( 141 ) Quand le cœur n’y est pas!

11 décembre 2008 - La neige nous a réservé toute une surprise ce mardi matin! Et que dire des résultats électoraux de la veille? Une méchante surprise là aussi. Le gouvernement sortant se croyait bien en selle, voguant allègrement sans conteste vers une victoire facile, comme du beurre dans la poêle quoi. Tous les sondages le prédisaient! Décidément, la vie politique a de ses revers imprévisibles. Personne n’avait prédit la tournure de ces élections provinciales dont les résultats nous ont fait vivre quelques émotions fortes. Je suis resté vissé sur ma chaise jusqu’au dernier moment. Des luttes à trois des plus serrées et cela dans plusieurs comtés de la province. Le coup de force du gouvernement Charest, en déclenchant les élections trop hâtivement, n’a pas eu l’effet tant attendu par les stratèges libéraux. Ah! ces Québécois!

Au terme de cette course, nous nous retrouvons avec un Jean Charest auréolé d’une mince majorité (66 députés) qui l’empêchera de claironner trop fort; une Pauline Marois qui a fait mentir les sondages et qui a étonné tout le monde par la performance incroyable de son parti que l’on qualifiait de moribond il n’y a pas si longtemps (51 députés); un Mario Dumont d’ordinaire blindé qui jette la serviette et laisse un parti dans le désarroi le plus total (7 députés); un Amir Khadir à la mine réjouie qui sera le premier député de l’histoire de Québec solidaire à faire son entrée à l’Assemblée nationale (1 député). Mais le plus grand revers, c’est sans contredit l’absentéisme de l’électorat avec un taux de participation avoisinant les 56%, le plus bas de l’histoire de la province. Quand le cœur n’y est pas, le peuple prend congé!

On l’a dit sur tous les tons, les Québécois n’en voulaient pas de cette élection, qui fut par-dessus le marché précédée d’une campagne des plus ternes et dans un climat pour le moins surréaliste. Non, le cœur des Québécois n’y était pas! Quand le cœur n’y est pas, impossible de faire avancer les choses, de motiver les troupes. Notre histoire commune en témoigne, les gens de chez nous sont de réputation des passionnés, parfois bouillants et souvent changeants, mais d’ordinaire des gens avec le cœur sur la main. Il y a des gestes qui ne mentent pas. Notre population est capable de générosité et de service dans la mesure où elle se sent concernée et touchée par les vraies affaires, les enjeux de fond. La sagesse populaire des nôtres est nourrie d’un certain pragmatisme. Ça va donner quoi toutes ces promesses lancées à tout vent au cours de la récente campagne? Les ténors fraîchement élus disent sur tous les tons que les promesses seront tenues sans toutefois préciser où ils prendront les sommes avancées à coup de millions.

En parlant de promesses, il y a le temps des fêtes qui se fait de plus en plus proche. Depuis quelques semaines, des appels nombreux se font entendre par les banques alimentaires en manque de tout, les guignolées de toute sorte, les centres d’accueil de sans-abri qui ne fournissent plus, les familles en désarroi qui ne cessent d’augmenter. Quand le cœur n’y est pas, on manque de tout! Le vendredi 5 décembre dernier marquait la Journée internationale des bénévoles. Cette journée visait à souligner l’immense contribution des bénévoles à la société canadienne. Quelque 12 millions de gens, soit près de la moitié de la population, offrent leur temps bénévolement à près de 200 000 organismes à but non lucratif et oeuvres de bienfaisance qui forment le secteur du bénévolat. Saviez-vous que, selon les données de l’Enquête canadienne sur le don en 2006, la contribution bénévole s’est traduite, en tout, par près de deux milliards d’heures par an, soit l’équivalent d’un million d’emplois à temps plein? La période des fêtes sera exigeante pour les bénévoles, car beaucoup d’organismes réclament des services supplémentaires. Quand le cœur n’y est pas, les plus démunis en souffrent.

En cette période de crise économique et de signes incontestables de récession, les Québécois vont devoir obligatoirement se serrer la ceinture, faire des choix judicieux sur le plan financier, mais devront aussi se serrer les coudes. Dans des périodes troubles, où les turbulences ébranlent les assises de l’acquis et du nécessaire, la solidarité prend tout son sens. Ce n’est pas vrai que l’on s’en sort tout seul d’une crise majeure. Le mot clé en ces temps d’incertitude est sans contredit la solidarité. C’est ensemble que l’on pourra relever les défis de taille qui se présenteront à nous, ils sont déjà dans notre cour. Malheureusement, l’appel aux urnes de cette semaine n’aura pas permis au gouvernement de créer cette solidarité si essentielle à l’avenir des gens de chez nous, en particulier des plus vulnérables de notre société, Cet appel aux urnes était foncièrement partisan et savamment orchestré en fonction de la faiblesse d’adversaires politiquement désorganisés avec des coffres pratiquement vides. Quand le cœur n’y est pas, cela n’apporte pratiquement rien de constructif pour l’avenir.

Noël sera toujours au rendez-vous le 25 décembre. Puissions-nous trouver d’ici là dans notre vivre ensemble, des raisons de célébrer et d’espérer, d’avoir le cœur à la fête et la main généreusement tendue! N’oublions que c’est au fond de soi qu’il faut puiser nos raisons de vivre, dans nos racines que l’on trouvera nos motifs d’espérer, dans notre âme que l’on apercevra l’Étoile qui guidera nos pas vers des chemins inédits, des cieux nouveaux.

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4 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

(L. St-André) Écrits véridiques : Je suis entièrement d'accord avec vous. Ca m'incite à réfléchir en cette période de récession.Le partage avec les personnes qui ont perdu leur emploi.Ce sera un Noel difficile pour eux et pour la population. Je profite de l'occasion pour vous remercier de nous faire prendre conscience de nos responsabilités. Meilleurs Voeux à tous. 14-12-08

Auditeur RVM a dit...

(Lucienne Thibault) Texte très pertinent et juste. Merci pour tous ces mots qui m’aident et me servent de repères. Il y a peu d’endroit où je trouve cela. 13-12-08

Auditeur RVM a dit...

(Jacques Senay) Quel bon texte! Vous rappelez l’importance des choses et cela me paraît des plus utiles. Continuez et bonne fête de Noël à vous et à vos auditeurs. 13-12-08

Auditeur RVM a dit...

(Serge Robert) J’aime lire vos textes à l’occasion. Je suis d’accord la plupart du temps avec vous. Vous avez du gros bon sens, ce que l’on ne trouve plus chez nos politiciens. C’est vrai que nous sommes tous appelés à la générosité. Les Québécois se font de plus en plus individualistes et égoïstes, 12-12-08