(174) Des luttes à finir

31 mars 2009 - Notre monde ne finit plus de nous étonner. Les découvertes scientifiques et technologiques nous ouvrent comme jamais des horizons inespérés. Nous n’avons qu’à penser aux prouesses médicales, à celles des communications et de l’informatique. Toutefois, malgré ces percées inédites, les listes d’attente dans les hôpitaux de la province ne cessent de s’allonger; les gens semblent communiquer de moins en moins et vivent plus que jamais dans la solitude; le cyberespace n’est pas aussi inoffensif qu’on le croyait et connaît aussi ses arnaqueurs. Rien n’est parfait dans ce monde, il y aura toujours des combats et des luttes à mener seul ou avec d’autres.

La grande Ginette Reno le chante si bien dans une de ses magnifiques chansons : «Ma vie à moi, c’est un combat que j’ai mené…» Nos vies ressemblent à ce champ de batailles, de luttes dont les adversaires les plus coriaces sont plus souvent qu’autrement nous-mêmes. Par les temps qui courent, l’adversaire le plus tenace semble bien celui de la crise financière dont les ramifications complexes fragilisent les économies de toute la planète. L’Afghanistan est devenu sans contredit au fil des années un terrain miné, voire un bourbier où s’enfoncent les forces alliées dans l’espoir de délivrer un jour le peuple afghan de ses tourments. Barack Obama vient de décider d’y mettre le paquet et d’y envoyer 21 000 soldats supplémentaires. Nous le savons tous, la solution ne sera jamais dans le fracas des bombes. Le Canada y a déjà perdu trop de forces vives.

Ces jours-ci, le Pape Benoît XVI, dans l’avion qui le menait à Yaoundé au Cameroun, a secoué le monde entier en condamnant l’usage de préservatif, soit le condom dans la lutte au SIDA. Et qui plus est, le souverain pontifie a même affirmé que celui-ci contribuait à l’expansion de cette maladie qui fauche deux millions d’Africains par année. À peine sorti d’une polémique sur la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste et celle de l’excommunication d’une jeune fille brésilienne, le pape ne craint pas de provoquer une nouvelle controverse sur le préservatif. Un tollé de protestations sans précédent qui semble troubler au plus haut point les fonctionnaires de la curie romaine. Il est quand même étonnant que peu de catholiques ne se soient levés debout pour défendre les propos du Pape. Il y a certes des luttes titanesques, des combats cruciaux pour l’avenir de notre humanité, mais certaines de ces luttes décisives, voire salvatrices se déroulent chez nous, sur nos parvis, dans les rues de nos quartiers défavorisés, dans le cœur de jeunes esseulés et fragilisés aux prises avec leur destin.

En parlant de luttes, des collègues m’ont gentiment invité samedi soir dernier à une sortie «testostérone», une sortie pour hommes quoi! Je me suis retrouvé dans le quartier défavorisé de Pointe-St-Charles pour assister à des combats de lutte. Oui, oui, la vraie lutte avec tout son cirque! En janvier dernier, j’avais vu sur grand écran le film «Le lutteur» mettant en vedette Mickey Rourke. Film à petit budget, tourné dans un décor minable et qui montrait le parcours de personnages assez décrochés merci. Chose étonnante, ce film pour le moins intriguant à bien des égards et qui m’avait laissé perplexe s’est retrouvé en nomination aux Oscars pour le Meilleur acteur. Abasourdi, je le suis encore! Vous pouvez déjà comprendre mon appréhension à ma sortie nocturne dans Pointe-St-Charles!

Tout un show, pour le moins loufoque, nous attendait au sous-sol de l’église St-Charles. Dès 18 h 30, un public assez bigarré s’engouffra au son d’une musique plutôt bruyante qu’harmonieuse dans un sous-sol aux allures de salle de bingo aménagé pour la circonstance. Tout y était mes amis! Le ring, l’odeur, le langage coloré, les fanatiques de ce sport, le système de son défectueux, les noms évocateurs des lutteurs, les accoutrements burlesques, les prouesses acrobatiques d’acteurs au ventre proéminent et j’en passe. En fait, nous en avons eu pour notre argent, le prix d’entrée n’était que de 5 $.

Tout le monde sait pertinemment que la lutte c’est arrangé. Il y a les bons et les méchants. Tout est décidé par le promoteur ayant pour seul indicateur l’appréciation du public. L’arbitre y joue un grand rôle, il va selon l’humeur et l’engouement du public. C’est vraiment le p’tit monde de Pointe-St-Charles qui choisi et crée ses héros. Il y avait bien samedi soir les dénommés Rebel, Bulldozer, Maniaque et le jeune favori de 14 ans Frankie Boy. Dans la foule composée, à mon grand étonnement, de nombreuses adolescentes, se signalaient quelques fanatiques munis de pancartes et qui scandaient d’un enthousiasme délirant le nom de leur héros d’un soir. Deux douzaines de lutteurs, hommes et femmes, se sont étirés, bousculés, étranglés, écrasés, engueulés pendant plus de deux heures. Il y aurait de quoi frotter là où ça fait mal! Une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie.

Depuis quinze ans, l’église St-Charles accueille ces matchs de lutte fort populaires. Les gens y viennent d’un peu partout pour assister à ces spectacles quasi improvisés, sous l’égide de la WTA (Wrestling Titan Atlas), initiés et dirigés dans ce coin défavorisé de l’île par Michel Piché. Ce dernier présenta ce projet au curé de l’époque en 1994. Il voulait donner aux jeunes de ce quartier défavorisé un lieu pour se divertir, s’entraîner entre amis et offrir un spectacle populaire pour que ceux-ci aient une place pour se retrouver le samedi soir, au lieu de flâner dans la rue ou dans des endroits douteux. Des jeunes, croyez-moi, il y en avait.

La réussite de ce projet n’est pas nécessairement dans l’excellence du spectacle, mais dans les valeurs de solidarité, d’entraide, de discipline qu’inculquent les plus vieux aux plus jeunes. C’est en quelque sorte un projet intergénérationnel dans lequel la lutte sur le ring devient une lutte au décrochage, à l’isolement, à l’itinérance, à la drogue. Il faut prendre les moyens qu’il faut pour contrer à sa source les racines de la misère, de la souffrance. Si vous désirez un jour assisté à ces spectacles à Montréal et en région, il ne sera pas nécessaire d’être tiré à quatre épingles.

Dans chacune de nos vies et dans notre coin de pays, il y a des luttes à poursuivre, à finir. Dans notre société et dans nos familles de plus en plus éclatées, des jeunes et des adultes attendent une main tendue, un regard de tendresse, une parole dynamisante, un projet mobilisateur. Il y a des gestes tout simples et inspirants qui peuvent sauver des vies. L’espérance mérite que l’on lutte sans cesse pour elle, car même sans espoir, la lutte sera toujours au bout du compte l’espoir d’une vie meilleure. À chacun son combat dans le ring de la vie!


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(173) Faire son nid

27 mars 2009 - Le mois d’avril nous ouvre grand ses bras! Tout autour de nous annonce le réveil éclatant de la nature. Ça se sent, ça se voit, ça s’entend! Place au temps doux et adieu enfin aux lourds paletots d’hiver! Il fait bon ces jours-ci de marcher sous les chauds rayons du soleil, d’entendre les gazouillis des oiseaux et de voir le paysage se transformer au fil des semaines. La vie renaît et se manifeste en nous en mettant plein la vue. On se sent revigoré! Avec la fonte des neiges apparaît immanquablement les désagréables saletés accumulées durant l’hiver. Ce qui conduit à en rabattre un peu, mes amis. Rien n’est parfait en ce monde. Un peu partout les équipes des Travaux publics des municipalités entameront l’opération «remise en beauté». C’est le temps du grand nettoyage.

Cette vaste opération de nettoyage se fait un peu partout à travers la province. C’est aussi une activité citoyenne où chacun d’entre nous est invité à collaborer, à faire sa part en entreprenant même le grand ménage dans ses propres affaires. C’est souvent l’occasion de se débarrasser de vêtements usés et démodés, de vieux meubles défraîchis et fatigués, de journaux jaunis accumulés depuis des mois et devenus malodorants et j’en passe. C’est fou ce qu’on peut trouver lorsque l’on se lance dans une telle opération. Il n’est pas rare d’apercevoir encore de vieux sapins de Noël sur le bord des trottoirs. J’en ai vu deux la semaine dernière. On peut voir de tout lors de la collecte des ordures. Plusieurs badauds trouvent plaisir à fouiller dans les objets laissés en vrac au bord des trottoirs dans l’espoir de dénicher une trouvaille inédite. C’est sans doute l’un des fruits de notre société de surconsommation.

Ces jours-ci, il ne faut surtout pas manquer l’arrivée massive et impressionnante des volées d’oiseaux migrateurs. Cela vaut le détour, car c’est tout un spectacle! Ces derniers se déplacent souvent pour la reproduction et pour suivre la température favorable. Ils ont effectué beaucoup plus de voyages dans le Sud que nous! Le spectacle le plus émouvant demeure sans contredit celui des outardes ou bernaches du Canada. Oiseaux migrateurs bien connus, nous le savons bien, ils se déplacent en V pour profiter du mouvement ascensionnel causé par les battements d’ailes de l’ensemble de la volée; l’oie du devant, encouragée par le cri des autres, combat énergiquement la résistance de l’air. Quand l’oie de tête est fatiguée, une autre prend sa place et ils changent ainsi de positions, car l’oie de tête travaille plus que celles qui suivent. Quel instinct, quelle solidarité!

L’immense territoire de 1 667 441 Km carrés du Québec peut s’enorgueillir d’une faune exceptionnelle. Le réveil du printemps nous permet de redécouvrir cette fabuleuse richesse insoupçonnée. Une multitude d’animaux peuplent les vastes plaines et forêts de chez nous, alors que le million de lacs et les 130 000 cours d’eau regorgent en abondance de poissons et d’animaux aquatiques. Saviez-vous que la faune québécoise compte plus de 650 espèces animales dont 200 espèces de poissons, 20 espèces d’amphibiens, 15 espèces de reptiles, 90 espèces de mammifères, 325 espèces d’oiseaux sans compter les 25 000 espèces d’insectes. Tout un monde qui grouille!

Avec ses 757 000 Km carrés de forêt, soit 2% des forêts mondiales, le Québec est un paradis terrestre à bien des égards. Depuis quelques décennies, la cause environnementale est devenue un enjeu crucial. L’avenir de notre territoire, mais aussi de la planète sont menacés. C’est une question de survie! On parle de plus en plus de biodiversité, réalité toutefois difficile à cerner pour les profanes que nous sommes. La biodiversité, ou diversité biologique, se définit par la variété des formes du vivant et celle des écosystèmes dans lesquels on retrouve les organismes vivants. Voyez, cela semble devenir complexe!

Cette biodiversité est essentielle non seulement en raison de sa valeur intrinsèque, mais aussi pour ce qu’elle nous fournit quotidiennement. Que l’on pense à l’air pur, à l’eau propre, des composés de nouveaux médicaments et des semences pour les nouvelles cultures. La perte d’espèces ou le changement dans la composition des espèces peuvent menacer la santé des écosystèmes et avoir un effet direct sur notre durabilité économique et socioculturelle. En fait, tout se tient dans la nature!

En ce début de printemps où le mois d’avril se fait proche, le dégel se poursuit allègrement et tout reprend vie. D’autre part, en cette période de réveil, les nouvelles économiques ne sont pas aussi réjouissantes. La valse des milliards se poursuit à vive allure, mais l’ingrédient essentiel n’est toujours pas au rendez-vous, la confiance! Il est difficile de faire son nid en ce printemps dans une économie marquée par la fraude, la corruption, l’instabilité. Quand l’incertitude règne, on reste tranquille, on protège au mieux le butin que l’on possède et que l’on a durement gagné. Gaston Bachelard disait : « L’oiseau construirait-il son nid s’il n’avait son instinct de confiance au monde? » À quelque part, la si belle nature qui s’éveille nous donne d’admirables leçons de vie. Encore faut-il en prendre conscience!


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( 172 ) L’incomparable Ginette

24 mars 2009 - Qui ne connaît pas Ginette Reno? C’est un monument national! Depuis cinquante ans, cette femme, à la voix puissante et magnifique, a bercé musicalement le Québec dans ses hauts et ses bas, dans ses moments heureux et ses jours tristes, dans ses rêves et ses espoirs. Cette femme de passion a fait vibrer le peuple québécois comme personne n’a su le faire. Par ses innombrables chansons et dans des moments inoubliables, elle aura marqué et inspiré d’une façon ou d’une autre au cours de ces décennies nos hésitations, nos doutes, notre itinéraire. À quelque part, nous nous retrouvons en elle.

En pensant à Ginette, je ne puis chasser de ma mémoire la célébration de la fête nationale de juin 1975 au sommet du Mont-Royal. Plus de 250 000 personnes avaient envahi ce majestueux parc, cet oasis de paix au cœur de la cité, pour célébrer la fierté d’être Québécois en cette d’Amérique. Une expérience sommet pour la chanteuse et ses milliers d’admirateurs. En compagnie de Jean-Pierre Ferland, Ginette Reno interpréta ce soir-là d’une façon magistrale et émouvante la chanson «Un peu plus loin». Un moment magique qui restera longtemps marqué dans la mémoire collective. Ginette est une femme de chez nous, fière de ses racines, portant au fond d’elle-même nos rêves les plus fous.

Née à Montréal le 28 avril 1946 dans une famille ouvrière de cinq enfants, Ginette Reno (Rayneault) commença à participer à divers concours d’amateurs dès l’âge de 14 ans. Elle fit une première tournée québécoise des cabarets, des studios de radio et de télévision de 1960 à 1964. Elle enregistra son premier disque en 1962 et gagna immédiatement le cœur des Québécois. Un amour et un attachement qui ne se démentiront pas au cours de ces cinquante ans de carrière. Elle est, à mon humble avis, la plus grande chanteuse de chez nous. Nous connaissons tous sa vie ou presque, car Ginette est un livre ouvert, elle dit tout. Les revues à potins ont beaucoup écrit sur ses aventures, ses drames, ses ruptures, ses péchés mignons, ses extravagances et j’en passe. Femme débonnaire et passionnée, elle est sans retenue, entière, franche et honnête. Nous l’aimons comme elle est; on dirait qu’elle fait partie de notre famille tellement elle s’est faite proche de nous.

Ginette Reno chante avec tout son être. En fait, sur scène, quand elle chante, elle se donne entièrement. Elle a chanté avec les plus grands, remporté d’innombrables prix, mais elle est restée pour chacun d’entre nous Ginette, notre Ginette. Sa vie de star, c’est l’histoire d’une chanson. Une chanson rythmée par les émotions, les paroles, l’air du temps, les sonorités, les mots de la vie. C’est ça Ginette Reno, une chanson qui nous envahit, qui éveille en nous émotions, larmes, sourire. Aujourd’hui, à l’aube de ses 63 ans, elle lancera un tout nouvel album intitulé «Fais-moi la tendresse» et réalisé par son fils Pascalin.

L’étonnante aventure de Ginette Reno, c’est aussi, à des degrés divers, celle de nombreux chanteurs et chanteuses d’ici. Avec peu de moyens et beaucoup de ténacité, plusieurs d’entre eux se sont hissés au sommet de leur art et sont devenus des ambassadeurs du Québec sur la scène internationale. Nous n’avons qu’à penser à Isabelle Boulay, Robert Charlebois, Diane Dufresne, Céline Dion, Lara Fabian, Jean-Pierre Ferland, Garou, Pauline Julien, Diane Juster, Félix Leclerc, Daniel Lavoie, Linda Lemay, Gilles Vigneault, Rock Voisine et combien d’autres. Ils sont nombreux les artistes de chez nous, musiciens, compositeurs ou interprètes, qui rayonnent à l’étranger. La culture et ses artisans sont devenus un levier important du Québec d’aujourd’hui. En fait, le Québec fait partie de plus en plus, avec créativité et compétence, du paysage musical mondial. Avec ses 5 000 musiciens professionnels et ses 200 compositeurs reconnus, le Québec s’est taillé une place et une réputation enviables sur la scène internationale. Plusieurs d’entre eux ont atteint des sommets de popularité à l’échelle planétaire. Il y a des succès qui ne trompent pas!

Dans ce coin nordique de l’Amérique dont le climat en rebute plus d’un, tout est possible ou presque. La carrière impressionnante de Ginette Reno en est la preuve et demeure une inspiration pour plusieurs jeunes de la relève. Comment se fait-il qu’autant d’artistes et de créateurs émergent de ce petit peuple dont la population atteint à peine le dixième de celle de la France? Mon père disait souvent que « les meilleurs onguents sont dans les petits pots ». Un petit peuple aux grandes réalisations, quoi! Les récentes coupures de 46 millions du gouvernement Harper ont des conséquences désastreuses sur la vitalité, le développement et le rayonnement de notre milieu culturel. Au fil des années, les gens de chez nous ont parcouru la planète en exportant leur expertise, leur savoir-faire et leur génie. Là aussi le succès fut au rendez-vous.

Avec sagesse et perspicacité, le Québec s’est doté d’une politique culturelle à l’image de sa culture teintée aux couleurs européennes et américaines. Une combinaison gagnante! Les artisans de nos industries culturelles, variées et nombreuses, savent pertinemment séduire les gens d’ici et d’ailleurs. On peut toujours se demander si la culture rapporte vraiment sur le plan économique? Saviez-vous que l’industrie culturelle a rapporté, à elle seule, près de 25 milliards en 2007, soit trois fois la somme investie (7,9 milliards) collectivement dans la culture et les arts par les trois paliers de gouvernement. Étonnant! La culture, ça rapporte plus qu’on le pense sur plan économique et davantage sur les plans personnel et collectif. Il faut y croire plus que jamais!

Ginette Reno chante si bien la touchante chanson intitulée «À ma manière». Le succès des artistes de chez nous tient beaucoup à leur manière de faire autrement, d’exprimer différemment ce qu’ils portent en eux. Le talent et l’ingéniosité des nôtres ne manquent pas, ils nous surprennent agréablement, nous étonnent même par leurs succès au pays et sur la scène internationale. Toutefois, ils ont grandement besoin de notre appui et de notre affection. Ginette Reno demeure certes une incontournable de la chanson, mais aussi une inspiration pour plusieurs d’entre nous, une voix qui réchauffe nos moments de tiédeur ou de cafard, un refrain qui nous redonne à quelque part un peu d’émotions et de supplément d’âme. Merci à vous, Ginette Reno, d’habiter nos cœurs, nos rêves et parfois nos nuits blanches par vos chansons. Vous le faites admirablement bien depuis cinquante ans!

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(171) Opération raccrochage

20 mars 2009 - Le présent et l’avenir d’une nation reposent en grande partie sur les forces vives de sa jeunesse. C’est évident. Le destin d’un pays, d’une nation dépendra toujours de la qualité de l’éducation de son peuple. On n’en sort pas! Chiffres désastreux à l’appui, le décrochage scolaire continue de miner sérieusement l’avenir du Québec. Des générations de jeunes arrivent trop tôt sur le marché du travail, peu formées, peu éduquées, sans diplôme en poche. Le problème du décrochage scolaire retient l’attention cette semaine. Qu’en est-il au juste?

Voilà qu’un groupe de travail, parrainé par le banquier Jacques Ménard, vient de lancer mardi dernier un chantier national contre le décrochage scolaire. À maintes reprises, sur ce blogue, j’ai abordé cette situation alarmante et même lancé un appel à une prise en charge de ce fléau national. Le rapport Ménard propose dix solutions pour que les Québécois prennent leur destinée en main. D’ici 2020, ce Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaire propose de hausser le taux du nombre de diplômés de niveau secondaire à 80%. Il se situe actuellement au Québec à 69%, soit au neuvième rang sur 10 au Canada. Dire qu’en 1995, il y a quatorze ans, les états généraux sur l’éducation avaient mis la barre à 85%. Rien n’a bougé; si, pardon, vers le bas! Saviez-vous que notre vaste et riche pays, le mieux équipé au monde pour faire face aux aléas de la crise économique, arrive au 16e rang parmi les pays développés pour son taux du nombre de diplômés du niveau secondaire? Il n’y a pas de quoi « se péter » les bretelles!

Les études et les statistiques ne manquent sur la réalité du décrochage scolaire dans la belle province. Un jeune sur trois n’a pas de diplôme d’études secondaires générales ou professionnelles au Québec. Je l’ai dit et je le répète, c’est un drame national. Le Québec, après tout, n’est pas une région défavorisée du tiers-monde. Nous avons investi depuis des décennies des sommes astronomiques dans notre système d’éducation. Les artisans de la Révolution tranquille avaient fait de l’éducation pour tous la pièce maîtresse, la pierre angulaire du nouveau Québec. Comment se fait-il que quarante ans plus tard 100 jeunes du secondaire décrochent chaque jour? La problématique est sérieuse et l’heureuse initiative de Jacques Ménard et ses collègues mérite notre encouragement et notre appui. Certains se disent déçus des objectifs modestes du Groupe d’action, mais il faut bien commencer quelque part. Le raccrochage scolaire demande une opération collective, une mobilisation nationale si l’on veut que cela réussisse.

Nous le savons bien, les causes du décrochage sont nombreuses et enchevêtrées. Tout n’est pas si clair lorsque l’on examine tant soit peu la réalité des jeunes de chez nous. Entre vous et moi, ces derniers ne décrochent pas que de l’école, de la vie aussi. L’école n’est pas la seule responsable de tous les maux de la société. Elle est certes un lieu important de la transmission du savoir, mais sans contredit, en collaboration avec les parents et les artisans du milieu éducatif, un espace inédit pour affirmer le savoir-être et valoriser le savoir-faire. Les jeunes sont à maintes reprises la proie d’arnaqueurs et de prédateurs de la publicité; ils sont parfois et souvent les victimes d’usurpateurs d’identité qui leur vendent un monde éphémère et illusoire. Nous le savons que trop bien, les jeunes décrocheurs seront plus à risque: précarité de l’emploi, aide sociale, ennui de santé. N’y a-t-il pas un vide profond au cœur de ce Québec en recherche identitaire, en quête de sens?

Il y a chez plusieurs jeunes que je rencontre un No Where existentiel. Dans ce monde de l’éphémère, du superficiel et des gadgets, où sont les points d’ancrage? Sur quelles valeurs les jeunes de chez nous peuvent-ils bâtir leur vie, se projeter dans l’avenir? Le socle de leur maison ne sera-t-il déposé que sur le sable de l’éphémère, de la facilité, de la surconsommation? Lorsque des jeunes regardent quelque peu la dégringolade des institutions financières, la fraude éhontée de ces arnaqueurs sans remords des économies des petites gens, le manque d’éthique de nos dirigeants bardés de diplômes, que se disent-ils dans leur for intérieur? Vous devinez sans aucun doute les profondes questions existentielles qui surgissent dans leur tête et dans leur âme. Pourquoi étudier, pourquoi se forcer, pourquoi vivre même?

Mon père Simon, né au début du vingtième siècle, avait quitté l’école après quelques jours de présence seulement pour prendre le chemin qui menait à l’époque dans les chantiers forestiers. Il fallait survivre en ce temps-là. L’école du rang dans sa Gaspésie natale avait peine à trouver une enseignante qualifiée pour offrir les premiers degrés du primaire. C’était la période des classes à degrés multiples. Ma mère, deux ans plus jeune, avait réussi à terminer sa cinquième année du primaire lorsqu’elle dut laisser l’école du rang pour soutenir sa mère veuve et malade avec sept enfants sur les bras. C’était le Québec de la petite misère. Nous n’en sommes plus là aujourd’hui, rendons grâce à Dieu. Mais avec ces statistiques alarmantes du rapport Ménard où en sommes-nous?

Mes parents, si peu instruits, ont tout fait pour offrir à leurs neuf enfants la possibilité d’étudier, de se tailler une place dans la vie; une place basée sur les valeurs de l’effort, de l’honnêteté, de la persévérance, de la générosité, de la solidarité. Pour eux, l’éducation était un gage d’avenir, d’épanouissement. Oui, où en sommes-nous aujourd’hui? Qu’allons-nous faire collectivement pour offrir à nos enfants un avenir prometteur, un coin de pays où ils pourront devenir quelqu’un. Paul Valéry disait : « L’éducation ne se borne pas à l’enfance et à l’adolescence. L’enseignement ne se limite pas à l’école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation. » La lutte au décrochage, ça nous concerne tous!

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(170) Soubresauts printaniers

17 mars 2009 - Ça y est vraiment! Les signes avant-coureurs du printemps ne trompent pas; les derniers vestiges de l’hiver fondent à vue d’oeil. Un hiver en dent-de-scie s’efface, toujours trop long et rigoureux pour la plupart d’entre nous. Les rayons de plus en plus ardents du soleil se font sentir pour notre plus grand plaisir. Le changement d’heure de la semaine dernière, combiné à la chaleur du soleil ont de quoi remonter le moral des plus défaitistes. Les effets bénéfiques se font sentir de toute évidence dans le milieu travail, malgré la morosité économique dans laquelle nous baignons. Mais le mois de mars n’a pas dit son dernier mot. L’hiver québécois, qui s’esquive pour de bon, aura sans aucun doute un petit soubresaut. En cette terre nordique, dame nature a toujours le don de nous surprendre!

En parlant de soubresauts, la crise économique continue d’ébranler et de lézarder les assises, bétonnées de réputation enviable, de nos institutions financières. De nombreuses industries de chez nous stagnent, craignent le pire pendant que les investisseurs retiennent leur souffle. Pendant ce temps, la majorité de la population se serre la ceinture, fait des choix stratégiques dans leurs dépenses et investissements. Il n’y pas une journée sans qu’une organisation annonce des pertes d’emploi massives. Le couperet tombe régulièrement et des milliers de travailleurs se retrouvent malheureusement au chômage. L’Ontario, la richissime, vient de voir son taux de chômage franchir la barre des 8%. Le Bureau international du travail (BIT) signale, dans son récent rapport sur l’emploi dans le monde, que la crise économique mondiale pourrait mettre au chômage 30 millions de personnes de plus qu’en 2007. C’est presque la population du Canada, mes amis!

Les déboires de la Caisse de dépôts et de placements du Québec continuent aussi de faire des vagues. La perte de sommes astronomiques accumulées dans le «bas de laine» des Québécois crée plus que de l’inquiétude. Henri-Paul Rousseau, ex-président démissionnaire, avait beau claironner la semaine dernière par un savant discours l’intégrité de sa réputation lors d’une conférence de presse des plus médiatisées, le mal est fait. Près de quarante milliards sont disparus, rien de moins! Tout le monde s’en lave les mains, personne n’est imputable! Scandaleux, le mot n’est pas trop fort. Rappelons que la Caisse est d’abord et avant un gestionnaire. Ses dirigeants ont pour mandat d’administrer avec compétence et prudence la majorité des caisses de retraite et des régimes d’assurance publics et privés québécois. En fait, c’est un gestionnaire de fonds d’envergure mondiale, le plus important au Canada. La Caisse a pour mandat de faire fructifier les fonds pour le bénéfice de tous les Québécois. La nomination à l’improviste jeudi dernier de Michael Sabia, ancien chef de BCE, à la tête de cette institution a déclenché une onde de choc dans les milieux financier et public. Le choix de ce cadre, d’origine ontarienne et malhabile dans la langue de Molière, suscite scepticisme, voire une levée de boucliers. On peut se demander vraiment qui a les mains sur le volant dans le gouvernement Charest.

Mais il n’y a pas que le gouvernement Charest qui a l’art de se mettre les pieds dans les plats. Par les temps qui courent, le Vatican ne baignent pas dans l’eau bénite. La séculaire institution, suite à certaines déclarations et décisions de Benoît XVI et de son entourage, vit des soubresauts qui ont soulevé indignation et incompréhension de par le monde. Depuis quelque temps, les déclarations concernant la réintégration des évêques intégristes du mouvement lefèbvriste, l’émancipation de la femme par le biais de la « machine à laver », l’excommunication d’une fillette brésilienne la semaine dernière font couler beaucoup d’encre. Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne rond pas dans les officines de cette institution millénaire. De nombreux catholiques pratiquants, distants ou d’appellation disent ne plus se retrouver dans cette Église proclamant un discours rétrograde et trop éloigné de la vraie vie. Ils attendent de cette Église une, sainte, catholique et apostolique un peu plus de lumière, de compassion et de sagesse pour faire face aux défis quotidiens du monde d’aujourd’hui. Dans l’affaire de la petite Brésilienne de neuf ans et qui a avorté de jumeaux, l’archevêque de Recife avait excommunié la mère et l’équipe médicale ayant procédé à l’avortement de cette fillette, violée par son beau-père. Une histoire qui a scandalisé la planète et qui secoue l’Église catholique toute entière!

Sur la glace cette fois-ci, les soubresauts ne manquent pas non plus dans l’aventure houleuse des Canadiens de Montréal qui a donné ces dernières semaines un mal de bloc carabiné à son directeur général et à ses dirigeants. Là aussi, des décisions sans détour ont eu tout un impact et foutu une bonne dégelée à l’entraîneur-chef Guy Carbonneau. Pourtant, il n’y pas si longtemps Bob Gainey et Guy Carbonneau formaient le duo parfait, de réels complices malgré certaines divergences. Pour le bien d’une équipe de hockey, il y a des divergences qu’on ne peut tolérer. Un esprit d’équipe, cela se bâtit aussi au fil des jours avec la complicité des joueurs. L’avenir d’une équipe de hockey passe certes par une vision, un esprit d’équipe, une stratégie, une solidarité mais surtout par la victoire. Au hockey, on est là pour gagner! Quand on n’est plus sur la même longueur d’onde, la confiance se détériore, l’équipe perd sa cohésion et l’unique solution du congédiement demeure. Serait-ce la nouvelle tendance de la Ligue nationale? Nous le savons bien, il est toujours plus facile de chasser un entraîneur que certains joueurs trouble-fête. Le présent serait-il toujours garant de l’avenir?

Avec ces quelques événements, il y a de quoi meubler bien des conversations de salon. Il ne faudrait toutefois pas perdre de vue que la vie continue et que le printemps viendra nous éblouir dans quelques jours. C’est officiellement le 20 mars à 7 h 45 qu’il entrera en scène. N’oublions pas cependant que le printemps naît aussi chaque fois que notre sourire illumine les yeux de quelqu’un et qu’il s’estompe si facilement par la parole qui assombrit. Attention tout de même aux soubresauts.

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( 169 ) Manger à sa faim

13 mars 2009 - Nous le savons tous, l’alimentation est au cœur de notre vie. Les annonces de bouffe sont omniprésentes sur les panneaux publicitaires, les circulaires déposées à nos portes, les chaînes radiophoniques et télévisées. Le problème n’est tant l’accessibilité des aliments, mais surtout la qualité et la quantité de ce que l’on mange. Gaver à l’excès nos enfants de repas surgelés ou de mets plantureux de la restauration rapide ne les rendra pas résistants! On nous le répète depuis des années, la saine alimentation et l’exercice régulier favorisent la santé et la longévité. Le mois de mars est celui de la nutrition. On peut se demander en ce début de mois si les Québécois, au fil des années, ont fini par adopter de bonnes habitudes suite aux nombreuses campagnes promotionnelles d’une saine alimentation.

Selon un sondage, réalisé récemment par les diététistes du Canada et Ipsos Reid, les Québécois ont fait du progrès. Au cours de la dernière année, 68% des Québécois affirment avoir modifié leurs habitudes alimentaires afin d’améliorer leur santé, leur forme physique. Heureuse nouvelle dans ce Québec où la consommation de malbouffe avait atteint ces dernières années des proportions alarmantes, voire dangereuses en particulier chez les jeunes générations. Le mode de vie actuel des jeunes nord-américains favorisent la mauvaise alimentation et inévitablement l’obésité. L’augmentation inquiétante de l’obésité chez nous s’explique en grande partie par le mode de vie sédentaire et les habitudes alimentaires déficientes chez les jeunes. Les enfants canadiens passent en moyenne 14,2 heures par semaine devant le téléviseur ce qui n’inclut pas le temps passé sur Internet ou à jouer à des jeux vidéo. Cela fait du siège mes amis!

Selon la Société canadienne de pédiatrie, 28% des Canadiens de 12 à 14 ans et 66% de ceux de 15 à 19 ans « sont réputés être physiquement inactifs ». Pour sa part, le docteur Paul Poirier, cardiologue, signale que l’espérance de vie des jeunes Québécois est beaucoup plus basse que celle de la génération des baby-boomers, parce que les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à être inactifs. La culture du jeu chez les enfants a complètement changé depuis quelques années, les nouvelles technologies font moins bouger l’arrière-train de nos ados. Il est assez évident que l’on dépense plus d’énergies et de calories à jouer pendant une heure sur un terrain de sport qu’en pitonnant sur la manette d’un jeu vidéo ou en étant affalé devant un écran de téléviseur en mangeant du maïs soufflé.

D’après le sondage d’Ipsos Reid, les Québécois semblent de plus en plus conscients de l’importance d’une saine alimentation, mais le défi reste entier quant à la manière d’atteindre cet objectif essentiel. Par où doit-on commencer, quoi? Selon Stéphanie Côté, porte-parole des diététiciennes du Canada, « D’abord, il faut manger à sa faim. » Une règle de base importante que l’on oublie malheureusement trop souvent. Il importe donc d’attendre d’avoir faim avant de manger et de respecter sa faim réelle. Les petites collations prises à toute heure au cours d’une semaine ne font qu’apporter calories et kilos. Les conseils ne manquent pas, mais les mauvaises habitudes prises au fil des années sont réfractaires à tout changement. Nous avons tendance à manger au-delà de nos besoins réels et souvent les habitudes prises et apprises faussent complètement la perception de ce qu’il est nécessaire de manger. On bouffe et on bouffe sans trop se demander pourquoi.

Selon la Société canadienne de pédiatrie, moins de 20 % des jeunes Canadiens consomment cinq portions quotidiennes de fruits ou de légumes. C’est trop peu! Idéalement, notre assiette devrait être remplie à la moitié de fruits et de légumes pour en venir à réduire progressivement les portions trop grandes de féculents et de protéines. On sait très bien que l’obésité constitue un facteur de risque non négligeable pour les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’hypertension et les dyslipidémies. Il faut être vigilant et savoir faire des choix!

Savoir manger est un art. Il s’apprend au fil des jours en prenant de bonnes habitudes, des repas équilibrés. Selon une enquête japonaise, publiée dans le British Medical Journal, les hommes qui mangent rapidement courent 84% plus de risque d’être obèses que ceux qui mangent lentement. Cette proportion est de 50% chez les femmes. Ceux qui engloutissent leur repas jusqu’à satiété totale ont trois fois plus de risques de devenir obèses. Un repas, ça se savoure! Bousculés par le travail, la vie familiale, les obligations, nous oublions trop souvent que l’alimentation est la base de tout. Nous sommes un peu, beaucoup même, ce que nous ingurgitons. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es et surtout ce que tu es en train de devenir. C’est pourtant si simple! Pour être en santé, il faut manger trois repas quotidiens équilibrés, faire de l’exercice tous les jours et boire de l’eau. On a toujours l’art de compliquer les choses simples!

La célèbre phrase dans L’Avare de Molière est toujours d’une grande actualité : « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. » À tous ceux qui sont tentés par des régimes drastiques, il faut rappeler que les spécialistes ne cessent de faire de sérieuses mises en garde fort pertinentes. Les charlatans dans cette industrie prolifique sont un danger réel pour la santé. Nous ne le dirons jamais assez! En fait, nous sommes bien conscients que la partie la plus difficile d’un régime alimentaire tant soit peu sérieux, ce n’est pas tant de faire attention à ce que l’on mange. C’est surtout de regarder les autres manger. En ce mois de mars rappelons-nous sans cesse que manger mieux, c’est toujours meilleur!


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(168) Femmes d’espoir!

10 mars 2009 - Le dimanche 8 mars marquait la Journée internationale de la femme. En décembre 1977, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et de la paix internationale. Le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon lançait le mois dernier sa campagne sous le thème: « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. » La création de cette journée avait suscité beaucoup d’espoir au sein des mouvements qui militent pour les droits des femmes et avait donné un appui certain à des revendications justes en matière de reconnaissance et d’équité dans ce monde où les tendances masculines dominatrices se manifestent depuis belle lurette. Depuis l’initiative lancée par l’ONU, qu’en est-il? En ces premiers jours de mars, les paroles du mythique chanteur québécois Claude Dubois remontent avec justesse en moi : « Femme de rêve, femme d'espoir heureux ».

Plusieurs analyses et bilans sur la situation de la femme ici et dans le monde ont été effectués ces derniers jours dans de nombreux quotidiens, sur diverses chaînes radiophoniques et télévisées. La condition des femmes a certes évolué dans de nombreux pays développés et en voie de développement. Un récent sondage publié dans le journal La Presse de dimanche dernier dénote, malgré les progrès réalisés, que neuf Québécoises sur dix estiment que les femmes ont encore des luttes à mener. Ce n’est pas terminé! Même s’il y a eu des progrès importants dans diverses sphères de la société, souligne l’analyse du sondage, de nombreuses Québécoises portent encore de profondes insatisfactions. Certaines inégalités perdurent dans le temps et il n’est jamais facile pour une femme de se tailler, encore aujourd’hui, une place dans un monde où certaines traditions et plusieurs préjugés ont la couenne dure.

Le mouvement féministe a connu au Québec ses heures de gloire dans les années 70. Toujours actif, il demeure toutefois moins éclatant qu’à cette époque. Le récent sondage démontre d’ailleurs que ce sont davantage les femmes de 45 ans et plus qui se disent en majorité féministe; les jeunes générations ne semblent pas porter le même regard sur le problème. Pendant longtemps, dans l’imaginaire collectif, le mouvement féministe resta associé aux mots contestation, revendication, radicalisation. Plusieurs se souviennent de la presse alternative québécoise, La vie en rose (1980-1987), qui jetait un regard féministe sur la vie sociale, politique et culturelle de chez nous. Au fil de l’histoire, les femmes d’ici ont obtenu des droits fondamentaux importants et plus de reconnaissance. Il n’y a pas si longtemps, la femme n’avait de statut ou d’existence légale qu’en fonction de son mari. Au siècle dernier, elle ne pouvait même pas recevoir de salaire en son nom, n’avait pas accès aux institutions scolaires supérieures, ne pouvait exercer certains métiers et même se présenter dans certains endroits. Cette longue marche vers l’autonomie a connu, bien entendu, des embûches de taille. Il a fallu du cran et de la persévérance.

Cette émancipation des femmes québécoises a été confrontée à des résistances farouches, notamment celles du clergé qui voyait tout cela d’un mauvais œil. Aujourd’hui, nous constatons bien que se sont majoritairement des femmes qui sont engagées en Église et que sans elles, bien des volets de la mission pastorale ne pourraient se réaliser. Toutefois, là encore, il y a des luttes qui ne sont pas terminées, du moins au sein de l’Église catholique. Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s’exprimait ainsi:
« Nous tous – hommes et femmes, soldats et membres des forces de maintien de la paix, citoyens et dirigeants – avons la responsabilité d’aider à mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Les Etats doivent honorer leur engagement de prévenir la violence, (…) Et chacun d’entre nous doit parler haut et fort dans sa famille, son lieu de travail et sa communauté, de telle sorte que les actes de violence à l’égard des femmes cessent. »

L’exploitation de la femme et la violence envers elle perdurent dans de nombreux pays sur la planète. On estime à quatre millions par an, dans le monde, le nombre de femmes et de fillettes achetées et vendues à un mari, un proxénète ou un marchand d’esclaves. La sortie du troublant film québécois Polytechnique illustre sombrement l’histoire de haine contre les femmes, une histoire réelle qui s’est passée chez nous. Ce film tragique, réalisé par Denis Villeneuve, qui évoque l’événement terrible du 6 décembre 1989 alors que quatorze jeunes femmes furent tuées de sang-froid, relance tout le débat sur la violence contre les femmes. Encore de nos jours, au Canada, on rapporte qu’une femme sur quatre est victime d’agression sexuelle au cours de sa vie. Les préjugés sexistes, les propos à contenu misogyne et la violence contre les femmes ne sont pas que choses du passé. En 2003, on a dénombré 16 458 victimes de violence conjugale, dont 86% étaient des femmes.

La vie des femmes de ce pays est héroïque à bien des égards. Sans elles, le Québec d’aujourd’hui n’existerait pas. Nous, fils et filles de ces femmes hors du commun, sommes redevables à ces âmes généreuses qui ont donné naissance au Québec d’aujourd’hui. Je ne puis passer sous silence des femmes qui ont marqué mon existence, m’ont fait grandir et m’ont inculqué les valeurs qui me guident, me transcendent. En regardant la photo de ma mère Patricia, je reste émue devant cette femme qui a donné naissance à treize enfants, dont neuf d’entre eux survécurent. Elle a connu, comme tant d’autres femmes de son époque, les grossesses à répétition, les conditions matérielles difficiles, la crise de 1929, le manque d’instruction. Tant de bouches à nourrir avec si peu de ressources financières relevait du miracle. Patricia aura tout fait, tout donné par amour des siens et cela sans condition.

Avec foi, amour et persévérance, Patricia aura inspiré, comme tant d’autres femmes de chez nous, le sens d’une vie incarnée et donnée. À toutes ces femmes, dont les noms ne seront jamais cités dans les livres d’histoire et qui parfois n’ont pas été choyées par la vie, un immense merci pour le don de votre personne. Plusieurs femmes de chez nous sont des exemples extraordinaires de courage qui inspirent toujours nos humbles vies parfois tourmentées. Plusieurs d’entre elles illustrent éloquemment cette magnifique parole de Mère Teresa : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux. » Hommage à vous, femmes de rêve et d’espoir heureux. À travers vos luttes et vos engagements, vous enfantez un monde nouveau!


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(167) Le téléphone qui sonne!

6 mars 2009 - La planète est un grand village de plus en plus branché. Saviez-vous que près de 4,1 milliards de personnes ont un téléphone cellulaire? Oui, oui, vous avez bien lu. C’est plus de la moitié de la planète, rien de moins! Assez branché merci! Selon un rapport des Nations Unies, publié récemment, cette nouvelle technologie a fait un bond prodigieux au cours des cinq dernières années. Nous sommes bien loin de la chanson fort populaire de 1968 écrite par Nino Ferré: «Gaston... y a l' téléfon qui son et y a jamais person qui y répond». Le téléphone cellulaire est devenu un incontournable, il a changé nos vies et même nos comportements. Il est omniprésent et il sonne partout, partout et partout!

Il n’y a pas si longtemps, à peine dix ou quinze ans, le téléphone était encore ce bon vieil appareil fixe et fort usuel qu’on retrouvait sur un mur ou sur un guéridon. Depuis son apparition sur le marché vers 1877, le développement exponentiel de la téléphonie moderne dépasse les rêves les plus fous. Et ce n’est pas terminé! Notre légendaire Graham Bell en serait sans doute renversé! Selon l’Union internationale des télécommunications, une agence des Nations Unies, 61% des 6,7 milliards de citoyens dans le monde peuvent parler tout en marchant. C’est une première dans l’histoire de l’humanité. Qui aurait pu imaginer un jour marcher avec son téléphone accroché à la ceinture? Le cellulaire est devenu pour une grande majorité de ses usagers le prolongement du corps. Il a élargi même notre concept de liberté. À dire vrai, on ne peut s’en passer, mais à quel prix?

Dans son étude évolutive menée dans 154 pays, l’Union internationale des télécommunications mentionne que c’est surtout dans les pays en voie de développement que la téléphonie sans fil a connu une ascension fulgurante, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. De plus, ces régions du monde sont à la fine pointe de la technologie, dépassant de loin celle des Amériques et de l’Europe. Il est assez évident que l’installation d’un réseau cellulaire est plus facile que celle d’un réseau filaire classique. Rapidité, efficacité, disponibilité sont au rendez-vous. C’est un immense progrès! En tapant quelques touches, vous pouvez contacter sans problème quelqu’un dans un coin reculé de l’Afrique sub-saharienne ou sur une île perdue de l’Asie. L’usage du téléphone cellulaire connaît aussi des excès, des abus et des questionnements!

Nous avons tous assisté chez nous au débat assez mouvementé sur la question de la sécurité au volant et l’usage des téléphones cellulaires. Selon des études sérieuses, l’utilisation d’un cellulaire portatif ou mains libres en conduisant multiplie par quatre le risque d’être impliqué dans une collision. Son usage nuit à la vision du conducteur, ralentit son temps de réaction et a une incidence sur la façon dont il réagit, et ce, particulièrement quand la circulation est dense. Depuis la mise en vigueur de la réglementation en juin 2008, de nombreux conducteurs québécois se montrent toujours récalcitrants à ranger leur appareil. Partout dans le monde, de nombreuses recherches se poursuivent sur l’usage permanent et abusif du cellulaire. Au Japon, le tiers des élèves de sixième année possèdent un téléphone cellulaire et 60% des élèves de 3e secondaire en possèdent un. Préoccupé de l’usage abusif du téléphone mobile par les jeunes, le gouvernement japonais a lancé un programme de sensibilisation afin de limiter l’usage du cellulaire devenu trop omniprésent dans la vie des jeunes à l’école.

Sur le plan médical, de nombreuses recherches sont en cours afin de mesurer l’impact du téléphone cellulaire sur la santé. En juin 2008, sous la direction du Dr David Servan-Schreiber, une vingtaine de scientifiques lançaient un appel à la prudence quant à son usage et proposaient même une dizaine de recommandations dans l’usage quotidien, en particulier pour les enfants de moins de douze ans et les femmes enceintes. Qui d’entre nous n’a pas été importuné par une sonnerie de cellulaire au restaurant, au cinéma ou lors d’une conversation avec un ami? Récemment, dans une salle bondée d’un édifice gouvernemental, j’attendais patiemment le moment du rendez-vous. Puis, plongé dans une lecture passionnante, le concert des sonneries téléphoniques a débuté. Tout un concert! Ce fut les rires, les conseils de mécanique, les emplettes à faire, le bébé qui pleurait et j’en passe. Je n’ai pu terminer paisiblement ma lecture tellement je rageais. Dites-moi, pourquoi les sonneries dans les lieux publics?

Beaucoup de gens ne le savent peut-être pas, mais il existe deux options très utiles sur un téléphone cellulaire : le mode vibration et le mode silencieux. Il me semble que le savoir-vivre en société et le respect s’appliquent aussi à l’usage du téléphone cellulaire. Dans un règlement à être adopté sous peu, la Société des Transports de l’Outaouais réagit à la présence de plus en plus envahissante – et souvent dérangeante – des téléphones cellulaires dans ses autobus. Son nouveau règlement proposera mesures et sanctions pour les usagers de cellulaire trop bruyants. C’est une question de gros bon sens et de savoir-vivre. La grande Gabrielle Roy avait-elle raison lorsqu’elle écrivait dans La rivière sans repos ces quelques mots: «La servitude. C’est ça le téléphone.»?


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(166) Signes de dégel en vue!

3 mars 2009 - En toute douceur, le mois de mars fait son apparition. Tourner rapidement la page du calendrier, cela nous fera sans doute le plus grand bien. C’est un bon coup de balai donné à la grisaille et aux mauvaises nouvelles économiques des dernières semaines qui minent immanquablement notre moral. Les rayons du soleil se font d’ailleurs plus intenses et rallongent pour notre plus grand plaisir la clarté du jour. Enfin, plus de lumière et de chaleur bienfaisante! Des signes évidents de la venue d’un nouveau printemps qui amorce son entrée à pas feutrés. À vrai dire, les turbulences économiques des derniers jours n’ont rien pour remonter le moral des troupes. «Plus on en parle, plus ça va mal, plus on injecte des milliards, plus on s’enfonce.» disait un collègue de travail. Un peu de soleil, ne fera pas de tort!

À l’époque du calendrier romain, qui ne comptait que dix mois, le début de l’année commençait autour du 1er mars, car il annonçait le retour des beaux jours. Nous l’espérons de tout cœur ce retour des beaux jours et cela à bien des points de vue. Avec l’annonce de la débâcle de 39,8 milliards de la Caisse de dépôt et de placements du Québec, on a besoin de pas mal de lumière là-dessus. Tout en reconnaissant la légitimité d’une bonne commission d’enquête, laissons toutefois nos partis politiques débattre la question et se chamailler sur son importance. Il n’y a pas que les érables qui vont couler dans les prochains jours. Il y aura sans aucun doute beaucoup d’encre répandu, un flot de paroles proférées et mille bonnes intentions attestées.

Saviez-vous que le mois de mars était le Mois sur la prévention de la fraude au Canada et partout dans le monde? Avec ce qui se passe sur la planète, c’est un mois qui a toute sa raison d’être. Le lancement de cette initiative avait lieu le 1er mars 2006 lors d’un forum international tenu à Ottawa sous l’égide du Bureau de la Concurrence. Les nombreux crimes financiers démontrent hors de tout doute que les lois en vigueur ne suffisent pas pour contrer ce problème ou plutôt ce fléau planétaire. Malgré les campagnes de sensibilisation et de dénonciation depuis 2006, de nombreux petits investisseurs ont été floués par des escrocs de la pire espèce qui se pavanent tambour battant et qui malheureusement écopent trop souvent, quand ils se font prendre, de sanctions pénales ridicules. Ne l’oublions pas, ce sont des actes criminels qui détruisent la vie de bien des gens et qui sabotent notre économie.

Fort heureusement, il n’y pas que des eaux troubles en ce début de mars! Cette première semaine marque la grande relâche tant attendue dans le milieu scolaire. Depuis vendredi dernier, la jeunesse du Québec de demain s’en donne à cœur joie. Plus d’un million de jeunes en vacances se prélasseront un peu plus longtemps au lit le matin, se lanceront à corps perdu sur les pentes de skis de la province, fouineront sans doute allégrement dans les centres commerciaux, seront rivés davantage et plus tardivement devant le téléviseur ou leur récent jeu vidéo. Pour certains parents, ce sera un petit casse-tête tandis que pour d’autres l’occasion de vivre un heureux temps de loisir en famille.

Ce troisième mois de l’année annonce aussi la saison de l’érable. Les jours se rallongeant et le soleil se faisant plus ardent, les arbres ne tarderont pas à bourgeonner et les volées d’oiseaux migrateurs à sillonner notre ciel plus clément. Au rythme du gel et du dégel, la sève montera doucement dans les érables et sonnera l’arrivée d’un rituel saisonnier au Québec, le temps des sucres. Lorsque la lune se montrera favorable ou qu’arrivera le vent du sud-ouest, les 10 000 acériculteurs de chez nous se mettront à l’ouvrage pour recueillir l’eau légèrement sucrée qui se transformera en un sirop délicatement parfumé reconnu à travers le monde. Le succès que remporte le sirop d’érable au Québec et dans le monde ne cesse de croître. Soulignons que 80% de la production québécoise de 92 millions de livres est exportée aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne.

Enfin, c’est aussi pour les catholiques qui s’en souviennent le mois dédié à saint Joseph. Je me rappelle que ma mère allumait toujours un lampion devant la petite statue de saint Joseph bien en vue dans le salon de la maison familiale. C’était un rituel, j’en conviens, d’une autre époque. La neuvaine à saint Joseph, c’est une vieille tradition de chez nous, qui a marqué l’enfance de bien des gens et qui se perd inévitablement avec la baisse de la pratique religieuse et la désuétude de certaines dévotions. Depuis plus de cent ans, des hommes et des femmes de tout horizon se rendent chaque année en pèlerinage à l’Oratoire St-Joseph du Mont-Royal. Encore aujourd’hui, plus de deux millions de pèlerins foulent annuellement les lieux de ce sanctuaire érigé au flanc de la montagne par un humble frère portier. Oasis des pauvres et des chercheurs de Dieu, des milliers de croyants uniront leur voix du 10 au 18 mars prochain à celle de saint Joseph pour implorer les bienveillances d’en haut en ces temps de doute et de crise.

Avec l’arrivée de mars, la nature se réveillera doucement d’un long hiver et reprendra petit à petit sa vigueur pour nous éblouir plein la vue en avril. Décidément, le mois de mars nous offrira quelque chose de neuf et espérons-le de lumineux. Ne l’oublions pas, le mois de mars est plus souvent qu’autrement le mois du vent et évidemment celui des rapports d’impôts. Le vent finira par tomber, mais les impôts, jamais! Bon mois de mars tout de même.


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