(168) Femmes d’espoir!

10 mars 2009 - Le dimanche 8 mars marquait la Journée internationale de la femme. En décembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et de la paix internationale. Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon lançait le mois dernier sa campagne sous le thème: « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. » La création de cette journée avait suscité beaucoup d’espoir au sein des mouvements qui militent pour les droits des femmes et avait donné un appui certain à des revendications justes en matière de reconnaissance et d’équité dans ce monde où les tendances masculines dominatrices se manifestent depuis belle lurette. Depuis l’initiative lancée par l’ONU, qu’en est-il? En ces premiers jours de mars, les paroles du mythique chanteur québécois Claude Dubois remontent avec justesse en moi : « Femme de rêve, femme d'espoir heureux ».

Plusieurs analyses et bilans sur la situation de la femme ici et dans le monde ont été effectués ces derniers jours dans de nombreux quotidiens, sur diverses chaînes radiophoniques et télévisées. La condition des femmes a certes évolué dans de nombreux pays développés et en voie de développement. Un récent sondage publié dans le journal La Presse de dimanche dernier dénote, malgré les progrès réalisés, que neuf Québécoises sur dix estiment que les femmes ont encore des luttes à mener. Ce n’est pas terminé! Même s’il y a eu des progrès importants dans diverses sphères de la société, souligne l’analyse du sondage, de nombreuses Québécoises portent encore de profondes insatisfactions. Certaines inégalités perdurent dans le temps et il n’est jamais facile pour une femme de se tailler, encore aujourd’hui, une place dans un monde où certaines traditions et plusieurs préjugés ont la couenne dure.

Le mouvement féministe a connu au Québec ses heures de gloire dans les années 70. Toujours actif, il demeure toutefois moins éclatant qu’à cette époque. Le récent sondage démontre d’ailleurs que ce sont davantage les femmes de 45 ans et plus qui se disent en majorité féministe; les jeunes générations ne semblent pas porter le même regard sur le problème. Pendant longtemps, dans l’imaginaire collectif, le mouvement féministe resta associé aux mots contestation, revendication, radicalisation. Plusieurs se souviennent de la presse alternative québécoise, La vie en rose (1980-1987), qui jetait un regard féministe sur la vie sociale, politique et culturelle de chez nous. Au fil de l’histoire, les femmes d’ici ont obtenu des droits fondamentaux importants et plus de reconnaissance. Il n’y a pas si longtemps, la femme n’avait de statut ou d’existence légale qu’en fonction de son mari. Au siècle dernier, elle ne pouvait même pas recevoir de salaire en son nom, n’avait pas accès aux institutions scolaires supérieures, ne pouvait exercer certains métiers et même se présenter dans certains endroits. Cette longue marche vers l’autonomie a connu, bien entendu, des embûches de taille. Il a fallu du cran et de la persévérance.

Cette émancipation des femmes québécoises a été confrontée à des résistances farouches, notamment celles du clergé qui voyait tout cela d’un mauvais œil. Aujourd’hui, nous constatons bien que se sont majoritairement des femmes qui sont engagées en Église et que sans elles, bien des volets de la mission pastorale ne pourraient se réaliser. Toutefois, là encore, il y a des luttes qui ne sont pas terminées, du moins au sein de l’Église catholique. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s’exprimait ainsi:
« Nous tous – hommes et femmes, soldats et membres des forces de maintien de la paix, citoyens et dirigeants – avons la responsabilité d’aider à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Les Etats doivent honorer leur engagement de prévenir la violence, (…) Et chacun d’entre nous doit parler haut et fort dans sa famille, son lieu de travail et sa communauté, de telle sorte que les actes de violence à l’égard des femmes cessent. »

L’exploitation de la femme et la violence envers elle perdurent dans de nombreux pays sur la planète. On estime à quatre millions par an, dans le monde, le nombre de femmes et de fillettes achetées et vendues à un mari, un proxénète ou un marchand d’esclaves. La sortie du troublant film québécois Polytechnique illustre sombrement l’histoire de haine contre les femmes, une histoire réelle qui s’est passée chez nous. Ce film tragique, réalisé par Denis Villeneuve, qui évoque l’événement terrible du 6 décembre 1989 alors que quatorze jeunes femmes furent tuées de sang-froid, relance tout le débat sur la violence contre les femmes. Encore de nos jours, au Canada, on rapporte qu’une femme sur quatre est victime d’agression sexuelle au cours de sa vie. Les préjugés sexistes, les propos à contenu misogyne et la violence contre les femmes ne sont pas que choses du passé. En 2003, on a dénombré 16 458 victimes de violence conjugale, dont 86% étaient des femmes.

La vie des femmes de ce pays est héroïque à bien des égards. Sans elles, le Québec d’aujourd’hui n’existerait pas. Nous, fils et filles de ces femmes hors du commun, sommes redevables à ces âmes généreuses qui ont donné naissance au Québec d’aujourd’hui. Je ne puis passer sous silence des femmes qui ont marqué mon existence, m’ont fait grandir et m’ont inculqué les valeurs qui me guident, me transcendent. En regardant la photo de ma mère Patricia, je reste émue devant cette femme qui a donné naissance à treize enfants, dont neuf d’entre eux survécurent. Elle a connu, comme tant d’autres femmes de son époque, les grossesses à répétition, les conditions matérielles difficiles, la crise de 1929, le manque d’instruction. Tant de bouches à nourrir avec si peu de ressources financières relevait du miracle. Patricia aura tout fait, tout donné par amour des siens et cela sans condition.

Avec foi, amour et persévérance, Patricia aura inspiré, comme tant d’autres femmes de chez nous, le sens d’une vie incarnée et donnée. À toutes ces femmes, dont les noms ne seront jamais cités dans les livres d’histoire et qui parfois n’ont pas été choyées par la vie, un immense merci pour le don de votre personne. Plusieurs femmes de chez nous sont des exemples extraordinaires de courage qui inspirent toujours nos humbles vies parfois tourmentées. Plusieurs d’entre elles illustrent éloquemment cette magnifique parole de Mère Teresa : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. » Hommage à vous, femmes de rêve et d’espoir heureux. À travers vos luttes et vos engagements, vous enfantez un monde nouveau!


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8 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

(Luce Bolduc) Un excellent texte que j’ai reproduit au bureau pour mes collègues de travail. Super! 12-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Marc Senay) J’aime lire vos articles de temps en temps. Il y a toujours quelque chose de profond qui dépasse la stupidité de certains textes journalistiques. On sent qu’il y a de la profondeur et de la réflexion. Merci grandement pour ce texte sur les femmes. Il y a des pas importants qui ont été faits mais il ne faudrait pas reculer. 12-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Rolande Parrot) J'aimerais te féliciter pour ton blogue qui demande sans aucun doute beaucoup de travail et de réflexion. J'apprécie tes articles bien fouillés et, particulièrement, j'ai le goût de te dire mon appréciation pour le blogue de la Journée du 8 mars... 11-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Roberte Pelletier) Mon cher monsieur, j’ai reconnu ma mère à travers votre article et cela m’a beaucoup touchée. Félicitations! 11-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Pierre Marois) Un bel article qui retrace bien le passage à une société plus respectueuse. Il faut reconnaître le rôle majeur des femmes de chez nous. 11-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Diane Pronovost) Un magnifique texte qui me donne envie de voler! Bravo et merci aux noms des femmes de chez nous. 10-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Pauline Ménard) Quel beau texte! J’ai lu ce texte avec beaucoup d’émotions. J’ai moi-même lutté, beaucoup même pour que les femmes soient respectées. 10-3-09

Auditeur RVM a dit...

(Jacques Simard) Un excellent texte mon cher monsieur. J’ai grandement apprécié le lien avec ces femmes héroïques qui ont marqué notre histoire 10-3-09