à travailler jusqu’à la mort? » clament plusieurs d’entre eux. Pour ma part, je suis étonné de voir dans de grandes chaînes de magasins autant de personnes d’âges murs travaillés à de petits salaires.
En ces temps d’incertitude, où les systèmes sociaux croulent sous les déficits, où la dette nationale par habitant a atteint un sommet inégalé, l’avenir des Québécois ne s’annonce pas si rose. Parmi les gens interviewés par Ipsos Reid, 48% des baby-boomers prévoyaient passer moins de 10 ans à la retraite, faute de ressources financières suffisantes. Une chose est certaine mes amis, la retraite semble s’ouvrir pour une vaste cohorte de baby-boomers. Pas la peine de stresser, tout le monde avance en âge; chacun doit inventer son chemin en n’oubliant pas que vieillesse rime aussi avec sagesse et qu’on devient vieux lorsque les regrets ont pris le dessus sur nos rêves. Au fond, ce n’est pas la retraite qui compte tant pour moi que le bout de chemin qu’il me reste à parcourir afin de m’épanouir et de me réaliser pleinement jusqu’au crépuscule de mon humble vie. La retraite, qu’est-ce que c’est, disait Janine Boissard, sinon la permission officielle de rouiller.
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2 commentaires:
Je pense que les baby-boomers ont tout pris et qu’ils ont tout eu. Des gâtés pourris! Ils ont pris toute la place et tienne à la garder. J’ai bien hâte que certains bonzes face de la place aux plus jeunes. (L.P.)
La retraite, c’est bien. Je suis contente d’être à la retraite car cela me rend plus disponible pour les autres. J’ai le sentiment d’un peu plus de liberté et j’aime faire des choses que je ne pouvais pas faire avant. ((D.S.)
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