26 octobre 2007 - La politique a de ces revers incisifs pour ceux qui ne savent pas retenir leurs propos dans certaines circonstances. La nouvelle ministre Josée Verner est dans la tourmente depuis sa récente incartade auprès des groupes de femmes lundi dernier. La ministre du Patrimoine, de la Condition féminine et des Langues officielles a suscité de vives réactions de la part des mouvements de femmes et des membres de l’opposition à la suite d’une lettre ouverte où elle affirmait: « Je suis surprise que les représentants de certains organismes qui reçoivent notre appui financier critiquent si injustement notre soutien à la cause des femmes.» Et voilà, des mots qui soulèvent l’indignation et sentent la manipulation. Comment une ministre senior a-t-elle pu faire un tel impair?
Les propos de madame Verner étaient en réaction à une lettre des groupes de femmes qui exprimaient, la semaine dernière, leur déception face au peu de place faite aux femmes dans le récent discours du Trône. Des groupes de femmes et des membres de l’opposition ont demandé des excuses de la ministre. Ils ont frappé un noeud! Il n’est pas question d’obtenir des excuses de la ministre qui déclare même avoir la conscience tranquille. Pas si tranquille que cela madame la ministre! À votre place, je m’inquièterais du sort de votre crédibilité; nous n’avons qu’à penser à la bévue de Lise Payette sur «Les Yvettes» lors du référendum de 1976. On ne peut museler ou faire preuve de chantage auprès des femmes parce que le gouvernement leur a octroyé un soutien financier. Nous venons tout juste de sortir de l’affaire des commandites; il ne faudrait surtout pas reprendre les mêmes stratégies! Assez, «enough is enough»!
Il aurait mieux valu que Josée Verner présente immédiatement des excuses que de faire l’autruche ou plutôt le paon. Plusieurs groupes de femmes se sont sentis heurtés par les propos tenus par la ministre de la Condition féminine. Son entêtement à ne pas reconnaître son erreur est encore plus pernicieux et relève du manque de jugement. Reconnaître tout simplement que ses propos ont dépassé sa pensée aurait été digne d’une ministre. Ici, il faut relater aussi la toute récente et similaire gaffe de la ministre québécoise Marguerite Blais lors d’une audience de la consultation sur les conditions de vie des personnes aînées. Sans attendre, madame Blais a eu l’intelligence et la sagesse de réparer les pots cassés par des excuses publiques. C’est tout à son honneur!
Selon certains analystes, le fabuleux parcours de la ministre montante Josée Verner commence à devenir une course à obstacles. La politique a de ces pièges qu’il faut à tout prix éviter. Les hauteurs peuvent parfois donner des vertiges ou faire croire que l’on est au-dessus de tout le monde. Personne n’avait prévu voir cette parfaite inconnue, lors des élections de 2004, devenir une étoile de la politique canadienne. Josée Verner, que le député bloquiste Christian Ouellet, par ces propos d’ailleurs déplacés, avait décrite comme «belle potiche qui ne fait pas grand chose», devra sans doute amorcer une bonne réflexion sur son inflexibilité, voire son entêtement à ne pas reconnaître ses torts. Depuis leur arrivée au pouvoir, les conservateurs ont subi bien des critiques de la part des groupes de femmes par rapport au financement de la Condition féminine.
Madame Verner clame sur tous les toits que le gouvernement conservateur a augmenté le financement des groupes de femmes en omettant toutefois de dire que ce même gouvernement a fermé 12 des 16 bureaux de la Condition féminine dans le pays. Ces coupures mettent un frein à la recherche et à la protection des droits des femmes au profit de l’unique aide directe. Selon la Fédération des femmes du Québec, l’aide directe doit se conjuguer avec la recherche et la défense des droits. Si, on veut que la condition des femmes s’améliore, il faut y voir. J’écrivais sur ce blogue (no. 52) que 49 % des familles monoparentales à la tête desquelles on retrouve une femme vivaient sous le seuil de la pauvreté. Aussi, deux femmes sur trois âgées de 65 ans et plus sont démunies. Les femmes gagnent 70 % du salaire des hommes pour un emploi équivalent au Québec et elles occupent 70% des emplois à temps partiel.
Lors de sa nomination à titre de ministre du Patrimoine, de la Condition féminine et des Langues officielles, Stephen Harper démontrait la confiance qu’il mettait en cette mère de famille de 47 ans. Soit, mais la brièveté de l’expérience politique ou même une ascension rapide au cabinet ne pardonne pas tout! Les groupes de femmes se souviendront certes de ces propos maladroits de Josée Verner, mais davantage de son refus de présenter des excuses. Dans la vie et encore plus dans la vie politique, il faut apprendre au fil des années que les excuses sont faites pour s’en servir et que l’art de se taire au bon moment est signe de grande sagesse humaine.
( 55 ) Des propos maladroits
Par Jean-Guy Roy
3 commentaires:
Je viens de lire ton article sur Josée Verner...elle va mal dormir ce soir...J'ai cherché dans quel contexte elle avait prononcé son discours. C'est en cherchant sur "Josée Verner"que j'ai trouvé une montagne d'articles venant de Bloc Québécois, ou d'un tel et d'une telle. Tout le monde lui demande excuse. Elle a fait du bon "chantage" pour avoir les appuis. Elle ne parle pas, évidemment, des nombreux bureaux fermés qui soutenaient "la condition de la femme". Ici nous recevons "Le Soleil" et je ne crois pas avoir lu ces articles. Probablement que "Le Devoir" ou "La Presse" sont plus fidèles à nous donner des nouvelles. (J.-G. L)
Félicitations pour vos blogues. Ils sont toujours bons. Le dernier ne ménage par la Ministre.
Vous lui donnez des leçons à la manière d'un Maître de Novices. Une petite observation: les textes sont écrits en petits caractères de sorte qu'il faut les transférer pour les lire avec des yeux de pépère. Bravo et félicitations ! (R.M)
Je lis tous vos blogues et je suis impressionnée par la fréquence mais surtout par la qualité qui ne se dément pas. Vous nous amener toujours plus loin d’une manière imagée et colorée. Il y a bien des fois je m’esclaffe de rire. Merci de cet excellent travail. (M.R.)
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