( 137 ) Terrain glissant

28 novembre 2008 - Mardi dernier, c’était la fête de la Ste-Catherine. Oui, oui, celle de la tire! Je ne sais plus si les Québécois se souviennent encore de cette fête traditionnelle. Avec tous les chambardements des dernières décennies, nous avons peine à nous souvenir de notre identité commune, de nos origines. La Ste-Catherine, c’est pas mal dans les boules à mites! Autres temps, autres mœurs. En parlant d’autre temps, nous nous sommes levés ce mardi avec une première neige à Montréal et dans plusieurs régions du Québec. Une première chute de neige qui a provoqué des conditions difficiles par endroits. La chaussée était partiellement enneigée sur plusieurs routes secondaires de la province. C’était glissant un peu partout en ce début de semaine.

Des conditions météorologiques souvent annonciatrices de dérapage, pas routier en ce 25 novembre, mais davantage politique, car le débat des chefs était au programme. Avez-vous regardé mardi soir ce robuste combat des chefs? Un vrai combat de coqs où le fard du maquilleur cachait modestement sur nos écrans la rougeur des visages des chefs, colorés par l’adrénaline à son paroxysme. Assez bruyant merci ce débat! On aurait dit, à certains moments, assister à du grand théâtre, où les empoignades et les coups de semonce assez pathétiques merci, avaient passablement de mordants. Il y en avait des chiffres et des chiffres lancés par ces aspirants au trône, de quoi perdre le contrôle de sa calculette. Les trois ténors, Jean Charest, Mario Dumont et Pauline Marois ont donné un spectacle aux allures parfois chaotiques au grand dam de l’animateur, Stephan Bureau, qui ne savait plus comment calmer ces ardents politiciens. Qui sait, avec un peu de tire Ste-Catherine, l’animateur débordé aurait peut-être adouci certains propos? Des tirades musclées qui ne frisaient pas dans la dentelle et qui, souvent, étaient pour le moins incongrues et vides de contenus pertinents. Malheureusement, on a passé à côté des vrais enjeux, du pourquoi de cette élection inopportune.

Les analyses savantes de ce fameux débat à douze jours du scrutin ont rempli les quotidien du lendemain. Tous claironnaient un match nul en mentionnant toutefois l’étonnante Pauline Marois. Je ne crois pas que les Québécois ont appris beaucoup plus sur la vision des trois chefs, sinon un peu plus sur leurs capacités de faire mouche aux propos de leurs adversaires. On a découvert un Jean Charest sur la défensive et rugissant comme un lion, une Pauline Marois hardie, surprenante et quelque peu agressive, un Mario Dumont habile orateur et en quête de redorer son image par un pragmatisme au ras les pâquerettes. Non, décidément, ce débat manquait de perspective et de vision. On avait plutôt l’impression que la chicane était prise dans la cabane. Ne l’oublions pas, nous sommes à l’ère du showbiz, de Loft Story et d’Occupation Double. Il faut en mettre plein la vue et en direct s.v.p.! Avec leurs prouesses dithyrambiques, nos chefs ont sans doute donné une nouvelle impulsion à leur campagne qui avait malheureusement pris les allures d’un automne plutôt terne. Espérons que le sprint final aura de quoi nous surprendre, nous donner de bonnes raisons de nous rendre aux urnes le 8 décembre. C’est là le grand défi: convaincre les citoyens d’aller voter.

Pendant ce temps, la crise financière poursuit ses ravages à travers le monde et dans nos propres murs par des fermetures d’usines et des pertes d’emplois. Comme un scénario à répétition, nous assistons depuis des semaines à la valse quotidienne des indices boursiers. Il semblerait que l’on avait besoin d’une bonne élection provinciale pour stabiliser tout cela. Soit, mais tout le monde pense le contraire du chef libéral. Je ne sais pas si la tire de la Ste Catherine aura donné de l’énergie à tous les candidats des 125 circonscriptions du Québec. Ils en auront bien de besoin pour stimuler leurs troupes et surtout pour convaincre les électeurs désabusés du bien-fondé de tout ce cirque qui ne finit plus de tourner en rond.

Si on revenait à la tire, mes amis. La fête de la Ste-Catherine a commencé vers le 16e siècle, en l’honneur de Catherine d’Alexandrie, née vers 290 d’une famille noble en Égypte. La légende et donc le culte de sainte Catherine ne se répandirent qu’après les Croisades. Sa fête placée le 25 novembre a donné lieu à diverses célébrations populaires. Au Canada, on a toujours associé cette fête à la figure de Marguerite Bourgeois, cette femme exceptionnelle de notre histoire. Selon la tradition, on lui doit la confection de cette fameuse tire sucrée qu’elle fabriquait pour attirer les enfants, autochtones et français, à l’école. Il n’y a pas si longtemps nos grands-parents célébraient dans l’allégresse cette fête qui précédait le long hiver (…). Pour nous, la Ste-Catherine 2008 a donné lieu à tout un spectacle télévisuel; il n’y a pas que la tire qui s’est faite étirée et tordre à souhait. Le succès d’une bonne tire réside, entre autre, dans le choix, la préparation et la cuisson de bons ingrédients. Que nos politiciens ambitieux s’en souviennent!

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( 136 ) Plus que des mots…

25 novembre 2008 - Le Salon du livre de Montréal a clôturé sa 31e édition hier soir sous le thème: «L’amour au cœur du livre». Tout un salon, mes amis! Il fallait voir les amoncellements de livres chez les 1550 maisons d’éditions présentes à ce happening montréalais. Comme le disait si bien l’annonce publicitaire d’un club vidéo bien connu: «Des tonnes de copies et des tonnes de copies!». Oui, des livres il y en avait pour tous les goûts et aussi pour toutes les bourses. Malgré la crise financière qui ébranle nos assises et le vent de récession qui souffle un peu partout, le public ne semble pas avoir trop lésiné sur l’achat de certains livres à succès. Une analyse plus raffinée dans les prochains jours viendra sans doute faire le bilan de tout cela. Que retenir de ce salon?

Pour la première fois, j’ai passé toute la durée du salon, soit six jours cette année, à accueillir du monde au stand 319 et à arpenter les longs corridors de ce magnifique salon, le deuxième en importance dans le monde francophone après celui de Paris. En plus des légendaires maisons d’éditions canadiennes, nous pouvions prendre contact aussi avec plusieurs éditeurs naissants et étrangers. Je reste profondément impressionné par cette grande foire au cœur de Montréal. En sillonnant les allées de ce gigantesque salon qui ne finit de s’agrandir au fil des ans, j’avais l’impression de faire le tour d’un grand village des plus animés et des plus colorés. En passant, il fallait bien se chausser parce que l’on en marche un coup sur de ce vaste circuit. Malgré le guide offert gratuitement, comprenant le plan du site, valait mieux avoir un bon sens de l’orientation. Dans ce tour de village, on rencontre des amis, des anciens collègues de travail, des voisins, des membres de la parenté, des auteurs connus et méconnus, des personnalités publiques et j’en passe. Imaginez, j’ai même croisé un de mes médecins qui étonnamment m’a reconnu le premier. C’est vraiment un lieu d’échanges et de retrouvailles!

Samedi et dimanche, la place Bonaventure a été prise littéralement d’assaut par le public. C’était infernal! Il y avait du monde partout, partout. Dans cette immense enceinte, nous avions peine à circuler au travers de cette foule dense et compacte. C’est le cas de le dire, c’est le public qui est maître de cette foire annuelle. J’ai rencontré des gens de Chicoutimi, de St-Georges de Beauce, de Gatineau, de Joliette, de Québec, de Rouyn, de Sherbrooke, de Trois-Rivières, de Victoriaville et de nombreuses autres villes du Québec. Impressionnant, merci! C’est plus de 120 000 personnes qui ont déambulé dans cet espace unique! Dans le fond, le Salon du livre de Montréal, c’est beaucoup plus que le livre. Plusieurs personnes m’ont avoué que le salon était un prétexte de sortie pour rencontrer des gens connus, faire un peu de voyeurisme quoi. Pourquoi pas?

Évidemment, rien n’est parfait dans la vie. Après quelques heures de promenade, l’air ambiant devient de moins en moins agréable. Il y a les yeux qui piquent, le nez qui coule, la gorge qui s’assèche sans compter les oreilles qui bourdonnent. Les amoureux du livre sont prêts à tout pour savourer les nouvelles parutions, voir leurs auteurs préférés, décrocher une dédicace à la sauvette. Cet événement annuel nous invite aussi à réfléchir sur la situation de la lecture, du livre et du français dans la province. Il est clair que la lecture ne nuit pas à la qualité de la langue, bien au contraire. Encore faut-il que les gens de chez nous lisent, particulièrement les jeunes. Si on se fie à la piètre qualité du français écrit et parlé, nous sommes en droit de nous interroger. Une étude publiée par le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada, sous le titre Évaluation du PPCE-13 de 2007, révélait que les jeunes québécois de 13 ans arrivaient bons premiers à travers le Canada pour la qualité de lecture. En fait, qu’en est-il de la lecture chez nous?

Plusieurs études démontrent hors de tout doute que la famille et l’école jouent un rôle primordial dans l’apprentissage de la lecture et que celles-ci sont des facteurs déterminants dans le plaisir de lire. Le plaisir de lire, ça se développe dans un environnement propice. Il est indéniable que le plaisir de lire à l’âge adulte est étroitement lié à l’apprentissage scolaire. D’autres études soulignent que plus la scolarité, le revenu personnel et familial sont élevés, plus les gens s’adonnent à la lecture. Devant la situation de sous-financement de nos bibliothèques municipales et scolaires, il importe que les autorités gouvernementales et municipales rendent, par des investissements importants, le livre très accessible aux jeunes et adultes. Il est vrai que l’arrivée d’Internet ouvre une nouvelle avenue dans l’accessibilité à la lecture, mais cela ne remplacera jamais le plaisir de tenir un livre dans ses mains.

Nous savons tous que la lecture est vitale. Au Canada, selon une enquête sur l’alphabétisation (EIACA), on estime que 15% de la population âgée de 16 à 65 ans possèdent de très faibles compétences (niveau 1 sur une échelle de 5) en matière de compréhension de textes suivis. Cette proportion grimpe à 42% si on parle de faibles compétences (niveau 2). Au Québec, une partie importante de la population n’atteint pas le niveau 3, c’est-à-dire le seuil souhaité. Les recherches montrent qu’un Québécois sur deux (âgé de 16 à 65 ans) n’a pas les compétences nécessaires pour utiliser l’information afin de fonctionner pleinement au sein de la société et de l’économie. En fait, 800 000 personnes, âgées de 16 à 65 ans, se situent au plus bas niveau de l’échelle des capacités de lecture. Ce n’est pas rien! Nous sommes tout de même en 2008, dans une société super développée, où pourtant l’accessibilité à l’éducation, au savoir, est à portée de main. Il va falloir plus que des Salons du livre pour stimuler la lecture!

En écrivant cet article, je me suis souvenu de cette citation bien à propos de William Osler : « Il est plus facile d’acheter un livre que de le lire, et plus facile de le lire que de le comprendre ». Puissent les livres achetés à ce 31e Salon du livre faire découvrir les beautés de ce monde et comprendre un peu plus en profondeur notre être, notre vivre ensemble et notre devenir. À l’an prochain pour la 32e édition qui se tiendra du 18 au 23 novembre 2009 et d’ici là bonne lecture!

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( 135 ) Des jeunes avides

21 novembre 2008 - Tout le monde le dit avec grand renfort de statistiques à l’appui: «Le Québec prend un coup de vieux!» Les chiffres ne mentent pas sur le poids grisonnant de la population du Québec au cours des prochaines années. La pyramide des âges changera tout simplement de bord, mes amis! Le poids démographique des jeunes sera de plus en plus faible; ces jeunes représenteront la minorité de la population. C’est un constat indéniable. Au fait, on ne parle pas beaucoup des jeunes, du moins, de ceux que l’on pourrait qualifier de soi-disant corrects ou que l’on situerait dans la normalité. Qui sont-ils réellement ces jeunes?

Les journaux et les bulletins télévisés ne nous rapportent que trop souvent les escarmouches des gangs de rue, les débordements de jeunes turbulents qui font du grabuge nocturne, les statistiques alarmantes sur le suicide des jeunes et j’en passe. Mais que sont-ils ces jeunes dont l’accoutrement audacieux nous surprend toujours? Coiffés souvent d’une casquette bien ancrée sur la tête et vêtus d’un pantalon troué dont le califourchon descend jusqu’aux genoux, ils nous amènent parfois à nous demander comment ils font pour marcher, mais surtout de quel bord ils s’en vont ces 15-29 ans. On n’a pas l’impression qu’ils le savent eux-mêmes. Entre vous et moi, il faut bien se l’avouer, mes amis, les jeunes n’ont rien inventé, nous leur avons tout appris.

L’éclatement des familles, la société de consommation, le manque de repères, le vide spirituel n’ont pas été créés par les jeunes. Et vlan les amis! Ces jeunes sont le miroir de ce que nous sommes, à quelques nuances près, de ce que nous avons voulu qu’ils soient. Mais au début de ce troisième millénaire, il faut s’attendre à ce que les jeunes générations voient autrement la vie, la société et l’avenir. Le journal La Presse du 17 novembre dernier parlait justement d’un revirement de tendance, de l’attrait certain des jeunes pour le mariage, les valeurs familiales et la spiritualité. Oui, oui, vous lisez bien! Les baby-boomers, fatigués de luttes intestines, n’ont peut-être pas fini de s’étonner de ce qui pousse derrière eux. Il semblerait que les grogneux de tout acabit et les pourfendeurs antireligieux n’ont qu’à bien se tenir. Après avoir tout balayé ou presque de nos traditions spirituelles ou même civiques lors de la Révolution tranquille, voilà que des jeunes commencent à redécouvrir certaines valeurs essentielles mises au rancart par leurs prédécesseurs à la vitesse de l’éclair. À leur façon, ces jeunes sauront les exprimer avec des traits qui nous surprendrons sans doute. N’est-ce pas le propre de la jeunesse de nous surprendre?

Jacques Hamel, professeur de sociologie à l’Université de Montréal, note que les jeunes semblent davantage choisir le mariage et qu’ils sont portés vers le sacré, «une spiritualité qu’ils souhaitent créer eux-mêmes ». Si la tendance se maintient, 2008 sera une année record en ce qui a trait au mariage. L’Institut de statistiques du Québec révèle que 2008 devrait compter un peu plus de mariages que les dix dernières années. Le chercheur indique que les jeunes peuvent choisir le mariage avec le désir profond de réunir leur famille éclatée. Entre vous et moi, il est difficile de vivre, de s’épanouir harmonieusement sans une appartenance familiale minimale et qui plus est, équilibrée. Tous les indicateurs sont clairs, il y a un regain pour le mariage au Québec, même si celui-ci est bon dernier par rapport aux autres provinces du pays.

En 1991, les 19-25 ans étaient au nombre de 1, 594,955 et représentaient 22,6% de la population. En 2006, ils n’étaient plus que 1, 505,719 et ne représentaient que 19,7% de la population. «Rien qu’à voir, on voit bien» dirait mon grand-père. Selon les chercheurs, les jeunes de 15-29 ans ne représenteront plus en 2016 que 17,8% de la population totale et en 2026 ce pourcentage diminuerait à 15,6%. Quelle pyramide inversée; il y a de quoi avoir le vertige!

François Gauthier et Jean-Philippe Perreault viennent tout juste de publier un ouvrage intitulé: «Regard sur… jeunes et religion au Québec». Dans cet ouvrage, les auteurs exposent l’étonnante quête de sens chez les jeunes de chez nous. À travers des symboliques qui leur ressemblent et qui ont façonné leur univers au cours des récentes décennies, les jeunes se retrouvent plongés dans une logique de marché. Notre monde est marqué par la logique du pragmatisme, du marketing à outrance, de l’image surfaite, des projets concrets. Il est clair que cette logique ambiante colore le sens réel qu’ils confèrent à leur parcours terrestre. Loin des discours, ils désirent emprunter un chemin, comparable à celui de Compostelle, qui mène au-delà des feux de pailles et des artifices. C’est le réalisme, la primauté du parcours qui l’emporte sur le discours.

À travers les diverses propositions de sens qui s’offrent à eux, quelles seront celles qui leur permettront de régulariser leur vie dans une quête de sens et de bonheur durable? Nous assistons, selon les auteurs, à une recomposition religieuse à travers les diverses propositions de tout acabit qui s’offrent aux jeunes d’aujourd’hui. Ils ne sont pas insensibles au sacré, loin de là. Ils ont certes pris une distance par rapport aux traditions chrétiennes passéistes et ils entrevoient leur rapport à la religion autrement que leurs grands-parents. Dans une recherche, plus profonde qu’on le croit, se dégagera sans aucun doute de nouvelles façons d’être croyant. La proposition du christianisme ne peut se faire sans une approche innovatrice, décapante et inédite. Les jeunes ne sont pas dupes, ils choisiront ce qui fait sens dans leur vie. Jean Cocteau disait: «La jeunesse sait ce qu’elle ne veut pas avant de savoir ce qu’elle veut.» Dans un monde, plus que jamais éclaté, des jeunes avides de sens cherchent le bonheur. Qui leur tendra la main pour les aider dans cette quête?


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( 134 ) Prends patience!

18 novembre 2008 – Dans l’actualité, par les temps qui courent, nous avons une vague impression de déjà vu! Bien oui, mon cher blogueur! Les élections québécoises occupent, avec photos couleurs en gros plan bien entendu, une grande partie des pages de nos quotidiens et des bulletins de nouvelles. Mon père, avec son langage coloré, dirait qu’on ne finit plus de «tourner dans le beurre». En tout cas, ça baratte pas mal fort pour attirer l’attention des électeurs qui ont déjà la tête dans les papiers d’emballage et le ragoût de boulettes du temps des fêtes. C’est vrai, Noël sera là dans une trentaine de jours à peine.

L’élection provinciale du 8 décembre prochain devient un passage obligé, certes non désiré par la majorité de la population. C’est loin d’être un cadeau et on risque de se faire passer encore un sapin assez coûteux merci. Il ne faudrait pas l’oublier, le jour du scrutin se tiendra en la fête de l’Immaculée Conception, rien de moins. Drôle de journée pour élire des politiciens qui ne baignent pas trop dans l’immaculée. Espérons qu’après cette élection boni, nous ne serons pas trop entre deux eaux, que l’on verra un peu plus clair où l’on se dirige. Une de mes sœurs, exaspérée par tout bataclan politique, me disait la semaine dernière: «J’ai assez hâte que ça finisse!» Prends patience ma sœur!

En parlant de patience, je rappelle que dimanche dernier marquait la célébration de la Journée Internationale de la Tolérance. Il me semble qu’il n’y a pas eu beaucoup de promotion autour de cette journée internationale de réflexion pourtant si importante dans un vivre ensemble harmonieux. Au fait, qu’est-il advenu de notre brassage collectif de l’automne 2007? Vous vous souvenez sans doute des audiences sur les accommodements raisonnables, de notre opération d’expression populaire inédite, à ciel ouvert quoi! Est-ce que le rapport des Commissaires Bouchard et Taylor, accueilli un peu dans la déception, est déjà relégué sur une tablette, ou remisé dans la filière numéro treize? En tout cas, je n’ai pas l’impression que nos politiciens en parlent au cours de la présente campagne. Je ne crois pas qu’ils ont l’intention d’ouvrir cette boîte de Pandore à ce moment-ci.

Si on revenait à la naissance de cette journée internationale. C’est le 12 décembre 1996 que l’Assemblée générale des Nations Unies instaurait, pour chaque 16 novembre, la Journée Internationale de la Tolérance, initiative lancée par l’Unesco en 1995 lors de l’année internationale consacrée à la tolérance. La Déclaration des Principes qui sous-tend cette journée pouvait se lire comme suit: «La Tolérance, le respect, l'acceptation et l'appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d'expression et de nos manières d'exprimer notre qualité d'êtres humains. Elle est encouragée par la connaissance, l'ouverture d'esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l'harmonie dans la différence. Elle n'est pas seulement une obligation d'ordre éthique; elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre.»

La tolérance, tous en conviennent, concerne tout le monde. Il est indéniable que l’État doit jouer un rôle crucial dans la promotion et le maintien d’un climat de tolérance. Les États doivent judicieusement mettre en place des moyens juridiques pour baliser la justice, les droits humains. Il importe que le pouvoir judiciaire puisse s’exercer en toute légitimité. «L'intolérance grandissante est un vrai danger pour la paix dans le monde, la sécurité des réfugiés et la cohésion des sociétés», disait António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Le monde est un grand village global, nos sociétés deviennent de plus en plus multiethniques, multiculturelles et multireligieuses. Les problèmes sociaux, parfois très complexes, émergeant de ce brassage culturel ne peuvent trouver de solution durable que dans un environnement empreint de tolérance, d’accueil de la différence. Les audiences publiques tenues au Québec, à l’automne 2007, illustrent éloquemment ce défi de cohésion posé à nos sociétés en ce nouveau millénaire..

Pour tolérer les inconvénients de la vie, il faut parfois savoir lâcher prise, être léger, rendre les autres plus légers et continuer à avancer. Il nous faut croire profondément aux richesses et aux possibilités inouïes de l’être humain. La Journée Internationale de la Tolérance nous invite à agir d’une manière constructive et responsable. Un peu partout dans le monde, les analystes de la scène internationale constatent une montée de l’intolérance et le Québec n’en est pas exempt. L’intolérance interculturelle existe malheureusement dans bien des écoles de chez nous. Cette incompréhension ne fait que nourrir le sentiment de victimisation chez les jeunes et les adultes des minorités immigrantes par rapport à l’école et à la société québécoise.

La tolérance du peuple québécois est bien réelle. Toutefois, la diversité est perçue trop souvent comme une menace pour la culture des Québécois dit de souche. De nombreux témoignages, lors de la Commission Bouchard-Taylor, signalèrent ce malaise profond. Vivre dans la diversité chez nous demande effectivement une bonne dose de tolérance dans ce Québec tricoté serré. Ce n’est que par l’éducation, l’ouverture à la diversité, l’intégration réelle des nouveaux immigrants que nous réussirons à créer une société plus tolérante et plus respectueuse de notre identité commune. L’avenir du Québec se conjugue au pluriel de la diversité, car celui-ci a un besoin criant de l’immigration pour assurer sa survie. Nous ne pourrons nous développer harmonieusement et économiquement sans l’arrivée de nouveaux immigrants, car les Québécois ont fait le choix de ne plus engendrer suffisamment d’enfants. L’avenir d’un Québec harmonieux et de sa population passe inévitablement par la tolérance.

Un de mes cousins germains, assez fougueux merci, avait comme patois «Prends patience mon Georges!»; patois, qu’il lançait à tout moment. C’était sans aucun doute pour ménager son ardeur et freiner ses élans plutôt radicaux, voire intransigeants. L’automne québécois des accommodements raisonnables nous en a fait découvrir de ces personnages situés aux frontières de l’intolérance ou plutôt de l’intransigeance. Nous en sommes témoins, ils n’habitaient pas tous Hérouxville. L’illustre poète Horace disait: «La patience rend tolérable ce qu’on ne peut empêcher.» Il est vrai que nous ne pouvons tout contrôler et c’est sans aucun doute mieux ainsi. Il me semble que plus le champ de la connaissance, de la pensée, de la science s’élargit, plus la patience et la tolérance augmentent. Le degré de notre tolérance est sans doute proportionnel à celui de notre capacité d’ouverture et de notre amour de l’étranger, de la différence. Nous le savons pertinemment, la vie n’est pas un fleuve tranquille. Elle ressemble davantage à celui d’un conte qui s’écrit au fil des jours; ce qui importe, ce n’est pas tant la longueur du conte que sa valeur et sa profondeur. Lentement et sûrement mes amis! N’est-ce pas Jean de La Fontaine qui disait: « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage»? Alors, place à la tolérance!


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( 133 ) Manque de bras!

14 novembre 2008 - La fièvre électorale plane une seconde fois sur le Québec. Après les élections fédérales, américaines, voilà les québécoises. Ouf! Encore des pancartes et plusieurs maux de tête. Disons que l’ambiance est pas mal tiède chez l’électorat de la province puisque la majorité de la population n’en veut pas de cette élection. Un ras-le-bol généralisé quoi! On peut s’interroger avec pertinence sur la capacité d’écoute de nos élus. Sans contenu véritable jusqu’à maintenant, on s’attaquera inévitablement à la personnalité des chefs en présence. L’Action démocratique a déjà démontré son savoir-faire en la matière par le biais de son site Internet où Madame Pauline Marois est passée par le burlesque, mes amis. Comme disait un ardent partisan: «Il y a de la job de bras à faire!» Ça ne fait que commencer les amis, car il reste encore plus d’une vingtaine de jours à ce terne marathon. Ne vous inquiétez pas, nous arriverons à Noël comme tout le monde avec le sapin bien décoré!

En parlant de bras, il en manque au Québec. Sous l’ombre projetée par la crise économique mondiale, le Québec vit actuellement une crise sans précédent de main-d’œuvre spécialisée surtout dans le secteur des métiers professionnels. Avec la décroissance démographique, l’avenir est de plus en plus gris dans la belle province. Au pays, le poids des aînés se fait sentir de plus en plus dans les différentes sphères de l’activité humaine et les nombreux départs à la retraite sont difficilement comblés. La pointe de l’iceberg arrivera en 2012 lorsque la majorité des baby-boomers atteindra l’âge de se la couler douce. Chez nous, il manque de main-d’œuvre qualifiée un peu partout dans les domaines de la plomberie, de la menuiserie, de l’électricité et j’en passe. Entre vous et moi, nous éprouvons de la difficulté à faire réparer une toilette qui coule, une fenêtre qui grince, un balcon qui chambranle. Imaginez dans dix ans, cela ne sera pas simple!

Les temps ont changé, les Québécois ne sont plus les mêmes. C’est une vérité de La Palice! On semble se plaindre immanquablement de tout et de rien. «Ils sont chiâleux ces Québécois!» disait souvent mon vieux. Selon les dires de plusieurs, rien ne marche plus dans nos systèmes scolaire et de santé. Regardez bien cela. On ne s’entend toujours pas sur quel site sera construit le futur mégacentre hospitalier universitaire de Montréal et cela, après avoir engouffré des dizaines de millions dans des études caduques. Dix ans et quelques pelletées de terre de plus ou plutôt de promesses ont passé et nous attendons toujours le choix véritable! Et pour tout arranger, on nous lance dans une campagne électorale dont nous aurions pu nous passer et dont les 83 millions de dollars auraient pu servir à autre chose, disons de plus constructif.

Malgré ce système de santé, que l’on qualifie de piètre performance, notre pays occupe tout de même le 11e rang en matière de longévité, bien devant les États-Unis qui se trouvent au 38e rang. Il ne faut quand même pas trop charrier, mes amis! En 1900, l’espérance de vie d’un Canadien était de 57 ans. Aujourd’hui, elle se situe à 82,5 ans pour les femmes et à 77,7 ans pour les hommes. En fait, au pays, la vieillesse se conjugue au féminin. Imaginez l’âge que nous atteindrions avec le meilleur système de santé au monde. On battrait haut la main tous les records de longévité. Ceci étant dit, il faut prévoir dans un avenir proche beaucoup de monde dans les résidences de toutes sortes pour aînés, mais il manquera indéniablement beaucoup d’enfants, de jeunes pour relever les défis de l’avenir de notre coin de pays. Nous ne pourrons compter que sur l’immigration, mes amis!

Ce n’est pas une farce, le Québec manque de bras! Plusieurs corps de métier sont à court de personnel et dans plusieurs régions de la province cette pénurie est dramatique. Pendant des décennies, les révolutionnaires tranquilles de l’éducation ont promu l’accessibilité aux études universitaires en négligeant malheureusement la voie destinée aux métiers dits professionnels. Rien de valorisant pour les étudiants qui osaient se diriger dans ce secteur. Les sobriquets à leur égard ne manquaient pas et plusieurs d’entre eux étaient parfois la risée ou les souffre-douleur de nombreux camarades du cycle régulier. «Les métiers, c’est pour les morons» entendions-nous fréquemment dans les corridors de certaines écoles de chez nous. Il faut bien se le dire, ce n’est pas tout le monde qui peut et qui doit poursuivre des études universitaires, franchir les portes des institutions de haut savoir. Il est grand temps que nos biens-pensants de l’éducation valorisent ce choix des plus pertinents pour l’épanouissement de notre collectivité et de nos jeunes. Les Québécois sont des créateurs, des innovateurs. Laissons le talent des jeunes de chez nous s’exprimer de multiples façons!

Et pour combler le tout, le Journal de Montréal publiait lundi dernier une étude signalant que les Québécois travaillaient moins que les autres Canadiens. Nous sommes en mode relax. Les Québécois travaillaient en moyenne 38,9 heures par semaine en 1976 et en 2007 leur semaine de travail est passée à 35,4 heures. Une tendance remarquée dans toutes les entreprises du Québec où les jeunes employés réclament des horaires souples pour conserver leur qualité de vie. D’après l’étude, la qualité de vie est devenue aussi importante, sinon davantage, que les réalisations professionnelles. La conciliation entre le travail, la famille et les loisirs est un phénomène grandissant chez nous et à travers le monde. Courir comme des fous, semble fini! Réussir sa vie ou réussir dans la vie? Cette question nous en met tout de même plein les bras!


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( 132 ) Coquelicot à la boutonnière

11 novembre 2008 - Novembre bat son plein avec un étonnant retour du soleil ces jours-ci. Fort apprécié et assez agréable merci! La neige demeure toutefois impatiente de recouvrir de sa blancheur notre coin de pays. Quoi qu’il en soit, nous voyons depuis quelques jours de nombreux Canadiens arborer à la boutonnière, comme à tous les ans, un coquelicot rouge. C’est le Jour du Souvenir, mes amis! Mais de quoi faut-il se souvenir?

Le 11 novembre, journée de reconnaissance dans tout le pays, pour faire mémoire du sacrifice de milliers de Canadiens morts à la guerre. En fait, ce jour commémore l’armistice qui mit fin à la Première guerre mondiale par la signature d’un accord de paix le 11 novembre 1918 à Compiègne en France. Saviez-vous qu’il y a pas moins de 100 000 Canadiens qui sont tombés au champ d’honneur lors de conflits mondiaux et cela au nom de la liberté. Noble cause qui a fauché une jeunesse promise à un brillant avenir et décimé des familles entières. Malheureusement, tout cela n’a pas signifié la fin des conflits pour autant. De nombreux combats font rage sur la planète Terre, alors que la majorité des habitants aspirent pourtant à un climat de paix.

La guerre continue de faire des victimes, mes amis. Il y en a sur tous les fronts et notre pays semble y prendre goût ou plutôt notre gouvernement canadien. Les engagements offensifs de notre pays au nom de la liberté continuent et cela malgré les nombreuses pertes de vie récentes et l’opposition générale des gens de chez nous. Le rôle traditionnel du Canada en tant que pays pacifiste et médiateur en a pris pour son rhume. La guerre, c’est la guerre! Elle laisse immanquablement des traces indélébiles dans le cœur de ceux et celles qui y ont participé de près ou de loin. Il y a encore au pays près de 750 000 Canadiens qui avaient 16 ans et plus lors de la Première guerre mondiale. Sans nul doute que ces hommes et ces femmes auraient bien des histoires à raconter sur les guerres dont elles ont été les témoins privilégiés.

Dans ma famille, on connaît ça l’armée! Mes cinq frères ont porté l’uniforme et un d’entre eux sert toujours sous l’unifolié. D’ailleurs, il revient tout juste d’une mission spéciale en Bosnie, mission dont on parle à voix basse, secrète quoi. Et qui plus est, son épouse et son fils sont aussi des militaires de carrière. C’est dans le sang, dit-on! Vous pouvez imaginer le type de conversation dans le salon ou la cuisine. Certains diront que c’est une carrière ou un métier comme un autre. Pour ma part, non! En juin 2006, les forces canadiennes comptaient plus de 87 000 personnes dans son personnel militaire avec un budget mensuel de 1,34 milliards de dollars. Non, ce n’est pas une erreur, il faut bien lire mensuel! Nous pourrions discourir longtemps sur les motifs de noblesse que revêt cette carrière chez nous. Avec le changement de cap du Canada sous Stephen Harper, celui d’ingérence dans les conflits armés sur la scène internationale, les citoyens ont le droit de s’interroger sur la pertinence de ce rôle belligérant. L’âme québécoise, voire canadienne, n’est pas faite de cette mouture.

C’est quand même un Canadien, l’ex-Premier Ministre Lester B, Pearson, qui a instauré les Casques bleus des Nations Unies pour le maintien de la paix. Il a d’ailleurs reçu le Prix Nobel de la Paix en 1957 pour cette initiative. Les opérations de cette force de paix répondent judicieusement au maintien de l’harmonie entre les peuples. Tout n’est pas parfait, mais le bilan est somme toute positif. Fier de son image pacifique, quoiqu’elle soit ternie par les derniers engagements militaires, le Canada demeure malheureusement un grand producteur d’armement de toutes sortes. Saviez-vous qu’il y avait en 2003, 17 établissements qui ont livré des bombes, des grenades, des torpilles, des missiles, des cartouches et d’autres munitions de guerre pour une somme approximative de 2,65 milliards de dollars. N’oublions jamais que la guerre, c’est payant pour certains!

Nous le savons tous, le Canada s’est grandement structuré et fortifié sur les scènes nationale et internationale grâce à l’économie de guerre. Notre pays a été largement influencé par la guerre et ses conflits. Malgré les effets pervers des hostilités internationales, le Canada a toutefois joué un rôle important d’ouverture, d’entraide et de compassion par l’accueil d’immigrants menacés, à la recherche d’un refuge contre la guerre, un conflit ou une instabilité économique, sociale et politique. De 1901 à nos jours, le Canada a accueilli 13,4 millions d’immigrants. Il est clair que tout n’a pas été reluisant dans ce dossier qui a créé récemment plusieurs remous. L’alignement du Canada sur certaines politiques de nos voisins du Sud n’a pas simplifié les choses.

Notre monde bouge sans cesse et les crises que traverse la planète ne manquent pas. L’élection quasi majoritaire de Stephen Harper à la tête du pays n’augure rien de prometteur en politique étrangère. Toutefois, l’arrivée d’un certain Barack Obama aux États-Unis risque de changer la donne sur la scène mondiale pour le plus grand bien de tous. On peut espérer certes d’une approche plus compréhensive et plus conciliante devant certains conflits armés qui détruisent tant de vies. Il est vrai qu’un homme seul, Président fût-il de la plus grande et plus puissante nation du monde, ne peut tout changer en criant ciseaux.

Novembre tire sa révérence tout doucement pour faire place à l’hiver. En étant, bien emmitoufler, on peut finir pas s’habituer à cette saison glaciale. Pour la guerre, c’est non! Non à jamais! La population n’est pas dupe, car elle sait bien que la guerre est une poursuite de l’activité politique par des moyens insidieux. En ces jours, où la majorité des Américains jubilent à la suite de l’élection inédite de leur nouveau Président, laissons parler l’un de ses prédécesseurs, John Fitzgerald Kennedy, mort au combat pour la justice et la paix: «L’humanité devra mettre un terme à la guerre ou la guerre mettra un terme à l’humanité.» En ce Jour du Souvenir, pensons-y du fond du cœur!


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( 131 ) L'élu

7 novembre 2008 - L’impossible rêve est arrivé, l’Afro-américain Barack Obama est élu président des États-Unis d’Amérique, la plus grande puissance du monde. C’est vrai, mes amis! De nombreux sondages prédisaient une lutte et une victoire serrées. Mais c’est haut la main que le jeune sénateur de 47 ans rafle la majorité. Douze États-clés ont basculé du côté démocrate, les jeux étaient faits. Après vingt et un mois d’une longue traversée, assez houleuse merci, où tous les coups étaient permis, voilà qu’un prophète a surgi de l’ombre. À voir l’euphorie et les nombreuses foules délirantes, il est clair qu’une page historique vient d’être tournée. La face des États-Unis ne sera plus la même!

En voyant ce jeune élu entrer sur la scène de Grant Park à Chicago en compagnie de sa femme et de ses deux enfants, il était difficile de ne pas vivre émotionnellement cet instant historique. Le seul prénom du nouveau Président n’a rien de commun avec l’histoire américaine. Le parcours étonnant d’Obama démontre combien le peuple américain et le monde entier avaient enfin besoin d’une sorte de Messie qui sache susciter l’espoir; l’espoir dans un monde marqué par la crise alimentaire, par les guerres de toutes sortes et par la crise financière. Jamais notre monde n’a été aussi belligérant!

Le nouveau Président qui entrera en fonction le 20 janvier prochain se retrouvera devant un chantier incommensurable. «Tout va mal dans ce monde et c’est la faute des Américains» clamait un jeune pacifiste lors de la visite de Nicolas Sarkozy à la Maison Blanche. C’est vrai que le monde ne tourne pas rond et que l’image américaine sur la scène internationale est peu reluisante, à son plus bas niveau depuis des lustres. Je crois que George Bush aura été le président le moins aimé de l’histoire américaine. Le cinéaste controversé. Michael Moore, devait jubiler mardi soir. Ce dernier est sans doute l’un des plus grands «cinéastes-observateurs» de la société américaine ayant gagné l’Oscar du meilleur documentaire de l’année. Nous le savons tous, Michael Moore ne fait pas dans la dentelle et George Bush fut pour lui une cible de choix. À bien des égards, il l’a dépeint avec justesse.

La force d’Obama dans cette longue campagne aura été de ne pas trop sombrer dans les bassesses de la politicaillerie, dans une approche balisée par la peur et les menaces de catastrophes éminentes. La société américaine a déjà son lot de catastrophes, de crises, on ne peut avoir pire. Barack Obama a opté davantage pour la vision du courage, des défis à relever ensemble, de l’espoir à donner au monde. Il a touché à ce qu’il y a de plus noble chez le peuple américain afin de relever les défis colossaux qui se présentent en ce début de millénaire. Obama incarne non seulement le changement de garde, mais la venue d’un monde meilleur. Après les huit ans d’une politique agressive à la George Bush, le monde a vécu mardi soir un soupir de soulagement. Il est clair qu’avec une vision américaine interventionniste et d’ingérence dans plusieurs parties du monde, l’administration Bush n’a suscité que tensions, actes terroristes, guerres et crises diplomatiques. Les Américains et le monde entier avaient besoin d’une bouffée d’air frais.

Le jeune Sénateur d’Illinois, fils d’un immigrant Kenyan et d’une blanche américaine du Kansas, a connu une fulgurante ascension. Ancien élève de la célèbre école de droit de l’Université Harvard, Barack Obama est devenu assez facilement par son style, sa fraîcheur, son discours décapant, sa couleur métissée, l’emblème de l’avenir de la société américaine auprès de plusieurs démocrates et républicains. Afro-américain, fils d’une famille reconstituée, ayant vécu en Indonésie, il représente une chance inouïe pour l’émergence d’un monde plus pacifique, marqué par le dialogue, la compréhension de la diversité et le respect des droits humains. L’aventure de ce jeune Afro-américain rappelle avec quelques nuances certes, l’aventure de Joseph, fils de Jacob, racontée dans l’Ancien Testament lors d’une crise alimentaire. Vendu par ses frères aux Ismaélites, il devint esclave au service du roi d’Égypte; puis il gravit les échelons jusqu’au titre de vice-roi. Faut-il y voir un signe de Dieu pour autant? Certains Américains le croient mordicus!

Barack Obama a ravi la majorité des électeurs américains. Il reste toutefois que 46% d’entre eux ne l’ont pas choisi pour diriger le pays. Après l’euphorie, le nouvel élu aura une tâche majeure de réconciliation nationale. Sans minimiser les talents de cet homme hors du commun, les contextes américain et international ont, sans équivoque, favorisé l’élection du nouveau venu à la Maison Blanche. Comme nous le savons tous, l’élection de Barack Obama fait suite à un régime politique de huit ans d’impopularité et d’une crise financière sans commune mesure. C’est un pays au bord du gouffre dont le jeune président dirigera les destinées. Il aura besoin de tous les talents qu’on lui reconnaît. Ce jeune Afro-américain aura certes écrit une page d’histoire, mais le livre ne se termine pas là. Son slogan de campagne était: «Oui, nous le pouvons!» Il aura un mandat de quatre ans pour soulever l’enthousiasme des plus récalcitrants, remettre l’économie sur les rails et redorer l’emblème américain sur la scène internationale. Tout est une question de confiance Monsieur le Président. Bonne chance!


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( 130 ) Une grande voix s'éteint

4 novembre 2008 - Il y a des gens remarquables sur cette terre, voire exceptionnels. Quand ils nous quittent pour l’au-delà, pour un monde meilleur dit-on, pour toujours quoi, notre cœur se désole et nos yeux laissent couler quelques larmes d’émotion, de tristesse. Nous aimerions tant qu’ils ne nous quittent jamais. C’est ce que le Québec tout entier vient de vivre par la mort de la chanteuse Clairette. Oui, Clairette Oderra est partie à l’âge de 89 ans rencontrer Celui en qui elle avait mis toute sa confiance. Quelle femme d’exception!

Le 28 octobre dernier, cette femme de cœur et de passion nous a quittés dans la douceur, sans faire de bruit, loin des projecteurs et des micros. Elle aura été pour tous ses amis et admirateurs, irremplaçable. Ce petit bout de femme, originaire de Marseille avec son accent qui ne trahit point ses origines, aura marqué le paysage artistique québécois pendant plus de 50 ans. Tous les grands de la chanson de chez nous l’ont côtoyée. Elle les appelait affectueusement «ses petits». Plusieurs artistes québécois la considéraient comme leur mère spirituelle, d’où son surnom de «mère supérieure»,

Clairette Oderra, dont le vrai prénom était Claire, vit le jour en 1919. Elle débuta dans le métier en 1939 avec le célèbre Pagnol qui lui donna un rôle dans le film «Le Fille du puisatier» en compagnie de nul autre que Fernandel. Elle le retrouvera par la suite dans les films «La Bonne Étoile» et «Manouche». On la verra aussi en 1946 en compagnie de Tino Rossi dans la «Sérénade aux nuages», Chanteuse et comédienne, Clairette participa à de nombreuses revues musicales et des opérettes. Sa rencontre avec Georges Guétary lui permettra de traverser les mers à maintes reprises et de découvrir le Canada. C’est en 1949 qu’elle foule pour la première fois cette terre francophone d’Amérique dont elle tombera amoureuse. Elle y viendra pendant sept ans avant de s’y établir définitivement en 1956.

À son arrivée, Clairette chante d’abord dans les cabarets, puis fonde sa propre boîte à chansons dénommée «La Boîte à Clairette», située rue de la Montagne à Montréal. Très tôt, la Boîte devint le rendez-vous des amoureux de la chanson francophone. Les grandes voix de la chanson française s’y produisirent et les jeunes talents québécois y découvrirent une voix d’expression inédite. C’est là que se fit connaître les Robert Charlebois, Claude Dubois, Diane Dufresne et le regretté Sylvain Lelièvre. Après son grand spectacle à la Place des arts en hommage à Piaf, Clairette se retire de la scène et ouvre en 1981 son école d’interprétation, puis on la retrouve au petit écran dans plusieurs téléromans. Clairette publiera son autobiographie sous le titre «Clairette, du soleil à travers les larmes» et également un livre intitulé:
«Comment meubler la solitude avec la foi?»

Femme de foi, elle a toujours accordé une place importante à cette dimension tout au cours de sa longue vie. C’est sans doute dans ce cœur à cœur avec son Dieu qu’elle puisait son enthousiasme, son amour des gens et sa grande générosité. Elle était de ces femmes qui savent conquérir les cœurs pour les rendre meilleurs. À bras ouverts, elle aura accueilli de nombreux jeunes talents d’ici et les aura aider à faire carrière ici et à l’étranger. Elle disait dans une entrevue: «Ouvrez votre cœur. Ouvrez grand votre cœur, là il y a les ressources.» C’est au fond de son cœur que l’on puise le désir d’apporter quelque chose de signifiant à ce monde et surtout la force de continuer. Clairette l’avait bien compris et elle a parcouru sa route avec une détermination hors du commun en prodiguant amour et tendresse. Elle suivait son étoile!

Sa sœur Danielle me raconta récemment combien elle était demeurée une femme de cœur, passionnée de la chanson, des gens et de la vie. Elle avait, cette petite Marseillaise fort bien saisi sans doute, que la vie ne peut être réussie qu’en se donnant. La vie de Clairette, c’est une vie donnée avec passion. En ce mois de novembre, traditionnellement appelé le mois des morts, il est bon de se rappeler ces grandes figures qui ont marqué le passé lointain et récent du Québec. Le mois de novembre nous invite à faire mémoire, de ces hommes et de ces femmes courageux et parfois oubliés qui ont façonné notre histoire, notre destinée et notre identité commune. Robert Lebel chante ces belles paroles aux héros oubliés: «Ils sont nombreux les bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux et qui n’ont pas laissé d’image. Tous ceux qui ont, depuis des âges aimé sans cesse et de leur mieux autant leurs frères que leur Dieu. Ils sont nombreux, ces gens de rien, ces bienheureux du quotidien. Éternellement heureux! Dans son Royaume!»

Hier, le lundi 3 novembre, des centaines de personnes se rassemblèrent en la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde pour assister aux funérailles de Clairette Oderra, présidées par le Cardinal Jean-Claude Turcotte. Clairette savait rejoindre le cœur des petits et des grands de ce monde. Par sa voix et sa présence chaleureuses, elle redonnait courage à tous ces bienheureux du quotidien.

Clairette, votre parcours terrestre prend fin, mais ce que vous avez semé dans le cœur des Québécois continuera de fleurir abondamment. Vous aimiez tellement chanter «La Quête».de Jacques Brel. Sans doute que ces mots de Brel dans votre bouche rappelaient votre parcours étoilé et votre magnifique destinée. À mon tour, j’aimerais tellement vous les chanter en guise d’amitié et d’au revoir:

« Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler, d'une possible fièvre
Partir, où personne ne part
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal
Tenter, sans force et sans armure
D'atteindre l'inaccessible étoile
Telle est ma quête
Suivre l'étoile »
(Jaques Brel)

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