27 août 2007 - Les accommodements raisonnables, vous connaissez? Tellement de gens me disent qu’ils sont tannés d’en entendre parler. Détrompez-vous mes amis, cela ne fait que commencer. La commission Bouchard-Taylor débutera effectivement sa tournée des régions à compter du 10 septembre. Mais comment se fait-il que tout le monde est tanné? Serait-ce le résultat d’un traitement médiatique exagéré, de revendications outrancières de nouveaux arrivants ou de l’incertitude des Québécois eux-mêmes?
C’est vrai que les médias, d’une manière générale, en ont donné plus que le lecteur en demandait ou qu’il était capable d’en prendre et par surcroît de comprendre l’entièreté de la problématique. Il faut bien souligner que le sensationnalisme omniprésent dans certains médias n’arrange pas les choses; les journaux doivent se vendre, économie oblige. À titre d’exemple, seulement 2% des plaintes adressées aux droits de la personne, dans le cadre des accommodements, concernaient des motifs religieux et par surcroît, elles étaient formulées majoritairement par des groupes protestants. Nous sommes loin du fanatisme que les médias ont rapporté. N’ayez crainte, il n’y a pas l’émergence d’un fanatisme religieux au Québec. Par contre, c’est par une information tronquée et exagérée que peut naître le fanatisme!
L’affaire des accommodements raisonnables, comme disent les gens, frappe de plein fouet l’âme des Québécois «pure laine». Il me semble que le cœur de la problématique des accommodements, c’est que les Québécois de souche ne savent pas ce qu’ils veulent. Comme une grosse pelote de laine, ils sont tout mêlés. Ils ne font plus d’enfant et compte sur l’immigration pour faire le plein. Accueillir des nouveaux arrivants, nécessite aussi des mesures appropriées afin de réaliser une harmonieuse intégration. Les nouveaux arrivants ne veulent pas faire uniquement des enfants, ils veulent être des artisans dans l’espace public. Nous apparaissons plutôt malhabiles dans notre manière même d’harmoniser ce nouveau tissu social. Le Québec a changé depuis 40 ans!
En fait, j’ai l’impression que les Québécois ne savent plus ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent. Dans la tourmente de la Révolution tranquille, nous avons mis la religion dehors avec une rapidité sans pareille ou inédite dans l’histoire occidentale. Qu’on le veuille ou non, nos racines sont majoritairement et profondément catholiques. Nous n’avons qu’à circuler au Québec pour s’en rendre compte en observant, par exemple, les événements entourant les fêtes de Noël et de Pâques, le crucifix de l’Assemblée nationale, le maintien de la messe à Radio Canada, etc. La liste serait longue.
Tant que les Québécois ne renoueront pas avec leurs racines, qu’ils n’auront pas fait une démarche de purification de leur passé, ils resteront tout mêlés. C’est comme l’adolescent en rupture avec ses parents. Tant que le jeune n’a pas fait la paix ou la réconciliation avec eux, il vivra toujours un manque jamais comblé, un équilibre fragile et même souvent une crise identitaire récurrente. Après quarante ans de tabula rasa, il serait temps de revisiter notre histoire, redécouvrir nos racines religieuses, puiser honnêtement dans ses richesses et redire ensemble ce qui serait raisonnable pour vivre dans un espace public où règne la solidarité et l’harmonie sociale. Qu’on se le dise haut et fort, ce que nous souhaitons comme perspectives citoyennes ne trouvera jamais de réponse raisonnable et satisfaisante dans une approche juridique. Cela ne comblera jamais l’âme du peuple québécois.
À VOUS LA PAROLE !