28 octobre 2008 - Notre planète Terre regorge de richesses insoupçonnées, d’aliments à profusion. C’est un jardin plantureux! Pourtant, nous le savons bien, des gens meurent de faim tous les jours, le nombre des sans-abri ne cesse de croître, les victimes de maladies curables tombent à vue d’œil. Un article du journal La Presse, publié la semaine dernière, titrait: «La moitié des aliments sont jetés aux ordures». Mes amis, les poubelles des pays riches regorgent de nourriture. Oui, les poubelles débordent d’aliments sains! Nos poubelles souffrent d’embonpoint alors qu’une partie de l’Afrique crève de faim. Quel scandale! Les études récentes démontrent que nous disposons actuellement de deux fois plus d’aliments que nous pouvons en consommer. Le problème majeur de la malnutrition n’est pas le manque de nourriture, mais davantage sa distribution.
Dans son article, Annie Morin souligne que «le gaspillage de nourriture est une plaie dans nos sociétés occidentales et qu’au moins 50% de toute la nourriture produite dans le monde est jetée à la poubelle sans être consommée.» Imaginez, les Américains jettent aux poubelles 27 millions de tonnes de nourriture comestible chaque année. Cela représente plus de 30 milliards US. Ce n’est pas tout, 14% des aliments produits aux États-Unis prennent le chemin du dépotoir! Une étude récente produite en Grande-Bretagne signale que le tiers des aliments achetés dans ce pays remplissent le panier à ordure. Dire qu’il y a quelques mois à peine, le monde parlait d’une crise alimentaire sans précédent.
Récemment, le patron d’un grand restaurant québécois me disait qu’il jetait à tous les jours énormément de stocks de nourriture. Je lui demandai pourquoi il ne les envoyait pas à des banques alimentaires. Il me répondit sur un ton laconique: «S’il y a un problème d’intoxication, qui sera responsable? Je ne veux pas de d’ennuis, un point c’est tout.» Je ne veux pas d’ennuis! C’est cela le fond de la crise alimentaire mondiale! Nos pays occidentaux ne veulent pas d’ennuis! Les mesures accrues de salubrité, les quotas quotidiens de production, les exigences croissantes des consommateurs et j’en passe, contribuent largement au gaspillage et à la malnutrition. Au Québec, combien de producteurs laitiers jettent leur surplus de lait aux égouts? Mes amis, les quotas obligent et provoquent cette situation scandaleuse! La démesure des bien nantis crée inexorablement l’extrême pauvreté des plus fragilisés de ce monde.
La démesure des biens nantis? Par les temps qui courent, ce sont leurs placements qu’ils voient fondre comme une banquise au soleil! Dire qu’il y a des millions de personnes qui tentent tout simplement de survivre, de nourrir décemment les leurs. Les images fréquentes en provenance de l’Afrique sont parfois troublantes. Il faut y avoir mis les pieds, y avoir partagé le quotidien des familles pour le savoir. Je me souviens de cette visite dans un petit village casamançais dans le sud au Sénégal. Nous connaissons bien le sens de l’accueil légendaire des gens de ce pays sahélien. Un jour de congé, j’étais allé reconduire chez lui un jeune étudiant dont la famille vivait dans une extrême pauvreté. Quand je dis extrême, ça veut dire extrême! Il est de coutume dans ce pays sahélien de remettre au visiteur un cadeau d’hospitalité. Imaginez, avant de partir, la maman de Mamadou me donna, avec tant de gentillesse et un large sourire, un oeuf enveloppé dans un vieux chiffon noir! C’était la première fois de ma vie qu’on me remettait un cadeau de ce genre. Combien d’entre vous ont reçu un œuf en cadeau? Pas une douzaine d’œufs, un œuf! N’ayez crainte, ce n’était pas le fruit de la poule aux œufs d’or.
Je remontai donc sur ma moto avec mon œuf en prenant bien soin de ne pas le casser. C’était précieux! Je repartis donc vers la ville en prenant conscience de la grandeur d’âme et de la dignité de cette femme sénégalaise. Je prenais conscience aussi combien j’étais privilégié et combien j’étais parfois exigeant, voire capricieux. Nous désirons trop souvent la perfection lorsque nous choisissons des aliments; il faut que la pomme soit bien rouge, la carotte bien droite, la tomate bien tournée. Nous sommes tous responsables, en partie, de ce gaspillage alimentaire éhonté. Nous vivons certes dans une société de surconsommation, mais aussi dans celle de la surproduction à tout prix.
À la mi-novembre, les dirigeants des pays les plus riches de la planète, en compagnie de quelques chefs d’état de pays émergents, seront convoqués à Washington pour trouver des solutions globales et concrètes à la crise financière planétaire. Il faut éviter à tout prix une récession mondiale. Encore là, c’est la démesure des nantis qui ont provoqué cette crise. Les pays riches ont faim d’argent, de pouvoir. Avec cette éventuelle récession à l’horizon, il est possible que l’on retrouve moins de nourriture dans les poubelles des pays riches. Mais cela ne solutionnera jamais la survie des habitants des pays les plus pauvres. «Jamais la violence, l’inégalité, l’exclusion, la famine, et donc l’oppression économique n’ont affecté autant d’êtres humains dans l’histoire de la terre et de l’humanité.» écrivait Jacques Derrida. En faisant ses emplettes cette semaine, pensons-y avant de jeter cette réflexion à la poubelle.
Commentez cet article : LeblogueduDG@radiovm.com
Dans son article, Annie Morin souligne que «le gaspillage de nourriture est une plaie dans nos sociétés occidentales et qu’au moins 50% de toute la nourriture produite dans le monde est jetée à la poubelle sans être consommée.» Imaginez, les Américains jettent aux poubelles 27 millions de tonnes de nourriture comestible chaque année. Cela représente plus de 30 milliards US. Ce n’est pas tout, 14% des aliments produits aux États-Unis prennent le chemin du dépotoir! Une étude récente produite en Grande-Bretagne signale que le tiers des aliments achetés dans ce pays remplissent le panier à ordure. Dire qu’il y a quelques mois à peine, le monde parlait d’une crise alimentaire sans précédent.
Récemment, le patron d’un grand restaurant québécois me disait qu’il jetait à tous les jours énormément de stocks de nourriture. Je lui demandai pourquoi il ne les envoyait pas à des banques alimentaires. Il me répondit sur un ton laconique: «S’il y a un problème d’intoxication, qui sera responsable? Je ne veux pas de d’ennuis, un point c’est tout.» Je ne veux pas d’ennuis! C’est cela le fond de la crise alimentaire mondiale! Nos pays occidentaux ne veulent pas d’ennuis! Les mesures accrues de salubrité, les quotas quotidiens de production, les exigences croissantes des consommateurs et j’en passe, contribuent largement au gaspillage et à la malnutrition. Au Québec, combien de producteurs laitiers jettent leur surplus de lait aux égouts? Mes amis, les quotas obligent et provoquent cette situation scandaleuse! La démesure des bien nantis crée inexorablement l’extrême pauvreté des plus fragilisés de ce monde.
La démesure des biens nantis? Par les temps qui courent, ce sont leurs placements qu’ils voient fondre comme une banquise au soleil! Dire qu’il y a des millions de personnes qui tentent tout simplement de survivre, de nourrir décemment les leurs. Les images fréquentes en provenance de l’Afrique sont parfois troublantes. Il faut y avoir mis les pieds, y avoir partagé le quotidien des familles pour le savoir. Je me souviens de cette visite dans un petit village casamançais dans le sud au Sénégal. Nous connaissons bien le sens de l’accueil légendaire des gens de ce pays sahélien. Un jour de congé, j’étais allé reconduire chez lui un jeune étudiant dont la famille vivait dans une extrême pauvreté. Quand je dis extrême, ça veut dire extrême! Il est de coutume dans ce pays sahélien de remettre au visiteur un cadeau d’hospitalité. Imaginez, avant de partir, la maman de Mamadou me donna, avec tant de gentillesse et un large sourire, un oeuf enveloppé dans un vieux chiffon noir! C’était la première fois de ma vie qu’on me remettait un cadeau de ce genre. Combien d’entre vous ont reçu un œuf en cadeau? Pas une douzaine d’œufs, un œuf! N’ayez crainte, ce n’était pas le fruit de la poule aux œufs d’or.
Je remontai donc sur ma moto avec mon œuf en prenant bien soin de ne pas le casser. C’était précieux! Je repartis donc vers la ville en prenant conscience de la grandeur d’âme et de la dignité de cette femme sénégalaise. Je prenais conscience aussi combien j’étais privilégié et combien j’étais parfois exigeant, voire capricieux. Nous désirons trop souvent la perfection lorsque nous choisissons des aliments; il faut que la pomme soit bien rouge, la carotte bien droite, la tomate bien tournée. Nous sommes tous responsables, en partie, de ce gaspillage alimentaire éhonté. Nous vivons certes dans une société de surconsommation, mais aussi dans celle de la surproduction à tout prix.
À la mi-novembre, les dirigeants des pays les plus riches de la planète, en compagnie de quelques chefs d’état de pays émergents, seront convoqués à Washington pour trouver des solutions globales et concrètes à la crise financière planétaire. Il faut éviter à tout prix une récession mondiale. Encore là, c’est la démesure des nantis qui ont provoqué cette crise. Les pays riches ont faim d’argent, de pouvoir. Avec cette éventuelle récession à l’horizon, il est possible que l’on retrouve moins de nourriture dans les poubelles des pays riches. Mais cela ne solutionnera jamais la survie des habitants des pays les plus pauvres. «Jamais la violence, l’inégalité, l’exclusion, la famine, et donc l’oppression économique n’ont affecté autant d’êtres humains dans l’histoire de la terre et de l’humanité.» écrivait Jacques Derrida. En faisant ses emplettes cette semaine, pensons-y avant de jeter cette réflexion à la poubelle.
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7 commentaires:
(Jacques Senay) Très pertinent ce article! 28-10-08
(Paul Robert) Je trouve triste que l’on jette tant de nourriture alors qu’il y a des millions de personnes qui souffrent de la faim. Vous avez raison, la faim est un droit essentiel. Les pays riches doivent faire leur part pour aider les pays les plus démunis. 28-19-08
(Diane Leclerc) Scandale! C’est scandaleux que tant de nourriture prenne la route des ordures. Il y a une sensibilisation à faire. Cela ne peut se continuer. 28-10-08
(Serge Paul) J’avoue mon étonnement devant cette réalité. Je ne savais pas tout cela. Je ne sais pas quoi faire. Non, je suis dépassé. 29-10-08
(Martin Roy) Quel déséquilibre! Tous ces gens qui meurent de faim et nous nous mourons d’avoir trop mangé. Le monde est malade! 30-10-08
(Marcel Primeau) On mange trop. Les publicités ne cessent de nous inciter à manger n’importe quoi. On ne respecte pas le rythme normal de l’évolution. On produit à outrance sans prendre garde à l’avenir de nos terres. On épuise le sol. On dirait que l’humain fait tout pour détruire au lieu de donner la vie ! 30-10-08
(Marcelle Santerrre) Qu’attendons-nous pour changer tout. On dirait que tout est en crise : alimentaire, économique, financière, identitaire, etc. 30-10-08
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