14 septembre 2007 - C’est parti! Les forums régionaux de la commission Bouchard-Taylor ont tenu leurs assises cette semaine à Gatineau et à Rouyn. La commission a levé les voiles le 10 septembre et les vagues n’ont pas tardé. La tournée des commissaires ne fait que débuter et déjà des débats houleux annoncent une avalanche de témoignages pathétiques et de mémoires tous azimuts. Serait-ce le début d’un défoulement collectif ou la réaction à une overdose d’accommodements? Gérard Bouchard et Charles Taylor, déjà discrédités par certains pourfendeurs, vogueront contre vents et marées à travers ces forums agités. Le ton a été donné cette semaine et les tenants de la laïcité sans compromis se feront encore plus insistants, voire intransigeants. Préparez-vous mes amis, cet automne nous en verrons de toutes les couleurs!
À l’écoute de plusieurs interventions, je réalise encore combien les Québécois de souche se sentent constamment tiraillés entre leurs valeurs fondamentales et l’émergence d’une société dite laïque. Certains tenants de la laïcité font miroiter la naissance sans heurts d’un espace public où la religion serait du domaine privé. Dites-moi, est-ce que cela existe une société laïque? Certes un état peut être laïc, mais une société? Une des questions fondamentales dans ce débat, c’est la place de la religion dans l’espace public. On ne peut confiner la religion dans des temples; c’est contre-nature! Depuis la révolution tranquille, les Québécois d’allégeance catholique à 86% n’ont pas encore clarifié leur propre relation avec leur tradition religieuse. Ils ne savent plus sur quel pied danser. J’ai déjà évoqué ces réflexions dans les textes 11, 18 et 21 de ce blogue.
Et voilà que le directeur général des élections du Canada, Marc Mayran, vient de mettre un nouvel ingrédient assez épicé merci, dans une marmite qui est à la surchauffe. Le tollé soulevé par la décision d’accorder le vote à visage voilé n’a fait que monter d’un cran ce débat plutôt émotif. La question du voile est davantage une question de perception, car dans les faits, on peut voter dans notre pays sans se montrer le visage. Combien de gens ont voté aux dernières élections provinciales par la poste? Plus de 80 000 citoyens n’ont pas montré leur visage aux dernières élections provinciales! Le directeur général des élections du Canada aurait pu intervenir et clarifier ce point comme son homologue du Québec l’avait fait aux élections générales en mars 2007. Il a fait le choix de la ligne dure sachant pertinemment l’orageux débat en cours au Québec. «Ce sera aux politiciens de légiférer autrement.» conclut-il. Il me semble que dans un tel débat, ce sont l’unité et la paix sociale qui priment monsieur le directeur général des élections!
Souhaitons que cette commission saura donner quelques balises réalistes à ce Québec qui ne cesse de se chercher, malheureusement sans puiser suffisamment dans le trésor de son histoire pourtant si riche d’enseignements et de sagesse. Depuis la mise en place de cette commission, nous allons de rebondissements en rebondissements. Dans le Québec Inc. de la consommation et de la superficialité, le tabula rasa semble monnaie courante, mais attention, notre crise identitaire n’est pas un réceptacle jetable. Qu’il s’agisse de regarder les multiples réformes en éducation et en santé; on a parfois l’impression qu’il faut changer pour changer. Ne rêvons pas de solutions faciles; il n’y a pas de recettes miracles, car c’est un tsunami dévastateur qui est en puissance dans ce Québec réputé pour son accueil et sa tolérance. C’est aux Québécois de se brancher! Est-ce que l’on sortira grandi collectivement de cette vaste consultation populaire? Je le répète, jamais le juridique ne comblera l’âme du peuple québécois. Les vieux marins de la péninsule gaspésienne savent bien de quel bord souffle le vent et ils affirment que celui-ci n’est jamais favorable à celui qui ne sait pas où il va.
À l’écoute de plusieurs interventions, je réalise encore combien les Québécois de souche se sentent constamment tiraillés entre leurs valeurs fondamentales et l’émergence d’une société dite laïque. Certains tenants de la laïcité font miroiter la naissance sans heurts d’un espace public où la religion serait du domaine privé. Dites-moi, est-ce que cela existe une société laïque? Certes un état peut être laïc, mais une société? Une des questions fondamentales dans ce débat, c’est la place de la religion dans l’espace public. On ne peut confiner la religion dans des temples; c’est contre-nature! Depuis la révolution tranquille, les Québécois d’allégeance catholique à 86% n’ont pas encore clarifié leur propre relation avec leur tradition religieuse. Ils ne savent plus sur quel pied danser. J’ai déjà évoqué ces réflexions dans les textes 11, 18 et 21 de ce blogue.
Et voilà que le directeur général des élections du Canada, Marc Mayran, vient de mettre un nouvel ingrédient assez épicé merci, dans une marmite qui est à la surchauffe. Le tollé soulevé par la décision d’accorder le vote à visage voilé n’a fait que monter d’un cran ce débat plutôt émotif. La question du voile est davantage une question de perception, car dans les faits, on peut voter dans notre pays sans se montrer le visage. Combien de gens ont voté aux dernières élections provinciales par la poste? Plus de 80 000 citoyens n’ont pas montré leur visage aux dernières élections provinciales! Le directeur général des élections du Canada aurait pu intervenir et clarifier ce point comme son homologue du Québec l’avait fait aux élections générales en mars 2007. Il a fait le choix de la ligne dure sachant pertinemment l’orageux débat en cours au Québec. «Ce sera aux politiciens de légiférer autrement.» conclut-il. Il me semble que dans un tel débat, ce sont l’unité et la paix sociale qui priment monsieur le directeur général des élections!
Souhaitons que cette commission saura donner quelques balises réalistes à ce Québec qui ne cesse de se chercher, malheureusement sans puiser suffisamment dans le trésor de son histoire pourtant si riche d’enseignements et de sagesse. Depuis la mise en place de cette commission, nous allons de rebondissements en rebondissements. Dans le Québec Inc. de la consommation et de la superficialité, le tabula rasa semble monnaie courante, mais attention, notre crise identitaire n’est pas un réceptacle jetable. Qu’il s’agisse de regarder les multiples réformes en éducation et en santé; on a parfois l’impression qu’il faut changer pour changer. Ne rêvons pas de solutions faciles; il n’y a pas de recettes miracles, car c’est un tsunami dévastateur qui est en puissance dans ce Québec réputé pour son accueil et sa tolérance. C’est aux Québécois de se brancher! Est-ce que l’on sortira grandi collectivement de cette vaste consultation populaire? Je le répète, jamais le juridique ne comblera l’âme du peuple québécois. Les vieux marins de la péninsule gaspésienne savent bien de quel bord souffle le vent et ils affirment que celui-ci n’est jamais favorable à celui qui ne sait pas où il va.
4 commentaires:
Cette commission nous fera vivre bien des émotions. Mais je ne suis pas certain que les vraies affaires seront présentées. Les Québécois ont peur de s'affirmer. Notre tolérance nous nuit dans l'aventure de ces forums régionaux. Pourquoi avons-nous peurs de dire que nous sommes catholiques et que nous voulons garder nos traditions. Il faudrait un référendum national. Je suis convaincu qu'une majorité de parents souhaiterait garder l'enseignement religieux catholique à l'école.
J’ai lu attentivement tes blogues 11, 18, 21, 25 en lien avec la Commission Bouchard-Taylor. J’estime que tu as trouvé la note juste pour commenter le déroulement des événements et interpeller le grand public lecteur de RVM. Je me réjouis que RVM demeure à la fine pointe de l’actualité.
Il faudra continuer dans cette ligne avec persévérance. RVM demeure à la hauteur des défis de sa mission dans notre société en recherche de balises. Je collectionne tes blogues avec d’autres documents pertinents touchant la question des « accommodements raisonnables ». (J.F)
Bonjour! Je lis régulièrement les articles dans le Blogue du DG et les articles de Proximo. J’aime beaucoup les lire; c’est très éclairant. J’ai beaucoup aimé lire l’article « En eaux troubles ». Je suis d’accord avec les énoncés que tu y développes.
Au Québec, c’est vrai qu’on veut que la question de la religion soit reléguée au domaine du privé. C’est déjà très évident avec les changements de l’enseignement religieux à l’école. Nous avons évacué la catéchèse de l’enseignement à l’école et nous l’avons remplacé par la présentation des principales religions. Personnellement je crois que ce fut un appauvrissement qui se fera de plus en plus ressentir dans notre société. Bien sûr, ce n’est pas mauvais de parler et de présenter les richesses des principales religions à l’école. Mais pourquoi faut-il renoncer à parler de la nôtre en premier car elle est importante pour moi et pour nous, les croyants catholiques. On nous a répondu que c’était l’affaire des Églises. Bien sûr, ce l’est mais c’est quand même un changement très lourd de conséquences pour celle-ci qui doit trouver des personnes capables de bien transmettre le message évangélique aux jeunes. La barre est haute !
Maintenant, peu à peu, des voix s’élèvent pour enlever tout trait religieux de la place publique et de le reléguer au domaine du privé par respect des différentes mentalités et croyances des québécois. Nous avons des racines chrétiennes comme peuple québécois et elles ont contribué grandement à élever le grand arbre de notre société. Pourquoi vouloir les faire disparaître ? Nos racines sont la base de notre développement et elles alimentent toujours notre arbre social même si la pratique religieuse semble diminuer. Tu l’as très bien exprimé dans l’article.
Il est nécessaire de nous lever comme croyants et d’exprimer ce qui nous tient à cœur et cela dans le respect des différentes mentalités qui habitent notre société. Cette commission est une occasion de le dire et personnellement, je lis tous les comptes-rendus des journaux et de la télévision pour évoluer avec les événements afin de voir si je peux et si je dois y insérer mon opinion à ce sujet.
Voilà ma réaction, suite à ton excellent article sur la commission Bouchard-Taylor et sur « les eaux troubles » qui agitent notre mer québécoise. Au plaisir de te lire à nouveau. (A.L.)
On en voit de toutes les couleurs avec la fameuse commission Bouchard-Taylor. La question du voile est une aberration! Il me semble que le directeur des élections est dans les patates. Cela ne demande pas un quotient à quatre chiffres pour comprendre cela.
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