31 mars 2009 - Notre monde ne finit plus de nous étonner. Les découvertes scientifiques et technologiques nous ouvrent comme jamais des horizons inespérés. Nous n’avons qu’à penser aux prouesses médicales, à celles des communications et de l’informatique. Toutefois, malgré ces percées inédites, les listes d’attente dans les hôpitaux de la province ne cessent de s’allonger; les gens semblent communiquer de moins en moins et vivent plus que jamais dans la solitude; le cyberespace n’est pas aussi inoffensif qu’on le croyait et connaît aussi ses arnaqueurs. Rien n’est parfait dans ce monde, il y aura toujours des combats et des luttes à mener seul ou avec d’autres.
La grande Ginette Reno le chante si bien dans une de ses magnifiques chansons : «Ma vie à moi, c’est un combat que j’ai mené…» Nos vies ressemblent à ce champ de batailles, de luttes dont les adversaires les plus coriaces sont plus souvent qu’autrement nous-mêmes. Par les temps qui courent, l’adversaire le plus tenace semble bien celui de la crise financière dont les ramifications complexes fragilisent les économies de toute la planète. L’Afghanistan est devenu sans contredit au fil des années un terrain miné, voire un bourbier où s’enfoncent les forces alliées dans l’espoir de délivrer un jour le peuple afghan de ses tourments. Barack Obama vient de décider d’y mettre le paquet et d’y envoyer 21 000 soldats supplémentaires. Nous le savons tous, la solution ne sera jamais dans le fracas des bombes. Le Canada y a déjà perdu trop de forces vives.
Ces jours-ci, le Pape Benoît XVI, dans l’avion qui le menait à Yaoundé au Cameroun, a secoué le monde entier en condamnant l’usage de préservatif, soit le condom dans la lutte au SIDA. Et qui plus est, le souverain pontifie a même affirmé que celui-ci contribuait à l’expansion de cette maladie qui fauche deux millions d’Africains par année. À peine sorti d’une polémique sur la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste et celle de l’excommunication d’une jeune fille brésilienne, le pape ne craint pas de provoquer une nouvelle controverse sur le préservatif. Un tollé de protestations sans précédent qui semble troubler au plus haut point les fonctionnaires de la curie romaine. Il est quand même étonnant que peu de catholiques ne se soient levés debout pour défendre les propos du Pape. Il y a certes des luttes titanesques, des combats cruciaux pour l’avenir de notre humanité, mais certaines de ces luttes décisives, voire salvatrices se déroulent chez nous, sur nos parvis, dans les rues de nos quartiers défavorisés, dans le cœur de jeunes esseulés et fragilisés aux prises avec leur destin.
En parlant de luttes, des collègues m’ont gentiment invité samedi soir dernier à une sortie «testostérone», une sortie pour hommes quoi! Je me suis retrouvé dans le quartier défavorisé de Pointe-St-Charles pour assister à des combats de lutte. Oui, oui, la vraie lutte avec tout son cirque! En janvier dernier, j’avais vu sur grand écran le film «Le lutteur» mettant en vedette Mickey Rourke. Film à petit budget, tourné dans un décor minable et qui montrait le parcours de personnages assez décrochés merci. Chose étonnante, ce film pour le moins intriguant à bien des égards et qui m’avait laissé perplexe s’est retrouvé en nomination aux Oscars pour le Meilleur acteur. Abasourdi, je le suis encore! Vous pouvez déjà comprendre mon appréhension à ma sortie nocturne dans Pointe-St-Charles!
Tout un show, pour le moins loufoque, nous attendait au sous-sol de l’église St-Charles. Dès 18 h 30, un public assez bigarré s’engouffra au son d’une musique plutôt bruyante qu’harmonieuse dans un sous-sol aux allures de salle de bingo aménagé pour la circonstance. Tout y était mes amis! Le ring, l’odeur, le langage coloré, les fanatiques de ce sport, le système de son défectueux, les noms évocateurs des lutteurs, les accoutrements burlesques, les prouesses acrobatiques d’acteurs au ventre proéminent et j’en passe. En fait, nous en avons eu pour notre argent, le prix d’entrée n’était que de 5 $.
Tout le monde sait pertinemment que la lutte c’est arrangé. Il y a les bons et les méchants. Tout est décidé par le promoteur ayant pour seul indicateur l’appréciation du public. L’arbitre y joue un grand rôle, il va selon l’humeur et l’engouement du public. C’est vraiment le p’tit monde de Pointe-St-Charles qui choisi et crée ses héros. Il y avait bien samedi soir les dénommés Rebel, Bulldozer, Maniaque et le jeune favori de 14 ans Frankie Boy. Dans la foule composée, à mon grand étonnement, de nombreuses adolescentes, se signalaient quelques fanatiques munis de pancartes et qui scandaient d’un enthousiasme délirant le nom de leur héros d’un soir. Deux douzaines de lutteurs, hommes et femmes, se sont étirés, bousculés, étranglés, écrasés, engueulés pendant plus de deux heures. Il y aurait de quoi frotter là où ça fait mal! Une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie.
Depuis quinze ans, l’église St-Charles accueille ces matchs de lutte fort populaires. Les gens y viennent d’un peu partout pour assister à ces spectacles quasi improvisés, sous l’égide de la WTA (Wrestling Titan Atlas), initiés et dirigés dans ce coin défavorisé de l’île par Michel Piché. Ce dernier présenta ce projet au curé de l’époque en 1994. Il voulait donner aux jeunes de ce quartier défavorisé un lieu pour se divertir, s’entraîner entre amis et offrir un spectacle populaire pour que ceux-ci aient une place pour se retrouver le samedi soir, au lieu de flâner dans la rue ou dans des endroits douteux. Des jeunes, croyez-moi, il y en avait.
La réussite de ce projet n’est pas nécessairement dans l’excellence du spectacle, mais dans les valeurs de solidarité, d’entraide, de discipline qu’inculquent les plus vieux aux plus jeunes. C’est en quelque sorte un projet intergénérationnel dans lequel la lutte sur le ring devient une lutte au décrochage, à l’isolement, à l’itinérance, à la drogue. Il faut prendre les moyens qu’il faut pour contrer à sa source les racines de la misère, de la souffrance. Si vous désirez un jour assisté à ces spectacles à Montréal et en région, il ne sera pas nécessaire d’être tiré à quatre épingles.
Dans chacune de nos vies et dans notre coin de pays, il y a des luttes à poursuivre, à finir. Dans notre société et dans nos familles de plus en plus éclatées, des jeunes et des adultes attendent une main tendue, un regard de tendresse, une parole dynamisante, un projet mobilisateur. Il y a des gestes tout simples et inspirants qui peuvent sauver des vies. L’espérance mérite que l’on lutte sans cesse pour elle, car même sans espoir, la lutte sera toujours au bout du compte l’espoir d’une vie meilleure. À chacun son combat dans le ring de la vie!
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La grande Ginette Reno le chante si bien dans une de ses magnifiques chansons : «Ma vie à moi, c’est un combat que j’ai mené…» Nos vies ressemblent à ce champ de batailles, de luttes dont les adversaires les plus coriaces sont plus souvent qu’autrement nous-mêmes. Par les temps qui courent, l’adversaire le plus tenace semble bien celui de la crise financière dont les ramifications complexes fragilisent les économies de toute la planète. L’Afghanistan est devenu sans contredit au fil des années un terrain miné, voire un bourbier où s’enfoncent les forces alliées dans l’espoir de délivrer un jour le peuple afghan de ses tourments. Barack Obama vient de décider d’y mettre le paquet et d’y envoyer 21 000 soldats supplémentaires. Nous le savons tous, la solution ne sera jamais dans le fracas des bombes. Le Canada y a déjà perdu trop de forces vives.
Ces jours-ci, le Pape Benoît XVI, dans l’avion qui le menait à Yaoundé au Cameroun, a secoué le monde entier en condamnant l’usage de préservatif, soit le condom dans la lutte au SIDA. Et qui plus est, le souverain pontifie a même affirmé que celui-ci contribuait à l’expansion de cette maladie qui fauche deux millions d’Africains par année. À peine sorti d’une polémique sur la levée de l’excommunication d’un évêque négationniste et celle de l’excommunication d’une jeune fille brésilienne, le pape ne craint pas de provoquer une nouvelle controverse sur le préservatif. Un tollé de protestations sans précédent qui semble troubler au plus haut point les fonctionnaires de la curie romaine. Il est quand même étonnant que peu de catholiques ne se soient levés debout pour défendre les propos du Pape. Il y a certes des luttes titanesques, des combats cruciaux pour l’avenir de notre humanité, mais certaines de ces luttes décisives, voire salvatrices se déroulent chez nous, sur nos parvis, dans les rues de nos quartiers défavorisés, dans le cœur de jeunes esseulés et fragilisés aux prises avec leur destin.
En parlant de luttes, des collègues m’ont gentiment invité samedi soir dernier à une sortie «testostérone», une sortie pour hommes quoi! Je me suis retrouvé dans le quartier défavorisé de Pointe-St-Charles pour assister à des combats de lutte. Oui, oui, la vraie lutte avec tout son cirque! En janvier dernier, j’avais vu sur grand écran le film «Le lutteur» mettant en vedette Mickey Rourke. Film à petit budget, tourné dans un décor minable et qui montrait le parcours de personnages assez décrochés merci. Chose étonnante, ce film pour le moins intriguant à bien des égards et qui m’avait laissé perplexe s’est retrouvé en nomination aux Oscars pour le Meilleur acteur. Abasourdi, je le suis encore! Vous pouvez déjà comprendre mon appréhension à ma sortie nocturne dans Pointe-St-Charles!
Tout un show, pour le moins loufoque, nous attendait au sous-sol de l’église St-Charles. Dès 18 h 30, un public assez bigarré s’engouffra au son d’une musique plutôt bruyante qu’harmonieuse dans un sous-sol aux allures de salle de bingo aménagé pour la circonstance. Tout y était mes amis! Le ring, l’odeur, le langage coloré, les fanatiques de ce sport, le système de son défectueux, les noms évocateurs des lutteurs, les accoutrements burlesques, les prouesses acrobatiques d’acteurs au ventre proéminent et j’en passe. En fait, nous en avons eu pour notre argent, le prix d’entrée n’était que de 5 $.
Tout le monde sait pertinemment que la lutte c’est arrangé. Il y a les bons et les méchants. Tout est décidé par le promoteur ayant pour seul indicateur l’appréciation du public. L’arbitre y joue un grand rôle, il va selon l’humeur et l’engouement du public. C’est vraiment le p’tit monde de Pointe-St-Charles qui choisi et crée ses héros. Il y avait bien samedi soir les dénommés Rebel, Bulldozer, Maniaque et le jeune favori de 14 ans Frankie Boy. Dans la foule composée, à mon grand étonnement, de nombreuses adolescentes, se signalaient quelques fanatiques munis de pancartes et qui scandaient d’un enthousiasme délirant le nom de leur héros d’un soir. Deux douzaines de lutteurs, hommes et femmes, se sont étirés, bousculés, étranglés, écrasés, engueulés pendant plus de deux heures. Il y aurait de quoi frotter là où ça fait mal! Une expérience qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie.
Depuis quinze ans, l’église St-Charles accueille ces matchs de lutte fort populaires. Les gens y viennent d’un peu partout pour assister à ces spectacles quasi improvisés, sous l’égide de la WTA (Wrestling Titan Atlas), initiés et dirigés dans ce coin défavorisé de l’île par Michel Piché. Ce dernier présenta ce projet au curé de l’époque en 1994. Il voulait donner aux jeunes de ce quartier défavorisé un lieu pour se divertir, s’entraîner entre amis et offrir un spectacle populaire pour que ceux-ci aient une place pour se retrouver le samedi soir, au lieu de flâner dans la rue ou dans des endroits douteux. Des jeunes, croyez-moi, il y en avait.
La réussite de ce projet n’est pas nécessairement dans l’excellence du spectacle, mais dans les valeurs de solidarité, d’entraide, de discipline qu’inculquent les plus vieux aux plus jeunes. C’est en quelque sorte un projet intergénérationnel dans lequel la lutte sur le ring devient une lutte au décrochage, à l’isolement, à l’itinérance, à la drogue. Il faut prendre les moyens qu’il faut pour contrer à sa source les racines de la misère, de la souffrance. Si vous désirez un jour assisté à ces spectacles à Montréal et en région, il ne sera pas nécessaire d’être tiré à quatre épingles.
Dans chacune de nos vies et dans notre coin de pays, il y a des luttes à poursuivre, à finir. Dans notre société et dans nos familles de plus en plus éclatées, des jeunes et des adultes attendent une main tendue, un regard de tendresse, une parole dynamisante, un projet mobilisateur. Il y a des gestes tout simples et inspirants qui peuvent sauver des vies. L’espérance mérite que l’on lutte sans cesse pour elle, car même sans espoir, la lutte sera toujours au bout du compte l’espoir d’une vie meilleure. À chacun son combat dans le ring de la vie!
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