( 87 ) La religion à l'école?

11 décembre 2007 - La religion et l’école, deux mots explosifs au Québec. L’année 2008 marquera la fin des cours d’enseignement religieux confessionnel dans toutes les écoles publiques du Québec. Fini, c’est fini! Enfin se disent les uns, désastre se disent les autres. Mais voilà que Mgr Marc Ouellet, archevêque de Québec et Primat de l’Église canadienne, lançait récemment toute une polémique autour de cette question, réclamant même le maintien du dit enseignement dans les écoles du Québec. Propos qui ont donné lieu à tout un cirque médiatique où les tenants de la laïcité, les blessés du catholicisme ont radicalisé haut et fort leur position et tenu en dérision la lettre très controversée de son Éminence. Ils n’avaient pas complètement tort, mais de là à en faire tout un cirque relève de la pure démagogie.

Mais voilà qu’un récent sondage CROP, publié le 2 décembre dernier, donne un peu plus de tonus au Cardinal Ouellet, quelque peu vilipendé par la récente controverse. Près de 60% des parents seraient d’accord pour qu’ils aient le choix entre l’enseignement religieux confessionnel et le cours d’éthique et de culture religieuse que le gouvernement s’apprête à inclure dans le cursus scolaire des élèves. Les Québécois restent profondément divisés sur la question de la religion à l’école. Actuellement, plus de 80% des parents du Québec choisissent l’enseignement religieux à l’école pour leur enfant. C’est quand même beaucoup et révélateur de l’importance que revêt les valeurs du catholicisme pour la majorité des Québécois. Nous sommes tous passés par cet enseignement religieux; nous savons pertinemment les valeurs qu’il véhicule, valeurs qui ont donné sens à nos vies, voire changer le parcours de celles-ci. Mais le gouvernement Charest ne reculera pas, affirme la Ministre de l’Éducation Michelle Courchesne: «Ça fait partie d’une évolution de société qui est en train de se vivre au Québec, comme ailleurs», dit-elle. Plusieurs tenants de la religion se disent: «Quelle évolution?» Entre vous et moi, est-on plus évolué parce qu’il n’y a pas d’enseignement religieux à l’école?

Les diverses modifications de la loi sur l’enseignement public au cours des deux dernières décennies sont claires: l’école publique est laïque. Qui dit laïcité dans le monde de la post-modernité, dit pas de religion. Ce n’est pas compliqué! Que se passera-t-il pour les parents qui désirent un enseignement religieux? Ils n’auront qu’à l’assumer eux-mêmes où se tourner vers leur paroisse. «Comment? Allez voir mon vieux curé? Il n’en est pas question, voyons! Nous ne mettons jamais les pieds à l’église.», voilà des réactions faciles à entendre autour de nous. Les évêques du Québec ont affirmé à maintes reprises leur position par rapport à ce changement majeur dans le système scolaire québécois. Ils ont toujours redit l’importance de la responsabilité des parents dans l’éducation de la foi des enfants. Il ne revient pas à l’État d’éduquer à la foi catholique. Ceci est bien beau, mais qui va assumer cet enseignement? Nos églises se vident, les catéchètes qui s’y dévouent prennent de l’âge, les parents trouvent la démarche catéchétique trop exigeante. Et qui plus, les diocèses catholiques croulent sous des problèmes financiers majeurs; les paroisses n’ont pas les sommes d’argent nécessaires pour assurer le salaire des futurs catéchètes. Les parents sont d’accord pour l’enseignement religieux, le seront-ils encore quand ils auront à débourser pour le dit enseignement?

S’il est vrai qu’il n’y aura plus d’enseignement religieux confessionnel dans l’école publique, il y aura toutefois un cours d’Éthique et de culture religieuse. Ce cours n’est pas celui de l’Église, mais de l’État. Il est bien évident qu’il ne fera pas la promotion du Credo et des sacrements de la foi catholique. Le cours a toutefois été rédigé dans le but de répondre aux besoins des parents de transmettre une partie de leur héritage catholique et des valeurs qu’il sous-tend. Les concepteurs du cours d’Éthique et de culture religieuse ont laissé une place prépondérante au christianisme pour des raisons culturelles plus qu’évidentes. Il est tout à fait normal que les enfants puissent découvrir et comprendre l’univers social et culturel dans lequel ils vivent. La religion fait partie intégrante de notre héritage collectif. Plusieurs parents se sentent rassurés par les éléments apportés par ce cours, d’autres insatisfaits. Il faut bien comprendre, ce n’est pas un cours de catéchèse.

Aussi beau qu’il soit ce programme, notre religion, notre foi commune n’est pas seulement qu’un héritage; elle est encore et toujours bien vivante dans le cœur de centaines de milliers de Québécois. Le rassemblement dominical n’est qu’un indice de la pratique chrétienne des Québécois. L’engagement chrétien et les valeurs qu’il exprime ont plusieurs visages. Il reste que, néanmoins, l’on retrouve encore le dimanche plus de gens dans nos églises du Québec que dans toutes les salles de spectacle, de cinéma, de théâtre ou dans des matchs sportifs réunis. La foi n’est pas morte chez nous, quoi qu’en pensent certains décideurs politiques et tenants de la laïcité. Il reviendra cependant aux parents et aux paroisses d’éduquer les enfants aux fondements et aux valeurs de notre foi commune. L’enseignement religieux catholique ne sera plus formellement donné à l’école, soit! Toutefois, les jeunes et les parents catholiques y auront toujours droit de cité et de parole! La foi n’a pas de frontière!


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13 commentaires:

Folly a dit...

Très beau texte réflexif et je pointe vers votre texte sur mon blogue!

Suzanne a dit...

Le problème va plus loin que le manque de cathéchèse à l'Église.

Dans mon expérience, les élites de l'Église exigent rien des parents. Ou très peu. L'Église n'exige pas que les parents viennent à la messe. Elle n'exige pas des connaissances de la part des parents. Elle n'exige pas que le mode de vie des parents reflètent l'enseignement de l'Église-- donc, pas de concubinage, pas de remariage après le divorce. L'Église n'exige pas que les enfants connaissent BIEN la foi--selon leur âge bien sûr. Mais est-ce trop demander à un enfant en âge scolaire de connaître les 10 commandements, le Notre-Père, le credo (et bien sûr leur significaiton)?

L'Église se fiait trop sur des enseignants qui connaissaient pas la foi et y croyaient moins. C'est sûr que ça serait mieux si la religion était enseignée à l'école, mais compte tenu de la piêtre qualité de l'enseignement religieux que ma génération a reçu (années 80) c'est aussi ben comme ça. Mettons le contenu de cet enseignement laissait beaucoup à désirer. C'est tellement vrai qu'aujourd'hui, c'est extrêmement rare de trouver des catholiques orthodoxes-- même mi-orthodoxes-- du monde qui connaissent ce que c'est le Magistère, le dépôt de la foi, et ainsi de suite.

On a beau blâmer la société pour le déclin de la foi, l'Église ne s'est pas aidée. En voulant se distancier de la manière disons "duplessiste" de mèner l'Église, on a lancé tout à bord. Le catholicisme n'a plus de normes pour les gens-- c'est l'interprétation personnelle qui compte, laisse faire le Magistère, les Pères de l'Église, les grands saints et écrivains, c'est "l'esprit de Vatican" qui prédomine, le progréssisme, la "justice sociale" (pour les causes populaires-- pour les enfants à naître, laisse faire) et ainsi de suite.

Si on exige rien, si on n'enseigne pas le contenu de la foi, si on a parle de parler franchement comme des catholiques, que le reste de la société en est d'accord ou pas-- bien voilà le résultat-- les églises se vident, on se désinteressent du catholicisme, la religion devient une affaire folklorique. L'enseignement à l'école ne va rien résoudre.

Quand-est-ce que les dirigeants de l'Église vont se réveiller? Il semble avoir des lueurs d'espoir dans les jugements et les comportements du Cardinal Ouellet, mais même-là je trouve son approche timide par rapport à l'énormité de l'effort requis. J'espère que les catholiques qui sont véritablement dévoués à l'Église vont s'instruire par internet. C'est notre seul espoir en ce moment. Plus besoin de se fier sur des enseignants ignorants pour savoir la vérité sur la foi catholique.

Auditeur RVM a dit...

Je suis favorable à garder l’enseignement religieux dans les écoles surtout au primaire. 60% des gens le réclament, 80% des parents inscrivent leur enfant à l’enseignement. Je paie mes impôts comme tout le monde! Je ne veux pas financer une école d’athées. Si les parents désirent un enseignement religieux, pourquoi ne pas l’offrir? Qu’est-ce que le cours d’Éthique et de culture religieuse va apporter de plus aux enfants de Chicoutimi, de Drummondville et de Lévis? Nous sommes au Québec! (R.B.)

Auditeur RVM a dit...

Je ne comprends pas le gouvernement. Je tiens à l’enseignement religieux au primaire. Comment les enfants vont-ils distinguer la religion catholique parmi les autres. Tout va être sur le même pied. Est-ce que l’on écoute les parents dans ce gouvernement? Mario Dumont vient de réveiller mais je doute de son véritable appui. Il veut se faire du capital politique. (H. N.)

Auditeur RVM a dit...

Bravo! Je trouve votre texte intéressant. Vous soulignez avec vérité la responsabilité des parents. J’aime bien vous lire de temps en temps. Des réflexions posées, songées et toujours à propos. (D.M.)

Auditeur RVM a dit...

L’enseignement religieux m’a aidé dans ma vie. Cela a été pour moi une référence importante. Pourquoi vouloir priver nos enfants de tout cela au nom de la laïcité? Félicitations pour vos articles. (L. L.)

Auditeur RVM a dit...

Je suis contre l’enseignement religieux à l’école. C’est l’affaire des parents. Il est temps que l’on mette les curés en dehors de l’école. Assez! Si les parents veulent donner un enseignement religieux, qu’ils le fassent à la maison. (R.C.)

Suzanne a dit...

On peut toujours créer des écoles catholiques privées qui seraient beaucoup plus libres de l'intervention de l'État. C'est ce qu'ils font aux États-Unis.

Unknown a dit...

Vous dites: "Entre vous et moi, est-on plus évolué parce qu’il n’y a pas d’enseignement religieux à l’école?"
Et je réponds sans hésiter: oui... quoi dire de plus...
Le jour où on cessera d'endoctriner des pauvres enfants sans grand mécanisme de défense intellectuelle, la religion mourra d'elle-même et vous le savez, c'est pourquoi vous vous battez becs et ongles pour qu'on continue de s'en prendre aux enfants et de leur inculquer des stupidités en leur faisant accroire que c'est la vérité. Laissez les pauvres enfants tranquilles, par pitié. On enferme des gens en prison parce que des personnes violent leur intégrité physique et vous violez depuis des millénaires leur intégrité mentale...

Unknown a dit...

Vous dites: "Entre vous et moi, est-on plus évolué parce qu’il n’y a pas d’enseignement religieux à l’école?"
Et je réponds sans hésiter: oui... quoi dire de plus...
Le jour où on cessera d'endoctriner des pauvres enfants sans grand mécanisme de défense intellectuelle, la religion mourra d'elle-même et vous le savez, c'est pourquoi vous vous battez becs et ongles pour qu'on continue de s'en prendre aux enfants et de leur inculquer des stupidités en leur faisant accroire que c'est la vérité. Laissez les pauvres enfants tranquilles, par pitié. On enferme des gens en prison parce que des personnes violent leur intégrité physique et vous violez depuis des millénaires leur intégrité mentale...

Suzanne a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Suzanne a dit...

On va leur enseigner ce que ça nous plaît.

Mêle-toi de tes affaires.

Les athées go-gôchistes ont démontré leur capacité d'endoctriner leurs con-citoyens dans les camps de "ré-éducation".

La liberté de religion c'est un droit. Si t'es pas content, déménage au Cuba où les catholiques se font persécutés pour leur foi, pis laisse les gens libre de transmettre leur foi.

Folly a dit...

Le commentaire de scadieux démontre bien toute la haine et la méconnaissance de la foi et de sa transmission. Depuis quelques semaines, la cathophobie est à son comble dans les médias et blogues, mais comme toute phobie, cela se soigne, et ce, bien avant la disparition de la religion.

Transmettre le message du Christ basé sur l'amour, la tolérance et la reconnaissance de notre lien d'enfant de Dieu vs l'enseignement que Dieu est mort, qu'il est une béquille pour les pauvres gens, etc. Qu'est-ce qui est mieux?