( 74 ) D'innocentes victimes

22 novembre 2007 - Les enfants, c’est l’avenir dit-on. Pourtant, des milliers d’enfants de par le monde pleurent, souffrent et meurent. Il y a deux jours, soit le 20 novembre, c’était la Journée internationale des droits de l’enfant. Occasion unique pour réfléchir à la situation des enfants d’ici et d’ailleurs; pourtant, très peu de mention de cet événement dans les médias du Québec. Il me semble que le sort des enfants du monde nous concerne tous. Cette journée marquait l’adoption par les Nations Unies en 1991 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Tous les pays signataires de cette convention se sont engagés à veiller à ce que tous les enfants soient traités avec dignité et respect, en ce qui a trait à leurs droits fondamentaux. Qu’en est-il réellement de la situation des enfants?

Des centaines de millions d’enfants sont exploitées et victimes de discriminations dans le monde. Certains d’entre eux sont vendus ou forcés d’effectuer des travaux inacceptables. Plusieurs États ferment les yeux sur des situations alarmantes et scandaleuses. La moitié des victimes civiles des conflits armés sont des enfants. L’Unicef estime à vingt millions les enfants contraints de fuir leur demeure en raison des conflits et des violations des droits fondamentaux. Ce n’est pas rien! Mes amis, au cours de la dernière décennie, les conflits armés ont tué plus de 2 millions d’enfants. Entendez-vous, 2 millions d’enfants! De plus, 6 millions ont été frappés d’une invalidité permanente ou grièvement blessés. Plus d’un million d’enfants ont été rendus orphelins. Entre 8 000 et 10 000 enfants sont tués ou mutilés par des mines terrestres chaque année. Des chiffres qui nous chamboulent! Et pourtant, la terre continue de tourner laissant à leur sort des victimes innocentes.

Si rien ne bouge, des millions d’enfants seront oubliés à jamais, marqués pour la vie par des sévices ignobles. Les enfants sont les êtres les plus vulnérables du monde; ils ont droit à une enfance protégée et en bonne santé. En l’espace de 25 ans, le SIDA est devenu la maladie la plus dévastatrice dans l’histoire de l’humanité. Les enfants tombent comme des mouches! L’Afrique subsaharienne est la plus touchée et le SIDA est la première cause de mortalité infantile. Chaque jour, 14 000 personnes en sont infectées. La communauté internationale doit aller bien au-delà des beaux discours et des grands colloques. Nous savons tous que les seuls montants investis dans la guerre en Irak pourraient nourrir et soigner tous les enfants du monde. Quel désastre humain!

Je vous raconte une histoire vraie, celle d’un enfant noir. Lors d’un séjour de coopération en pleine brousse africaine, une jeune maman était venue me voir avec son bébé malade qui pleurait tout le temps. Elle voulait des médicaments pour soulager la souffrance persistante de son enfant. Démuni, je n’avais aucune médication; ne pouvant rien faire l’enfant mourut quelques minutes plus tard dans mes bras. Il n’avait pas encore de nom. C’était en 1987. Cet événement me marqua profondément pendant des années. Vous ne pouvez pas imaginer ce que l’on éprouve devant une telle mort. Je restai impuissant devant la vulnérabilité de ce petit être, devant cette mort inutile. À chaque Noël, au pied de la crèche, je pense à ce petit enfant malien mort dans mes bras, sans même avoir eu le temps d’avoir un nom. Son petit visage me rappelle encore combien la vie est fragile. Il me rappelle aussi, combien, malgré les failles de mon enfance, j’ai été privilégié. Il faut parfois vivre de ces événements saisissants pour nous transformer de l’intérieur.

En ce moment, selon l’Unicef, des centaines de milliers d’enfants participent à des conflits armés en tant que soldats, messagers, porteurs, cuisiniers et esclaves sexuels pour le compte de factions armées. Malgré les lois qui interdisent les mariages d’enfants, plus de 80 millions de filles dans les pays en voie de développement sont mariées avant l’âge de 18 ans, pour beaucoup bien avant. À l’abri des regards, des enfants vivent des cauchemars. Nous savons bien que les enfants sont les personnes les moins bien comprises, les plus vulnérables de la terre. Les pays exploiteurs d’enfants sont malheureusement gouvernés par des grandes personnes qui ont oublié qu’elles furent aussi des enfants.

Oui, nous avons tous été des enfants et à certains égards nous le sommes demeurés dans quelque recoin de notre être. C’est à chacun de nous de poser des gestes porteurs d’espérance. La chanson de Yves Duteil me revient en tête : «Pour les enfants du monde entier qui n’ont de voix pour pleurer, je voudrais faire une prière à tous les maîtres de la terre. Dans vos sommeils de somnifères où vous dormez les yeux ouverts laissez souffler pour un instant la magie de vos cœurs d’enfants.» Devant ce triste survol de la situation des enfants dans le monde, impuissant, il ne me reste souvent que les mots d’une humble prière et le souvenir d’un enfant africain mort dans mes bras!

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3 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

Jene comprends pas pourquoi la communauté internationale ne s’investit pas davantage dans la cause des enfants. Je trouve cela un vrai scandale. Je parraine un enfant avec Vision Mondiale. J’ai toutefois entendu des rumeurs douteuses sur cet organisme. Si vous pouvez m’éclairer. Je ne voudrais pas que l’argent envoyé à l’enfant que je parraine soit détourné. (B.L.)

Auditeur RVM a dit...

J’ai bien aimé ce texte et j’ai été touchée par votre expérience en Afrique. Merci pour ce magnifique témoignage. C’est vrai que la vie est si fragile. Nous n’en prenons pas conscience. Merci pour vos textes remplis de profondeur. (R.R.)

Auditeur RVM a dit...

Les chefs d’État ne prennent leurs responsabilités. Même au Canada, on ne suit pas la cause des enfants. (T.A.)