8 février 2008 - La réforme scolaire est sur toutes les lèvres. Tout le monde en parle, mais dans la population en général, personne ne sait de quoi il en retourne réellement. On a même marché dans les rues en fin de semaine dernière pour dire: «Assez, c’est assez!» J’ai l’impression que Madame la Ministre Michelle Courchesne est pas mal occupée par les temps qui courent et que les simples modifications cosmétiques proposées à une réforme qui a du plomb dans l’aile tournent dans le vide. Elle sera sans doute obligée de refaire ses devoirs pour obtenir la note de passage. Les résultats obtenus, suite aux modifications du régime pédagogique, ne sont pas concluants. Plus d’un ont décrié cette réforme dès la mise en application de ses principes directeurs axés sur la formation des compétences au détriment de la transmission du savoir. La Suisse a voulu implanter un système similaire qui s’est avéré un fiasco. Mais le Québec fait toujours les choses autrement semble-t-il!
L’implantation de la réforme scolaire a commencé au niveau primaire en 2000 et elle vient tout juste de s’amorcer au secondaire. Cette réforme, c’est l’avènement d’un nouveau langage pédagogique, de nouvelles mesures qui nous ont donné les compétences transversales, le non-redoublement des élèves et la conception d’un nouveau bulletin qui a fait manchette l’automne dernier. La réforme, c’est tout cela et encore plus! Des ratés, il y en a eu et les résultats ne sont pas au rendez-vous après sept ans. On a voulu faire de nos écoles des centres de formation plutôt que des lieux d’instruction. On n’instruit plus avec la réforme, on forme! Entre vous et moi, l’école n’est pas une entreprise, c’est un milieu de vie et d’apprentissage. On peut se demander à quoi sert cette réforme? Depuis la création du Ministère de l’Éducation, nous n’en sommes pas à une réforme près. Il est très rare que l’enfant soit le bénéficiaire de tous ces bouleversements, il en est trop souvent et malheureusement le cobaye.
L’école ne laisse personne indifférent. De nombreux observateurs de la scène scolaire déplorent la piètre performance de nos élèves, la faiblesse de l’encadrement, le manque de motivation des professionnels de l’enseignement et le taux alarmant de décrochage scolaire. Vous comprenez sans doute pourquoi le système privé a le vent dans les voiles. Depuis longtemps, ces institutions ont compris qu’une école n’est pas une simple grande garderie. Il est clair que l’école publique n’a pas tous les vices et que si le Ministère, les syndicats et les commissions scolaires laissaient les enseignants faire leur boulot, le portrait ne serait pas le même. Tout le monde veut mener l’école! L’école publique ne peut pas tout faire; laissons les professeurs instruire et les directeurs mener leurs établissements. Un peu de lest, messieurs les technocrates de l’éducation! Une école, c’est aussi un milieu de vie; il faut laisser aux gens du milieu le soin de mettre le régime pédagogique à la couleur de leur environnement. La population étudiante de la polyvalente de Matapédia n’a rien de semblable à celle de St-Henri, dans le sud-ouest de Montréal. Il ne faut pas s’illusionner, l’école est le reflet de notre société, de la vie familiale assez malmenée au cours des ans.
Les chefs des partis d’opposition n’ont pas tardé à réagir à tout ce cirque médiatique; certaines voix se sont levées pour stopper ce train de la réforme voué au déraillement. Même l’ancien premier ministre Bernard Landry est sorti de son mutisme pour y mettre son grain de sable dans l’engrenage. Évidemment, il fallait s’attendre à ce que notre «Super Mario» fasse une sortie aux allures populistes. Il a fait carton! Le souhait de Monsieur Dumont de voir la discipline et l’autorité revenir dans les écoles du Québec en a fait réagir plus d’un. Les réactions des commissions scolaires et des syndicats n’ont pas tardé à venir, qualifiant les propos de monsieur Dumont de simplistes et notant que celui-ci s’est arrêté malheureusement à la situation des écoles des années 70.
Ce cher Mario Dumont a souhaité le retour du vouvoiement à l’école en invoquant que cela amènerait plus de discipline et d’autorité. Décidément, il faut n’avoir jamais mis les pieds dans une classe pour affirmer cela. Pour le vouvoiement, je suis pleinement d’accord sur le principe sauf que, celui-ci n’est pas d’abord synonyme de discipline mais de respect. C’est lorsqu’il y a du respect que les enfants apprennent à regarder l’enseignant, les autres élèves autrement; là, l’éducation véritable est réellement possible. Certains prétendent que l’usage du «tu» peut engendrer plus facilement la familiarité, voire la vulgarité; mais encore là, nous sommes bien loin des enjeux réels de la discipline et de l’autorité. De plus, le «vous» de la langue française est tellement riche, il permet des nuances, des façons tellement belles de dire les choses, de raconter la vie. Il est sans doute vrai que pour les enfants, son usage est plus difficile à manier que le «tu». C’est cela l’apprentissage, l’instruction, l’éducation.
Qu’adviendra-t-il de cette réforme mal partie? Nul ne sait quelle sera la carte maîtresse que jouera la Ministre dans les prochaines semaines. Toutefois, j’espère que nos enfants ne seront pas les boucs émissaires de cette aventure éducative mal étriquée et mal ficelée. Nous espérons cependant que la réforme permettra quand même aux enfants d’apprivoiser l’usage du pronom «vous», faute de l’utiliser couramment auprès du personnel scolaire. «Le meilleur est à venir» dit-on. C’est mon grand souhait pour l’avenir de nos enfants et du Québec de demain.
Commentez cet article: LeblogueduDG@gmail.com
L’implantation de la réforme scolaire a commencé au niveau primaire en 2000 et elle vient tout juste de s’amorcer au secondaire. Cette réforme, c’est l’avènement d’un nouveau langage pédagogique, de nouvelles mesures qui nous ont donné les compétences transversales, le non-redoublement des élèves et la conception d’un nouveau bulletin qui a fait manchette l’automne dernier. La réforme, c’est tout cela et encore plus! Des ratés, il y en a eu et les résultats ne sont pas au rendez-vous après sept ans. On a voulu faire de nos écoles des centres de formation plutôt que des lieux d’instruction. On n’instruit plus avec la réforme, on forme! Entre vous et moi, l’école n’est pas une entreprise, c’est un milieu de vie et d’apprentissage. On peut se demander à quoi sert cette réforme? Depuis la création du Ministère de l’Éducation, nous n’en sommes pas à une réforme près. Il est très rare que l’enfant soit le bénéficiaire de tous ces bouleversements, il en est trop souvent et malheureusement le cobaye.
L’école ne laisse personne indifférent. De nombreux observateurs de la scène scolaire déplorent la piètre performance de nos élèves, la faiblesse de l’encadrement, le manque de motivation des professionnels de l’enseignement et le taux alarmant de décrochage scolaire. Vous comprenez sans doute pourquoi le système privé a le vent dans les voiles. Depuis longtemps, ces institutions ont compris qu’une école n’est pas une simple grande garderie. Il est clair que l’école publique n’a pas tous les vices et que si le Ministère, les syndicats et les commissions scolaires laissaient les enseignants faire leur boulot, le portrait ne serait pas le même. Tout le monde veut mener l’école! L’école publique ne peut pas tout faire; laissons les professeurs instruire et les directeurs mener leurs établissements. Un peu de lest, messieurs les technocrates de l’éducation! Une école, c’est aussi un milieu de vie; il faut laisser aux gens du milieu le soin de mettre le régime pédagogique à la couleur de leur environnement. La population étudiante de la polyvalente de Matapédia n’a rien de semblable à celle de St-Henri, dans le sud-ouest de Montréal. Il ne faut pas s’illusionner, l’école est le reflet de notre société, de la vie familiale assez malmenée au cours des ans.
Les chefs des partis d’opposition n’ont pas tardé à réagir à tout ce cirque médiatique; certaines voix se sont levées pour stopper ce train de la réforme voué au déraillement. Même l’ancien premier ministre Bernard Landry est sorti de son mutisme pour y mettre son grain de sable dans l’engrenage. Évidemment, il fallait s’attendre à ce que notre «Super Mario» fasse une sortie aux allures populistes. Il a fait carton! Le souhait de Monsieur Dumont de voir la discipline et l’autorité revenir dans les écoles du Québec en a fait réagir plus d’un. Les réactions des commissions scolaires et des syndicats n’ont pas tardé à venir, qualifiant les propos de monsieur Dumont de simplistes et notant que celui-ci s’est arrêté malheureusement à la situation des écoles des années 70.
Ce cher Mario Dumont a souhaité le retour du vouvoiement à l’école en invoquant que cela amènerait plus de discipline et d’autorité. Décidément, il faut n’avoir jamais mis les pieds dans une classe pour affirmer cela. Pour le vouvoiement, je suis pleinement d’accord sur le principe sauf que, celui-ci n’est pas d’abord synonyme de discipline mais de respect. C’est lorsqu’il y a du respect que les enfants apprennent à regarder l’enseignant, les autres élèves autrement; là, l’éducation véritable est réellement possible. Certains prétendent que l’usage du «tu» peut engendrer plus facilement la familiarité, voire la vulgarité; mais encore là, nous sommes bien loin des enjeux réels de la discipline et de l’autorité. De plus, le «vous» de la langue française est tellement riche, il permet des nuances, des façons tellement belles de dire les choses, de raconter la vie. Il est sans doute vrai que pour les enfants, son usage est plus difficile à manier que le «tu». C’est cela l’apprentissage, l’instruction, l’éducation.
Qu’adviendra-t-il de cette réforme mal partie? Nul ne sait quelle sera la carte maîtresse que jouera la Ministre dans les prochaines semaines. Toutefois, j’espère que nos enfants ne seront pas les boucs émissaires de cette aventure éducative mal étriquée et mal ficelée. Nous espérons cependant que la réforme permettra quand même aux enfants d’apprivoiser l’usage du pronom «vous», faute de l’utiliser couramment auprès du personnel scolaire. «Le meilleur est à venir» dit-on. C’est mon grand souhait pour l’avenir de nos enfants et du Québec de demain.
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6 commentaires:
Cher monsieur Roy,
Je suis totalement d'accord avec votre analyse. Au cours des quelque vingt dernières années, nous avons assisté à un véritable brassage de concepts pédagogiques conçus par des soi-disants experts trop prétentieux pour admettre les nombreux défauts de leurs innombrables "réformes" au détriment de notre jeunesse. Pourquoi ne pas avoir le courage de constater ce qui se fait de mieux ailleurs dans le monde et adapter notre système en conséquence.
Je suis fier d'avoir été éduqué dans une institution publique gérée par les F. du Sacré-Coeur. À cette époque l'école, comme vous le dites si bien, était un milieu de vie et d'apprentissage et ou l'effort et le dépassement était favorisé par des éducateurs motivés et dédiés au bien-être de leurs élèves. Mes enfants ont fréquenté des écoles du système privé qui avouons-le offre une qualité d'enseignement supérieure et presque comparable au vécu des années 1960-70.
Espérons que les parents pourront contribué plus étroitement au progrès de notre système publique pour qu'enfin nos enfants puissent s'exprimer avec fierté dans l'une des plus grande culture au monde.
Gilles Carbonneau
Ancien de l'école secondaire Meilleur
(Roger Mailloux, s.c.) Cher Ami. Je suis toujours épaté devant vos textes d'une acuité ponctuelle. Vos réflexions sur l'enseignement m'ont particulièrement intéressé. Vos idées épousent les miennes à 100%. Laissons aux bons éducateurs le soin de transmettre leurs savoirs sans avoir à tâtonner dans les méandres des directives ambiguës du Ministère. Que les parents aient leur mot à dire en collaboration avec le Personnel enseignant. À vous lire, je me dis qu'il devrait y avoir plus de Jean-Guy dans le domaine de l'éducation au Québec... j'aimerais être votre assistant!!! (12-02-08)
(Diane Campron) Quel texte formidable ! Je vous félicite pour les réflexions que vous nous apportez. C’est dynamique, vif et plein de gros bon sens. Continuez ! (11-02-08)
(Lucienne Bouffard) Quel bon texte ! Je vous remercie pour la promotion que vous faites de la qualité du français sur vos ondes. Peu de stations maintiennent une langue de qualité. J’ai beaucoup d’admiration pour tout ce que vous faites. La réforme scolaire a vécu bien des dérapages. Tout n’est pas imparfait dans notre système scolaire mais pourquoi faut-il toujours recommencer. Je suis d’accord avec vous en ce qui a trait du « vous ». Bonne continuation !
(Rémi Paquette) Un texte superbe ! Votre blogue est un des meilleurs ! L’Éducation doit être au cœur de nos préoccupations. C’est le plus bel héritage à laisser aux générations qui suivent. Je suis parfaitement d’accord au « vous » à l’école mais pas pour les mêmes motifs que Monsieur Dumont. J’aime la façon dont vous aborder cette réalité. Bonne continuation !
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