( 112 ) Au chat et à la souris

28 février 2008 - Quel suspense, mes amis! Dire que pendant des semaines la menace des élections planait sur nos têtes. Tous les partis étaient sur le sentier de la guerre, prêts à se lancer à corps perdu dans une bataille d’au moins 365 $ millions de dollars pour élire, selon les analystes, un autre gouvernement minoritaire, toujours conservateur par-dessus le marché. Stéphane Dion, dans toute sa grandeur, avait beau brandir les menaces de faire tomber le gouvernement, il n’avait pas les moyens et l’audace de le faire. Il risquait gros, voire de perdre le peu d’appuis qui lui restent dans ce vaste pays. Au cours des dernières semaines, il a prétendu être en mesure de faire échec aux conservateurs sans avoir la puissance réelle de le faire. Le parti est à plat!

Les libéraux occupent actuellement 93 sièges à la Chambre des communes, contre 126 pour les conservateurs, 49 pour le Bloc et 30 pour le NPD. Les libéraux fédéraux sont heureux de la décision de leur chef de ne pas provoquer de bataille électorale sachant bien que c’était l’immolation ultime sur le bûcher. Monsieur Dion a joué, d’une certaine façon, une carte stratégique. Ce n’était pas une grosse stratégie, car il n’avait pas le choix, les libéraux ne sont pas prêts, un point c’est tout! Un de leurs problèmes, parce qu’ils en ont plusieurs, c’est leur chef; il ne passe pas la rampe auprès de l’électorat, mais il tient à rester. Que c’est pathétique, cet entêtement!

Le budget de 5,9 milliards annoncé par le ministre Falherty n’a rien de mirobolant certes. Il n’y a pas de quoi se péter les bretelles! Selon les analystes, c’est un budget assez terne merci, sans grosses nouvelles. On y trouve quand même quelques petits bonbons stratégiques, car il faut bien faire plaisir à l’électorat. Sans être mirobolant, c’est toutefois un bon budget équilibré. Il faut bien donner cela aux conservateurs, on sait où l’on va, du moins sur le plan financier! Dans ce budget le ministre a fait plaisir aux petits épargnants en créant des comptes d’épargne libres d’impôt, autorisant un dépôt allant 5 000$ sans payer d’impôt. C’est une excellente idée et cela peut très bien se combiner avec les REER. Nous le savons bougrement bien, un budget gouvernemental est davantage politique que financier. Il est clair que les mesures mises de l’avant par le ministre des finances surveillent de près l’ombre qui plane sur notre géant du Sud. Tous les indicateurs économiques démontrent avec clarté que l’économie américaine est mal en point et qu’il vaut mieux protéger ses arrières. N’oublions pas que les États-Unis achètent plus de 80% des exportations canadiennes de sorte qu’un emploi sur trois de ce côté-ci de la frontière, dépend du marché américain. C’est un pensez-y bien, mes amis!

Même si le budget n’a rien d’éclatant, il fera encore une place au remboursement de la dette. Il ne faut pas oublier que le Canada a accumulé une dette de 457,1 milliards au fil des ans. Ce n’est pas une petite dette qui pèse sur le dos de tous les contribuables canadiens. Certes, il ne faut handicaper les générations futures des excès de nos précédents gouvernements gourmands et dépensiers. Les réactions n’ont pas tardé suite à la publication de ce fameux budget qui devait faire tomber le gouvernement Harper. Même la ministre des Finances du Québec, Monique Jérôme-Forget, a voulu faire la leçon au ministre Jim Flaherty. Il faut dire que notre ministre québécoise a tous les secrets des finances publiques semble-t-il! Mme Monique Jérôme Forget est très mal placée pour faire des leçons à son homologue fédéral. Dans la Belle province, nous croulons sous une méchante dette qu’elle ferait bien de regarder de près.

Après ce suspense électoral avorté dans les coulisses parlementaires, on peut se demander ce qui se passe dans la tête de son Éminence Stéphane Dion. Il avait joué au chat et à la souris avec le gouvernement Harper, il a bien été obligé de l’appuyer tout en le critiquant assez vertement merci. Ce qui lui a valu la risée de tous les parlementaires. Comment se lancer dans une tirade à fond de train sur un budget que l’on va appuyer après tout? C’est une position peu confortable et peu enviable que tient le Chef de l’opposition Stéphane Dion. N’ayant pas le physique de l’emploi, cela laisse l’électorat avec un goût désagréable.

Le ministre des Finances Jim Flaherty a opté pour la prudence, compte tenu du contexte de l’économie mondiale, dans ce troisième budget du gouvernement Harper. De quoi lui permettre de voguer calmement dans le mandat précaire de son gouvernement, mais marqué d’une certaine efficacité. «On avance», clame Harper, mais les cinq promesses de son élection n’offrent plus un menu législatif consistant à long terme. Il faudra juger à partir de projets qui font preuve d’initiative, de créativité. Ce n’est pas la guerre en Afghanistan qui sauvera le gouvernement Harper! Il faudra que ce parti, s’il veut être réélu, fasse marcher les méninges de sa base. En politique, il faut des idées pour gouverner!

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6 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

(Marie Martin) Quelle mascarade ! Monsieur Dion ne cherche que de la visibilité. Il n’est pas crédible. Le gouvernement Harper est assez habile. Somme toute, le budget tient la route mais comme vous le dites si bien, ce n’est pas la guerre en Afghanistan qui va le sauver. (29-02-08)

Auditeur RVM a dit...

(René Lambert) Je lis très souvent votre blogue. Vous avez l’art de nous présenter l’actualité avec intelligence et discernement. Dommage que vous avez diminué la fréquence des articles. J’y apprends toujours des choses. Je suis bien d’accord avec vous sur le budget et la valse des menaces d’élections potentielles. Nous avons l’impression d’assister à du théâtre mal joué. (4-03-2008)

Auditeur RVM a dit...
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Auditeur RVM a dit...

(Yvan Lavoie) Je me réjouis de cet axe de votre réflexion collée à la vie et à l'actualité. C'est ainsi que je voyais la vocation de Radio-Ville-Marie. Elle demande une exégèse courageuse de l'actualité contre une lassante et triomphaliste exégèse du passé ou de spiritualités ''gnagnans'' déconnectées, rêveuses à la recherche de l'extraordinaire ou moraliste voire légaliste à souhait. Je m'associe à votre projet Vatican II d'un monde meilleur en ajoutant votre récente réflexion sur Dion :

Le courage du quotidien
On reconnaît le courage de quelqu'un à la guerre. Or monsieur Dion n'a pas engagé cette guerre électorale. Selon les analystes, il a été influencé par son entourage dans sa décision. Avant même de connaître le budget filtrait dans ses propos cette consigne de ne pas aller en élections.

Quelqu'en soient les raisons, manque de préparation des troupes, mauvais timing trop favorable aux conservateurs, peu d'intérêts des citoyens, attente d'une baisse de popularité des conservateurs au fort des secousse d'une récession américaine qui planent sur les Canadiens dont vous évoquez les 80% d'exportation vers les Etats -Unis, il apparaît qu'on ne sait rien du courage de monsieur Dion puisqu'il ne va pas au combat maintenant.

Il est évident qu'il désirait d'instinct aller en élections ou prendre le pouvoir mais il a choisi de se donner des conditions gagnantes. Cela demandait le courage de supporter les insultes ici et là. Le temps lui donnera peut-être raison. À moins qu'il n'engage son courage dans une guerre au quotidien contre le parti conservateur. (3-03-08)

Auditeur RVM a dit...

(Suzanne Robert) Merci pour vos réflexions intelligences. Je suis entièrement d’accord avec vous. Seigneur, délivrez-nous de certains élus. Il me semble que le Canada s’en porterait mieux. (02-03-08)

Auditeur RVM a dit...

(Lucien Papineau) Pourquoi Stéphane Dion s’accroche. Il n’a pas le profil et il nuit à l’image des francophones ainsi qu’au parti libéral. Quelle figure de paille ! Bravo pour votre blogue que je lis régulièrement. (1-03-08)