( 80 ) Fini les devoirs?

30 novembre 2007 - Certains enfants au retour de la maison sont heureux de crier: «Youpi! On a pas devoir ce soir! » Les devoirs semblent être la bête noire des parents, un poids pour les enfants. Une enquête sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’apprentissage, publiée mercredi de cette semaine par Statistique Canada, montre que les parents se sentent plus souvent qu’autrement démunis, voire stressés devant les devoirs de leurs enfants. La question qui se pose depuis longtemps: «Devrait-on enlever les devoirs?». Pas simple!

Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous faisons des devoirs. Ça existe depuis que l’école existe! Mais voilà que les parents ne comprennent plus, se sentent dépassés par le vocabulaire, les approches pédagogiques des professeurs, les méthodes. Tout a tellement changé en éducation au fil des ans qu’ils ne peuvent plus aider leur enfant. Selon l’étude, 30% des parents croient que les élèves du primaire ont trop de devoirs. Et 47% d’entre eux disent passer trop de temps à aider leurs enfants dans leurs devoirs. Pour des parents super occupés, c’est une méchante corvée dont ils aimeraient se dispenser. Pourtant 80% des parents canadiens estiment que les devoirs demeurent très utiles puisqu’ils permettent de suivre et d’accompagner les enfants dans leurs apprentissages. Enfants obligés; parents dépassés?

Il est vrai qu’il n’est pas facile de suivre l’évolution pédagogique, le vocabulaire, la manière de dire les choses. Le problème n’est pas seulement au pays! En Europe, certains pays comme la Belgique et la France ont apporté des mesures limitatives sur la fameuse question des devoirs. En Belgique, par exemple, les enseignants ne peuvent donner plus de 30 minutes de devoirs aux élèves. En France, ce fut le tabula rasa, interdiction formelle de donner des devoirs. Je pense que les devoirs ont leur utilité; il faut donc proposer aux élèves des activités qui vont leur permettre de consolider leurs apprentissages.

En fin de journée, parents et enfants sont fatigués. Ils n’ont certes pas toujours le goût de s’attabler avec crayons, papiers et livres. Pourrait-on être plus créatif et proposer des devoirs ou activités qui ont un côté ludique? Ne devrait-on pas garder à l’école tout ce qui touche les apprentissages de base et offrir à la maison des activités complémentaires qui pourraient favoriser aussi les apprentissages? Devrait-on offrir des activités d’apprentissage facultatives à la maison? Il arrive souvent que les enfants sont occupés après l’école: cours de piano, de chant, de danse et activités sportives. Il est vrai que les enfants ont besoin de bouger si on veut lutter contre l’inactivité, la sédentarité et l’embonpoint. Devrait-on mettre en place des périodes dédiées aux devoirs à l’école? Le temps semble une denrée rare pour tout le monde!

La plupart des recherches en éducation démontrent l’importance du soutien des parents dans l’apprentissage scolaire de leur enfant. Le devoir doit répondre à une intention éducative précise et non à l’imposition de travaux forcés. Ce n’est pas une règle aveugle. Pour les parents qui veulent suivre leur enfant sur le plan scolaire, la période des devoirs peut être un rendez-vous fort intéressant. Mais est-ce que cela existe des devoirs intéressants? C’est plus souvent qu’autrement une corvée qu’il faut faire! Je ne connais pas beaucoup d’élèves qui sautent de joie lorsque les profs annoncent des devoirs. L’apprentissage ne vient pas uniquement par osmose. Apprendre demande des efforts selon le talent de chaque enfant. Si on enlevait tous les devoirs, cela changerait quoi dans la vie des enfants et de parents? Nous sommes dans une société où l’effort n’est pas valorisé. Tout doit être facile et non contraignant! Entre vous et moi, ce n’est pas vrai que l’on apprend l’anglais en 40 leçons!

Depuis des années, nous constatons des carences flagrantes dans l’apprentissage de nos enfants, notamment en français. La mémoire vive demande d’être stimulée sinon elle oublie assez facilement les apprentissages. Plus on pratique une activité, plus on risque de s’améliorer, de maîtriser un certain art, un certain apprentissage. Je crois que tout est dans l’approche et le dosage. Fini les devoirs? Les devoirs ne sont pas une fin en soi, mais un moyen qui depuis belle lurette s’est avéré fort utile pour des milliers d’élèves. Devant la pertinence de ce complément éducatif qu’est le devoir, il revient à chaque instance, famille et école, de s’interroger sur ce qui serait le plus utile à l’apprentissage des enfants. Que chacun fasse ses devoirs!


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( 79 ) Sur les dents!

29 novembre 2007 - Rien de pire qu’un mal de dents! Mais voilà que les dentistes semblent en avoir provoquer tout un; ils s’en prennent au gouvernement à pleine gueule. Ils ont le mors aux dents et menacent de refuser tout simplement la carte soleil si le gouvernement du Québec n’augmente pas leurs tarifs. Il y a de quoi perdre son dentier! Écoutez bien, le salaire moyen d’un dentiste, je dis bien moyen, est de 125 000$ par année. Nous avons tous connu des expériences plus ou moins heureuses chez nos chers dentistes. Qui d’entre nous, n’a pas vécu de ces heures douloureuses? Vous passez une vingtaine de minutes sur la chaise et voilà votre porte-monnaie soulagé de quelques dizaines de dollars. Que se passe-t-il chez nos spécialistes?

Voilà que les 3600 membres de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ) sortent leurs crocs et se disent prêts à déclarer leur non-participation au régime d’assurance public. Au Québec, les enfants de moins de dix ans reçoivent des soins dentaires gratuitement avec la carte soleil. Nos pauvres dentistes réclament de l’État une augmentation de 35% sur les tarifs qui leur sont versés pour les actes posés chez les personnes, dont les enfants de moins dix ans, couvertes par le secteur public. La dernière offre gouvernementale serait une augmentation de 23%. Il semblerait que c’est insuffisant et qu’il y a trop de paperasse à remplir. Des dizaines de dentistes ont déjà tiré leur révérence de la RAMQ ; ce n’est pas assez payant pour garder un cabinet ouvert rétorquent certains. Qui soignera les plus pauvres, chers amis? Bien des patients trouvent que les soins dentaires sont exorbitants. Sondez l’opinion publique, vous verrez! Comment les dentistes justifient-ils leurs prix?

Le monde de la dentisterie a fait un progrès immense au cours des dernières décennies. Il n’y pas si longtemps le dentiste pouvait se munir d’un paire de pince pour arracher les dents et de quelques fraises pour effectuer des plombages. D’une médecine curative, la dentisterie est devenue davantage préventive et esthétique. Une évolution importante qui a fait apparaître de nouveaux soins dentaires et de nouvelles technologies: blanchissage des dents, fluorisation des dents, couronnes esthétiques, implants dentaires, etc. Toutes ces transformations ont un prix!

Pour les tarifs, l’Association des dentistes expédie à tous les ans une suggestion de grille tarifaire. Cette liste de prix est évidemment indicative laissant à chaque dentiste le soin de fixer ses propres tarifs. Les travaux dentaires sont liés aussi à la complexité des problèmes à résoudre chez le patient. Selon l’Association, il en coûterait en moyenne entre 19$ et 33$ pour un examen et environ 59$ avec radiographie, nettoyage et fluor. L’extraction d’une dent s’élèverait aux environs de 59$ et un plombage entre 40$ et 100$. En regardant les récentes factures de mes travaux dentaires, je suis bien loin des tarifs proposés par l’Association. Il faut donc marchander mes amis!

La médecine dentaire est monde masculin; 70% des dentistes sont des hommes. Chaque dentiste effectue en moyenne 63 consultations par semaine, pour un total de 1000 patients différents par année. Selon les seuls chiffres disponibles, soit en 2003, chaque Canadien a dépensé en moyenne 285$ chez son dentiste. Il faudrait sans doute hausser tout cela de beaucoup en 2007. Selon certains chirurgiens dentaires, il en coûte 250 000$ par année pour gérer une clinique dentaire de base; si vous ajoutez un peu plus d’appareils de pointe, il faut envisager un budget de 500 000$ par année. Il faut en réparer des dents pour arriver à rencontrer tous les frais et évidement faire une bonne marge de profit. Il est clair que le patient est à même de choisir les travaux qu’il est capable de se payer. La pression sociale et l’offre du chirurgien dentiste sont toutefois très fortes. C’est pourquoi, il faut là aussi magasiner et négocier.

Avec les tarifs de plus en plus élevés, plusieurs Québécois attendent le moment où les dents fassent mal avant de consulter; souvent il est trop tard. La santé dentaire des Québécois s’est améliorée grandement depuis quelques décennies, mais les coûts exorbitants tendent à limiter les visites de prévention au cabinet. On retrouve par exemple, chez les enfants de milieux défavorisés, beaucoup plus de problèmes dentaires à un jeune âge. Les menaces de l’Association de se retirer du programme de la RAMQ serait un véritable cauchemar pour les parents, surtout ceux à faibles revenus.

En cette période de négociation et de rage de dents de la part de nos chirurgiens dentistes, le Ministre de la santé aura besoin de toutes ses dents de sagesse pour calmer les 3600 membres de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec. Les demandes de hausse de tarifs des dentistes au gouvernement sont-elles justifiées? De toute façon, ce seront toujours les contribuables qui paieront la note. Il faut peut-être demander à nos chers dentistes qui a financé les facultés de médecine dentaire? Encore les contribuables mes amis. Les soins dentaires de base ne sont pas un luxe; mais selon les tarifs de certains dentistes, c’est tout comme. En passant, à quand le prochain rendez-vous chez votre dentiste? Avez-vous réussi à en avoir un? Oui, dans trois mois. Ne soyez pas trop sur les dents quand même.


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( 78 ) Se casser la gueule

28 novembre 2007 - L’hiver est vraiment arrivé! Pour les Montréalais, le tout a commencé jeudi dernier par un 15 centimètres de neige; pour le reste de la province, il y a déjà quelques semaines! Après un automne plus clément que d’habitude, on ne croyait plus à l’hiver. N’ayons crainte le froid s’est dégelé de sa timidité et a fait son apparition dans notre vie quotidienne. L’arrivée de la neige, c’est le grand branle-bas des amateurs de sports d’hiver. Ils sont légion au Québec et pour cause. La province a tout ce qu’il faut pour combler les désirs de ces envahisseurs et de ces aventureux de nos montagnes enneigées.

Mais voilà que la Revue canadienne de santé publique rapporte une augmentation significative du taux de blessures dans les stations de ski de la province au cours des dernières décennies. Les auteurs signalent une situation préoccupante et s’interrogent sur la sécurité des parcs de surf acrobatique ou l’on constate des risques plus grands de blessures graves. Depuis 1990, une trentaine de personnes ont perdu la vie sur les pentes de ski ou dans les parcs à neige. Au Québec, 500 000 personnes se blessent annuellement en pratiquant un sport. Selon le Ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport 28 000 des ces accidents sont liés à la planche à neige et 17 000 au ski. D’autres études précédentes avaient soulevé des préoccupations similaires. Chez les planchistes, le taux de blessures a augmenté de 17% en 10 ans. Il faut dire que la planche s’est popularisée ces dernières années au Québec. On retrouve de nombreux planchistes dans plusieurs parcs publics à la recherche de prouesses de plus en plus époustouflantes.

Les parcs où l’on pratique la planche à neige datent d’une dizaine d’année au Québec. Il faut signaler que c’est un sport assez récent chez nous. Le snowboard est né chez nos voisins du Sud dans les années soixante lorsque des surfeurs trouvèrent des ressemblances, des points communs entre l’eau et la neige. Le tour était joué! Sherman Popper construisit un engin ressemblant au surf sur l’eau, mais adapté pour la neige qu’il offrit le jour de Noël 1965 à ses deux filles Wendy et Laurie. Il assembla deux skis et ce fut l’apparition de la planche à neige artisanale sous le nom de snurfer; néologisme né de la combinaison des mots snow et surfer. La reconnaissance populaire du snowboard pris un certain temps. Plusieurs modèles de planches firent leur apparition au cours des années, mais les magasins de sport refusèrent la vente de celles-ci car trouvées trop dangereuses.

Ce n’est qu’au début des années 90 que le snowboard atteint une notoriété. Des jeunes équilibristes pour ne pas dire cascadeurs rivalisent d’adresse. Des championnats d’organisent en Europe et en Amérique. En 1998, le snowboard est déclaré sport olympique aux jeux d’hiver de Nagano. À la fin des années 90, il se produisait 2 millions de planches par année; depuis ce temps, l’on constate une croissance annuelle de 10%. Aux Jeux Olympiques de Nagano, le Canadien Ross Rebagliati s’impose, mais dans la controverse puisqu’on le soupçonnait d’utilisation de drogue. Discipline olympique ou pas, c’est pas mal dangereux; la sécurité est minimale. Les pentes enneigées de nos montagnes, ce ne sont pas les vagues de l’océan. Une chute à 65 kilomètres/heure est pas mal plus dramatique!

Il existe au Québec une centaine de stations et de centres de ski où les planchistes sont les bienvenus. Les principales stations se trouvent à proximité des grands centres urbains, soient les villes de Québec et de Montréal. Plusieurs auteurs, ayant publié différentes études, proposent quelques mesures pour réduire les accidents de plus en plus fréquents, dont l’obligation du port d’un casque de protection. La recherche de la Revue canadienne de la santé publique met l’accent sur des normes d’aménagement. Il faut revoir la signalisation, l’aménagement des pistes, etc. Il est d’autant plus urgent de le faire puisque ce sport s’adresse davantage aux jeunes qui, souvent, négligent dans leur hardiesse les mesures minimales de sécurité.

Le Gouvernement du Québec tente par tous les moyens d’éduquer les adeptes de la planche. Il existe d’ailleurs un Code d’éthique pour les planchistes qui comprend 13 règles de sécurité. On dit souvent que le sport est une affaire de frissons. Aujourd’hui, la planche est un sport que l’on dit «branché»; vaut mieux bien se brancher sur sa planche si l’on ne veut pas se casser la gueule. Les planchistes n’ont qu’à bien se tenir, sans quoi ils se ramasseront à jamais sous les planches!

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( 77 ) De l'ordre dans les autobus

27 novembre 2007 - Le péril jaune, cela vaut dit quelque chose? Non, non, ce n’est pas la Chine qui s’émancipe, ni la propagation d’une épidémie de fièvre jaune! Le péril jaune, ce sont ces milliers d’autobus qui sillonnent les villes et villages du Québec pour transporter notre futur collectif, nos enfants! Mais voilà qu’il faut mettre de l’ordre là-dedans aussi! Nos chers écoliers, semble-t-il, en font voir de toutes les couleurs aux chauffeurs de ces mastodontes. Que se passe-t-il dans ces fameux autobus?

Nos chauffeurs sont au coton! La marmaille estudiantine a un plaisir fou à se payer la tête de nos braves et patients chauffeurs d’autobus. Trimbaler des jeunes pleins d’énergie pendant plus d’une heure, et parfois davantage, dans un autobus sans trop de confort, ni surveillance, donne lieu à des comportements animaliers hors du commun. Des jeunes se tiraillent, crient, crachent, sacrent, insultent le chauffeur, dessinent des graffitis, saccagent les bancs. Les chauffeurs ont leur voyage! La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, s’apprête à mettre en place une politique nationale de discipline dans ces fameux bus scolaires. On prévoit même des sanctions pour les écoliers récalcitrants. Certaines commissions scolaires possèdent déjà un code de conduite à bord des autobus, mais comment des chauffeurs peuvent-ils conduire en toute sécurité et surveiller seul cette meute de fauves?

Au cours d’une journée scolaire, c’est tout un cortège routier qui se met en branle au Québec pour transporter nos enfants pas si tranquilles que cela. Plus de 60% des écoliers de la province utilisent le transport scolaire. En 2006, matin et soir, 600 000 élèves ont monté à bord de la caravane des 8 000 autobus et minibus jaunes et des 2 000 berlines qui sillonnent le Québec beau temps, mauvais temps. C’est près d’un million de kilomètres parcourus à chaque jour. C’est de la route mes amis! Selon les données du Ministère, le coût moyen pour le transport d’un élève, matin et soir, revenait à 818$ en 2006.

Pas facile le transport scolaire dans ce monde en ébullition. Il faut suivre les tendances. Les récents développements en milieu urbain et plus récemment les transformations des résidences secondaires et résidences permanentes obligent à effectuer plus de distances. Les écoles de rang, c’est perdu dans un lointain passé! Pour permettre à un enfant de se rendre à l’école, les chauffeurs d’autobus doivent se rendre dans des endroits très reculés et souvent pas très faciles d’accès. Avec les bouleversements que connaissent les couples québécois, la garde partagée est à l’honneur. Les enfants ne se promènent pas seulement en autobus jaunes; mais aussi de foyer en foyer aux deux semaines. Il faut que le transport scolaire se mette aussi au rythme des familles de chez nous et cela oblige des conducteurs à être très vigilants au niveau des présences et des absences. Dans la vie trépidante d’aujourd’hui, pas facile d’être chauffeur d’autobus scolaire!

Le transport scolaire constitue un secteur très exposé aux risques d’accidents routiers. Même si aucun décès n’est survenu dans un autobus scolaire, on a tout de même dénombré 61 jeunes, dont l’âge variait de 5 à 17 ans, qui ont été victimes en traversant la rue, en montant ou descendant de l’autobus scolaire entre 1994 à 2004. De ce nombre, cinq personnes sont décédées. Des mesures supplémentaires de sécurité ont été ajoutées à l’ensemble du réseau. L’autobus scolaire demeure toutefois un mode de transport des plus sécuritaires. L’âge moyen des autobus est d’environ 5,6 ans; 21,5% des autobus scolaires ont un an et moins; 10,5% ont 11 ans et plus de service.

Pour les 69 commissions scolaires du Québec, la priorité du transport scolaire doit demeurer d’abord l’éducation. Desservir les élèves transportés en respectant les priorités pédagogiques et éducatives, c’est essentiel. Toutefois, la sécurité est aussi une question de discipline et de savoir-vivre. Ce ne sont pas les jeunes qui doivent être maîtres à bord des autobus. Les chauffeurs n’ont pas tous une formation en pédagogie et ne sont pas tous des préfets de discipline. C’est fini le temps où les jeunes marchaient les fesses serrées. L’enfant roi étend son règne un peu partout. Les autobus ne sont pas une cour d’école, encore moins une salle de défoulement collectif. Il y a des attitudes et des gestes grossiers qui étonnent de la part des jeunes d’aujourd’hui et qui sont socialement inacceptables.

Il faut saluer la mise sur pied d’un code de vie national à bord des autobus, mais cela ne remplacera pas le civisme, le savoir-vivre et l’éducation que les parents doivent donner à leur enfant. Il ne faut pas demander aux chauffeurs d’autobus d’éduquer les enfants tout de même! À voir ce qui se passe dans nos autobus jaunes, il y a de quoi rire jaune! Avec l’intervention de la Ministre, le feu jaune passera sans doute au rouge, pour la sécurité de nos enfants et le respect des chauffeurs d’autobus. S’il est bon d’avoir des autobus scolaires mécaniquement en ordre, il va falloir maintenant mettre de l’ordre dans les autobus n’en déplaise à nos jeunes fauves.

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( 76 ) Le Cardinal et ses excuses

26 novembre - Quel déchaînement médiatique! La semaine dernière a été riche en rebondissements, mais aussi en défoulement collectif suite aux propos d’un évêque que l’on dit conservateur. Voilà que le Cardinal Marc Ouellet, éminent archevêque du diocèse de Québec et Primat de l’Église canadienne, expédie une lettre d’excuses aux médias avant de s’envoler pour l’Europe. Une lettre dans laquelle il offre ses excuses pour les torts commis envers le peuple québécois par l’Église catholique avant les années 60; une lettre assortie aussi d’insistantes recommandations d’un retour au bercail. Décidément, il y avait de quoi ameuter les pourfendeurs de la religion. Les médias se sont déchaînés comme jamais!

En peu de jours, nous avons entendu toutes les aberrations inimaginables. Réactions épidermiques d’un peuple qui n’a pas encore fait le ménage dans ses croyances et dans ses appartenances. Il faut dire que les médias se sont chargés d’attiser ce feu porteur de cotes d’écoute et de ventes de journaux. Après avoir entendu quelques ténors à grande gueule de certains médias populistes, tous les représentants des blessés par l’Église ont été les premiers à prendre parole puisque le Cardinal était introuvable en Espagne. On a interrogé les mouvements féministes, le mouvement de la laïcité, le représentant des enfants abusés que l’on appelle les Orphelins de Duplessis, le député bloquiste et prêtre Raymond Gravel, et enfin quelques prêtres ou religieux qui osaient parler en l’absence de l’auteur de cette fameuse lettre. Même la Ministre Christine Saint-Pierre est intervenue dans un domaine où son gouvernement cherche plus que jamais à prendre ses distances. Puis, on a fini par le trouver ce cher Cardinal. Sa réponse aux questions: il ne s’attendait pas à tout ce branle-bas médiatique!

Depuis que la caravane des commissaires de la Commission Bouchard-Taylor sillonne le Québec en sondant le cœur des Québécois sur les accommodements raisonnables, nous en avons entendu de toutes les couleurs et selon l’expression populaires, «des vertes et des pas mûres»; confessionnal à ciel ouvert que cette commission! Depuis des mois, nous entendons parler de la religion sous toutes ses coutures. Le Québec est viscéralement un pays de paradoxes. Nous en avons assez de la religion, mais nous tenons quand même à elle sur le plan culturel et pour marquer les étapes importantes de notre parcours terrestre.

Il y a peu d’endroits au monde où le religieux est encore aussi présent dans les débats de société. Il faut dire que l’Église a été au cœur de l’espace public depuis le début de la colonie. Le Québec a été construit par une liste impressionnante de saints et de bienheureux. Il ne faut pas s’étonner que la religion nous colle à la peau. Nous baignons dans l’eau bénite depuis nos origines; c’est presque génétique! Nos valeurs sociétales que l’on veut pourtant laïques sont fondamentalement d’origines chrétiennes. Certains gueulards médiatiques sont manifestement ignares de la question religieuse, ne faisant aucune nuance, aucune distinction entre l’Église institution et l’Église peuple de Dieu. Il faut dire qu’ils ont débarqué de la religion, pour la plupart dans les années 60, après Vatican II et la Révolution tranquille.

S’il apparaît normal de critiquer les institutions; nous avons toutefois besoin d’elles, malgré la lourdeur qu’elles imposent à nos humbles vies. Nous vivons toujours au Québec dans une culture chrétienne, n’en déplaise à plusieurs détracteurs. L’arrivée massive des immigrants de religion différente, nous replonge dans une question identitaire des plus salutaires. Les propos recueillis lors des audiences publiques sur les accommodements raisonnables vont majoritairement dans le sens du maintien, du respect de notre culture chrétienne et des ses valeurs. Cette fameuse commission est une excellente occasion de réfléchir profondément sur les racines chrétiennes, sur les liens que nous maintenons avec la religion de nos pères. Le christianisme va bien au-delà de la pratique dominicale.

Tirer à boulets rouges sur une Église qui, depuis près de cinquante ans, démontre chez nous des signes évidents d’une mort imminente, relève de la pure démagogie, voir du harcèlement. Notre Église institutionnelle est aux soins palliatifs mes amis! Un peu de respect, s’il vous plait! Comme on dit souvent : «Le Québec est tricoté serré.» Qui d’entre nous, n’a pas un grand oncle, une tante, un cousin, une cousine éloignée, un frère ou une sœur membre du clergé ou d’une communauté religieuse? Le Québec a été une riche pépinière de vocations religieuses; je crois profondément qu’il continuerait d’en produire s’il y avait des enfants. La crise des vocations n’est pas ecclésiale, mais familiale. Les fervents catholiques auraient beau prié à s’en saigner les genoux, sans enfants, pas de prêtres et de religieux. C’est clair comme de l’eau bénite mes amis! Le clonage des prêtres et des religieux, ce n’est pas pour demain. À mon avis, il faudrait davantage prier pour la famille. L’ordination des femmes, bien que souhaitée, ne ramerait pas les Québécois distants à la pratique du culte dominical. C’est un leurre! Nous n’avons qu’à vérifier dans les Églises protestantes. Le malaise de nos contemporains est bien plus profond que cela.

Revenons à Monsieur le Cardinal. Je pense qu’il aura des comptes à rendre à son retour au Québec. Dans la vie médiatique ou dans la vie tout court, tout est une question de timing, d’à propos et de nuances. Ce qui dérange dans la lettre du prélat, ce ne sont pas tant les excuses que les propos récupérateurs d’un évêque déjà perçu comme conservateur, ayant vécu à l’étranger et aux services internes de l’institution pendant des années, loin des préoccupations du vrai monde. Sans être le légendaire Cardinal Léger, il est clair que son Éminence aime les caméras! On ne peut reprocher au Cardinal de faire des excuses publiques, après tout, il est le Primat de l’Église canadienne. À ce titre, on n’a pas à demander à qui que ce soit la prise de parole; on la prend c’est tout!

Monsieur le Cardinal, le Québec a changé! La prise de parole publique d’une autorité reconnue ne peut se faire de manière anodine, sans mesurer les conséquences. Si c’est le cas, c’est de la pure naïveté. Des excuses aussi sincères soient-elles n’effacent pas tout! Elles étaient un risque à prendre dans une période sensible et de surchauffe identitaire. Malheureusement, la sincérité des excuses a été minée par des propos récupérateurs. La noble intention de rétablir le dialogue entre l’Église et le peuple québécois s’en trouve terni, suscitant spontanément la méfiance, le scepticisme. «Chat échaudé craint l’eau froide» dit-on. Nous le savons tous, les Québécois ont beau vociféré contre la religion, elle fait partie d’eux-mêmes. Elle fait tellement partie de leur être profond que les mots de la sacristie, même laïcisés, colorent toujours abondamment leur langage quotidien.

Qu’on se le dise, l’Église catholique a déjà vu neiger. Elle ne vit pas au rythme de notre société tapageuse, iconoclaste et hédoniste; elle a l’éternité pour elle! Sa lente et lourdaude marche dans les méandres de la vie de nos sociétés, au cours de l’histoire, lui donne quand même une longueur d’avance sur notre futur immédiat, sur notre vue trop souvent à court terme, limitée. Elle a, de par sa mission et son espérance, de la vision et de la perspective qui dépassent de loin nos tiraillements bêtement humains. Mais l’Église ne doit pas oublier que la foi se vit concrètement dans la pâte humaine, dans des gestes de solidarité, de compassion et d’écoute. Ceci dit, rien n’empêche qu’un Cardinal puisse se faire rabrouer sans complaisance, au grand dam des ses collègues de l’épiscopat québécois. Les Pères du concile Vatican II parlait d’une Église pour notre temps! Où est-elle se demandent encore plusieurs catholiques quarante-cinq ans plus tard? En Église, on ne peut plus faire cavalier seul, c’est éminemment une parole commune et de solidarité qu’il faut prendre. Bon retour au pays Monsieur le Cardinal.


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( 75 ) Pour plus de justice!

23 novembre 2007 - Le combat pour la justice, vous connaissez? Avec tous ces procès avortés, ces remises de peine, ces fausses accusations, ces avocats corrompus, les gens se posent toujours la même question: «Y a-t-il une justice sur cette terre?» Question si souvent posée et jamais vraiment répondue! Les gens disent couramment: «Lorsque l’on a de l’argent, on s’en sort facilement!» Bien des Québécois et des Canadiens croient que notre système judiciaire est une passoire; que depuis des décennies ce système n’a pas su apporter des solutions durables aux actes criminels.

Nous désirons tous un système qui protège équitablement nos droits, notre dignité et nos valeurs dans ce pays. Avec tous ces procès médiatisés, ces sommes astronomiques investies et ces enquêtes bâclées, on s’interroge sans cesse sur notre processus judiciaire. Les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Avec tout cela, nos prisons sont remplies à craquer et les bavures policières ne se comptent plus. Comment peut-on lutter contre l’injustice, contre l’inégalité, contre la haine, contre les atrocités et j’en passe? Il n’est pas simple de se frayer un chemin dans les méandres de la justice de ce pays. Peut-on penser la justice autrement?

Du 18 au 25 novembre, se déroule sur le plan national la Semaine de la justice réparatrice. À cette occasion, plusieurs associations et organisations tentent d’apporter un message d’espoir pour affirmer que la réhabilitation et la compassion pour les victimes doivent habiter nos cœurs si l’on veut que naissent de possibles réconciliations et que surgissent de difficiles pardons. Depuis plusieurs années, le mouvement de la justice réparatrice tente d’apporter de nouvelles approches dans le domaine judiciaire. En fait qu’en est-il? Au Canada, c’est en 1974 qu’est apparu cette nouvelle vision de la justice. La justice réparatrice se veut une approche non conflictuelle et inexorablement non expiatoire qui s’intéresse tout particulièrement au rétablissement des victimes, à la responsabilisation des délinquants ainsi qu’à la collaboration des citoyens, de manière à créer des collectivités plus saines et plus sûres. Tout un défi!

Au fil des années, le Ministère de la justice a mis en place divers programmes de participation. Selon le Ministère, «les programmes de justice réparatrice font participer volontairement la victime de l’acte criminel et le délinquant. L’objectif visé est de «rétablir» les liens, de réparer les dommages et d’empêcher la personne de récidiver.» Le concept de la justice réparatrice se fonde sur le concept de la guérison communautaire. Plus clairement, la collectivité décide quelle est la meilleure façon, pour elle, de composer avec les auteurs de certains crimes. Tous les programmes favorisent et recherchent la guérison, le pardon et la participation volontaire. Plusieurs moyens sont mis de l’avant tels la médiation, les conférences, les cercles de détermination de la peine, les groupes de discussion sur la réconciliation, etc. Au lieu d’être basée sur une vision traditionnelle de la justice par le châtiment, la justice réparatrice se base sur la responsabilité du contrevenant, sur la résolution des problèmes et sur le droit de parole égal des délinquants et des victimes. Cette approche donne d’excellents résultats sur la réinsertion sociale et la réparation.

Certains principes de la justice réparatrice, comme le pardon et la réparation, prennent leurs sources du judaïsme et du christianisme. Il est difficile d’aborder le pardon dans des questions de justice. Comment pardonner à celui qui nous a blessé profondément? Nous connaissons tous la parole de l’Évangile: «Il faut pardonner jusqu’à soixante-dix sept fois.» Pas facile! Nous avons tous vécu des moments où d’autres ont été pour nous une cause de souffrance. Les exemples pourraient être nombreux et de formes multiples: violences verbales, physiques, émotionnelles, sexuelles, etc. La plupart du temps il ne peut être question de les accepter, des les nier, de les oublier, de les excuser ou de renoncer à une juste réparation. Pourtant, le chemin du pardon s’avère un chemin de libération.

L’exemple le plus frappant du 20e siècle fut sans contredit celui du Pape Jean-Paul II lorsqu’il pardonna à Ali Agça, le terroriste qui a voulu mettre fin à sa vie. Ce Pape hors du commun, nous a donné un exemple sans équivoque en allant même rencontrer son agresseur en prison. Il disait: «L’homme qui pardonne ou qui demande pardon comprend qu’il y a une vérité plus grande que lui.» Chaque fois que nous pensons aux auteurs d’événements tragiques du passé, nous ressentons encore de la colère et de la haine, nous revivons dans notre esprit l’état de la victime. Nous souffrons toujours! Le pardon apaise, il ouvre la voie à la sérénité tout en gardant le souvenir de ce qui est passé et des apprentissages acquis. Il nous permet de mieux vivre le présent et de mieux nous projeter dans l’avenir. Nous empoisonnons notre vie, voire pendant des années; souvent les refus de pardonner sont la source d’innombrables problèmes psychologiques. La route du pardon nous affranchit de l’esclavage de la colère et nous fait redécouvrir la maîtrise de notre vie. Le pardon, n’est pas un geste de lâcheté. Certes, il y a un « lâcher prise » sur la blessure, mais il est une démarche salutaire de libération et de mieux vivre.

Dans quelques semaines nous amorcerons la périodes des fêtes. Temps de réjouissance mais aussi de réconciliations générales; pas toujours évident! Dans certaines familles, les ressentiments sont tellement forts que ce temps de paix est devenu une épreuve. La seule évocation du mot pardon suscite des réactions vives chez plusieurs. Pourtant, vivre fâché, demande beaucoup d’énergie et entretient un stress constant. En ce Noël 2007, pourquoi ne pas se faire un superbe cadeau, celui du pardon. Le pardon n’est-il pas un test sur notre capacité d’aimer? Le véritable amour ne pardonne-t-il pas tout? Pardonner reste fondamentalement un acte, une décision à prendre. Pour plus de justice, notre vengeance prendra-t-elle l’arme du pardon?


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( 74 ) D'innocentes victimes

22 novembre 2007 - Les enfants, c’est l’avenir dit-on. Pourtant, des milliers d’enfants de par le monde pleurent, souffrent et meurent. Il y a deux jours, soit le 20 novembre, c’était la Journée internationale des droits de l’enfant. Occasion unique pour réfléchir à la situation des enfants d’ici et d’ailleurs; pourtant, très peu de mention de cet événement dans les médias du Québec. Il me semble que le sort des enfants du monde nous concerne tous. Cette journée marquait l’adoption par les Nations Unies en 1991 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Tous les pays signataires de cette convention se sont engagés à veiller à ce que tous les enfants soient traités avec dignité et respect, en ce qui a trait à leurs droits fondamentaux. Qu’en est-il réellement de la situation des enfants?

Des centaines de millions d’enfants sont exploitées et victimes de discriminations dans le monde. Certains d’entre eux sont vendus ou forcés d’effectuer des travaux inacceptables. Plusieurs États ferment les yeux sur des situations alarmantes et scandaleuses. La moitié des victimes civiles des conflits armés sont des enfants. L’Unicef estime à vingt millions les enfants contraints de fuir leur demeure en raison des conflits et des violations des droits fondamentaux. Ce n’est pas rien! Mes amis, au cours de la dernière décennie, les conflits armés ont tué plus de 2 millions d’enfants. Entendez-vous, 2 millions d’enfants! De plus, 6 millions ont été frappés d’une invalidité permanente ou grièvement blessés. Plus d’un million d’enfants ont été rendus orphelins. Entre 8 000 et 10 000 enfants sont tués ou mutilés par des mines terrestres chaque année. Des chiffres qui nous chamboulent! Et pourtant, la terre continue de tourner laissant à leur sort des victimes innocentes.

Si rien ne bouge, des millions d’enfants seront oubliés à jamais, marqués pour la vie par des sévices ignobles. Les enfants sont les êtres les plus vulnérables du monde; ils ont droit à une enfance protégée et en bonne santé. En l’espace de 25 ans, le SIDA est devenu la maladie la plus dévastatrice dans l’histoire de l’humanité. Les enfants tombent comme des mouches! L’Afrique subsaharienne est la plus touchée et le SIDA est la première cause de mortalité infantile. Chaque jour, 14 000 personnes en sont infectées. La communauté internationale doit aller bien au-delà des beaux discours et des grands colloques. Nous savons tous que les seuls montants investis dans la guerre en Irak pourraient nourrir et soigner tous les enfants du monde. Quel désastre humain!

Je vous raconte une histoire vraie, celle d’un enfant noir. Lors d’un séjour de coopération en pleine brousse africaine, une jeune maman était venue me voir avec son bébé malade qui pleurait tout le temps. Elle voulait des médicaments pour soulager la souffrance persistante de son enfant. Démuni, je n’avais aucune médication; ne pouvant rien faire l’enfant mourut quelques minutes plus tard dans mes bras. Il n’avait pas encore de nom. C’était en 1987. Cet événement me marqua profondément pendant des années. Vous ne pouvez pas imaginer ce que l’on éprouve devant une telle mort. Je restai impuissant devant la vulnérabilité de ce petit être, devant cette mort inutile. À chaque Noël, au pied de la crèche, je pense à ce petit enfant malien mort dans mes bras, sans même avoir eu le temps d’avoir un nom. Son petit visage me rappelle encore combien la vie est fragile. Il me rappelle aussi, combien, malgré les failles de mon enfance, j’ai été privilégié. Il faut parfois vivre de ces événements saisissants pour nous transformer de l’intérieur.

En ce moment, selon l’Unicef, des centaines de milliers d’enfants participent à des conflits armés en tant que soldats, messagers, porteurs, cuisiniers et esclaves sexuels pour le compte de factions armées. Malgré les lois qui interdisent les mariages d’enfants, plus de 80 millions de filles dans les pays en voie de développement sont mariées avant l’âge de 18 ans, pour beaucoup bien avant. À l’abri des regards, des enfants vivent des cauchemars. Nous savons bien que les enfants sont les personnes les moins bien comprises, les plus vulnérables de la terre. Les pays exploiteurs d’enfants sont malheureusement gouvernés par des grandes personnes qui ont oublié qu’elles furent aussi des enfants.

Oui, nous avons tous été des enfants et à certains égards nous le sommes demeurés dans quelque recoin de notre être. C’est à chacun de nous de poser des gestes porteurs d’espérance. La chanson de Yves Duteil me revient en tête : «Pour les enfants du monde entier qui n’ont de voix pour pleurer, je voudrais faire une prière à tous les maîtres de la terre. Dans vos sommeils de somnifères où vous dormez les yeux ouverts laissez souffler pour un instant la magie de vos cœurs d’enfants.» Devant ce triste survol de la situation des enfants dans le monde, impuissant, il ne me reste souvent que les mots d’une humble prière et le souvenir d’un enfant africain mort dans mes bras!

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( 73 ) Des talents qui ont un prix

21 novembre 2007 - Quel père de famille, amateur de hockey, n’a pas rêvé que son fils soit un jour dans la ligue nationale? Je me souviens de mon beau-frère qui accompagnait mon neveu à toutes ses parties de hockey; à vrai dire, il voulait plus que son fils! Ma voisine a toujours désiré que sa fille réalise le rêve qu’elle n’a jamais atteint, pianiste de concert. Il y a de ces rêves que l’on porte pour nos enfants, mais qui, au fond, ne les intéressent en rien. Par contre, il y a des rêves d’enfant que les parents ne veulent pas suivre ou plutôt ne peuvent pas soutenir, faute de moyens.

La revue Affaires Plus de décembre 2007, nous présentera un excellent dossier sur l’investissement en argent et en temps qu’exige la mise en valeur des talents de nos jeunes. Il faut parfois débourser une petite fortune pour accompagner son enfant jusqu’au bout de ses rêves. Les ambitions de nos jeunes ne sont pas toujours ajustées au porte-monnaie des parents. Que l’on pense aux disciplines olympiques, à la musique, aux arts de la scène. Est-ce que devenir une étoile montante s’avère à la portée de toutes les bourses?

Si l’enfant atteint un certain niveau d’excellence, c’est là qu’il faut avoir du fric. Dans certaines disciplines sportives, à un degré avancé, il faut s’attendre à débourser plus de 20 000$ par an. Il faut aimer son jeune pour le suivre dans ses rêves! De plus, les bourses offertes par les fédérations sportives et les organismes culturels ne font pas le poids. Nous constatons tous que les sports traditionnels sont de moins en moins accessibles aux jeunes. Les équipements coûtent cher, la fréquentation des installations sportives ne sont pas toujours à la portée de tous. Dans les années 60, il y avait pourtant des patinoires publiques sur la grande majorité des cours d’écoles, des terrains sportifs accessibles à tous, etc. L’encadrement y était!

Aujourd’hui, si votre jeune désire jouer au tennis et participer à certains tournois, il vous en coûtera entre 1 000 et 2 000 dollars par an. S’il est un fan du hockey, il faudra débourser autour de 400 dollars pour l’équipement, entre 150 et 225 dollars pour jouer une saison dans une équipe de novice de 7 à 9 ans. Vous aurez à multiplier plusieurs fois ces montants pour les calibres Bantam et Midget. Pour le ski alpin, vous ne vous en sauverez pas, car l’équipement coûtera environ 340 dollars et un abonnement de saison dans une station reviendra entre 100 et 300 dollars par personne. Il y a par contre des forfaits famille, ouf! C’est un pensez-y bien! Le sport, les loisirs et les arts sont-ils destinés à la classe aisée?

La pratique du sport est de plus en plus valorisée et ses effets positifs tant sur la santé, les problématiques sociales et la qualité de vie, font l’unanimité. Cependant l’accès aux sports et aux loisirs est loin d’être assuré pour tous. Plusieurs déterminants influent sur ce constat: ressources financières, gestion du temps, disponibilité des infrastructures, mobilité, etc. Force nous est de constater que 40% des jeunes d’aujourd’hui sont moins actifs que les jeunes d’il y a 30 ans, et l’obésité juvénile a augmenté de 50%. L’alimentation est certes une des causes de l’augmentation de l’obésité, mais il ne faut pas négliger l’inactivité qu’entraînent les ordinateurs, les jeux vidéo et Internet. Avec la multiplication des chaînes de télévision spécialisées, nos ados font du siège plus souvent qu’autrement. Les enfants ne marchent plus pour se rendre à l’école, certaines écoles interdisent même le vélo. Tout favorise l’inactivité et la prise de poids qui est une source indéniable de futurs problèmes de santé.

Même s’il en coûte cher, le sport et l’activité physique ne doivent pas donc pas être perçus uniquement comme une dépense, mais davantage comme un investissement dans une approche globale d’équilibre et de santé. Il revient aux autorités municipales et gouvernementales d’offrir des espaces accessibles à tous pour mettre en valeur leurs talents tant sur les plans physiques que culturels. Notre être est un tout qui a besoin d’être stimulé, d’être en mouvement. Le dicton populaire: « Mieux vaut prévenir que guérir » est toujours pertinent en ce domaine. Sports et loisirs: même combat?

En parlant de combat, le grand boxeur Mohammed Ali disait: «On ne devient pas champion dans un gymnase. On devient champion grâce à ce qu’on ressent; un désir, un rêve, une vision. On doit avoir du talent et de la technique. Mais le talent doit être plus fort que la technique.» Et un peu d’argent avec cela monsieur Ali? L’argent ne peut donner le talent, mais il peut sans aucun doute aider à le mettre en valeur, à le développer. Nos jeunes ont du talent à revendre, mais où trouveront-ils preneur?


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( 72 ) Le savoir-vivre des Québécois

20 novembre 2007 - Vivre, c’est aussi savoir vivre! Je me suis demandé pourquoi je tenais tant à vous parler du savoir-vivre, de la politesse quoi. Sans doute parce que je constate un manque flagrant de politesse dans les rapports avec les autres, un certain «s’en foutisme» dans la manière dont les gens nous aborde, dans le respect des personnes. La semaine dernière, j’apercevais une vieille dame qui entrait avec peine dans un train du métro assez bondé; personne ne lui a cédé une place pour s’asseoir. Pourtant, il y avait plusieurs jeunes qui auraient pu offrir un siège à cette pauvre dame âgée. On dirait que l’étiquette, la politesse n’ont plus la cote dans la vie de tous les jours. Cela fait trop hautain? Un manque d’éducation? En fait, qu’en est-il du savoir-vivre au Québec?

Le périodique Sélection Reader’s Digest de novembre 2007 fait part d’une large enquête sur la courtoisie au pays. Étonnant de constater que le Québec se classe dans la moyenne du pays, sans plus. C’est la ville de Gatineau qui récolte la palme d’or en regard de la courtoisie. Selon les enquêteurs, la ville de Québec devrait rougir de ses mauvaises manières. Cela n’augure rien de bon à la veille des fêtes du 400e anniversaire de la célèbre ville du Château Frontenac. Le nouvel élu à la mairie de Québec devra mettre l’accent sur la courtoisie, organiser des cours sur l’étiquette et la politesse s’il veut que sa ville soit à la hauteur afin d’accueillir les milliers de visiteurs prévus en 2008. Pour sa part, la ville de Montréal se situe bien modestement au milieu du peloton. En regardant les résultats de cette enquête, la légendaire réputation d’accueil de la belle province en prend pour son rhume.

Comme tous les peuples de la terre, nous partageons un certain nombre de codes et de conventions qui règlent nos comportements dans notre vie en société. Tous ces codes forment ce qu’on appelle la politesse, le savoir-vivre, les bonnes manières ou encore l’étiquette. Dans les années soixante, à l’école primaire, je me souviens d’un livre scolaire sur la bienséance. Nous apprenions les bonnes manières, le civisme nécessaire au vivre ensemble. J’ai l’impression qu’en parlant de ce sujet, d’être un peu ringard, voire d’un autre siècle. Pourtant, les relations entre les individus nécessitent un certain code, des règles. Il apparaît essentiel qu’un certain code régisse nos manières d’entrer en relation avec les femmes et les hommes que nous croisons au quotidien. Certaines manières de faire seront dictées par la hiérarchie sociale. Le savoir-vivre détermine ce qui est attendu, permis ou interdit dans certaines situations. Tout ceci contribue à l’harmonie sociale. À mon avis, le manque de savoir-vivre que je constate, est fondamentalement un manque d’éducation.

Certaines personnes emportent tout en vacances, sauf leur savoir-vivre. Le savoir-vivre n’est-il pas l’art de ne pas montrer trop vite son savoir-faire? Les manquements les plus fréquents concernent nos rapports aux autres, je dirais surtout la qualité de nos rapports aux autres. Dans une société où prime l’individualisme, l’hédonisme et le chacun pour soi, il ne faut pas se surprendre de la piètre qualité de nos rapports avec les autres. Entrer en relation exige une décentration de soi, un certain art de créer des liens harmonieux. La politesse joue un rôle important dans nos rapports quotidiens avec les autres et nous avons tendance à l’oublier. La politesse n’est-elle pas cette vertu démocratique qui balise le lien social et qui constitue aussi les règles de base d’une bonne communication?

Dans la célèbre série Que sais-je?, Dominique Picard présente les quatre piliers de la politesse, en tant que fondement des relations humaines: la sociabilité, l’équilibre, le respect d’autrui et le respect de soi. La politesse c’est d’abord dans le lien social qu’elle se vit; elle prime sur l’individuel. Nous ne sommes pas des îlots mais des êtres de relation. Tout est dans la qualité du lien que je tisse avec ceux et celles qui m’entourent. Pour Dominique Picard, l’équilibre «est un principe régulateur de l’ordre social qui privilégie l’accord à l’affrontement, la satisfaction sur la frustration et permet de concilier des tendances contradictoires.» Le respect d’autrui apparaît comme un élément important dans nos modes relationnels puisqu’il concerne la discrétion, la déférence, le tact, la réserve. Enfin, le respect de soi colore nos rapports avec les autres. Une relation saine ne peut se vivre sans un respect pour soi-même, pour les valeurs qui m’habitent et me font vivre.

C’est à partir du 16e siècle que l’on commence à codifier les règles de politesse, des bonnes manières à table, de pudeur et de décence. Les questions de mœurs sont fondamentalement des questions de civilisation. Les manières de faire, les usages ont des connotations très culturelles; chaque culture a ses codes, ses manières de faire et de dire les choses. Vivre dans une société multiculturelle comme Montréal exige des Québécois de souche de comprendre les manières de faire et d’être des nouveaux arrivants. Les conflits et les frustrations naissent souvent de petits gestes mal compris, mal interprétés. N’oublions pas que la politesse fait toujours confiance à l’intelligence des autres.

Le célèbre Jean de La Bruyère disait: «La politesse fait paraître l’homme au dehors comme il devrait être intérieurement.» D’après l’enquête du Sélection Reader’s Digest, les Québécois ont des efforts à déployer pour améliorer leur image puisque les résultats montrent que c’est la région au pays où le savoir-vivre laisse le plus à désirer même si les trois quarts des Québécois francophones pensent le contraire. À trop s’admirer, ne risque-t-on pas de ne plus se reconnaître tel que l’on est? Il y a parfois des miroirs déformants.


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( 71 ) Départ des snowbirds

19 novembre 2007 - II va sans dire que le Québec est un coin de pays magnifique, mais on ne peut oublier son rude hiver. Ce n’est pas tout le monde qui affectionne les froidures de cette saison! Par les temps qui courent, de nombreux Québécois frileux lorgnent vers le Sud; nous les surnommons snowbirds ou retraités migrateurs. Au fait, qui sont-ils? Le snowbird est généralement une personne retraitée ou semi-retraitée qui a le temps et les moyens financiers de s’offrir un séjour à l’extérieur du pays pendant les mois d’hiver. On compterait pas moins d’un million et demi de ces retraités migrateurs dans la province. N’oublions pas que le Québec vieillit plus rapidement que les autres sociétés occidentales; il est en train de devenir le royaume du vieillissement. Une terre fertile pour l’émergence des snowbirds!

Les agences de voyages sont débordées ces temps-ci, du jamais vu semble-t-il. L’arrivée des temps froids donne des frissons à plus 2,1 millions de Canadiens qui, à chaque année se dirigent vers une destination soleil pour raccourcir l’hiver devenu trop rigoureux. N’ayez crainte, les agences de voyage connaissent bien ce Klondike juteux et font sans contredit des affaires d’or. La période hivernale qui vient dépassera toutes les prévisions des voyagistes. Qu’est-ce qui suscite un tel engouement soudain?

Vous vous en doutez, notre gros huard bien remplumé y est pour quelque chose! La valeur de notre dollar a bondi de 17% en un an; de quoi s’interroger sur sa stabilité future. Fort heureusement, il a commencé à redescendre lentement ces jours-ci. Avec une devise à parité avec le dollar de nos voisins du Sud, c’est bien tentant de partir au chaud! Pourquoi se faire geler au Québec? Les snowbirds sont aux aguets ces jours-ci et marchandent tous les forfaits de vacances. Toute la machine publicitaire des agences de voyage se fait voir en offrant des forfaits à des prix fort compétitifs! Que voulez-vous le soleil de la Floride attire davantage que les hôtels de glace de Québec.

L’État de la Floride s’attend à recevoir un nombre record de Canadiens. Le Gouverneur Charles Crist doit se frotter les mains. Selon les données, la seule région Fort Lauderdale, s’attend à accueillir quelques 450 000 Canadiens, une augmentation de 10%. Un sondage indique d’ailleurs que 44% des Canadiens songent à prendre plus de vacances ou à prolonger celles-ci à l’extérieur du pays si le huard maintient sa vigueur. Selon plusieurs voyagistes, la situation actuelle est gagnante sur toute la ligne pour les Canadiens : un dollar fort, une économie florissante, des destinations sécuritaires. Tous les ingrédients y sont pour réaliser de bonnes affaires.

C’est généralement en couple que les snowbirds se déplacent pour des séjours plus ou moins longs. Certains séjournent dans le Sud un mois ou durant toute la durée permise par la loi américaine, soit six mois. D’autres sont propriétaires de résidence secondaire, d’autres enfin sont locataires d’appartement qu’ils relouent d’année en année. Il y a aussi les snowbirds qui ont la bougeotte, les nomades, qui avec leur roulotte se déplacent à leur rythme et pour la variété des décors. Ils représentant entre 20% et 25% des snowbirds, soient près de 40 000 maisons mobiles qui prennent la route et s’installent sur les terrains de la chaude Floride. C’est un petit Québec du Sud mes amis! La manne québécoise qui déferle sur l’économie de la Floride n’est pas négligeable. Sachant bien que l’argent n’a pas d’odeur, je me suis toutefois demandé quelle image, quelle réputation ces retraités qui passent des mois à se rôtir l’épiderme laissent-ils en sol américain?

Si l’on se fie au premier film d’Elvis Gratton, réalisé par Pierre Falardeau en 1985, mettant en vedette ce personnage aux allures animalières que l’on pouvait identifier de colon moyen canadien français, on ne reflète pas une image très reluisante de notre population. Ce quasi macaque, bien campé par Julien Poulin, représentait cette espèce de grossier personnage de chez nous que l’on voudrait bien voir en disparition, mais qui malheureusement a une vigueur inouïe et tenace. La caricature de ce film est grosse, mais révèle un fond de vérité sur cette classe de notre société, sans culture, mais les poches pleines, qui est devenue arriviste et opportuniste. Nous avons tous en tête le stéréotype du parvenu obèse, aux chemises colorées, baragouinant péniblement l’anglais avec quelques mots de notre vocabulaire sacré, pensant peu et buvant beaucoup et ayant un penchant pour des vacances hivernales chez nos voisins du Sud. Ils sont malheureusement encore bien présents dans certaines destinations touristiques.

Fort heureusement, les Québécois ont appris à voyager au fil des années et ont développé leur savoir être à l’étranger. Il faut le redire, l’argent et même un huard qui vaut son pesant d’or ne donnent pas tous les droits et les privilèges. La culture et le savoir être ne se résument pas à une poignée de billets ou à une tenue vestimentaire acquise dans les boutiques à des prix exorbitants. Un auteur disait: «Le bonheur n’est pas une plante sauvage, qui vient spontanément, comme les mauvaises herbes des jardins : c’est un fruit délicieux, qu’on ne rend tel, qu’à force de culture.» Prendre conscience de ce que l’on ignore de la vie est un grand pas vers le savoir. Et que dire du savoir être? Bon voyage à nos snowbirds qui partiront pour des destinations soleil!


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( 70 ) Le Père Noël débarque !

16 novembre 2007 - Le Père Noël débarque à Montréal demain! Ce sera le grand défilé annuel au centre-ville de Montréal. Le cortège du célèbre pompon rouge offrira aux milliers de spectateurs massés le long de la rue Sainte-Catherine, une douzaine de chars allégoriques plus animés que jamais. Il y aura évidemment la fée des étoiles, tradition oblige! Selon les organisateurs, c’est tout un défilé qui attend les spectateurs. Préparer un défilé, c’est tout un exploit!

Mes chers amis, ce défilé comptera 800 personnes à l’animation, au-delà de 300 costumes, 150 objets thématiques préparés spécialement pour l’occasion. Chaque char allégorique, d’environ 3 000 kilogrammes, a demandé 1000 heures de travail pour sa réalisation. Plusieurs troupes des communautés culturelles ainsi que des fanfares, des chorales et des troupes de danse seront de la fête. Il y en aura plein la vue et les oreilles. Attachez votre tuque, caméras numériques et décibels seront au rendez-vous! Avec ce défilé, c’est le coup d’envoi de la course aux emplettes, la corvée des décorations à installer, l’assistance à des spectacles et concerts, les réservations à effectuer en prévision des sorties et j’en passe. Il faudra avoir du souffle, c’est comme une course à obstacles, un tourbillon décoiffant qui s’estompera avec la nouvelle année que l’on souhaite déjà plus reposante.

Dans l’attente que le Québec revête son manteau blanc, j’ai l’impression qu’en cette année, riche en événements médiatiques et en consultations populaires, Noël ne sera pas comme les autres. Il me semble que la caravane des Mages de la Commission Bouchard-Taylor nous aura apporté plus que de l’encens, de la myrrhe et de l’or. Avec toutes ces prises de parole et ces accommodements raisonnables, je suis en train de me demander si le sapin de Noël restera un sapin, si notre traditionnelle dinde pourra se faire bourrer de farce, si la fée des étoiles portera un voile, si le petit Jésus réussira à trouver une place dans la crèche. Avec tout ce qui se dit, j’ai la nette impression que dans la traditionnelle crèche vivante de mon village natal, l’âne aura de quoi braire, le gros bœuf et les moutons noirs de quoi brouter. À quoi ressemblera Noël cette année, mes amis?

D’année en année, les Canadiens battent des records de consommation. Imaginez, avec notre dollar remplumé, notre Père Noël n’aura pas à se serrer la ceinture puisqu’il aura magasiné aux États-Unis. Si Noël est traditionnellement un temps de réjouissances et de fêtes, ne nous leurrons pas, il est avant tout un temps de dépenses et de surconsommation à moins que nous en décidions autrement. En 2006, les Canadiens ont dépensé un total de 34,5 milliards de dollars en bien et services, soit une moyenne de 991$ par personne. Au Québec, les dépenses atteignent 730$. Les transactions par Internet ont augmenté de 44% l’an dernier et Visa Canada estimait à 2 milliards de dollars les achats effectués pour la seule journée du 23 décembre. Nous sommes loin de la simplicité volontaire!

Inquiétante cette croissance des dépenses? Le phénomène de la surconsommation au cours du Temps des fêtes pose question et commence à faire réfléchir pas mal de monde. Il y aurait près de 2% de la population québécoise qui serait victime d’un problème d’achat compulsif au cours de cette période. C’est près de 75 000 personnes! Certains spécialistes rapprochent cette problématique à la dépendance au jeu qui fait des ravages dans bien des familles québécoises. Beaucoup de travailleurs devront accumuler des heures supplémentaires pour payer ce que coûteront les nombreux achats de cadeaux, de décorations et de nourriture. L’arrivée du Père Noël, ça change peut-être des vies, mais pas toujours pour le meilleur des mondes. Oui, mes amis la Terre s’apprête à recueillir des tonnes d’emballages cadeaux, de vaisselle jetable et combien d’objets non désirés qui pollueront. Pour certains, l’arrivée du Temps des fêtes signifie travailler davantage, acheter à crédit, s’épuiser, polluer. La surconsommation est-elle devenue la source de nos problèmes environnementaux? En cette période où la consommation sera à son paroxysme, pourrait-on faire autrement pour une fois?

Depuis le début des travaux de la Commission Bouchard-Taylor, le Québec est en phase découverte ou plutôt redécouverte de l’essentiel de son identité. Nous pourrions sans doute effectuer la même démarche dans ce que représente fondamentalement Noël pour nous. Si nous mettions l’accent sur ce qui nous rend heureux, sur ce qui nous fait vivre profondément. Vous savez, parler à des amis, se retrouver auprès des membres de la famille élargie que l’on ne voit pas souvent, se reposer, faire le bilan de son année avec ses proches, inventer quoi! Pourquoi ne pas s’impliquer dans une organisation qui aide les plus démunis? Noël autrement, ce n’est pas impossible, n’en déplaise au Père Noël!

Faut-il se rappeler que Noël, c’est plus qu’un jour durant l’année, qu’un réveillon, c’est surtout un état d’esprit. Sapin, guirlandes, ragoût, bûche et cadeaux plein les bras ne remplaceront jamais le sens profond de cette fête, la venue d’un enfant pas comme les autres. Paulo Vicente disait: Pourquoi Noël arrive-t-il toujours quand les magasins sont bondés? Bon défilé!


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( 69 ) Des livres et des livres...

15 novembre 2007 - Des livres pour tous les goûts! Grand événement annuel, le Salon du livre de Montréal 2007 a ouvert ses portes ce mercredi 14 novembre. Nous en aurons encore plein la vue cette année et nous serons tentés par les milliers de bouquins qui s’offrent à nous. Dire qu’il y a quelques années, devant l’apparition d’Internet, plusieurs prédisaient la mort du livre. En ce 30e anniversaire, ce salon est devenu un incontournable de l’automne avec ses 1450 romanciers, poètes, essayistes, illustrateurs et bébéistes. C’est la passion du livre qui se manifeste dans toute sa créativité, le goût de rencontrer les auteurs de chez nous et d’ailleurs, la joie de dénicher quelques trouvailles qui occuperont de douces soirées d’hiver. Lire, pour le plaisir!

Imaginez, il se publie pas moins de 4000 livres au Québec par année! C’est incroyable! Ceux qui diront que le livre est en perte de vitesse, se mettent le doigt dans l’œil! La journaliste et auteure Micheline Lachance préside, pour une troisième année consécutive, cette 30e édition du Salon avec autant de conviction et d’enthousiasme. Elle affirmait dans son message inaugural: «Il y a 30 ans, au premier Salon du livre de Montréal, un jeune auteur prometteur du nom de Yves Beauchemin déclarait: «Ce ne sont pas des bourses et des subventions que l’écrivain recherche, ce sont des lecteurs.» Depuis trente ans, le Salon du livre de Montréal a bien rempli son rôle de promoteur du livre auprès des jeunes et des adultes. L’an dernier, plus de 123, 000 visiteurs ont envahi la Place Bonaventure pour assouvir leur passion de la lecture et leur curiosité bien légitime. Le Salon est sans contredit un lieu de sensibilisation et de promotion de la lecture auprès des écoliers qui viennent en très grand nombre explorer ce monde fascinant. Par les temps qui courent, ils en ont bien besoin ces jeunes! Un livre, c’est tout un monde à découvrir!

En cette période, où nous nous interrogeons sur l’avenir du français et de sa qualité sur cette terre d’Amérique, cette foire du livre est un formidable outil de diffusion de notre culture et de notre langue. Le plus important carrefour littéraire francophone des Amériques nous accorde cette année une journée de plus pour bouquiner, soit six jours. Il est des livres qu’il faut lire, des livres qui nous changent, des livres que l’on relit pour le plaisir. Ce grand rendez-vous est une occasion privilégiée pour s’interroger à nouveau sur la situation du livre, la vie de nos auteurs, la place qu’occupe la lecture dans notre société.

Selon la Fondation pour l’alphabétisation, 49% des Québécois ont de la difficulté à lire. Des élèves gravissent les échelons, mais arrivent souvent au secondaire sans savoir lire correctement. On le redit d’année en année, la province connaît un taux effarant de décrochage scolaire. Une situation inacceptable! Écoutez, nous ne sommes pas dans un pays du Tiers-monde après tout! Dans une société moderne comme la nôtre, comment se fait-il que tant de jeunes ne savent pas lire? ne savent pas écrire correctement?

Tout se tient en éducation. La lecture est un atout indispensable pour la réussite scolaire des enfants et des jeunes. Un des rôles importants du personnel enseignant, est de susciter le goût de lire. La lecture, c’est une fenêtre grande ouverte sur la connaissance, l’aventure et le monde. Selon les données recueillies périodiquement, nous constatons que les jeunes du Québec ne lisent pas suffisamment. La lecture, c’est comme toute chose; plus nous la pratiquons, plus nous développons nos habiletés et plus le plaisir de lire s’accroît. Il est certain que les jeux vidéo et l’ordinateur semblent beaucoup plus attrayants que les pages d’un gros bouquin sans image. On ne le dira jamais assez, la lecture est à la base de la réussite.

À l’école, des efforts importants sont déployés, mais c’est encore bien insuffisant! D’ici 2009, le ministère de l’Éducation et les commissions scolaires auront investi 15 millions de dollars afin de continuer à développer les collections des bibliothèques scolaires. La ville de Montréal vient d’annoncer ces jours-ci d’importantes sommes pour les bibliothèques publiques. Des gestes plus que louables, mais il est aussi du ressort des parents de favoriser la lecture. Chez moi, il y a toujours eu la présence de livres et de revues à la maison. Dès mon adolescence, j’étais abonné à la bibliothèque municipale; j’aimais me promener dans les rangées et regarder les titres. Encore aujourd’hui, j’aime toujours bouquiner dans les librairies pour connaître les nouvelles parutions, évidemment en surveillant mon porte-monnaie. La question du prix du livre en fait repousser plus d’un; malheureusement, les livres de qualité ne sont pas toujours abordables aux personnes à faible revenu.

Madame Lachance, porte-parole du Salon du livre, souligne que des questions récurrentes demeurent toujours au feuilleton des revendications: la défense du droit d’auteur, la politique du livre, le soutien de l’État aux écrivains et aux bibliothèques. En fait, à quoi bon publier des livres s’ils ne se lisent pas. On pourrait presque dire que le livre n’est pas. C’est la lecture qui le crée à travers des mots lus et relus. Derrière chaque livre se trouve un nom, une personne qui se livre et qui parfois nous délivre. Alors, tournons la page!

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( 68 ) Les blues de l'automne

14 novembre 2007 - La déprime, vous connaissez? Vous savez, il y a de ces jours où votre humeur devient irritable, où votre énergie ne peut suivre la cadence, où votre intérêt s’égare aisément, où votre motivation manque de stimuli. En fait, vous êtes à plat! Vous souffrez peut-être de dépression saisonnière mes amis. Pour un bon nombre de personnes vivant dans les régions nordiques et subissant le retour à l’heure d’hiver, les blues d’automne font leur apparition de façon cyclique. Environ 4% à 6% de la population en serait atteinte à divers degrés pendant les mois d’automne et d’hiver. Qu’en est-il au juste?

Les symptômes apparaissent généralement en octobre et s’accentuent au changement d’heure. Une de mes amies me disait la semaine dernière : «C’est drôle, je n’arrive plus à planifier mes journées, les choses toutes simples deviennent si complexes. Je n’ai plus d’énergie, je me traîne.» Ce sont des symptômes typiques de la dépression saisonnière ou «trouble affectif saisonnier». Quoique les causes soient obscures, les chercheurs et les professionnels de la santé croient que cette forme de dépression épisodique résulte d’un déséquilibre biochimique, impliquant la mélatonine et le manque de lumière provoqué par le raccourcissement des journées.

Généralement, les psychiatres considèrent qu’une personne souffre de cette forme de dépression lorsqu’elle présente au moins cinq des symptômes suivants d’une façon quotidienne pendant au moins deux semaines: humeur déprimée une grande partie de la journée, absence d’intérêt ou de plaisir pour les activités quotidiennes, perte ou augmentation du poids ou de l’appétit, insomnie ou sommeil excessif, agitation ou lenteur des mouvements, fatigue ou perte d’énergie, sentiments d’inutilité ou de culpabilité excessive, indécision ou difficulté à penser ou à se concentrer, intrusions récurrentes de pensées morbides ou suicidaires. L’une des caractéristiques de cette forme particulière de dépression est son aspect saisonnier qui se répète d’année en année. N’ayez crainte, on n’en meurt pas, mais si elle n’est pas soignée, elle peut engendrer des troubles majeurs de santé.

On traite cette forme de dépression par la psychothérapie, les antidépresseurs et la luminothérapie. L’on conseille une marche quotidienne de 30 minutes à la lumière du jour, de préférence le matin. On obtient d’excellents résultats rapidement par la luminothérapie. Il est facile de trouver des lampes dans des boutiques de santé ou pharmacies. Serait-ce une preuve que les astres et les changements de saison nous influencent? Sans être un fan de l’astrologie, je suis plutôt convaincu que l’univers, le climat et les saisons influencent notre comportement. L’être humain est lié à la nature sur le plan physiologique. C’est en été que le métabolisme du corps humain est le plus actif et demande beaucoup d’énergie.

Les chercheurs orientaux, surtout en médecine chinoise, ont développé une expertise millénaire en ce domaine. Selon eux, la plupart des maladies sont causées par les changements et la conversion des six airs vicieux: le vent, le froid, la chaleur, l’humidité, la sécheresse et le feu. L’adaptation au climat peut assurer une bonne santé. Les théories sur les relations entre les conditions climatiques et le comportement humain remontent à l’antiquité. La plupart des travaux publiés à ce jour montrent par exemple une relation significative entre la température et la criminalité. Le nombre de suicide augmente de janvier à juillet, les crimes contre la propriété se produisent davantage en hiver et ceux contre la personne en été. Demandez aux enseignants! Il est facile pour eux de sentir dans une classe qu’une tempête approche par le degré de turbulence des jeunes.

Il est en de même pour les espèces animales. Une soirée chaude et orageuse fera sortir une grande variété d’insectes, les chauves-souris, les hirondelles et de nombreux oiseaux. Le brouillard perturbe les grands mammifères, tandis qu’un redoux, même au cœur de l’hiver, fera apparaître certains amphibiens. Nous pourrions poursuivre par de multiples exemples aussi probants. Au Québec, nous sommes bien servis par la variété de nos saisons. Nous connaissons tous les joies et les difficultés relatives aux quatre saisons. Elles se succèdent et rythment la cadence de nos vies, influencent nos modes et nos comportements. Dans quelques semaines, l’automne cédera le pas à l’hiver que nous espérons voir le plus tard possible. Philippe Fabro disait: «La dépression, c’est le novembre de l’âme, le décembre du désir.» C’est fou ce que la lumière peut faire dans nos vies. Tout se défait et se dénoue sous la lumière. Si elle est capable d’amenuiser les blues de l’automne, elle peut sans aucun doute éclairer notre humble chemin! Si votre humeur irrite votre entourage, allez prendre l’air!

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( 67 ) À genoux les Québécois ?

13 novembre 2007 - Québec, terre de forêts et de lacs, mais aussi de paradoxes! On ne finit plus de sonder les cœurs des Québécois en ce temps de recherche identitaire. Les diverses commissions publiques qui sondent la population ont exploré tout, sauf la spiritualité des Québécois. Si l’on en juge par le récent sondage CROP du 28 octobre 2007, ces Québécois n’affichent pas toujours ce qu’ils pensent ou plutôt ce qu’ils vivent intérieurement. Si la plupart d’entre eux ont délaissé la pratique cultuelle, il en est autrement de la prière. De quoi surprendre tous les sondeurs; les Québécois sont des priants! Il y a de quoi en perdre son latin.

Le sondage révèle que 65% des Québécois disent avoir prié au cours des douze dernier mois. Cette pratique de la prière tend à augmenter avec l’âge, ce qui apparaît tout à fait normal sociologiquement. Même les jeunes prient; un jeune sur deux de 18 à 34 ans dit avoir prié dans la dernière année! Chose étonnante, 70% des Québécois croient que la prière peut changer la vie d’une personne. Nous sommes loin des affirmations gratuites des ténors radicaux de la laïcité pure et dure qui se font valoir du haut de leur perchoir ces temps-ci.

On peut cependant se demander qui prie au Québec? En tout premier lieu, ce sont les femmes qui sont en tête de liste avec 70% contre 56% pour les hommes. Les statistiques révèlent aussi que les gens des régions prient davantage que ceux des grandes villes comme Montréal, que les moins scolarisés prient plus fréquemment que les autres, que les pauvres prient davantage que les plus fortunés. Surprenants ces chiffres provenant de cette terre arrosée d’eau bénite depuis des siècles? Pas vraiment!

Il est pourtant incontestable d’affirmer que l’être humain est un être spirituel, ayant soif de transcendance. De toujours, il s’est tourné vers l’au-delà pour trouver des réponses à ses grandes questions existentielles, pour soulager ses souffrances, pour donner un sens à son itinéraire terrestre. Les Québécois ont vécu une crise profonde d’appartenance religieuse, une remise en question radicale par rapport à la religion catholique qui ont encore des ressacs dans leur vécu quotidien. Cela perdure depuis au moins quatre décennies! L’abandon massif de la population fut d’abord d’ordre structurel; c’est l’institution que l’on a quittée si facilement, comme on laisse ses pantoufles au pied du lit. Pour un bon nombre de catholiques, la religion reposait davantage sur des fondements d’ordre culturel. Des valeurs et des aspects émanant de cette culture religieuse populaire colorent toujours notre imaginaire collectif et notre vocabulaire journalier.

Tous les coups de sonde effectués depuis de nombreuses années démontrent hors de tout doute que la population québécoise est massivement croyante, voire catholique. Toutefois, ces statistiques indiquent depuis une décennie une légère diminution des croyances. Quoi qu’il en soit, l’être humain sera toujours confronté à cette question fondamentale de l’existence de Dieu, d’un être suprême.

Même la science s’intéresse à la prière. Plusieurs études semblent démonter un effet bénéfique chez les usagers de la prière. En tant qu’approche thérapeutique, des chercheurs affirment au moins une chose: la prière a des effets positifs observables et mesurables sur la santé, sans toutefois comprendre encore quels sont les mécanismes qui entraînent ces effets. Certaines recherches se contredisent et plusieurs analystes mettent en doute qu’on puisse prouver scientifiquement les effets de la prière. Il y aurait certes quelques nuances à apporter sur la croyance populaire des effets magiques de la prière.

En ce qui concerne les effets démontrés, les recherches effectuées établissent un lien hors de tout doute entre la pratique religieuse et la santé. Dans cette perspective, un nouveau champ d’étude appelé l’épidémiologie de la religion aborde toutes ces questions. Les études menées à ce jour dans ce champ de recherche sont cependant moins nombreuses sur la prière comme telle; celles menées globalement sur la pratique religieuse, sans être toutes concluantes, sont très encourageantes et significatives.

La démarche spirituelle de chaque individu est unique, singulière. Ici, nous foulons un terrain miné. C’est un sujet délicat où se mêlent aisément des éléments culturels et sociaux, des questions morales et éthiques. Les études du Dr Larry Dossey, un expert dans le domaine, ne font aucun doute: la religion et la spiritualité ont un effet positif tant pour la santé globale que pour des problèmes spécifiques. Par contre, les différentes études sur la prière sont plus confuses, mais tendent à démontrer toutefois des effets bénéfiques pour nombre de malades. Il est normal que plusieurs experts scientifiques demeurent sceptiques face aux résultats de ces études. De façon respectueuse, de nombreux médecins abordent souvent, lors de consultation, les questions de religion et de spiritualité avec leurs patients.

Ce n’est pas demain que nous verrons massivement les Québécois reprendre le chemin de l’Église. Toutefois, la foi en Dieu dépasse les Églises; historiquement, Jésus n’était pas de religion catholique! Que les Québécois s’adonnent majoritairement à la prière est signe d’espoir. Antoine de Saint-Exupéry écrivait dans Citadelle: «La grandeur de la prière réside d’abord en ce qu’il n’y est point répondu.» Comme une clé, la prière semble ouvrir une fenêtre sur l’infini, entrevoir une éclaircie devant la finitude de nos existences, sans y attendre nécessairement de réponse. Sans doute que pour le croyant, elle a plus de pouvoir que les scientifiques ou les humains se l’imaginent. Le célèbre Gandhi disait: «Il vaut mieux mettre son cœur dans la prière sans trouver de paroles que trouver des mots sans y mettre son cœur.» En ces temps de questionnement collectif, les Québécois risquent-ils de se serrer les coudes tout en joignant les mains? Qui sait? À genoux, pour devenir des êtres debout et libres devant l’avenir qui se présente à nous! Pourquoi pas?

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( 66 ) Se souvenir

12 novembre 2007 - Au cours de la semaine dernière les coquelicots firent leur apparition aux boutonnières des Canadiens. On se souvient! Du 4 au 11 novembre, la population était invitée à participer à plusieurs activités entourant la semaine du Souvenir. Le point culminant se tenait hier, le 11 novembre, décrété Jour du Souvenir. En cette journée nationale, des cérémonies furent organisées aux cénotaphes de plusieurs villes à travers le pays pour commémorer le lourd sacrifice des nôtres. Plus de 100 000 Canadiens sont morts en service militaire lors des guerres de 1914-1918, de 1939-1945, de Corée et des opérations de maintien de la paix. Malgré les années qui passent, nous ne pourrons jamais oublier les atrocités de la guerre. Encore aujourd’hui, plusieurs des nôtres sont engagés dans des missions de paix en Afghanistan, au Darfour, en Bosnie. Les affres de la guerre en Afghanistan ont fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois, mais surtout beaucoup trop de sang!

Mon jeune frère s’envolera en décembre prochain pour la Bosnie. Dire qu’il passera Noël loin de sa petite fille d’à peine un an. Ce n’est pas sans crainte que nous le voyons partir pour ces régions hostiles où le chaos s’érige en maître, où la violence fait loi, où la corruption semble monnaie courante. Il ira défendre les valeurs nobles de la démocratie et de la liberté, mais à quel prix! Père de trois enfants, il terminera sa carrière militaire par cette dernière affectation à l’étranger. Lui qui a consacré plus de trente-cinq ans de sa vie dans les forces canadiennes, il risque gros en cette fin de carrière. Tout un couronnement mon frère!

En ces jours où nous apprenons que 17% des soldats de retour de Kandahar souffrent d’un problème de santé mentale, nous sommes en droit de nous interroger sur le sens de tout cela. La guerre, c’est la guerre! Des fusils qui tirent, des bombes qui explosent, des embuscades qui éclatent, des convois qui s’embourbent, c’est aussi cela la guerre. Mais le pire, ce sont des gens qui meurent par milliers dans ces pays si loin de nous. Pourtant, pour nombre de militaires et leurs familles, les bruits des bombes retentiront pour toujours dans leur tête, dans leur sommeil. Il y a de ces souvenirs qui ne s’effacent pas avec le temps, des larmes qui ne cesseront de couler à la vue de certaines horreurs. Les pourquoi de toute cette violence demeurent sans véritable réponse!

La guerre est toujours un malheur, un point c’est tout! La légitimité des guerres en 2007 n’a pas sa raison d’être. Il me semble que les leçons de l’histoire sont plus qu’éloquentes. Le prix à payer par le Canada a déjà été trop grand lors des deux dernières grandes guerres; pourquoi s’engouffrer dans des conflits dont on ne voit pas d’issue. Sur le plan mondial, notre pays ne fait pas le poids. Malgré notre population relativement petite, le Canada ne cesse de déployer ses militaires partout dans le monde dans des missions de maintien de la paix. Les dangers sont omniprésents sur le terrain. Les familles canadiennes, déchirées tout récemment par la perte d’un être cher en Afghanistan, doivent vivre un terrible souvenir en ces jours de commémoration. Il n’est pas facile de comprendre ce qui passe au-delà des mers. L’armée canadienne est impliquée dans le conflit afghan depuis octobre 2001. D’une opération de maintien de la paix, les forces canadiennes se sont engagées dans des opérations offensives. Changement de cap qui ne cesse de déranger les Canadiens; on a tout simplement dévié du rôle pacifique traditionnellement joué par le Canada. La solution de la guerre en Afghanistan trouvera des solutions valables et durables que par les Afghans eux-mêmes. Le Canada doit s’engager dans le combat pour la justice, la liberté; celui-ci ne trouvera d’espoir que par la guerre à la pauvreté extrême de ces populations.

En regardant dans le rétroviseur de l’histoire, il y a toujours eu des guerres. Nous voyons cependant apparaître sur l’échiquier mondial de nouveaux acteurs privés entrés en scène. La suprématie militaire des États-Unis lui dévolue le rôle de gendarme mondial et son processus de militarisation se hisse toujours au sommet des priorités gouvernementales. Lutte aux terroristes et aux extrémistes justifie aux yeux de certains États cette flambée de violence. Ne soyons pas dupes! Les enjeux sont fondamentalement économiques, habilement masqués par la chasse aux groupes terroristes et non étatiques. En ce jour de commémoration, c’est la guerre à la guerre qu’il faut mener tous ensemble. John Fitzgerald Kennedy disait: « L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité. »

À toi mon frère qui partira pour la vraie guerre, nous sommes avec toi sans trop comprendre. Te connaissant bien, les valeurs qui t’animent sont sans aucun doute des plus nobles; nous n’en doutons pas. Ce n’est pas de toi et de tes motivations dont nous doutons, mais de tous ces dirigeants et belligérants qui, au nom de la liberté, mènent un combat sournois et inutile; des victimes innocentes ne cessent de joncher ces terres ensanglantées. Mon frère, tu le sais, la guerre ne mettra jamais fin à la guerre. Sois prudent quand même, nous t’aimons!


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( 65 ) Mission accomplie ?

9 novembre 2007 - L’exploration spatiale est fascinante. La mission ST-120 a pris fin mercredi dernier quand la navette Discovery s’est posée comme prévu à 13 h 01 au Centre spatial Kennedy de Cap Canaveral en Floride. Au cours de cette mission, deux femmes commandaient les deux seuls vaisseaux en orbite terrestre, une première dans l’histoire de la conquête spatiale. La mission que viennent d’effectuer les astronautes de la NASA s’est avérée plus complexe que prévue et aurait pu mettre en danger la vie des astronautes. Ce chantier de l’espace, qu’est la construction de la station orbitale internationale, devrait prendre fin en 2010. Quel chantier sur le chemin des étoiles!

Le cinquantième anniversaire de l’exploration spatiale est une occasion sans précédent pour rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui percent pour nous l’immensité de l’univers. Qui n’a pas la chance de lire un article, un livre ou d’écouter un documentaire télévisé sur les mystères de l’univers? Qui n’a pas entendu parler de Galilée, de la loi d’attraction universelle, de la théorie de l’évolution, de la relativité, du big bang et des extraterrestres? Ce cinquantenaire, c’est l’histoire extraordinaire de la découverte du ciel et des étoiles. C’est aussi une aventure dans le temps, où des questions restent sans réponse, en suspens, dans le vide!

De tout temps, l’être humain s’est interrogé sur le monde qui l’entoure. Questions existentielles, questions de sens et d’avenir! D’où viennent les étoiles, la matière, la vie? Et Dieu dans tout ça? Comment expliquer les merveilles de la création, l’ordre superbe dans l’univers? Comment expliquer la souffrance, la maladie, les catastrophes, les désordres de l’univers? Je ne crois pas que les astronautes dans leur voyage ont rencontré des extraterrestres et encore moins des anges. Chaque mission spatiale, chaque découverte fabuleuse nous ramène à ces interminables questions de l’origine de toutes choses et du sens de la vie.

Nous apprenions jadis dans le petit catéchisme que le mystère est une chose que l’on ne peut pas expliquer. Depuis quelques décennies, il y a bien des découvertes de la science qui ont bousculé nos manières de voir la vie. Le génie de l’être humain ne cesse de nous surprendre; il approfondit toujours plus la connaissance de nombreux mystères qui nous touchent de près. À la vitesse vertigineuse avec laquelle les percées scientifiques chamboulent notre quotidien, plusieurs questions éthiques se posent à nous, humbles routiers du quotidien. Devant l’émerveillement des découvertes, nous sommes confrontés à des questions fondamentales touchant le respect de la vie, de la naissance à la mort.

Nous devenons tellement habitués aux prouesses technologiques que nous avons peine à suivre la cadence, voire à poser un regard critique sur ce qui vient tranquillement modifier nos manières de faire et même de vivre en société. Les simples avancées dans les technologies de communication ont changé la face de la terre. Que ce soit au niveau des échanges interpersonnels ou dans le monde des médias de masse. Tout se sait et se dit avec la vitesse de l’éclair. Nous avons de moins en moins cette capacité de rebondir à la seconde près. Nous en sommes réduits à être à la remorque d’une technologie envahissante qui rythme notre vie de tous les jours et non le contraire. Bien que pratiques, les cellulaires ont envahi notre environnement et nous commençons à réaliser combien ils polluent notre environnement social, qu’ils sont la cause de nombreux accidents de la route, qu’ils émettent des ondes pouvant causer le cancer. Impacts imprévisibles? Effets pervers des inventions?

Vous allez me dire «On n’arrête pas le progrès!». Vous avez entièrement raison, c’est le propre de l’humain, du génie humain de créer, d’inventer, d’améliorer ses conditions de vie. Devant toutes ces prouesses de l’espace, ces nouvelles technologies, il ne faut pas oublier l’être humain, son épanouissement et son devenir. Comment toutes ces percées technologiques ont aidé les pays en voie de développement à s’en sortir? Comment toutes ces découvertes spatiales ont-elles permis de vaincre le SIDA? Comment toutes ces avancées ont-elles permis d’aider les milliers d’itinérants de nos grandes villes? Dans cette course, il est clair que le dieu argent convoité par les grandes entreprises fait parfois miroiter bien des mirages.

À l’ère du village global, il ne faut pas oublier que de nombreux spécialistes ont sonné l’alarme sur l’avenir de notre planète Terre. Selon certains signes, elle est en sursis cette chère planète lorsque l’on constate la diminution des ressources énergétiques, l’augmentation croissante des espaces désertiques, la pénurie d’eau douce, le niveau élevé de pollution, les changements climatiques et j’en passe. Déjà le célèbre philosophe Platon, pour qui la vérité ne pouvait se résumer à des formules, situait le rôle de la science dans ce monde en disant: «Ce n’est pas de vivre selon la science qui procure le bonheur; ni même de réunir toutes les sciences à la fois, mais de posséder la seule science du bien et du mal.»

Belle mission accomplie pour Discovery! La navette est bien revenue sur terre! Nous qui marchons sur cette terre, confrontés au défi de la vie quotidienne, nous cherchons avec les nôtres parmi des routes sinueuses qui s’ouvrent à nous, l’espérance de jours meilleurs. Il ne faudrait pas oublier que le chemin de notre destinée est plus important que toutes ces merveilleuses découvertes. Ces dernières ne sont pas une fin; elles devraient être un chemin d’espoir au service de l’humanité.


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( 64 ) La langue que j'aime

8 novembre 2007 - Sur un bout de terre d’Amérique, des hommes et des femmes ont lutté pour conserver leur langue et leur culture, même au prix de leur sang. Ce Québec que nous aimons est-il en train de perdre ces deux éléments essentiels de son identité? La lutte des Québécois pour sauver leur langue est certes héroïque, pourtant cette belle langue française est tellement maltraitée. Tout un paradoxe! La situation du français, telle que décrite dans un récent dossier du journal La Presse publié ces jours-ci, est inquiétante, voire lamentable. Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’alerte a été donnée. En 2001, la Commission des états généraux et de l’avenir de la langue «concluait que plus de la moitié des enseignants ont une connaissance nettement insuffisante de la langue française.» N’est-ce pas désastreux mes amis? Mais à qui la faute?

La chute dramatique de la qualité de la langue revient nous hanter d’année en année. Les Québécois sont confrontés quotidiennement à la survie de leur langue, mais surtout à sa qualité. Je suis exaspéré d’entendre constamment des «si» avec des «rais», d’entendre des sacres sous toutes leurs variantes dans les téléromans de chez nous, de lire des courriers électroniques bourrés de fautes et j’en passe. Il y a des limites à massacrer une langue! D’après les universités de Sherbrooke et de Montréal, les résultats des étudiants aux tests de français frôlent à peine la note de passage. Dire que ces futurs professeurs, qui enseigneront à nos enfants, ne maîtriseront pas suffisamment leur propre langue. Comment pourront-ils montrer correctement le français aux générations qui suivent? La ministre de l’Éducation Michelle Courchesne veut rehausser la qualité de la langue, elle en fait son cheval de bataille; tout un combat en perspective pour Madame la ministre! Adieu, langue de bois!

Ce qui m’attriste le plus, c’est que la grande masse des Québécois se contente d’une qualité langagière de bas étage. On nivelle par le bas! Pour faire «cool», on n’hésite pas pour pratiquer le réductionnisme. Nous voyons trop souvent des gens qui maîtrisent moins la langue, imposer leur manière de parler à l’ensemble de la population. Les discours officiels sont truffés de fautes majeures, les médias populistes n’en n’ont que pour la langue de la rue, les humoristes galvaudent impunément notre langue commune sous un tonnerre d’applaudissements. Malgré la loi 101, je trouve que nos élites ne prennent pas assez à cœur l’importance de propager un français de qualité. Se demander si les Québécois parlent mieux le français qu’auparavant semble futile? Le Québec a fait beaucoup pour protéger sa langue, mais pas assez pour lui donner un standard de qualité. Trente ans après la loi 101, la qualité du français n’est toujours pas au rendez-vous, loin des objectifs espérés.

Nos dirigeants et nos personnages publics ont-ils abdiqué? Je trouve étonnant que des professeurs d’université n’aient toujours pas le niveau de langue qui correspond à leur niveau d’instruction, même dans des contextes où l’on s’attendrait à les voir utiliser une langue soignée. Les médias de masse ne jouent-ils pas un grand rôle dans la détérioration de la langue française? Nous n’avons qu’à syntoniser certaines radios de divertissement pour se demander ce que les animateurs «baragouinent». Tout est permis ou presque pour alimenter le spectacle, mais à quel prix!

Il est bien de crier sur tous les toits que le français est la langue du Québec, mais pas n’importe quel français. Qu’on se le dise, une langue a ses règles, le français standard a ses normes. Plusieurs analystes signalent qu’il faut à tout prix donner un coup de barre, sinon la dérive actuelle ne sera que catastrophique. Dans un Québec où l’on s’interroge de plus en plus sur notre avenir, il est plus que temps de réaffirmer un élément fondamental de notre identité et de notre survie. L’arrivée massive des immigrants dans les grandes villes exige des moyens d’intégration efficaces qui ne peuvent que passer par l’apprentissage d’un français de qualité. Le sort de notre langue se jouera en grande partie à Montréal où se font l’accueil et l’intégration de la grande majorité des immigrants pour l’ensemble du Québec.

Bien écrire et parler correctement le français, ce n’est pas un luxe, c’est une responsabilité que doit assumer avec fierté chaque citoyen du Québec. Pour garder sa langue en santé, il faut l’aimer à un haut degré, l’enrichir même. Maltraiter sa langue, c’est lui manquer de respect, l’amenuiser; c’est courir graduellement à sa perte! Si nous voulons que notre nation québécoise soit de langue française, il va falloir faire du ménage dans les « appelle-moé », les « si j’aurais », les « pis apra » et le reste. Nous reconnaissons tous que l’école joue un rôle primordial dans les apprentissages de base, mais il ne faudrait surtout pas refiler à l’école toutes nos responsabilités individuelles et collectives. Charles Nodier disait: «Le plus grand des crimes, c’est de tuer la langue d’une nation avec tout ce qu’elle renferme d’espérance et de génie.» Oui, la langue que j’aime; celle de nos espérances et de nos idées de génie!


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