( 51 ) Sur les routes du monde

22 octobre 2007 - Il y a dans la vie des gens qui nous marquent, de ces figures qui apparaissent aisément lorsque nous faisons une incursion dans notre jeunesse, dans notre enfance. Je me rappelle ce vieux missionnaire à la longue barbe grisonnante venu dans notre classe de 6e année pour parler de son ministère dans des coins reculés d’Afrique. Trapu, chaussant des sandales et portant des lunettes sur le bout du nez, il était vêtu d’une soutane blanche serrée à la taille par un gros chapelet noir. J’oublie son nom, mais c’était un père blanc d’Afrique. J’avais été impressionné par ce qu’il nous racontait avec tant d’anecdotes savoureuses à la Crocodile Dundee.

Dans mon cœur d’enfant de 12 ans, j’étais ébloui et captivé par ce conteur formidable, mais aussi par ce désir qui l’habitait, venir en aide aux enfants les plus démunis. Comme tous les jeunes de mon âge, je me suis mis à rêver, à vouloir fouler cette jungle lointaine. Imaginez, ce vieux missionnaire trapu se promenait dans une petite roulotte que l’on pouvait visiter à la file indienne sous l’œil bien avisé de notre institutrice; de quoi enrichir à nouveau notre imaginaire déjà émoussé par ce formidable conteur. Dans cette roulotte, nous y entrions, comme dans une caverne, à la recherche d’un trésor; des statuettes, des sculptures, des peaux de serpent, des tam-tams et de nombreux artefacts écarquillaient nos yeux d’enfants, sans doute trop petits pour tout voir. C’était magique! Nous étions en 1965; je m’en souviens comme si c’était hier. Et puis, il y a eu la révolution tranquille!


Quarante-deux ans plus tard, on peut se demander que sont devenus tous ces héros de notre jeunesse, ceux qui, au nom de leur foi, ont traversé les océans pour porter le message de l’Évangile et aider les populations en manque de tout. Le Québec catholique a envoyé de par le monde des milliers de religieux et de religieuses missionnaires qui, au nom de l’amour de Dieu, ont donné leur vie dans ces pays d’adoption. Hier, l’Église catholique soulignait la Journée missionnaire mondiale. Cette fête, instituée en 1926, a vu le jour après un décret du pape Pie XI; l’Église universelle consacre, depuis lors, tout le mois d’octobre à la mission. Les catholiques sont conviés à prier pour les missionnaires et à aider financièrement leur travail à travers la planète. Mais combien sont-ils?


Encore aujourd’hui, on peut compter 2600 missionnaires canadiens à l’étranger, la plupart Québécois, dont la moitié sont des religieuses. L'Afrique accueille le plus grand nombre de missionnaires canadiens, soit près de 700. Nous en retrouvons aussi 600 en Amérique latine et 350 en Asie. Devant la baisse dramatique des vocations religieuses et le vieillissement des effectifs, de nombreux laïcs suivent les traces de ces pionniers. Les communautés religieuses apportent à ces jeunes adultes et à ces couples missionnaires une formation pertinente, une solide expertise et parfois des infrastructures d’accueil. La mission se poursuit autrement!


Le regretté René Lévesque m’a dit un jour que les missionnaires avaient été les plus grands ambassadeurs que le pays aient connus. L’image d’un pays pacifique, accueillant, ouvert à l’humanitaire que symbolise le Canada découle en grande partie de la présence et de l’extraordinaire travail de ces religieux. Depuis la fin du 19e siècle, de nombreux missionnaires canadiens parcoururent le monde. On pouvait aussi bien retrouver une soeur infirmière dans un petit village de Bolivie, un père curé dans une paroisse reculée du Vietnam qu’un frère éducateur à la direction d’une grande école de Dakar, au Sénégal. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que le Canada, en tant que pays riche, a mis en place des programmes d’aide pour les pays pauvres et sinistrés. Déjà, par le biais de ses missionnaires, le Canada avait une solide réputation internationale.


Dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale et particulièrement depuis 1960, de nombreuses organisations d’entraide s’intéressèrent au développement international et commencèrent à envoyer des coopérants à l’étranger. La population québécoise et canadienne s’engagea activement dans le développement outremer grâce au soutien financier d’organismes privés et des gouvernements. Le Canada fut l’un des premiers pays occidentaux à verser une aide financière directe à ces organismes de développement bénévoles sous forme de subventions correspondant aux dons privés.


Les Québécois et les Canadiens savent faire preuve de compassion pour les victimes de tragédie. Les différentes campagnes d’aide internationale l’illustrent éloquemment au fil des années. Depuis la fin du 19e siècle, des hommes et des femmes de chez nous ont tracé la route de la compassion, de la solidarité internationale. Ces missionnaires ont recueilli de l’argent pour construire des dispensaires, nourri des enfants affamés, éduqué des générations de jeunes, sauvé de nombreuses familles de la détresse, formé avec compétence du personnel infirmier et cela au prix de leur vie, de leur santé et parfois de leur sang.


Nous ne pourrons jamais comptabiliser leur générosité et leur apport incontestable dans les pays en voie de développement. C’est au nom de leur foi, de ce feu intérieur que les missionnaires ont voulu changer le sort des plus démunis de la planète. Encore aujourd’hui, ils sont toujours des passionnés de la mission! Au fait, je n’ai jamais revu mon vieux missionnaire trapu, mais j’ai quand même réalisé mon rêve d’enfant en foulant à maintes reprises le sol africain. Merci à vous, semeurs de rêves, d’espoir!

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2 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

Ma sœur est missionnaire en Afrique et nous sommes très fiers de ce qu’elle réalise au loin. Votre texte rend hommage à tous ces hommes et à toutes ces femmes de foi. J’ai eu la chance de la visiter au Malawi il y a de cela plusieurs années. Quel travail fantastique ! Bravo à tous nos missionnaires. (D.R.)

Auditeur RVM a dit...

J’ai vécu cinq ans au Bénin et je vous remercie de votre beau texte. Vous présentez sous un nouveau jour la mission ; c’est loin du discours traditionnel et fort intéressant ! (L.T.)