1er novembre 2007 - Qui ne se souvient pas ce petit bout d’homme tenant une cigarette à la main? de ce fervent défenseur de l’identité québécoise? de cet homme qui avait saisi, comme nul autre auparavant, au fond de lui-même, l’âme de tout un peuple? Le 1er novembre 2007 marque le 20e anniversaire du décès du vingt-troisième premier ministre du Québec, René Lévesque. L’on ne peut oublier dans nos mémoires cette journée du 1er novembre 1987 où cet illustre gaspésien meurt terrassé par un infarctus. Tout a été dit, filmé et redit sur ce personnage hors du commun. Vingt ans plus tard, la poussière est bien tombée et on peut mieux regarder l’envergure de cet homme.
René n’est pas né à New Carlisle comme le mentionne un grand nombre de biographes, mais bien dans la province voisine, à l’hôpital de Campbelton au Nouveau Brunswick le 24 août 1922. Aîné d’une famille de quatre enfants, il était seulement âgé de 14 ans lorsque son père Dominique quitte ce monde. Sans terminer ses études de droit à l’Université Laval, il s’enrôle dans l’armée américaine et devient correspondant de guerre durant la Seconde guerre mondiale. On le retrouve au Québec au lendemain des hostilités, à titre de journaliste de Radio-Canada. Il a fait sa marque comme correspondant durant la guerre de Corée, mais davantage dans la célèbre émission Point de mire. Il se lance en politique en 1960, aux côtés de Jean Lesage, «l’équipe du tonnerre». Le 15 novembre 1976, à la stupéfaction de tous, le Parti Québécois est élu majoritairement par la population et propulse René Lévesque à la tête de la province. À partir de 1968, le mouvement souverainiste restera intimement lié à sa vie. Il se retirera de la politique active en 1985 pour retourner au journalisme. Que retenir de cet homme qui a marqué notre parcours identitaire?
Sur le plan politique, la carrière de René Lévesque a été marquée par des réformes majeures qui ont touché profondément notre vie en société. Son gouvernement adoptera des lois audacieuses et progressistes: zonage agricole, contrôle du financement électoral, assurance-automobile, langue française. C’est sous son mandat que les caméras pénétrèrent à l’Assemblée nationale pour en diffuser les débats quotidiens.
Nous ne pourrons jamais oublier ce personnage unique! Il n’était pas l’homme de l’establishment, mais celui du peuple! Que l’on se souvienne des dizaines de milliers de personnes qui ont défilé une dernière fois devant sa dépouille. C’était exceptionnel! Nous retiendrons davantage, je crois, la personnalité qu’incarnait René Lévesque. Simple, avenant, il était d’agréable compagnie, voire attachant. C’était sans doute sa grande force, il était proche des gens et il ressentait ce qui les préoccupait! J’ai eu le privilège de le rencontrer à trois reprises; nous avions sympathisé puisque je suis un Gaspésien né à quelques kilomètres de son patelin. Il s’était informé de ma famille, de ma carrière, de mon village natal. J’avais l’impression que l’on se connaissait depuis toujours. Il était accessible et généreux de sa présence.
Être charismatique, il avait le verbe facile! Homme de la parole, celle qui sait rejoindre les aspirations cachées du peuple! Il est bon de relire pour faire mémoire ses livres Un pays qu’il faut faire (1967) et Attendez que je me rappelle (1988). René Lévesque a su canaliser les tiraillements identitaires des Québécois; je crois que nous le manquons profondément en cette période des accommodements raisonnables. J’aimerais bien savoir ce qu’il nous mijoterait de sensé. Le grand rêve qu’il portait sur notre destin collectif demeure toutefois inachevé. Lorsque l’on relit notre histoire commune, pouvait-il en être autrement?
Ceux qui ont côtoyé de près l’ex-premier ministre disent que c’était un bourreau de travail, qu’il avait certes un penchant prononcé pour les femmes, qu’il était parfois angoissé, mais qu’il était un être exceptionnel. Celui que l’on surnommait sans méchanceté Ti-Poil avait compris bien des choses de l’aventure humaine. On le sentait de prime abord un peu timide, voire gauche dans des vêtements toujours trop amples pour lui. René Lévesque ne jouait pas à la politique de stars, il jouait sa vie, ses convictions et ses principes. Il était vrai! Après avoir quitté la vie politique, il est tout simplement retourné à ses premiers amours, le journalisme de la vie ordinaire.
En entendant tout ce qui se dit dans ce Québec des consultations populaires, j’aurais aimé voir et entendre notre regretté René Lévesque au cœur de tous ces débats publics et de ces commissions qui sillonnent le Québec présentement. J’ai l’impression que cette nation en train de se définir aurait besoin d’hommes et de femmes de la trempe de René Lévesque, qui incarneraient à leur manière les aspirations du peuple, l’âme des Québécois. Sur sa pierre tombale au cimetière de Sillery, on peut lire ces mots de Félix Leclerc: «Il fera partie de la courte liste des libérateurs de peuple.»
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1 commentaire:
Je suis un admirateur de René Lévesque. Vous avez des propos justes. Je crois qu’il était un grand démocrate. Il est certain qu’il nous manque.
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