8 novembre 2007 - Sur un bout de terre d’Amérique, des hommes et des femmes ont lutté pour conserver leur langue et leur culture, même au prix de leur sang. Ce Québec que nous aimons est-il en train de perdre ces deux éléments essentiels de son identité? La lutte des Québécois pour sauver leur langue est certes héroïque, pourtant cette belle langue française est tellement maltraitée. Tout un paradoxe! La situation du français, telle que décrite dans un récent dossier du journal La Presse publié ces jours-ci, est inquiétante, voire lamentable. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’alerte a été donnée. En 2001, la Commission des états généraux et de l’avenir de la langue «concluait que plus de la moitié des enseignants ont une connaissance nettement insuffisante de la langue française.» N’est-ce pas désastreux mes amis? Mais à qui la faute?
La chute dramatique de la qualité de la langue revient nous hanter d’année en année. Les Québécois sont confrontés quotidiennement à la survie de leur langue, mais surtout à sa qualité. Je suis exaspéré d’entendre constamment des «si» avec des «rais», d’entendre des sacres sous toutes leurs variantes dans les téléromans de chez nous, de lire des courriers électroniques bourrés de fautes et j’en passe. Il y a des limites à massacrer une langue! D’après les universités de Sherbrooke et de Montréal, les résultats des étudiants aux tests de français frôlent à peine la note de passage. Dire que ces futurs professeurs, qui enseigneront à nos enfants, ne maîtriseront pas suffisamment leur propre langue. Comment pourront-ils montrer correctement le français aux générations qui suivent? La ministre de l’Éducation Michelle Courchesne veut rehausser la qualité de la langue, elle en fait son cheval de bataille; tout un combat en perspective pour Madame la ministre! Adieu, langue de bois!
Ce qui m’attriste le plus, c’est que la grande masse des Québécois se contente d’une qualité langagière de bas étage. On nivelle par le bas! Pour faire «cool», on n’hésite pas pour pratiquer le réductionnisme. Nous voyons trop souvent des gens qui maîtrisent moins la langue, imposer leur manière de parler à l’ensemble de la population. Les discours officiels sont truffés de fautes majeures, les médias populistes n’en n’ont que pour la langue de la rue, les humoristes galvaudent impunément notre langue commune sous un tonnerre d’applaudissements. Malgré la loi 101, je trouve que nos élites ne prennent pas assez à cœur l’importance de propager un français de qualité. Se demander si les Québécois parlent mieux le français qu’auparavant semble futile? Le Québec a fait beaucoup pour protéger sa langue, mais pas assez pour lui donner un standard de qualité. Trente ans après la loi 101, la qualité du français n’est toujours pas au rendez-vous, loin des objectifs espérés.
Nos dirigeants et nos personnages publics ont-ils abdiqué? Je trouve étonnant que des professeurs d’université n’aient toujours pas le niveau de langue qui correspond à leur niveau d’instruction, même dans des contextes où l’on s’attendrait à les voir utiliser une langue soignée. Les médias de masse ne jouent-ils pas un grand rôle dans la détérioration de la langue française? Nous n’avons qu’à syntoniser certaines radios de divertissement pour se demander ce que les animateurs «baragouinent». Tout est permis ou presque pour alimenter le spectacle, mais à quel prix!
Il est bien de crier sur tous les toits que le français est la langue du Québec, mais pas n’importe quel français. Qu’on se le dise, une langue a ses règles, le français standard a ses normes. Plusieurs analystes signalent qu’il faut à tout prix donner un coup de barre, sinon la dérive actuelle ne sera que catastrophique. Dans un Québec où l’on s’interroge de plus en plus sur notre avenir, il est plus que temps de réaffirmer un élément fondamental de notre identité et de notre survie. L’arrivée massive des immigrants dans les grandes villes exige des moyens d’intégration efficaces qui ne peuvent que passer par l’apprentissage d’un français de qualité. Le sort de notre langue se jouera en grande partie à Montréal où se font l’accueil et l’intégration de la grande majorité des immigrants pour l’ensemble du Québec.
Bien écrire et parler correctement le français, ce n’est pas un luxe, c’est une responsabilité que doit assumer avec fierté chaque citoyen du Québec. Pour garder sa langue en santé, il faut l’aimer à un haut degré, l’enrichir même. Maltraiter sa langue, c’est lui manquer de respect, l’amenuiser; c’est courir graduellement à sa perte! Si nous voulons que notre nation québécoise soit de langue française, il va falloir faire du ménage dans les « appelle-moé », les « si j’aurais », les « pis apra » et le reste. Nous reconnaissons tous que l’école joue un rôle primordial dans les apprentissages de base, mais il ne faudrait surtout pas refiler à l’école toutes nos responsabilités individuelles et collectives. Charles Nodier disait: «Le plus grand des crimes, c’est de tuer la langue d’une nation avec tout ce qu’elle renferme d’espérance et de génie.» Oui, la langue que j’aime; celle de nos espérances et de nos idées de génie!
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6 commentaires:
Votre texte m’inspire! Je suis d’accord avec le contenu de votre article. Je pense qu’il faut revenir à la dictée. C’est en forgeant que l’on devient forgeron! C’est en écrivant que l’on apprendra à écrire. (M.S)
Bravo pour votre excellent texte sur le français. Moi aussi, j’aime cette langue! Il faut tout faire pour améliorer la qualité. (R.R.)
Le français est en train de disparaître. Trop de gens ont abandonné la cause commune! (T.R.)
J'aime le français! Je trouve alarmant ce qui se passe au Québéc. Le plus destructeur, c'est la télévision. Je trouve que la qualité de notre langue est en péril. Les animateurs malmènent notre langue. Comment rivaliser avec les grandes vedettes de la télé. Ils imposent leur manière de parler. Les décideurs des médias laissent tout passer.
J’ai bien aimé votre texte sur la langue. Vive le français! Il faudrait évidemment que l’on mette en place les outils pour améliorer la qualité de notre langue commune. (C.R.)
Bonjour,
Pour la question de la qualité de notre langue parlée, je trouve que les
médias ont effectivement une grande part de responsabilité. Trop souvent,
dans ce milieu, la valorisation de la médiocrité est la norme, pour se
rapprocher de ce qu'on appelle la masse populaire, dit-on. Comme si bien
parler sa langue était devenu tabou, une tare sociale, une cause
d'exclusion. Même la télévision d'État n'est plus l'exemple qu'elle était
dans le passé. Je suis nostalgique en pensant à l'exemple que nous donnait
jadis Henri Bergeron, ou encore René Lecavallier. Ce dernier exemple est
d'ailleurs la preuve que l'on peut parler de sport sans tomber dans un
jargon propre à une cour d'école primaire. Par ailleurs, je tiens à
féliciter Radio Ville-Marie pour la qualité du français en onde. Il reste
heureusement quelques bastions d'irréductibles qui résistent encore et
toujours à l'envahisseur... Vivement des émules!! (M.C.)
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