12 novembre 2007 - Au cours de la semaine dernière les coquelicots firent leur apparition aux boutonnières des Canadiens. On se souvient! Du 4 au 11 novembre, la population était invitée à participer à plusieurs activités entourant la semaine du Souvenir. Le point culminant se tenait hier, le 11 novembre, décrété Jour du Souvenir. En cette journée nationale, des cérémonies furent organisées aux cénotaphes de plusieurs villes à travers le pays pour commémorer le lourd sacrifice des nôtres. Plus de 100 000 Canadiens sont morts en service militaire lors des guerres de 1914-1918, de 1939-1945, de Corée et des opérations de maintien de la paix. Malgré les années qui passent, nous ne pourrons jamais oublier les atrocités de la guerre. Encore aujourd’hui, plusieurs des nôtres sont engagés dans des missions de paix en Afghanistan, au Darfour, en Bosnie. Les affres de la guerre en Afghanistan ont fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois, mais surtout beaucoup trop de sang!
Mon jeune frère s’envolera en décembre prochain pour la Bosnie. Dire qu’il passera Noël loin de sa petite fille d’à peine un an. Ce n’est pas sans crainte que nous le voyons partir pour ces régions hostiles où le chaos s’érige en maître, où la violence fait loi, où la corruption semble monnaie courante. Il ira défendre les valeurs nobles de la démocratie et de la liberté, mais à quel prix! Père de trois enfants, il terminera sa carrière militaire par cette dernière affectation à l’étranger. Lui qui a consacré plus de trente-cinq ans de sa vie dans les forces canadiennes, il risque gros en cette fin de carrière. Tout un couronnement mon frère!
En ces jours où nous apprenons que 17% des soldats de retour de Kandahar souffrent d’un problème de santé mentale, nous sommes en droit de nous interroger sur le sens de tout cela. La guerre, c’est la guerre! Des fusils qui tirent, des bombes qui explosent, des embuscades qui éclatent, des convois qui s’embourbent, c’est aussi cela la guerre. Mais le pire, ce sont des gens qui meurent par milliers dans ces pays si loin de nous. Pourtant, pour nombre de militaires et leurs familles, les bruits des bombes retentiront pour toujours dans leur tête, dans leur sommeil. Il y a de ces souvenirs qui ne s’effacent pas avec le temps, des larmes qui ne cesseront de couler à la vue de certaines horreurs. Les pourquoi de toute cette violence demeurent sans véritable réponse!
La guerre est toujours un malheur, un point c’est tout! La légitimité des guerres en 2007 n’a pas sa raison d’être. Il me semble que les leçons de l’histoire sont plus qu’éloquentes. Le prix à payer par le Canada a déjà été trop grand lors des deux dernières grandes guerres; pourquoi s’engouffrer dans des conflits dont on ne voit pas d’issue. Sur le plan mondial, notre pays ne fait pas le poids. Malgré notre population relativement petite, le Canada ne cesse de déployer ses militaires partout dans le monde dans des missions de maintien de la paix. Les dangers sont omniprésents sur le terrain. Les familles canadiennes, déchirées tout récemment par la perte d’un être cher en Afghanistan, doivent vivre un terrible souvenir en ces jours de commémoration. Il n’est pas facile de comprendre ce qui passe au-delà des mers. L’armée canadienne est impliquée dans le conflit afghan depuis octobre 2001. D’une opération de maintien de la paix, les forces canadiennes se sont engagées dans des opérations offensives. Changement de cap qui ne cesse de déranger les Canadiens; on a tout simplement dévié du rôle pacifique traditionnellement joué par le Canada. La solution de la guerre en Afghanistan trouvera des solutions valables et durables que par les Afghans eux-mêmes. Le Canada doit s’engager dans le combat pour la justice, la liberté; celui-ci ne trouvera d’espoir que par la guerre à la pauvreté extrême de ces populations.
En regardant dans le rétroviseur de l’histoire, il y a toujours eu des guerres. Nous voyons cependant apparaître sur l’échiquier mondial de nouveaux acteurs privés entrés en scène. La suprématie militaire des États-Unis lui dévolue le rôle de gendarme mondial et son processus de militarisation se hisse toujours au sommet des priorités gouvernementales. Lutte aux terroristes et aux extrémistes justifie aux yeux de certains États cette flambée de violence. Ne soyons pas dupes! Les enjeux sont fondamentalement économiques, habilement masqués par la chasse aux groupes terroristes et non étatiques. En ce jour de commémoration, c’est la guerre à la guerre qu’il faut mener tous ensemble. John Fitzgerald Kennedy disait: « L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité. »
À toi mon frère qui partira pour la vraie guerre, nous sommes avec toi sans trop comprendre. Te connaissant bien, les valeurs qui t’animent sont sans aucun doute des plus nobles; nous n’en doutons pas. Ce n’est pas de toi et de tes motivations dont nous doutons, mais de tous ces dirigeants et belligérants qui, au nom de la liberté, mènent un combat sournois et inutile; des victimes innocentes ne cessent de joncher ces terres ensanglantées. Mon frère, tu le sais, la guerre ne mettra jamais fin à la guerre. Sois prudent quand même, nous t’aimons!
Commentez cet article : LeblogueduDG@gmail.com
4 commentaires:
Je suis ému en lisant votre dernier blogue. Votre Frère part à la guerre.
Quelle affreuse nouvelle! Un Papa de trois enfants qui s'en va se jeter
devant le danger pour suivre les ordres de ses supérieurs, lesquels ne
savent plus où est la volonté de Dieu. Vous avez bien raison, quel rôle
notre armée doit jouer dans ces pays qui ne nous jamais demandé d'aller
mettre de l'ordre chez eux. Oui, j'ai pitié de ce frère, de ce membre de
votre famille. Ce soir, je prierai pour Lui. (R.M.)
Je ne comprends pas encore pourquoi le Canada envoie nos jeunes se faire tuer.
Le gouvernement Harper n’a pas d’allure dans ce sens. (A.B.)
Mon père est mort à la guerre 39-45. Nous ne l’avons jamais revu. Ma mère a été inconsolable pendant des années. Pourquoi toutes ces atrocités. (T.S.)
J’ai bien aimé votre texte sur la guerre. Je suis entièrement d’accord avec vous.
C’est terrible, la guerre. Que faisons-nous en Afghanistan ? en Bosnie ? au Darfour ?
On aurait de quoi occuper nos soldats ici. Il y aurait du service civique à effectuer. (R.M.)
Publier un commentaire