( 83 ) En Avent toute!

5 décembre 2007 - Dimanche dernier, les chrétiens du monde entier entrait dans le temps de l’Avent. Je n’ai pourtant vu aucun article dans les journaux sur cet événement de portée mondiale. Par contre, j’y ai aperçu, depuis quelques semaines déjà, des pages entières de réclames publicitaires concernant le choix des cadeaux à offrir pour Noël, les concerts qu’il ne faut pas manquer, les recettes qu’il faudrait bien cuisiner et j’en passe. J’ai l’impression que l’Avent pour le commun des mortels ne dit pas grand-chose; à moins d’être un fervent pratiquant. En fait, qu’est-ce que l’Avent?

Tout récemment, dans un groupe de jeunes, une agente de pastorale a posé cette simple question dans le cadre de l’initiation sacramentelle. Étonnantes furent les réponses; constat d’une flagrante ignorance. Voici un petit coup de main mes amis. Du latin Adventus, le mot Avent signifie «avènement». Le temps liturgique de l’Avent est consacré à une préparation intensive de la venue du Seigneur à Noël. Ne vous trompez pas, ce n’est pas décrété par le gouvernement même si l’on a congé à Noël. L’Avent, dans la tradition latine, commence le quatrième dimanche avant la fête de Noël. Chez les Orientaux en général, le temps de l’Avent dure six semaines. La couleur liturgique de cette période est le violet, signe d’un temps de pénitence joyeuse. Certains épiscopaliens et luthériens utilisent le bleu, les byzantins utilisent par contre le rouge ou le blanc. Que de diversité dans ce christianisme!

Depuis le pape Grégoire 1er (590-604), nommé aussi Grégoire le Grand, l’Avent représente pour les catholiques la période où l’on se prépare à la venue du Christ, à sa naissance. En fait, ce temps que les chrétiens célèbrent, souligne le triple avènement du Seigneur: sa naissance à Bethléem dans le passé, sa venue dans les cœurs par la grâce, et son retour glorieux à la fin des temps. Toute la liturgie catholique souligne la triple référence au passé, au présent et à l’avenir. Si vous pénétrez par hasard ou par choix dans une église, vous verrez la couronne de l’Avent faite de branches de sapin, de pin, de houx ou parfois de gui, nouée de rubans rouges et ornée de quatre bougies. Sa forme ronde évoque le soleil et quatre bougies marquent les quatre semaines de l’Avent. Voilà le petit cours 101 de l’Avent de la célèbre série Pour les nuls.

Mais pourquoi aurait-on besoin de parler de l’Avent? N’ayez crainte, ce n’est pas une question d’accommodements raisonnables. En cette période où les Québécois ne savent plus si le petit Jésus sera présent dans la crèche cette année, ou encore, si notre sapin traditionnel ne changera pas de nom; il n’est peut-être pas si mauvais que l’on s’interroge sur la venue de ce petit enfant que l’on célèbre à Noël. Que l’on soit chrétien pratiquant ou pas, Noël ça se prépare. Au lieu de la course aux cadeaux et aux emplettes de toutes sortes, pourrions-nous prendre un temps pour regarder ce qu’il faut faire renaître en ce temps magique de l’année. En fait, Noël c’est la vie qui se donne, l’amour qui transforme, le cœur qui déborde. Qui d’entre nous n’a pas besoin de renouer avec les siens, de leur dire combien ils comptent pour nous, de libérer ce trop plein de tendresse si souvent emmuré par la gêne apprise du passé?

L’Avent ne pourrait-il pas être ce déclencheur, ce genre d’allumeur de réverbères, qui repousse les frontières de l’intolérance, de la mendicité, de la peur, de la violence, de la guerre, de la faim? Il me semble que l’Avent 2007 pourrait faire advenir à Noël les prémices d’un monde nouveau si le cœur y était, si l’amour prenait les devants. Le cadre de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables nous offre une occasion unique d’affirmer nos racines et nos valeurs communes, de redire notre ouverture à l’accueil de l’autre. L’intégration harmonieuse des immigrants n’est-elle pas la construction d’un monde nouveau? Soyons au cours de cette période d’attente, des proactifs, des aventuriers de l’amour; un amour qui prend racine dans le cœur de ceux qui souffrent, luttent et cherchent. La joie de Noël ne prolonge-t-elle pas la vie, la vraie vie? En Avent toute mes amis!


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3 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

C’est vrai que les Québécois ont perdu toutes les notions du temps liturgique. La vie mondaine a pris le dessus sur les valeurs profondes de notre société. Noël, c’est devenu une course aux emplettes, aux cadeaux. On a perdu le sens profond de cette fête. L’Avent nous aide à approfondir tout cela. Merci de nous rappeler le sens de ce temps de préparation. (T.C.)

Auditeur RVM a dit...

Vous venez de bonnes raisons de me prépare à Noël. Vous avez su me rejoindre par vos propos. Merci. (N.B.)

Auditeur RVM a dit...

Dommage qu’à l’école on ne pourra plus parler de tout cela. C’était tellement fascinant pour les enfants. On ne pourra plus parler de Jésus, on va parler des cadeaux qu’il faut acheter. On perd le sens de tout dans ce Québec à la dérive! Où sont nos valeurs? Tout s’écroule sur le plan de notre identité. Heureusement que durant la Commission Bouchard-Taylor plusieurs souhaitent une affirmation plus forte de notre identité. Que sommes-nous devenus? J’ai mal à mon Québec! (L.C.)