( 124 ) « Moi j’mange! »

14 octobre 2008 – Il y a des airs et des refrains qui nous restent en tête, on ne les oublie pas! On se souvient tous probablement de la fameuse chanson d’Angèle Arsenault intitulée Moi j’mange. On a gardé souvenir sans aucun doute de cette petite blonde aux lunettes rondes et débordante d’énergie. Sous des traits humoristiques, elle nous révèle dans cette chanson populaire l’obsession pour la bouffe. C’était en 1978! Le temps passe mes amis à la vitesse de l’éclair. C’est vrai que la bouffe est omniprésente dans la publicité envahissante diffusée sur les radios, les écrans de télévision et à pleine page dans les quotidiens. Nos villes sont placardées par les panneaux publicitaires des grandes chaînes de restauration rapide. Pourtant, nous le savons bien, l’alimentation saine et suffisante préoccupe une bonne partie de la planète.

Il n’y a pas si longtemps, tout le monde parlait de la crise alimentaire; un drame humanitaire sans précédent, disait-on en janvier dernier. Depuis quelques semaines, la crise des marchés financiers mondiaux a écarté du revers de la main la crise alimentaire. Elle est toujours insidieuse et désastreuse cette crise alimentaire; elle ne pourra que s’aggraver avec ces banques de par le monde qui vacillent avec des coffres-forts de plus en plus à court de liquidités. Ceci n’a rien pour rassurer ceux qui meurent de faim devant nos yeux. La Journée mondiale de l’alimentation que nous soulignons cette semaine nous replace toujours devant cette situation urgente que vivent des millions de gens sur la planète. C’est une question de vie et de mort mes amis!

Dire qu’il y a toujours 34 pays vivant l’insécurité alimentaire: 21 en Afrique, 11 en Asie, 1 en Amérique et 1 en Europe. En Afrique de l’Ouest, les prix des denrées alimentaires demeurent élevés et ne cessent d’augmenter, ce qui continue de miner le pouvoir d’achat des consommateurs et l’accès à une nourriture de base essentielle. On ne parle pas ici de superflus, mais des aliments de base. À Dakar, la capitale du Sénégal, le prix du riz importé – la principale denrée de base – s’établissait en avril 2008 à 20% de plus qu’à la même période l’année précédente. Et qui plus est, cette augmentation était de 43,1% à Diourbel et de 37,1 % à Tambacounda dans ce petit pays du Sahel. Il en est de même pour le mil, dont le prix a augmenté en moyenne de 33% au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Comment survivre quand l’aliment de base est inaccessible?

La Journée mondiale de l’alimentation, proclamée en 1979 par le Conférence de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a comme objectif de mieux faire connaître les problèmes alimentaires dans le monde et de renforcer la solidarité dans la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté. La crise alimentaire n’est pas la seule crise que vivent les pays les plus pauvres de la planète. Il y a la crise énergétique, celle du VIH/SIDA, celle de la malnutrition, celle de l’analphabétisme, celle des sans-abri et j’en passe. Dr Ngozi Okonjo Iweala, directrice régionale de la Banque mondiale, déclarait que «100 millions de personnes pourraient être confrontées à la pauvreté si nous n’agissons pas contre l’actuelle crise alimentaire et énergétique».

Il n’y a pas de répit pour ces pays-là. Lors d’une rencontre avec le maire de Montréal, Gérald Tremblay, en mai dernier, celui-ci m’avoua combien il avait été bouleversé lors de son passage en Haïti. Frappé de plein fouet par la crise alimentaire, Haïti était devant une catastrophe humanitaire. Imaginez aujourd’hui, six mois plus tard, cette petite île des Grandes Antilles vient de recevoir, coup sur coup en août, deux tempêtes tropicales sur les épaules, Fay et Gustave. On peut bien parler des grandes banques qui ont faim de liquidités.

Des hommes et des femmes meurent faute d’alimentation suffisante. Saviez-vous que la faim et la malnutrition tuent, chaque année, près de 6 millions d’enfants? Cela correspond à 78% de la population du Québec mes amis. La grande majorité des enfants meurent de quelques maladies infectieuses curables, notamment la diarrhée, la pneumonie, le paludisme ou la rougeole. Ils est clair qu’ils survivraient s’ils n’étaient pas affaiblis par la faim et la malnutrition. Jacques Diouf, directeur général de la FAO, signale que les progrès sont très lents et la communauté internationale est bien loin d’atteindre les objectifs de réduction de la faim et les engagements de 2015, pris lors du Sommet mondial de l’alimentation.

La planète Terre regorge pourtant de jardins plantureux et de nourriture pour tous les êtres humains. La Journée mondiale de l’alimentation nous offre encore une fois l’occasion d’être solidaires des souffrances de 923 millions de personnes sous-alimentées que compte la planète Terre. Prenons le temps de regarder autour de nous ceux qui souffrent de la faim. Même chez nous, les banques alimentaires manquent de denrées pour nourrir les plus pauvres de notre coin de pays pourtant si riche. L’alimentation n’est pas un luxe, c’est un droit!

N’avons-nous pas l’obligation morale de poser un geste. Le «problème de la faim dans le monde» est sans commune mesure et la plupart des gens des pays industrialisés ne s’en préoccupent presque plus. «On entend parler de la faim depuis si longtemps et rien ne change» disent les gens. C’est vrai, mais il est possible de poser des gestes d’avenir même si ces derniers ont des effets indirects et à long terme. On ne règle pas cela par un coup de baguette magique! Il est possible de contribuer à des aides directes par l’envoi de nourriture, d’aide technologique et d’argent.

Ce midi, en mangeant son repas bien garni, son hamburger pris à la sauvette ou encore sa poutine dégoulinante, pensons-y à ces enfants rachitiques qui bouleversent tant le regard. Combattre la faim, c’est donner la vie, c’est aussi nourrir l’espoir. Ne nous trompons pas, les solutions durables passent aussi par des gestes politiques sans précédents. On dit souvent que la «faim» justifie les moyens, mais vous vous en doutez bien, on a rarement les moyens quand on a faim et surtout quand on en meurt. En cette Journée internationale de l’alimentation, MOI, J’MANGE QUOI?


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4 commentaires:

Auditeur RVM a dit...

(Louis-Paul Lemieux) Merci de nous sensibiliser à l’alimentation. Que de nourriture gaspillée! Oui, nous pouvons nourrir la planète. Tout est une question politique. 14-10-08

Auditeur RVM a dit...

(Diane Campron) Pourquoi toutes ces souffrances? Qu’est-ce que fait Dieu dans tout cela? Je suis triste de voir tout ces enfants qui meurent de la faim? Va-t-il y avoir une fin à tout cela. Ce n’est pas la nourriture qui manque dans ce monde. Alors que l’on gaspille des millions dans des causes éphémères, on pourrait nourrir ceux qui ont faim de pain et d’eau 14-10-08

Auditeur RVM a dit...

(Marcel Provost) J’ai vécu en Afrique quelques années. Les gens d’ici ne peuvent pas saisir toute la souffrance de ces gens. L’objectif premier dans la journée est de trouver de quoi manger pour la famille. Nous sommes très choyés et nous nous plaignons de tout et de rien. Nous sommes trop gâtés. 15-10-08

Auditeur RVM a dit...

(Gilberte Simard) Belle réflexion qui me donne à réfléchir. Merci de nous informer avec des chiffres qui sautent aux yeux. Je me sens toutefois très démunie devant tout cela. Félicitations pour vos articles. 15-10-08