27 novembre 2007 - Le péril jaune, cela vaut dit quelque chose? Non, non, ce n’est pas la Chine qui s’émancipe, ni la propagation d’une épidémie de fièvre jaune! Le péril jaune, ce sont ces milliers d’autobus qui sillonnent les villes et villages du Québec pour transporter notre futur collectif, nos enfants! Mais voilà qu’il faut mettre de l’ordre là-dedans aussi! Nos chers écoliers, semble-t-il, en font voir de toutes les couleurs aux chauffeurs de ces mastodontes. Que se passe-t-il dans ces fameux autobus?
Nos chauffeurs sont au coton! La marmaille estudiantine a un plaisir fou à se payer la tête de nos braves et patients chauffeurs d’autobus. Trimbaler des jeunes pleins d’énergie pendant plus d’une heure, et parfois davantage, dans un autobus sans trop de confort, ni surveillance, donne lieu à des comportements animaliers hors du commun. Des jeunes se tiraillent, crient, crachent, sacrent, insultent le chauffeur, dessinent des graffitis, saccagent les bancs. Les chauffeurs ont leur voyage! La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, s’apprête à mettre en place une politique nationale de discipline dans ces fameux bus scolaires. On prévoit même des sanctions pour les écoliers récalcitrants. Certaines commissions scolaires possèdent déjà un code de conduite à bord des autobus, mais comment des chauffeurs peuvent-ils conduire en toute sécurité et surveiller seul cette meute de fauves?
Au cours d’une journée scolaire, c’est tout un cortège routier qui se met en branle au Québec pour transporter nos enfants pas si tranquilles que cela. Plus de 60% des écoliers de la province utilisent le transport scolaire. En 2006, matin et soir, 600 000 élèves ont monté à bord de la caravane des 8 000 autobus et minibus jaunes et des 2 000 berlines qui sillonnent le Québec beau temps, mauvais temps. C’est près d’un million de kilomètres parcourus à chaque jour. C’est de la route mes amis! Selon les données du Ministère, le coût moyen pour le transport d’un élève, matin et soir, revenait à 818$ en 2006.
Pas facile le transport scolaire dans ce monde en ébullition. Il faut suivre les tendances. Les récents développements en milieu urbain et plus récemment les transformations des résidences secondaires et résidences permanentes obligent à effectuer plus de distances. Les écoles de rang, c’est perdu dans un lointain passé! Pour permettre à un enfant de se rendre à l’école, les chauffeurs d’autobus doivent se rendre dans des endroits très reculés et souvent pas très faciles d’accès. Avec les bouleversements que connaissent les couples québécois, la garde partagée est à l’honneur. Les enfants ne se promènent pas seulement en autobus jaunes; mais aussi de foyer en foyer aux deux semaines. Il faut que le transport scolaire se mette aussi au rythme des familles de chez nous et cela oblige des conducteurs à être très vigilants au niveau des présences et des absences. Dans la vie trépidante d’aujourd’hui, pas facile d’être chauffeur d’autobus scolaire!
Le transport scolaire constitue un secteur très exposé aux risques d’accidents routiers. Même si aucun décès n’est survenu dans un autobus scolaire, on a tout de même dénombré 61 jeunes, dont l’âge variait de 5 à 17 ans, qui ont été victimes en traversant la rue, en montant ou descendant de l’autobus scolaire entre 1994 à 2004. De ce nombre, cinq personnes sont décédées. Des mesures supplémentaires de sécurité ont été ajoutées à l’ensemble du réseau. L’autobus scolaire demeure toutefois un mode de transport des plus sécuritaires. L’âge moyen des autobus est d’environ 5,6 ans; 21,5% des autobus scolaires ont un an et moins; 10,5% ont 11 ans et plus de service.
Pour les 69 commissions scolaires du Québec, la priorité du transport scolaire doit demeurer d’abord l’éducation. Desservir les élèves transportés en respectant les priorités pédagogiques et éducatives, c’est essentiel. Toutefois, la sécurité est aussi une question de discipline et de savoir-vivre. Ce ne sont pas les jeunes qui doivent être maîtres à bord des autobus. Les chauffeurs n’ont pas tous une formation en pédagogie et ne sont pas tous des préfets de discipline. C’est fini le temps où les jeunes marchaient les fesses serrées. L’enfant roi étend son règne un peu partout. Les autobus ne sont pas une cour d’école, encore moins une salle de défoulement collectif. Il y a des attitudes et des gestes grossiers qui étonnent de la part des jeunes d’aujourd’hui et qui sont socialement inacceptables.
Il faut saluer la mise sur pied d’un code de vie national à bord des autobus, mais cela ne remplacera pas le civisme, le savoir-vivre et l’éducation que les parents doivent donner à leur enfant. Il ne faut pas demander aux chauffeurs d’autobus d’éduquer les enfants tout de même! À voir ce qui se passe dans nos autobus jaunes, il y a de quoi rire jaune! Avec l’intervention de la Ministre, le feu jaune passera sans doute au rouge, pour la sécurité de nos enfants et le respect des chauffeurs d’autobus. S’il est bon d’avoir des autobus scolaires mécaniquement en ordre, il va falloir maintenant mettre de l’ordre dans les autobus n’en déplaise à nos jeunes fauves.
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( 77 ) De l'ordre dans les autobus
Par Jean-Guy Roy
4 commentaires:
Mes enfants prennent l’autobus scolaire tous les jours. Ils me racontent des choses étranges. Je songe à ne plus les envoyer par le système scolaire. Il va falloir embaucher des policiers pour surveiller cette meute de jeunes écervelés. (T.N.)
Merci pour ce texte. Je ne connaissais pas cette réalité. Il était temps que le Gouvernement mette le pied à terre. On me dit aussi que la violence sur les cours d’école ne cesse d’augmenter. Qu’est-ce qui se passe dans notre Québec? (N.S.)
Je pourrais vous en raconter des choses. J’ai conduit un autobus scolaire pendant huit mois. Huit mois de trop! J’abonde entièrement avec le texte de votre article. Le mot « fauves » n’était pas trop fort. Il était temps que le Gouvernement fasse quelque chose. C’est intenable. Merci pour votre blogue. Très intéressant même si je trouve parfois les articles un peu long. Il y a toutefois du contenu et nos seulement le feeling. (S.N.)
Je suis complètement d’accord avec la Ministre en ce qui a trait à un règlement pour plus de discipline dans les autobus. Je suis estomaquée par les propos des jeunes. Où sont les parents ? (L.F.)
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