16 avril 2009 - Qui n’a pas été ému en visionnant le film La vita è bella de Roberto Benigni? Le réalisateur de ce film magnifique, paru en 1997, nous plonge avec brio dans un univers de contes, de fables où l’imaginaire combinée à la terrible réalité vécue au quotidien nous fait passer avec finesse du rire aux larmes. Déportés dans un camp de concentration, Guido et Dora font croire à leur fils Giosué que les occupations du camp allemand sont en réalité une mise en scène. En fait, les parents n’ont qu’un désir : sauver leur fils de cet enfer. En revoyant des scènes de cette comédie dramatique qui remporta trois oscars, je me suis mis à penser aux sans-abri, aux laissés-pour-compte, aux itinérants de chez-nous qui vivent au fond d’une ruelle, dans un abri de fortune confectionné, à la sauvette, de cartons et de quelques sacs de plastique. L’itinérance, ça crève les yeux! C’est aussi un enfer!
La réalité est persistante chez nous, mais voilà enfin que le gouvernement prend la situation au sérieux. Il s’apprête enfin à déposer un rapport réalisé par la Commission parlementaire mise sur pied après tant de demandes répétées de la part des organismes du milieu. Les audiences publiques, qui ont permis à quelque 200 groupes de s’exprimer, auront permis de lever le voile sur un problème crucial. Le rapport de la Commission est prévu pour la fin des travaux parlementaires en juin prochain. Oui, l’itinérance, cela existe. C’est un enjeu social important et enfin, il est sur la table des décideurs au Québec. Selon les paramètres des éminents services sociaux québécois, « si vous n’avez pas de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à votre égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique ou mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue d’appartenance stable », vous seriez considérés comme une personne en situation d’itinérance. Ce n’est pas simple l’itinérance au Québec!
En fait, le terme « itinérant » désigne les reclus de la société, vêtus de loques, quêtant quelques sous pour se payer un frugal repas. Nous les retrouvons un peu partout dans nos centres-villes, près d’un coin de rue, à l’entrée d’une pharmacie et même sur un balcon d’église, le dimanche évidemment. L’itinérant est un nomade, pas nécessairement un sans-abri ou un clochard. À ne pas confondre puisque la personne itinérante vit sans ressources, dans une pauvreté extrême et sans futur. Le phénomène de l’itinérance n’est pas uniquement montréalais, il a des assises dans toutes les régions du Québec.
Depuis une trentaine d’années, le portrait de l’itinérance a fortement changé au Québec, il a pris de nouveaux visages. Il est loin du vieux bougre d’autrefois, le dos rond, dégageant l’alcool à plein nez. Non, les visages qui crèvent les yeux sont ceux d’adultes de plus en plus jeunes aux prises avec des problématiques souvent complexes et multiples. On parle ici de problèmes de santé physique et mentale, de diverses dépendances, de troubles de personnalité, de perte d’autonomie, de difficultés de motricité réduite et j’en passe.
La désinstitutionalisation de nos centres de santé, amorcée et réalisée il y a plusieurs années, a eu pour effet de mettre des gens à la rue. Des gens qui n’avaient pas le bagage physique et psychologique nécessaire pour mener seuls des vies saines et équilibrées. Mais aussi, il arrive parfois, que l’itinérance soit un mode de vie, un refus de vivre dans ce monde de consommation et un désir de vivre sa liberté.
Après nombre de promesses creuses des ministres de la santé et des services sociaux et quelques années plus tard, rien n’a bougé réellement sinon la mise en place récente de cette Commission parlementaire. Un pas dans le bon sens! Ce n’est pas d’un plan d’action pour contrer l’itinérance dont le Québec a besoin mais d’une réelle politique globale de l’itinérance. Les organismes sur le terrain la réclament haut et fort pour signifier et dire clairement que l’itinérance est inacceptable dans un pays comme le nôtre. Si nous avons 40 milliards à engloutir dans le béton de nos infrastructures, on pourrait sans doute en trouver quelques millions pour les plus pauvres. Il n’est pas vrai qu’avec les 588.94 $ par mois de l’aide sociale, on peut se trouver un logement et se nourrir. Le coût moyen d’un logement à Montréal est de 660 $ par mois, rien de moins! Au grand dam de frustrer quelques moralisateurs aux souliers bien cirés et souvent les mieux nantis de ce monde, il n’est pas vrai que toutes les personnes itinérantes sont des parasites. Leur itinérance est souvent l’accumulation sentie de méfiance, de médisance, d’ignorance, de dépendance, d’intransigeance, d’arrogance ou tout simplement d’absence.
J’ai connu un jour un monsieur Savard : on l’appelait Jésus-Christ Savard. C’était un itinérant pour de vrai. Il faisait régulièrement la tournée des résidences de communautés religieuses pour quêter sa pitance. Il n’était pas méchant, loin de là, il arborait toujours un large sourire avec une certaine déférence. Il y avait quelque chose d’attachant dans son regard. L’itinérance était devenue un mode de vie pour JC Savard. Il n’avait pas d’adresse. À maintes reprises, il avait fait le tour de tous les organismes puis, il est mort seul il y a quelques années, oui tout simplement et tristement seul. Combien de gens de chez nous meurent dans la solitude, voire l’isolement sans avoir trouvé une main tendue, une lueur d’espoir, une véritable étoile?
Quand un jour, après dix ou quinze ans de séparation, vous trouvez votre frère sans vie dans un logement minable, sans dessus-dessous et sans électricité, vous vous dites que ce n’est pas cela la vie, du moins la vraie vie. Personne ne mérite de mourir seul dans le noir sans avoir quelqu’un pour lui tenir la main devant l’inévitable passage. Nous le savons que trop bien, la misère n’a pas de frontière mais ce n’est une raison pour ne pas la combattre. L’itinérance est sous nos yeux et ce n’est pas en donnant maladroitement des tickets d’infraction aux gens de la rue qu’on changera les choses. La problématique de l’itinérance est plus profonde qu’on ne le pense et elle a besoin de beaucoup plus que des cataplasmes gouvernementaux. À chacun de nous de faire des pas, aussi petits soient-ils.
La réalité est persistante chez nous, mais voilà enfin que le gouvernement prend la situation au sérieux. Il s’apprête enfin à déposer un rapport réalisé par la Commission parlementaire mise sur pied après tant de demandes répétées de la part des organismes du milieu. Les audiences publiques, qui ont permis à quelque 200 groupes de s’exprimer, auront permis de lever le voile sur un problème crucial. Le rapport de la Commission est prévu pour la fin des travaux parlementaires en juin prochain. Oui, l’itinérance, cela existe. C’est un enjeu social important et enfin, il est sur la table des décideurs au Québec. Selon les paramètres des éminents services sociaux québécois, « si vous n’avez pas de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à votre égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique ou mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue d’appartenance stable », vous seriez considérés comme une personne en situation d’itinérance. Ce n’est pas simple l’itinérance au Québec!
En fait, le terme « itinérant » désigne les reclus de la société, vêtus de loques, quêtant quelques sous pour se payer un frugal repas. Nous les retrouvons un peu partout dans nos centres-villes, près d’un coin de rue, à l’entrée d’une pharmacie et même sur un balcon d’église, le dimanche évidemment. L’itinérant est un nomade, pas nécessairement un sans-abri ou un clochard. À ne pas confondre puisque la personne itinérante vit sans ressources, dans une pauvreté extrême et sans futur. Le phénomène de l’itinérance n’est pas uniquement montréalais, il a des assises dans toutes les régions du Québec.
Depuis une trentaine d’années, le portrait de l’itinérance a fortement changé au Québec, il a pris de nouveaux visages. Il est loin du vieux bougre d’autrefois, le dos rond, dégageant l’alcool à plein nez. Non, les visages qui crèvent les yeux sont ceux d’adultes de plus en plus jeunes aux prises avec des problématiques souvent complexes et multiples. On parle ici de problèmes de santé physique et mentale, de diverses dépendances, de troubles de personnalité, de perte d’autonomie, de difficultés de motricité réduite et j’en passe.
La désinstitutionalisation de nos centres de santé, amorcée et réalisée il y a plusieurs années, a eu pour effet de mettre des gens à la rue. Des gens qui n’avaient pas le bagage physique et psychologique nécessaire pour mener seuls des vies saines et équilibrées. Mais aussi, il arrive parfois, que l’itinérance soit un mode de vie, un refus de vivre dans ce monde de consommation et un désir de vivre sa liberté.
Après nombre de promesses creuses des ministres de la santé et des services sociaux et quelques années plus tard, rien n’a bougé réellement sinon la mise en place récente de cette Commission parlementaire. Un pas dans le bon sens! Ce n’est pas d’un plan d’action pour contrer l’itinérance dont le Québec a besoin mais d’une réelle politique globale de l’itinérance. Les organismes sur le terrain la réclament haut et fort pour signifier et dire clairement que l’itinérance est inacceptable dans un pays comme le nôtre. Si nous avons 40 milliards à engloutir dans le béton de nos infrastructures, on pourrait sans doute en trouver quelques millions pour les plus pauvres. Il n’est pas vrai qu’avec les 588.94 $ par mois de l’aide sociale, on peut se trouver un logement et se nourrir. Le coût moyen d’un logement à Montréal est de 660 $ par mois, rien de moins! Au grand dam de frustrer quelques moralisateurs aux souliers bien cirés et souvent les mieux nantis de ce monde, il n’est pas vrai que toutes les personnes itinérantes sont des parasites. Leur itinérance est souvent l’accumulation sentie de méfiance, de médisance, d’ignorance, de dépendance, d’intransigeance, d’arrogance ou tout simplement d’absence.
J’ai connu un jour un monsieur Savard : on l’appelait Jésus-Christ Savard. C’était un itinérant pour de vrai. Il faisait régulièrement la tournée des résidences de communautés religieuses pour quêter sa pitance. Il n’était pas méchant, loin de là, il arborait toujours un large sourire avec une certaine déférence. Il y avait quelque chose d’attachant dans son regard. L’itinérance était devenue un mode de vie pour JC Savard. Il n’avait pas d’adresse. À maintes reprises, il avait fait le tour de tous les organismes puis, il est mort seul il y a quelques années, oui tout simplement et tristement seul. Combien de gens de chez nous meurent dans la solitude, voire l’isolement sans avoir trouvé une main tendue, une lueur d’espoir, une véritable étoile?
Quand un jour, après dix ou quinze ans de séparation, vous trouvez votre frère sans vie dans un logement minable, sans dessus-dessous et sans électricité, vous vous dites que ce n’est pas cela la vie, du moins la vraie vie. Personne ne mérite de mourir seul dans le noir sans avoir quelqu’un pour lui tenir la main devant l’inévitable passage. Nous le savons que trop bien, la misère n’a pas de frontière mais ce n’est une raison pour ne pas la combattre. L’itinérance est sous nos yeux et ce n’est pas en donnant maladroitement des tickets d’infraction aux gens de la rue qu’on changera les choses. La problématique de l’itinérance est plus profonde qu’on ne le pense et elle a besoin de beaucoup plus que des cataplasmes gouvernementaux. À chacun de nous de faire des pas, aussi petits soient-ils.
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1 commentaire:
Je suis bien d'accord avec vous lorsque vous dites: «ce n’est pas en donnant maladroitement des tickets d’infraction aux gens de la rue qu’on changera les choses.»
Les itinérants sont des personnes humaines tout comme nous, avec des sentiments, une histoire, des rêves...
Ils ont besoin d'aide matérielle, mais aussi de présence humaine pour briser leur solitude et leur isolement et pour sentir qu'ils existent et que leur vie importe pour quelqu'un.
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