( 46 ) Entre deux eaux

15 octobre 2007 - L’eau, c’est la vie! À en croire le sondage Crop-La Presse publié samedi dernier, l’eau serait de plus en plus menacée dans le royaume de l’or bleu! Nous vivons au Québec dans un paradis qui regorge de plans d’eau. La province, à elle seule, compte plus d’un million de lacs et rivières dont 30% n’ont toujours pas de nom. Ça fait de l’eau douce mes amis. Mais la planète Terre a soif, très soif! Une personne sur six est au prise avec le manque d’eau potable et cette pénurie risque d’affecter le tiers de la population mondiale en 2025. Sommes-nous conscients que 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable? Je dis bien 1,2 milliard!

Ces chiffres me font frémir et inquiètent, cela va sans dire, la communauté internationale. Nous le savons bien, le manque d’eau cause des problèmes graves; la sécheresse peut détruire les cultures, tuer les êtres vivants. Les images rapportées par les médias sont désolantes, voire alarmantes. Chaque année, 3 millions de personnes, dont 90% d’enfants de moins de cinq ans, vivant pour la plupart dans les pays en développement, meurent suite à des maladies causées par des eaux insalubres. Au cours du 20e siècle, la consommation d’eau a augmenté deux fois plus vite que la population. Un des grands enjeux de ce siècle sera sans contredit la gestion de l’eau.

J’ai eu le privilège de fouler à plusieurs reprises le sol de quelques pays du Sahel et même d’y vivre près de deux ans. J’y ai couché sur la dure dans des cases africaines, mangé avec la main autour du plat familial, réalisé des digues anti-érosives, fraternisé avec les populations, labouré avec les bœufs cette terre assoiffée. Il faut le voir pour le croire! Oui, j’ai marché avec les femmes à la tête enrubannée pour aller puiser l’eau à plus de deux kilomètres et demi. C’est là que l’on se rend compte vraiment que l’eau, c’est la vie; voire la survie!

Il y a quelques années, j’avais peine à croire qu’un jour l’on vendrait de l’eau en bouteille. Aujourd’hui, plus de 30% des Québécois boivent de l’eau embouteillée dans un pays qui pourtant regorge d’eau douce. Le secteur de l’eau embouteillée est en pleine ébullition et il occupait 35% du marché des boissons rafraîchissantes au pays en 2004. Aux États-Unis, la consommation dépasse largement celle du lait et du café. C’est un fait étonnant et, plus que jamais, les compagnies d’eau embouteillée, avec un marketing plus qu’efficace, font une affaire d’or.

Pourtant, il est scientifiquement admis que l’eau du robinet dans la province est de très bonne qualité et gratuite par-dessus le marché. Pourquoi achetons-nous de l’eau embouteillée dans un pays qui est inondé d’eau de bonne qualité? Sans doute que l’achat de ces innombrables petites bouteilles est le ressac de la vague des cas d’eau contaminée au pays et le fait que les gens se rendent compte que l’eau potable est de moins en moins potable à leur goût. Les multinationales n’ont pas tardé à flairer ce lucratif marché basé sur l’insécurité, la peur des gens. Nous jetons notre argent dans la marre des grandes multinationales qui ont pressenti dans notre vulnérabilité une mine d’or. Avons-nous pensé aux tonnes de bouteilles de plastique que nous lançons dans la nature?

Les Québécois sont reconnus comme les plus grands énergivores du monde et les plus grands consommateurs d’eau de la planète; 90% des gens considèrent que l’on gaspille trop d’eau. Il faut aussi rappeler qu’à Montréal seulement, le réseau d’eau est responsable de 40% des pertes d’eau douce. Ce dossier épineux du piètre état de notre système d’aqueduc semble plus dramatique que ne le laisse croire Environnement Québec. Il y a des responsabilités collectives qui relèvent des autorités gouvernementales et municipales et qui demandent évidemment du courage politique. Cette fois-ci, il y a plus qu’une simple tempête dans un verre d’eau!

Les cours d’eau ont été plus qu’une source d’inspiration pour le Canada. Notre pays possède la plus grande réserve d’eau douce au monde (750 000 km2 ou 8% du stock mondial). Fait encourageant, 85% des répondants au sondage Crop-La Presse sont prêts à payer plus de taxes pour que les gouvernements protègent cette ressource naturelle indispensable. En cette période, où de nombreuses puissances internationales lorgnent en salivant vers les glaciers de l’Arctique, il serait peut-être temps que le Canada protègent son butin parce que lorsque la glace fond cela procure de l’eau mes amis!

Loin de naviguer sur un fleuve tranquille dans ce dossier, le gouvernement devrait prendre les mesures qui s’imposent pour mobiliser toute la population et les entreprises. La prolifération des algues bleues a déjà fait sonner l’alarme cet été. Au lieu de jeter notre argent à l’eau par l’achat des petites bouteilles qui ne finissent plus d’enlaidir notre verdure, on pourrait l’investir dans la protection de notre plus grande ressource naturelle. Ce n’est pourtant pas la mer à boire!


Vos commentaires : LeblogueduDG@gmail.com

3 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

Merci de nous sensibiliser à la consommation de l’eau. C’est vrai que l’on gaspille trop d’eau. J’ai même vu un voisin arroser son trottoir lorsqu’il pleuvait. Allume bonhomme! Dire qu’il y a tant de gens qui meurent de soif dans des pays en développement. (R.M.)

Auditeur RVM a dit...

Je suis contre la taxe d’eau. Je trouve que nous payons assez de taxes. Nous sommes les plus taxés en Amérique du Nord. Non, jamais! (N.V.)

Auditeur RVM a dit...

J’ai grandement apprécié ce texte avec quelques petites pointes d’humour. Vous maniez bien notre langue française. Félicitations pour votre blogue car c’est instructif et inspirant. Je le lis assez souvent et je suis toujours enchanté par vos réflexions. Bravo aussi pour votre site. Il est vraiment bien fait. J’aimerais pouvoir écouter sur le site plus d’émissions. (G.T.)