( 37 ) Nos aînés

2 octobre 2007 - Sous le thème «La force de l’âge c’est de vivre son âge», le Conseil des aînés du Québec invitait l’ensemble de la population et particulièrement les aînés, et leurs communautés, les associations et organismes les représentant, à souligner la Journée internationale des aînés. C’était hier, le 1er octobre. La force de l’âge! Les indicateurs démographiques ne trompent pas, le Québec prend de l’âge! Depuis 2003, la province compte plus d’un million d’aînés et la progression de ce nombre va bon train. Les aînés totalisent près de 14% de la population québécoise et si la tendance se maintient les 65 ans et plus représenteront dans quelques années 25% de tous les Québécois! Depuis l’Année internationale des aînés en 1999, nos aînés se portent-ils mieux?

Nous le savons tous, le Québec vieillit rapidement et il affiche une croissance des plus rapides dans le monde. La construction fulgurante des centres d’hébergement ainsi que les multiples services offerts à cette population en sont des indices éloquents. Les naissances ne suffisent plus à faire le plein et l’immigration vient combler timidement le renouvellement de la société. La journée internationale permet certes de réfléchir collectivement à la condition préoccupante des aînés, mais aussi de leur apport indéniable dans notre coin de pays. Depuis quelques années, les médias ont rapporté maintes situations aussi dramatiques les unes que les autres chez plusieurs bénéficiaires de centres hospitaliers et résidentiels. Il fallait réagir! En juin dernier, la ministre responsable des Aînés, Mme Marguerite Blais, annonçait une vaste consultation publique sur les conditions de vie des personnes aînées.

Il faut saluer vivement l’initiative de cette consultation publique qui sillonne présentement le Québec. Malheureusement, je le répète, il y a trop de commissions publiques en même temps. Par les temps qui courent, nous pouvons nous prononcer sur tout ou presque. Dans ce grand confessionnal à ciel ouvert, on ne sait plus où prendre parole, où prêter l’oreille. Il ne faudrait surtout pas que l’on tasse encore nos personnes aînées. Prendre soin de ses aînés est une question prioritaire dans ce Québec où semble pointer un certain mal de vivre chez nos devanciers. Le thème proposé par la commission itinérante m’apparaît viser juste: «Les conditions de vie des personnes aînées: un enjeu de société, une responsabilité qui nous interpelle tous.»

Les personnes aînées ne sont pas uniquement un marché économique à conquérir par la construction de résidences, par l’attrait de croisières et de réduction sur une panoplie de services de loisir. Elles sont avant tout des personnes entières, capables d’engagement au sein de la société, mais aussi vulnérables. Il y a une réflexion facile qui circule parfois dans le monde des affaires: «Le fric, ce sont les vieux qu’ils l’ont.». Certes, nos baby-boomers déjà retraités ont un bon magot, mais pas tous! Il est vrai que l’on retrouve des gens bien nantis, mais rappelons que 44 % des personnes aînés ont un revenu inférieur à 15 000$ et près de 80% ont un revenu de moins de 25 000$. À l’inverse, seulement 5% de ces personnes avaient un revenu de 50 000$ et plus. Les personnes aînées sont souvent la proie de vautours beaux parleurs à la recherche d’un butin plus facilement accessible.

Une tante de 85 ans, habitant dans un centre d’hébergement, me disait récemment: «C’est pas comme dans ma maison, mais je suis en sécurité ici, je mange bien et le personnel est bien gentil.» Pour les aînés vivant parfois dans des conditions précaires, la sécurité, la considération et la santé semblent primer sur bien des aspirations et petits plaisirs. Dans une époque glorifiant la jeunesse, la perspective du vieillissement rapide bouscule certains paradigmes acquis. J’ose espérer que les conclusions de la vaste consultation québécoise permettront d’accroître la compréhension, l’harmonie et l’entraide entre les générations; de reconnaître l’immense contribution des aînés à leur famille, à la société; de créer des conditions favorables où nos aînés pourront s’épanouir affectivement dans ce monde où tout évolue si rapidement. Une société qui n’a plus de reconnaissance et de soutien pour ses devanciers, prend un sacré coup de vieux!


Vos commentaires :
LeblogueduDG@gmail.com

6 commentaires:

leravisseur a dit...

J'ai beaucoup d'admiration pour nos aînés. Je trouve alarmant la situation de ceux-ci dans plusieurs centre d'accueil. Je suis content que la commission puisse permettre aux intervenants et surtout aux aînés de s'exprimer. Je trouve qu'on les a mis au rancart trop rapidement. Beaucoup d'aînés pourraient transmettre leur savoir aux jeunes générations.

Folly a dit...

Je vais faire un lien sur mon blogue vers votre texte. Je parle aujourd'hui des mythes et réalités concernant nos aînés.

Merci pour ce texte.

Auditeur RVM a dit...

Je visite souvent des centres d’accueil. Quelle solitude!
Je trouve cela triste que des enfants devenus adultes abandonnent leurs parents.
Il y a des personnes qui ne voient jamais leurs enfants au centre. C’est vraiment se débarrasser des parents! Je trouve cela alarmant! (D. N.)

Auditeur RVM a dit...

J’ai été témoin de violence auprès d’aînés dans une résidence de mon quartier. Je crois que le gouvernement devrait instaurer des inspecteurs et un service téléphonique d’aide aux aînés. Beaucoup de personnes âgées ne disent rien pour ne pas être expulsées. Elles n’ont plus de maison où se loger. (A. W.)

Auditeur RVM a dit...

Il est temps que le Québec fasse des enfants. On ne peut construire un Québec fort avec seulement des personnes aînées. Il faut de la relève. Je pense qu’il faudrait donner un montant d’argent pour chaque naissance. Je suis convaincue que cela aiderait à une reprise de la natalité. (L.C.)

Unknown a dit...

Si la société qui met ses vieux à l'écart prend un coup de vieux, il faut réagir en mettant en évidence le témoignage des aînés. C'est un don extraordinaire qu'un tel témoignage.C'est un cadeau extra que donne l'aîné à celui qui prend le temps d'écouter.
La société grandit si elle sait ne pas perdre toutes les expériences des "vieux".
Donnons aux aînés la chance d'être écouté et d'être entendu.